La haine, le mépris, la méchanceté des Hommes donne aujourd’hui un visage honteux, hideux à la mairie centrale de la commune de Yopougon sise au quartier Selmer.
La mairie centrale de la commune de Yopougon, quartier situé au Nord-Ouest du District d’Abidjan n’existe que de nom. Les populations de l’une des plus grandes municipalités de la Côte d’Ivoire par son étendue, d’une superficie de 153,6 km2 avec plus de 52 sous-quartiers (40 quartiers dont 12 villages traditionnels), sa population, plus d’un 1,5 millions d’habitants continuent à payer le lourd tribut de la guerre. Cette mairie qui grouillait de monde autrefois, donne à ce jour, le vrai visage d’une commune où tout est à reprendre à zéro. Du cabinet du maire à l’état civil, en passant par la direction de la radio de proximité, tout a été pillé, saccagé et mis sens dessus-dessous. Selon notre interlocuteur qui a requis l’anonymat, tout a commencé vers le début du mois de mars. « Les miliciens favorables à Lmp (NDLR La majorité présidentielle) ont commencé, vers le début du mois de mars par s’attaquer aux personnes et aux biens», a indiqué notre source. Ce regain de tension s’est vite transformé en terreur contre les populations à proximité de la mairie. Plusieurs personnes ont été brûlées vives par des jeunes miliciens et mercenaires qui ont érigé des barrages en face de la mairie. « A partir de ce moment-là, personne n’avait accès aux locaux de la mairie, à part à ceux qui leurs étaient favorables et les arrosaient de billets de banques», soutient-il. Ajoutant par ailleurs que «c’est pendant cette période que tout a été saccagé, volé et pillé à la mairie ». Aujourd’hui, la mairie centrale est en ruine. Seuls des éléments des Frci (Forces républicaines de Côte d’Ivoire) se réclamant du Cdt Chérif Ousmane y ont érigé un camp. « Cette mesure vise à rassurer les populations pour leur sécurité », soutient la source militaire. « Notre ambition n’est pas de rester ici parce que le militaire est fait pour la caserne. Mais, avant la reprise des travaux, nous restons plus proches des populations pour mieux les surveiller », rassure l’homme en arme. La présence des éléments des Frci en ce lieu est diversement interprétée par les riverains. « Nous ne sommes pas à l’abri des vols et attaques des hommes en armes », indique un riverain qui a été dépouillé de tous ses biens, il y a quelques jours, alors qu’il rentrait vers 22h, chez lui à la maison par des hommes en armes. Beaucoup de témoignages d’agression et d’attaques de domiciles par des hommes en armes nous ont été révélées. Côté Rue Princesse, les gérants de maquis eux, sont pour la plupart satisfaits de la présence des Frci. « Depuis qu’ils sont là, les agressions par des bandits et autres voyous ont diminué ». Une simple visite à la mairie centrale de « Yopougon la joie » démontre bien que la guerre a été très rude dans cette commune. Tous les services ont été délocalisés, un peu partout dans les autres quartiers.
Les services de la mairie centrale délocalisés
Le plus difficile pour les populations, c’est de ne pas avoir un interlocuteur direct, une fois à la
mairie capable de les orienter. Vu la situation préoccupante que vit la mairie suite à la délocalisation des services. Le cabinet du maire, Gamnan Guidan Jean-Félicien, en mission pour des raisons de santé, a été délocalisé à la mairie annexe de Niangon non loin de la station Texaco. C’est là que son intérimaire, Gbakré B. Marcellin gère les affaires courantes. A savoir, les affaires courantes et la signature des bons pour le bon fonctionnement de la mairie. Une partie des agents de l’état civil s’y trouve. « Nous nous attelons à faire les copies d`acte de naissance, les copies de certificat de décès, les législations de toutes pièces ayant un original, les certificats de non divorce et de non remariage, les copies intégrales d`acte de naissance, les certificats de vie et d`entretien, les actes de mariage etc », nous a confié un employé sous le couvert de l’anonymat. Qui souhaite qu’un arrêté ministériel soit pris pour donner plein pouvoir à celui qui doit exercer en tant que maire. Outre la mairie annexe de Niangon, l’état civil est aussi délocalisé à la mairie annexe de Toits-rouges. « Nous faisons le travail que nous transmettons au cabinet délocalisé à Niangon », soutient notre interlocuteur, qui requiert toujours l’anonymat. Cette réserve des employés fait suite à un Conseil convoqué par le maire intérimaire, il y a de cela quelques semaines, au cours de laquelle, la réunion s’est achevée dans la confusion (nous y reviendrons !). D’autres services, notamment, la régie des taxes, le service financier, la police municipale se retrouvent à la maison des jeunes et autres mairies annexes de la commune.
