Dans le cadre du processus de réconciliation nationale et de la cohésion sociale, le PASRES (Programme d`Appui Stratégique à la Recherche Scientifique) a lancé un appel à projets. Dans cet entretien, son secrétaire exécutif, Dr Sangaré Yaya, explique les enjeux de cette initiative.
Le Patriote : A quoi sert exactement le Programme d`Appui Stratégique à la Recherche Scientifique (PASRES) ?
Dr Sangaré Yaya : Ce programme, qui fonctionne sur le mode d`un fonds compétitif, a été mis en place par le ministère ivoirien de l`enseignement supérieur et de la recherche scientifique avec l`appui financier du gouvernement suisse. Le PASRES vise à contribuer à la réduction de la pauvreté et de la faim, à l`amélioration de la santé humaine et à une gestion durable des ressources naturelles en Côte-d`Ivoire.
Pour atteindre ces objectifs, le PASRES met à la disposition des chercheurs ivoiriens des ressources financières et matérielles en vue de les aider à initier et à réaliser des projets de recherche -développement de haute qualité dans différents domaines scientifiques en rapport avec les objectifs susmentionnés.
L.P : Depuis quand ce programme existe t-il ?
Dr S.Y : Le PASRES a été mis en place en juillet 2007 mais les activités ont réellement démarré en 2008.
L.P : Combien de chercheurs ont bénéficié, à ce jour, du soutien du PASRES ?
Dr S.Y : De 2008 à ce jour, 64 projets impliquant 150.chercheurs ont bénéficié de notre appui sous diverses formes. Le montant total des ressources mises à la disposition de ces chercheurs est d`environ 700 000 000 FCFA. Les travaux de recherche entrepris ont débouché sur des publications qui ont permis l`avancement, sur le plan académique, de certains de nos lauréats. Certains sont passés de Maîtres-assistants à Maîtres de Conférences, d`autres d`Assistants à Maîtres-assistants, et beaucoup d`entre eux ont pu soutenir leurs thèses de Doctorats et présenter leurs mémoires de DEA. Nous avons également réhabilité des laboratoires et des salles de formation dans des centres de recherche et des universités. Il est important de souligner que, compte tenu de nos moyens relativement limités, nous avons mis l`accent sur les jeunes chercheurs pour assurer l`avenir scientifique du pays. En fonction de l`évolution de nos ressources, nous allons progressivement étendre nos prestations à d`autres catégories de chercheurs en Côte-d`Ivoire.
L.P : Quel est l`intérêt de cet appel à projets spécial pour la réconciliation?
Dr S.Y : La crise postélectorale, que notre pays vient de connaître, a fortement affecté le milieu universitaire : universités et instituts de recherche pillés et dévastés, résidences universitaires fermées, etc. Le PASRES souhaite apporter sa contribution aux efforts entrepris par le gouvernement pour la réconciliation et la paix dans notre pays.
Convaincus qu`il ne peut y avoir de recherche scientifique sans la paix dans notre pays en général et dans le milieu universitaire en particulier, nous proposons cet avis d`appel à projets pour recueillir des propositions de projets ou d`activités susceptibles de contribuer à la réconciliation et au renforcement de la cohésion sociale en Côte d`Ivoire. Les chercheurs doivent nous aider à comprendre comment ce pays, stable et prospère il n`y a pas si longtemps, et qui faisait la fierté de toute l`Afrique est tombé si bas ! Pourquoi ce pays qui avait été épargné par le virus de la déchirure ethnique est si divisé aujourd`hui ! Comment l`Université, qui est, par essence, un espace de tolérance et de débats d`idées, est aujourd`hui un lieu de violences, sans repères, ou les apprenants bastonnent et terrorisent leurs maîtres ! Au-delà des constatations et des interprétations, nous voulons que nos intellectuels nous proposent des pistes de solutions pour aider ce pays à rebondir. Nous voulons que la paix revienne au sein de nos universités et que les étudiants apprennent à résoudre leurs problèmes autrement que par la violence.
Par ailleurs, certaines communautés ayant particulièrement souffert de cette crise postélectorale, nous voulons, très modestement, apporter notre contribution au retour de la paix et au renforcement de la cohésion sociale au sein de ces communautés à travers le financement de quelques activités génératrices de revenus au profit de celles-ci. Les populations, surtout celles qui vivent dans les zones où il y a eu des combats, sont aujourd`hui confrontées à d`énormes difficultés au quotidien. Toutes les initiatives pour leur apporter de l`aide sont donc les bienvenues.
