L’insécurité dans la région Ouest du pays est loin d’avoir atteint le niveau de tolérance zéro. A Duékoué, par exemple, de source digne de foi, les autochtones guéré, aidés par des mercenaires libériens de la même ethnie, préparent leur « vengeance » contre les allochtones.
La mission du Programme national de réinsertion et de réhabilitation communautaire (Pnrrc) s’apprête à quitter Man. Après des rencontres le vendredi 24 juin avec le corps préfectoral et la hiérarchie des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Le chef de la délégation, Kéhi Edouard, par ailleurs conseiller spécial du coordonnateur national du Pnrrc, a informé ses interlocuteurs de l’arrivée prochaine d’une équipe en vue du profilage des Frci et des éléments associés. L’objectif étant de favoriser le retour en caserne des militaires et la démobilisation puis la réinsertion de ceux qui n’entreront pas dans l’armée. Avec pour but final la sécurisation du territoire national en réduisant le nombre d’armes en circulation. Ce samedi matin, l’équipe du Pnrrc est sur le point de quitter la capitale des Montagnes pour Duékoué. Mais avant, il faut se rendre à l’état-major des Frci pour bénéficier d’une escorte de soldats. « Vous ne pouvez pas y aller comme cela (sans une escorte armée, ndlr). C’est dangereux », explique un militaire. Finalement, le voyage jusqu’à Duékoué se fera sans eux. « Sur l’axe Man-Duékoué, il n’y a pas grand-chose à craindre. C’est au-delà que ça devient compliqué », justifie quelqu’un. Pendant ce temps, certains ne cachent
pas leur inquiétude d’aller dans cette localité. A la base des Frci à Duékoué où la délégation arrive finalement sans accroc, un important détachement doit l’accompagner à Guiglo. Où une rencontre avec les gardes forestiers est prévue. « Sommes-nous obligés d’y aller avec vous ? », interroge des journalistes qui refusent d’être des héros morts. C’est avec soulagement qu’ils apprennent donc qu’ils ne seront pas du voyage de Guiglo. Les armes en possession de l’escorte armée sont impressionnantes. On reconnaît tout de suite le célèbre Rpg 7 (lance roquettes).
Beaucoup d’armes circulent
A quoi ces armes serviront-elles ? Selon le cdt Koné, les autochtones guéré s’apprêteraient à attaquer les allogènes. Il a révélé qu’une centaine de mercenaires libériens d’ethnie guéré ont déjà rallié la mission catholique où sont réfugiés les autochtones. Ils y auraient rejoint deux cents miliciens d’ethnie guéré. Les autochtones prépareraient ainsi leur « revanche » sur les allogènes. « Ils (les guéré, ndlr) disent que lorsque les combats reprendront, ils tueront tous les étrangers même les femmes enceintes. Ils préviennent qu’ils éventreront celles-ci pour enlever leurs fœtus », a relaté le soldat. « Il nous est impossible de savoir qui est Libérien. Car, le mercenaire parle non seulement le guéré comme ceux d’ici mais il parle également le français », a-t-il expliqué. Et, d’ajouter que les perquisitions sont difficiles vu les indignations qu’elles suscitent : « lorsque nous commencerons les fouilles, vous entendrez dire que les excès ont repris à l’Ouest ». « Mais nous savons que les Libériens sont là parce que nous avons des informateurs dans leurs rangs », a-t-il ajouté. Ces taupes se sont des jeunes qui ne veulent plus combattre mais qui n’osent pas partir. A en croire le Cdt Koné, la grande majorité des miliciens veut déposer les armes. Mais les cadres de la région qui sont à Abidjan leur conseillent autre chose. A l’en croire, ceux-ci donnent des consignes aux jeunes en leur demandant de « venger » leurs morts. C’est pourquoi le militaire préconise que ces cadres soient associés aux campagnes de sensibilisation en vue du désarmement. « Sinon ce sera un échec », prévient Koné Daouda. Espérons que la poudrière n’explose pas. Car, les dégâts pourraient être très grands si l’on s’en tient à cette mise en garde du patron local des Frci : «S’ils nous attaquent, on sait que ça ne sera pas facile. Mais nous nous inquiétons pour les victimes collatérales»
