C’est une question qui m’embarrasse. Chacun de nous a été élève et étudiant. Les époques ne sont pas les mêmes. Nous, à l’époque, nos revendications étaient d’ordre didactiques et académiques. Si vous voulez, ce qui peut être la préoccupation d’un étudiant en tant qu’étudiant. Qui manquait de livres, de craies, de moyens de transport et qui n’avait pas de tickets de restaurant même si souvent, on y mangeait n’importe quoi, on était des ‘’bébés gâtés’’, c’est vrai ! Mais, c’était des revendications qui n’allaient pas au delà de trois à quatre jours. La configuration de la Fesci (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire) elle-même m’effraie. Les machettes et tous ceux qui entourent cette organisation m’a laissé perplexe jusqu’à ce qu’un jour, j’apprenne à Paris (France) que la Fesci est allée déloger des juges. J’ai dit : « Mais, on est où ? ». On se pose la question aujourd’hui où est-ce qu’on en est ? Quand, il y a des disputes à l’Université et qu’on fait appel à un groupe d’étudiants de la Fesci pour aller réclamer ses dettes à d’autres étudiants, on fait des menaces. Je dis non mes enfants, mes frères n’ont pas compris la mission d’étudiant. Or, la mission d’étudiant, c’est l’homme de demain, c’est l’avenir d’un pays. Ce sont des savants à venir. Il ne faut pas permettre cela. Si la Fesci veut rester, il faut qu’elle fasse sa propre toilette. Il faut qu’elle nous propose les valeurs que nous reconnaissons dans la lutte des étudiants qui revendiquent ce qui est raisonnable. Je sais que les conditions de travail à travers le monde ne sont jamais réunies. Mais, on a le minimum et quand ce minimum vient à manquer, effectivement, on réagit. Quand on réagit et dès qu’on a ce minimum alors, on se calme et on va à l’école. Nous, aujourd’hui, on peut écrire une pièce de théâtre, on peut faire des interviews parce qu’on a été à l’école. Parce qu’on n’est pas resté dans les rues, à faire seulement de la politique. On a fait ce qui participait à notre formation et qui peut nous donner demain une place au soleil. Ce n’est qu’à partir de ce moment, après avoir a atteint la maturité intellectuelle que l’on peut s’intéresser aux affaires politiques. Il est vrai que l’étudiant dans son environnement a le droit d’apporter sa contribution à l’évolution à cet environnement, néanmoins, on reste toujours un enfant aux côtés des aînés, à qui nous devons du respect. S’il faut la dissoudre ou non, moi, je ne sais pas, car parmi les Fescistes, il en a qui sont de bonne volonté. Donnons la chance à ceux-là, de réorganiser cette structure estudiantine afin que l’étudiant qui veut se syndiquer, se syndique sincèrement et sainement pour qu’il apporte sa contribution au développement de ce pays, en dénonçant les tares et en soutenant les aspects positifs ».
Propos recueillis par K. P.
Propos recueillis par K. P.