L.P : Quels sont justement ceux qui peuvent postuler à cet appel à projets ?
Dr S.Y : Cet appel à projets s`adresse à deux catégories de potentiels bénéficiaires. D`abord, les étudiants et chercheurs et ensuite, les ONG, surtout celles qui interviennent dans le développement communautaire.
L.P : Combien vont recevoir ceux dont les projets seront retenus ?
Dr S.Y : Tout dépendra, en fait, de la qualité des propositions de projets qui nous seront soumises. Le niveau exact des ressources à affecter est une prérogative du Comité de Pilotage du PASRES qui décidera en fonction de la demande et de nos disponibilités. Il n`est pas exclu également que nous fassions appel à d`autres partenaires pour appuyer des initiatives qui nous apparaîtraient pertinentes et susceptibles d`avoir un impact bénéfique sur le renforcement de la cohésion sociale et la lutte contre la pauvreté en Côte-d`Ivoire.
L.P : Le gouvernement ivoirien envisage de mettre, à court thème, en place un fonds national d`appui à la recherche et à l`innovation. Que va alors devenir le PASRES ?
Dr S.Y : Le PASRES est un peu l`embryon de ce fonds national. Si le fonds national est créé et qu`il fonctionne correctement pendant un certain temps, les autorités suisses en accord avec le gouvernement ivoirien, pourront autoriser le PASRES à se fondre dans ce fonds national et y apporter ses ressources pour accroître son capital. Le PASRES dispose d`un capital de 5 milliards de FCFA qui est bloqué dans une banque de la place .Nous ne touchons pas à ce capital. Ce sont les intérêts produits par ce capital qui ont permis depuis 3 ans de faire fonctionner notre programme. Nous souhaiterions également, à moyen terme, mettre l`accent sur la valorisation des résultats de recherche. L`absence de véritables instruments de valorisation, surtout économiques, des résultats de recherche est l`une des faiblesses structurelles majeures de la recherche en Côte-d`Ivoire. Nous savons que c`est l`un des futurs chantiers importants du gouvernement et nous voulons apporter notre contribution à la réussite de cette exaltante mission qui renforcera la crédibilité et la visibilité de la recherche dans notre pays.
Réalisée par Y. Sangaré
Le Patriote : A quoi sert exactement le Programme d`Appui Stratégique à la Recherche Scientifique (PASRES) ?
Dr Sangaré Yaya : Ce programme, qui fonctionne sur le mode d`un fonds compétitif, a été mis en place par le ministère ivoirien de l`enseignement supérieur et de la recherche scientifique avec l`appui financier du gouvernement suisse. Le PASRES vise à contribuer à la réduction de la pauvreté et de la faim, à l`amélioration de la santé humaine et à une gestion durable des ressources naturelles en Côte-d`Ivoire.
Pour atteindre ces objectifs, le PASRES met à la disposition des chercheurs ivoiriens des ressources financières et matérielles en vue de les aider à initier et à réaliser des projets de recherche -développement de haute qualité dans différents domaines scientifiques en rapport avec les objectifs susmentionnés.
L.P : Depuis quand ce programme existe t-il ?
Dr S.Y : Le PASRES a été mis en place en juillet 2007 mais les activités ont réellement démarré en 2008.
L.P : Combien de chercheurs ont bénéficié, à ce jour, du soutien du PASRES ?
Dr S.Y : De 2008 à ce jour, 64 projets impliquant 150.chercheurs ont bénéficié de notre appui sous diverses formes. Le montant total des ressources mises à la disposition de ces chercheurs est d`environ 700 000 000 FCFA. Les travaux de recherche entrepris ont débouché sur des publications qui ont permis l`avancement, sur le plan académique, de certains de nos lauréats. Certains sont passés de Maîtres-assistants à Maîtres de Conférences, d`autres d`Assistants à Maîtres-assistants, et beaucoup d`entre eux ont pu soutenir leurs thèses de Doctorats et présenter leurs mémoires de DEA. Nous avons également réhabilité des laboratoires et des salles de formation dans des centres de recherche et des universités. Il est important de souligner que, compte tenu de nos moyens relativement limités, nous avons mis l`accent sur les jeunes chercheurs pour assurer l`avenir scientifique du pays. En fonction de l`évolution de nos ressources, nous allons progressivement étendre nos prestations à d`autres catégories de chercheurs en Côte-d`Ivoire.
