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Politique Publié le lundi 27 juin 2011 | Soir Info

Encadré : Laurent Gbagbo, d’hier à aujourd’hui

© Soir Info
Annan, Tutu et Robinson rendent visite à Gbagbo à Korhogo
Les membres du groupe dit des Elders (Anciens) Kofi Annan, Desmond Tutu et Mary Robinson, sont arrivés lundi matin à Korhogo, dans le nord de la Côte d`Ivoire, pour rencontrer le président ivoirien déchu Laurent Gbagbo, placé en résidence surveillée
On peut le comprendre ou non. On peut l’accepter ou le rejeter…On peut l’incriminer ou l’adorer. Laurent Gbagbo s’est fixé une ligne politique à l’égard de l’ex-puissance coloniale, dont il ne s’est jamais départi, jusqu’à son arrestation, le 11 avril 2011 par les Forces nouvelles, appuyées, justement, par l’armée française. Il a payé, au prix fort son entêtement contre la puissante France, à réclamer des rapports justes et équitables entre les deux pays. Mais, dans l’histoire, il va assurément laisser une honorable empreinte voire une « sève » à laquelle viendront s’abreuver les futures générations, afin qu’un jour, les pays francophones, notamment d’Afrique et la France traitent d’égal à égal…Il reste néanmoins que contrairement aux idées répandues, ici et là, Laurent Gbagbo est un francophile convaincu et non un « francophobe », un dangereux idéaliste à abattre. A travers cette interview, l’on peut appréhender, aujourd’hui, son attitude vis-à-vis de l’ex-colonisateur pendant ces 11 années de pouvoir. Il est resté constant, en refusant de « nager » dans les huiles toxiques de la fameuse Francafrique. Gbagbo Laurent, ancien chef de l’Etat était, à 34 ans, jeune Chercheur à l'Institut d'Histoire de l’Université d’Abidjan. Historien, Laurent Gbagbo « fait partie de la galerie de jeunes intellectuels ivoiriens qui ont entrepris d'interroger l'avenir à partir des vestiges du passé » écrivait, il y a 32 ans, le défunt magazine Ivoire-Dimanche. Ses réflexions sur la conférence de Brazzaville éclairent d'un jour nouveau la politique coloniale française. Déjà, à cette époque, Laurent Gbagbo invitait la France à « ouvrir les vannes » faute de quoi, elle devrait faire face « à une guerre de libération révolutionnaire ». La crise militaro-politique qui a éclaté en 2002 et où la France a « une grande part de responsabilité » avait commencé à servir de terreau, en Côte d’Ivoire, à cette « guerre de libération révolutionnaire » que Laurent Gbagbo présidait en 1979. Il stigmatisait déjà la mainmise de la France sur ses anciennes colonies, l’exploitation des ressources économiques, l’asservissement des populations, soulignant, à cet effet que « le principal problème pour la France était le contrôle de ses colonies » et « qu’aussi bien les matières premières que les hommes qui allaient au front, venaient des colonies. Il fallait donc absolument contrôler ces colonies ». Gbagbo ne manque pas d’affirmer que « la plupart des lettrés des pays colonisés étaient très sensibles à la propagande soviétique qui était une propagande anti-colonialiste ». Jacques Chirac, ancien président français, dans le tome 2 de ses « mémoires », aura des mots assez durs contre Laurent Gbagbo qu’il ne parvenait pas à dompter… « De l’homme ( Laurent Gbagbo), je retire une impression mitigée de notre entretien. L’homme est comme toujours enveloppant de chaleur et de cordialité, mais sa franchise ne me parait pas garantie »… Ceci a expliqué cela.


Armand.B. DEPEYLA
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