Mille mercenaires libériens sont là
Pourquoi cette zone fait-elle si peur ? Le préfet du département de Duékoué, Benjamin Effoli, a la réponse à la question. « Nous avons beaucoup de miliciens dans la région. Certains sont réfugiés à la mission catholique tandis que plusieurs autres ont traversé la frontière pour se retrouver au Libéria », a-t-il confié lors d’un échange avec la délégation du Pnrrc à la préfecture. Nul besoin de dire que des miliciens non-repentis qui circulent librement sont une source d’insécurité. D’autant que, toujours selon l’autorité préfectorale, beaucoup d’armes sont encore dans la nature. « Le nombre d’armes récupérées ici n’a rien à voir avec le nombre réel ou supposé de miliciens », a-t-il révélé au cours de la même rencontre. Selon lui, si ce problème n’est pas réglé, il pourrait avoir des conséquences même sur les prochaines élections locales.
Chez les Frci, l’on est conscient de la gravité de la situation. Le cdt Koné Daouda, le chef des lieux, confirme qu’effectivement beaucoup d’armes n’ont pas été déposées par leurs détenteurs. « Sur des milliers d’armes qui ont été distribuées, nous n’en avons récupéré qu’une cinquantaine », a-t-il confié au cours d’une réunion avec Kéhi Edouard et ses collaborateurs. Il a soutenu que les armes avaient été dissimulées à travers de petites caches : « dans les caches d’armes que nous avons découvertes, il y avait sept voire huit armes. Nous en avons retrouvé dix-huit d’un coup à un seul endroit : c’était au cimetière d’un village ». Et, d’ajouter que lorsqu’ils ont appris l’existence de caches plus grandes, leurs détenteurs qui se trouvaient à l’église catholique sont allés les déplacer.
Bamba K. Inza, envoyé spécial
La mission du Programme national de réinsertion et de réhabilitation communautaire (Pnrrc) s’apprête à quitter Man. Après des rencontres le vendredi 24 juin avec le corps préfectoral et la hiérarchie des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Le chef de la délégation, Kéhi Edouard, par ailleurs conseiller spécial du coordonnateur national du Pnrrc, a informé ses interlocuteurs de l’arrivée prochaine d’une équipe en vue du profilage des Frci et des éléments associés. L’objectif étant de favoriser le retour en caserne des militaires et la démobilisation puis la réinsertion de ceux qui n’entreront pas dans l’armée. Avec pour but final la sécurisation du territoire national en réduisant le nombre d’armes en circulation. Ce samedi matin, l’équipe du Pnrrc est sur le point de quitter la capitale des Montagnes pour Duékoué. Mais avant, il faut se rendre à l’état-major des Frci pour bénéficier d’une escorte de soldats. « Vous ne pouvez pas y aller comme cela (sans une escorte armée, ndlr). C’est dangereux », explique un militaire. Finalement, le voyage jusqu’à Duékoué se fera sans eux. « Sur l’axe Man-Duékoué, il n’y a pas grand-chose à craindre. C’est au-delà que ça devient compliqué », justifie quelqu’un. Pendant ce temps, certains ne cachent
pas leur inquiétude d’aller dans cette localité. A la base des Frci à Duékoué où la délégation arrive finalement sans accroc, un important détachement doit l’accompagner à Guiglo. Où une rencontre avec les gardes forestiers est prévue. « Sommes-nous obligés d’y aller avec vous ? », interroge des journalistes qui refusent d’être des héros morts. C’est avec soulagement qu’ils apprennent donc qu’ils ne seront pas du voyage de Guiglo. Les armes en possession de l’escorte armée sont impressionnantes. On reconnaît tout de suite le célèbre Rpg 7 (lance roquettes).
