Peut-être pensent-ils qu’il faut conter fleurette à l’ancien chef de l’Etat pour qu’il puisse supporter son séjour carcéral de Korhogo. La presse qui continue de le soutenir jusqu’à son départ pour la Haye (Hollande) où l’attend son ami et frère Taylor, cette presse disions-nous, a dit hier, que les Ivoiriens, ses compatriotes, se mettent à le regretter. Une blague, certainement. Si, effectivement, vous rencontrer l’un de ceux-là, envoyez-le nous. Il fait partie des espèces rares. Les dix années de l’ancien opposant historique retourné à sa nature première, n’ont nullement été des moments de bonheur pour notre carré. A côté du discours martial du déchu, le ton conciliateur du nouveau président remplit d’aise, le cœur du bon peuple de Côte d’Ivoire. Il y a longtemps que son président ne lui avait pas parlé avec tant de courtoisie et de considération. Ne serait-ce que pour cela, le bonheur est là. Les difficultés de tous ordres que vit le pays, sont portées avec beaucoup de courage par les habitants de cette nouvelle Côte d’Ivoire qui se dessine sous nos yeux. L’armée qui était devenue un nid de gangsters, de braqueurs et de tueurs à gage, va devenir une institution véritablement au service du peuple. Entre nous, qu’a fait le nouveau président pour que, déjà, des Ivoiriens se mettent à regretter l’ancien ? A moins qu’ils ne soient des masochistes, ces Ivoiriens-là, s’ils existent vraiment, n’aiment pas leur pays. Ne me dites pas que ce sont des patriotes. Les jeunes qui s’affublaient de ce titre sous l’ancien régime, ont montré au monde entier ce que, jamais, la Côte d’Ivoire n’a été. La fraternité avait foutu le camp. Les Ivoiriens s’entretuaient comme des animaux dans la chaîne alimentaire. La discipline avait disparu de leurs comportements. Ils disaient que le professeur d’histoire avait libéré la parole. Et ils utilisaient cette parole dite libérée pour insulter, injurier et appeler à la haine. Quant au travail, n’en parlons pas ! Le chef lui-même se réveillait à 11h du matin, regagnait son bureau aux environs de 14h pour en repartir vers 16h. Demandez à celui qu’il avait coopté comme directeur de cabinet, combien de dossiers a-t-il traités en dix ans, avec son patron ? La paresse avait gagné tous les corps de l’administration. Etre jeune patriote ou partisan du socialiste à l’ivoirienne, était un boulot très rentable. Or, pour être de cette confrérie, on n’a pas besoin de travailler. Avec le régime des refondateurs, l’égalité n’était pas de mise entre les citoyens. Il y avait ses suiveurs qui avaient tout, à qui on pardonnait tout et les autres. Ceux qui n’étaient pas avec le chef étaient forcément contre lui. Pour ce faire, ils ne méritaient pas de vivre. Ils devaient même quitter ce monde plus tôt que prévu. Un homme ayant tous ses sens et normalement constitué peut-il regretter ces temps d’enfer et d’horreur ? Hum, pas du tout !
Raoul Mapiéchon
Raoul Mapiéchon