Comment la mairie a été pillée
Dans cette situation délétère et trouble, la radio de proximité, vecteur d’information aux
populations n’existe plus. Le matériel, les câbles, ainsi que les portes ont été emportés par les mercenaires et miliciens au plus fort de la crise. « Le matériel de la mairie centrale a été pillé en quatre étape avant que tout soit saccagé », se rappelle un journaliste. « C’est d’abord le matériel de la radio (le consol, l’émetteur et autres) et les portes qui ont été fracturés puis emportés. La seconde fois, des hommes en armes, je peux les qualifier de mercenaires et de miliciens puisqu’en ce moment les Frci (Forces Républicaines n’étaient pas encore à Abidjan), ils ont fracturé les portes du service financier, courrier, juridique et de la comptabilité qu’ils ont mis sens dessus-dessous. La troisième étape, c’était le même jour, mais cette fois-ci, le soir. Ils ont emporté le coffre-fort de la mairie et ouvert grandement le portail de la mairie. La quatrième étape, c’est celle qui a consisté à tout piller et saccager après l’ouverture du portail », a relaté notre interlocuteur. S’il s’est réservé de nous donner les dates exactes de toutes ces méchancetés humaines, il se rappelle que tout cela a commencé bien avant la chute de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, c’est un visage hideux, honteux et indigne que présente la mairie centrale de la plus grande commune de Côte d’Ivoire. Des mairies que l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo a toujours présenté comme des instruments de « développements et non de politiques ». Est-ce parce que les autorités ont été favorables à la milice et aux mercenaires au point de ne pas parvenir à maîtriser la violence et la méchanceté des humains qui a rendu l’état civil, le service juridique et autres services importants aujourd’hui hors d’état ? Ou alors, la violence était telle que personne ne pouvait canaliser le flux et le reflux des hommes en armes ? En tout état de cause, certaines mairies, bien qu’étant sous la magistrature de l’opposition (Treicville avec François Amichia (PDCI-RDA), Adjamé Ypoussouf Sylla (Rdr)) ont réussi à préserver leurs acquis malgré le contrôle de la sécurité par les hommes en armes fidèles à l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Pourquoi le premier magistrat de la commune deYopougon, Gbamnan Guidan-Jean Félicien s’est-il laissé emporter par ce vilain sentiment ? Les prochains jours nous situeront.
Sériba Koné
seriba67@yahoo.fr
La mairie centrale de la commune de Yopougon, quartier situé au Nord-Ouest du District d’Abidjan n’existe que de nom. Les populations de l’une des plus grandes municipalités de la Côte d’Ivoire par son étendue, d’une superficie de 153,6 km2 avec plus de 52 sous-quartiers (40 quartiers dont 12 villages traditionnels), sa population, plus d’un 1,5 millions d’habitants continuent à payer le lourd tribut de la guerre. Cette mairie qui grouillait de monde autrefois, donne à ce jour, le vrai visage d’une commune où tout est à reprendre à zéro. Du cabinet du maire à l’état civil, en passant par la direction de la radio de proximité, tout a été pillé, saccagé et mis sens dessus-dessous. Selon notre interlocuteur qui a requis l’anonymat, tout a commencé vers le début du mois de mars. « Les miliciens favorables à Lmp (NDLR La majorité présidentielle) ont commencé, vers le début du mois de mars par s’attaquer aux personnes et aux biens», a indiqué notre source. Ce regain de tension s’est vite transformé en terreur contre les populations à proximité de la mairie. Plusieurs personnes ont été brûlées vives par des jeunes miliciens et mercenaires qui ont érigé des barrages en face de la mairie. « A partir de ce moment-là, personne n’avait accès aux locaux de la mairie, à part à ceux qui leurs étaient favorables et les arrosaient de billets de banques», soutient-il. Ajoutant par ailleurs que «c’est pendant cette période que tout a été saccagé, volé et pillé à la mairie ». Aujourd’hui, la mairie centrale est en ruine. Seuls des éléments des Frci (Forces républicaines de Côte d’Ivoire) se réclamant du Cdt Chérif Ousmane y ont érigé un camp. « Cette mesure vise à rassurer les populations pour leur sécurité », soutient la source militaire. « Notre ambition n’est pas de rester ici parce que le militaire est fait pour la caserne. Mais, avant la reprise des travaux, nous restons plus proches des populations pour mieux les surveiller », rassure l’homme en arme. La présence des éléments des Frci en ce lieu est diversement interprétée par les riverains. « Nous ne sommes pas à l’abri des vols et attaques des hommes en armes », indique un riverain qui a été dépouillé de tous ses biens, il y a quelques jours, alors qu’il rentrait vers 22h, chez lui à la maison par des hommes en armes. Beaucoup de témoignages d’agression et d’attaques de domiciles par des hommes en armes nous ont été révélées. Côté Rue Princesse, les gérants de maquis eux, sont pour la plupart satisfaits de la présence des Frci. « Depuis qu’ils sont là, les agressions par des bandits et autres voyous ont diminué ». Une simple visite à la mairie centrale de « Yopougon la joie » démontre bien que la guerre a été très rude dans cette commune. Tous les services ont été délocalisés, un peu partout dans les autres quartiers.