L.P : Quel est l`intérêt de cet appel à projets spécial pour la réconciliation?
Dr S.Y : La crise postélectorale, que notre pays vient de connaître, a fortement affecté le milieu universitaire : universités et instituts de recherche pillés et dévastés, résidences universitaires fermées, etc. Le PASRES souhaite apporter sa contribution aux efforts entrepris par le gouvernement pour la réconciliation et la paix dans notre pays.
Convaincus qu`il ne peut y avoir de recherche scientifique sans la paix dans notre pays en général et dans le milieu universitaire en particulier, nous proposons cet avis d`appel à projets pour recueillir des propositions de projets ou d`activités susceptibles de contribuer à la réconciliation et au renforcement de la cohésion sociale en Côte d`Ivoire. Les chercheurs doivent nous aider à comprendre comment ce pays, stable et prospère il n`y a pas si longtemps, et qui faisait la fierté de toute l`Afrique est tombé si bas ! Pourquoi ce pays qui avait été épargné par le virus de la déchirure ethnique est si divisé aujourd`hui ! Comment l`Université, qui est, par essence, un espace de tolérance et de débats d`idées, est aujourd`hui un lieu de violences, sans repères, ou les apprenants bastonnent et terrorisent leurs maîtres ! Au-delà des constatations et des interprétations, nous voulons que nos intellectuels nous proposent des pistes de solutions pour aider ce pays à rebondir. Nous voulons que la paix revienne au sein de nos universités et que les étudiants apprennent à résoudre leurs problèmes autrement que par la violence.
Par ailleurs, certaines communautés ayant particulièrement souffert de cette crise postélectorale, nous voulons, très modestement, apporter notre contribution au retour de la paix et au renforcement de la cohésion sociale au sein de ces communautés à travers le financement de quelques activités génératrices de revenus au profit de celles-ci. Les populations, surtout celles qui vivent dans les zones où il y a eu des combats, sont aujourd`hui confrontées à d`énormes difficultés au quotidien. Toutes les initiatives pour leur apporter de l`aide sont donc les bienvenues.
L.P : Quels sont justement ceux qui peuvent postuler à cet appel à projets ?
Dr S.Y : Cet appel à projets s`adresse à deux catégories de potentiels bénéficiaires. D`abord, les étudiants et chercheurs et ensuite, les ONG, surtout celles qui interviennent dans le développement communautaire.
L.P : Combien vont recevoir ceux dont les projets seront retenus ?
Dr S.Y : Tout dépendra, en fait, de la qualité des propositions de projets qui nous seront soumises. Le niveau exact des ressources à affecter est une prérogative du Comité de Pilotage du PASRES qui décidera en fonction de la demande et de nos disponibilités. Il n`est pas exclu également que nous fassions appel à d`autres partenaires pour appuyer des initiatives qui nous apparaîtraient pertinentes et susceptibles d`avoir un impact bénéfique sur le renforcement de la cohésion sociale et la lutte contre la pauvreté en Côte-d`Ivoire.
L.P : Le gouvernement ivoirien envisage de mettre, à court thème, en place un fonds national d`appui à la recherche et à l`innovation. Que va alors devenir le PASRES ?
Dr S.Y : Le PASRES est un peu l`embryon de ce fonds national. Si le fonds national est créé et qu`il fonctionne correctement pendant un certain temps, les autorités suisses en accord avec le gouvernement ivoirien, pourront autoriser le PASRES à se fondre dans ce fonds national et y apporter ses ressources pour accroître son capital. Le PASRES dispose d`un capital de 5 milliards de FCFA qui est bloqué dans une banque de la place .Nous ne touchons pas à ce capital. Ce sont les intérêts produits par ce capital qui ont permis depuis 3 ans de faire fonctionner notre programme. Nous souhaiterions également, à moyen terme, mettre l`accent sur la valorisation des résultats de recherche. L`absence de véritables instruments de valorisation, surtout économiques, des résultats de recherche est l`une des faiblesses structurelles majeures de la recherche en Côte-d`Ivoire. Nous savons que c`est l`un des futurs chantiers importants du gouvernement et nous voulons apporter notre contribution à la réussite de cette exaltante mission qui renforcera la crédibilité et la visibilité de la recherche dans notre pays.
Réalisée par Y. Sangaré