Beaucoup d’armes circulent
A quoi ces armes serviront-elles ? Selon le cdt Koné, les autochtones guéré s’apprêteraient à attaquer les allogènes. Il a révélé qu’une centaine de mercenaires libériens d’ethnie guéré ont déjà rallié la mission catholique où sont réfugiés les autochtones. Ils y auraient rejoint deux cents miliciens d’ethnie guéré. Les autochtones prépareraient ainsi leur « revanche » sur les allogènes. « Ils (les guéré, ndlr) disent que lorsque les combats reprendront, ils tueront tous les étrangers même les femmes enceintes. Ils préviennent qu’ils éventreront celles-ci pour enlever leurs fœtus », a relaté le soldat. « Il nous est impossible de savoir qui est Libérien. Car, le mercenaire parle non seulement le guéré comme ceux d’ici mais il parle également le français », a-t-il expliqué. Et, d’ajouter que les perquisitions sont difficiles vu les indignations qu’elles suscitent : « lorsque nous commencerons les fouilles, vous entendrez dire que les excès ont repris à l’Ouest ». « Mais nous savons que les Libériens sont là parce que nous avons des informateurs dans leurs rangs », a-t-il ajouté. Ces taupes se sont des jeunes qui ne veulent plus combattre mais qui n’osent pas partir. A en croire le Cdt Koné, la grande majorité des miliciens veut déposer les armes. Mais les cadres de la région qui sont à Abidjan leur conseillent autre chose. A l’en croire, ceux-ci donnent des consignes aux jeunes en leur demandant de « venger » leurs morts. C’est pourquoi le militaire préconise que ces cadres soient associés aux campagnes de sensibilisation en vue du désarmement. « Sinon ce sera un échec », prévient Koné Daouda. Espérons que la poudrière n’explose pas. Car, les dégâts pourraient être très grands si l’on s’en tient à cette mise en garde du patron local des Frci : «S’ils nous attaquent, on sait que ça ne sera pas facile. Mais nous nous inquiétons pour les victimes collatérales»
Mille mercenaires libériens sont là
Pourquoi cette zone fait-elle si peur ? Le préfet du département de Duékoué, Benjamin Effoli, a la réponse à la question. « Nous avons beaucoup de miliciens dans la région. Certains sont réfugiés à la mission catholique tandis que plusieurs autres ont traversé la frontière pour se retrouver au Libéria », a-t-il confié lors d’un échange avec la délégation du Pnrrc à la préfecture. Nul besoin de dire que des miliciens non-repentis qui circulent librement sont une source d’insécurité. D’autant que, toujours selon l’autorité préfectorale, beaucoup d’armes sont encore dans la nature. « Le nombre d’armes récupérées ici n’a rien à voir avec le nombre réel ou supposé de miliciens », a-t-il révélé au cours de la même rencontre. Selon lui, si ce problème n’est pas réglé, il pourrait avoir des conséquences même sur les prochaines élections locales.
Chez les Frci, l’on est conscient de la gravité de la situation. Le cdt Koné Daouda, le chef des lieux, confirme qu’effectivement beaucoup d’armes n’ont pas été déposées par leurs détenteurs. « Sur des milliers d’armes qui ont été distribuées, nous n’en avons récupéré qu’une cinquantaine », a-t-il confié au cours d’une réunion avec Kéhi Edouard et ses collaborateurs. Il a soutenu que les armes avaient été dissimulées à travers de petites caches : « dans les caches d’armes que nous avons découvertes, il y avait sept voire huit armes. Nous en avons retrouvé dix-huit d’un coup à un seul endroit : c’était au cimetière d’un village ». Et, d’ajouter que lorsqu’ils ont appris l’existence de caches plus grandes, leurs détenteurs qui se trouvaient à l’église catholique sont allés les déplacer.
Bamba K. Inza, envoyé spécial