Les services de la mairie centrale délocalisés
Le plus difficile pour les populations, c’est de ne pas avoir un interlocuteur direct, une fois à la
mairie capable de les orienter. Vu la situation préoccupante que vit la mairie suite à la délocalisation des services. Le cabinet du maire, Gamnan Guidan Jean-Félicien, en mission pour des raisons de santé, a été délocalisé à la mairie annexe de Niangon non loin de la station Texaco. C’est là que son intérimaire, Gbakré B. Marcellin gère les affaires courantes. A savoir, les affaires courantes et la signature des bons pour le bon fonctionnement de la mairie. Une partie des agents de l’état civil s’y trouve. « Nous nous attelons à faire les copies d`acte de naissance, les copies de certificat de décès, les législations de toutes pièces ayant un original, les certificats de non divorce et de non remariage, les copies intégrales d`acte de naissance, les certificats de vie et d`entretien, les actes de mariage etc », nous a confié un employé sous le couvert de l’anonymat. Qui souhaite qu’un arrêté ministériel soit pris pour donner plein pouvoir à celui qui doit exercer en tant que maire. Outre la mairie annexe de Niangon, l’état civil est aussi délocalisé à la mairie annexe de Toits-rouges. « Nous faisons le travail que nous transmettons au cabinet délocalisé à Niangon », soutient notre interlocuteur, qui requiert toujours l’anonymat. Cette réserve des employés fait suite à un Conseil convoqué par le maire intérimaire, il y a de cela quelques semaines, au cours de laquelle, la réunion s’est achevée dans la confusion (nous y reviendrons !). D’autres services, notamment, la régie des taxes, le service financier, la police municipale se retrouvent à la maison des jeunes et autres mairies annexes de la commune.
Comment la mairie a été pillée
Dans cette situation délétère et trouble, la radio de proximité, vecteur d’information aux
populations n’existe plus. Le matériel, les câbles, ainsi que les portes ont été emportés par les mercenaires et miliciens au plus fort de la crise. « Le matériel de la mairie centrale a été pillé en quatre étape avant que tout soit saccagé », se rappelle un journaliste. « C’est d’abord le matériel de la radio (le consol, l’émetteur et autres) et les portes qui ont été fracturés puis emportés. La seconde fois, des hommes en armes, je peux les qualifier de mercenaires et de miliciens puisqu’en ce moment les Frci (Forces Républicaines n’étaient pas encore à Abidjan), ils ont fracturé les portes du service financier, courrier, juridique et de la comptabilité qu’ils ont mis sens dessus-dessous. La troisième étape, c’était le même jour, mais cette fois-ci, le soir. Ils ont emporté le coffre-fort de la mairie et ouvert grandement le portail de la mairie. La quatrième étape, c’est celle qui a consisté à tout piller et saccager après l’ouverture du portail », a relaté notre interlocuteur. S’il s’est réservé de nous donner les dates exactes de toutes ces méchancetés humaines, il se rappelle que tout cela a commencé bien avant la chute de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, c’est un visage hideux, honteux et indigne que présente la mairie centrale de la plus grande commune de Côte d’Ivoire. Des mairies que l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo a toujours présenté comme des instruments de « développements et non de politiques ». Est-ce parce que les autorités ont été favorables à la milice et aux mercenaires au point de ne pas parvenir à maîtriser la violence et la méchanceté des humains qui a rendu l’état civil, le service juridique et autres services importants aujourd’hui hors d’état ? Ou alors, la violence était telle que personne ne pouvait canaliser le flux et le reflux des hommes en armes ? En tout état de cause, certaines mairies, bien qu’étant sous la magistrature de l’opposition (Treicville avec François Amichia (PDCI-RDA), Adjamé Ypoussouf Sylla (Rdr)) ont réussi à préserver leurs acquis malgré le contrôle de la sécurité par les hommes en armes fidèles à l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Pourquoi le premier magistrat de la commune deYopougon, Gbamnan Guidan-Jean Félicien s’est-il laissé emporter par ce vilain sentiment ? Les prochains jours nous situeront.
Sériba Koné
seriba67@yahoo.fr