Près d’une dizaine de morts, des maisons emportées. Mais, surtout, beaucoup de dégâts au niveau des infrastructures routières. Les pluies diluviennes de cette année n’y sont pas allées du dos de la cuillère.
Plus de six décès. Dont une mère et ses deux enfants à Attecoubé-Santé, un vieillard à la Riviera-Palmeraie, une fille et un jeune homme à Abobo Bc. Il faut leur ajouter ces portés-disparus à Yopougon, à Abobo dont les proches racontent qu’ils ont été emportés par l’eau… Côté perte matérielle, c’est un désastre. Les infrastructures routières n’ont jamais été aussi érodées par la pluie. A l’entrée de Yopougon, on est choqué par cette image cauchemardesque d’une partie de l’autoroute qui s’est effondrée dans un ravin. A l’intérieur, un camion de 30 tonnes et son conducteur qui se trouvaient-là au mauvais moment et au mauvais endroit. La réfection de la voie est estimée en milliards de Fcfa. A Anyama, « au carrefour Diallo », c’est la vision terrifiante des routes devenues d’énormes éboulements à cause de l’eau de ruissellement, et une dizaine de maisons rasées par un « raz-de-marée » dans la nuit du 11 au 12 juin. A Cocody, le quartier le plus chic d’Abidjan, les routes disparaissent sous les eaux, des résidences entières ont leur fondation sous les eaux. Les sinistrés ne se comptent plus. Dans la commune d’Adama Toungara, certains commencent à rechigner de plus en plus. Pour les calmer, Diakité Sidiki, le nouveau préfet d’Abidjan était à Abobo, vendredi, pour réconforter des victimes d’inondations. Un don de 5 millions de Fcfa a suffi à faire oublier la présence des 23 bassins d’orage dans la commune. Du moins pour cette année. Quand on sait que son prédécesseur, Sam Etiassé, demandait environ 150 millions de Fcfa pour sauver 500 familles des fléaux des pluies à Abobo. Commentaire de la cellule de communication de la mairie : « on a demandé aux populations de quitter les bassins d’orage, elles ne l’ont pas fait. » Après le don de Diakité Sidiki, un tour dans certains bassins d’orage, toujours habités, a suffi à dépeindre le sentiment général qui anime ces résidents, encore appelés des « naufragés en sursis ». Dembélé Bourahima, un habitant du quartier Clotcha, inondé à chaque forte pluie, ne cache pas sa déception. « En début juin, le préfet nous a demandé de quitter la zone, mais il n’a pas proposé de site, et il ne nous a pas donné de moyens pour le faire. Nous étions obligés de rester là. Conséquence, les inondations ont encore fait des dégâts». A Samaké également, les populations indiquent qu’elles ont eu droit aux mêmes discours. Aucun plan n’a été proposé pour leur permettre de quitter les bassins dangereux. Et, c’est le sentiment général qui prévaut dans la centaine de sites à risque connus à Abidjan.
A qui la faute ? Pour ce qui concerne les victimes des zones à risque, le nouveau préfet d’Abidjan, nommé à quelques jours des grandes pluies, n’a eu d’autre choix que d’axer son plan Organisation des secours (Orsec) sur la sensibilisation. « Abandonnez les zones à risque », s’était-il contenté de lancer le 25 mai, à l’hôtel communal de Cocody. Or, les pluies ont été plus fortes cette année. Arrivé en pleine crise, Diakité Sidiki n’a eu ni les moyens, ni le temps pour déguerpir les populations. Et si le bilan en terme de perte en vie humaine est faible par rapport à ce que l’on craignait, c’est par pur hasard et non à cause de la sensibilisation. Car, les populations des sites à risque n’ont pas bougé d’un iota. Côté infrastructure routière, la pluie a permis de prendre conscience d’un fait : nos routes sont inadaptées à de telles averses. Les canalisations sont bouchées ou quelquefois inexistantes. Cela n’a jamais fait partie des priorités. Les nouvelles autorités ont le choix. Soit on se met à l’œuvre dès maintenant pour réduire ces problèmes, ou on attend l’année prochaine pour de nouveaux dégâts.
Raphaël Tanoh
Plus de six décès. Dont une mère et ses deux enfants à Attecoubé-Santé, un vieillard à la Riviera-Palmeraie, une fille et un jeune homme à Abobo Bc. Il faut leur ajouter ces portés-disparus à Yopougon, à Abobo dont les proches racontent qu’ils ont été emportés par l’eau… Côté perte matérielle, c’est un désastre. Les infrastructures routières n’ont jamais été aussi érodées par la pluie. A l’entrée de Yopougon, on est choqué par cette image cauchemardesque d’une partie de l’autoroute qui s’est effondrée dans un ravin. A l’intérieur, un camion de 30 tonnes et son conducteur qui se trouvaient-là au mauvais moment et au mauvais endroit. La réfection de la voie est estimée en milliards de Fcfa. A Anyama, « au carrefour Diallo », c’est la vision terrifiante des routes devenues d’énormes éboulements à cause de l’eau de ruissellement, et une dizaine de maisons rasées par un « raz-de-marée » dans la nuit du 11 au 12 juin. A Cocody, le quartier le plus chic d’Abidjan, les routes disparaissent sous les eaux, des résidences entières ont leur fondation sous les eaux. Les sinistrés ne se comptent plus. Dans la commune d’Adama Toungara, certains commencent à rechigner de plus en plus. Pour les calmer, Diakité Sidiki, le nouveau préfet d’Abidjan était à Abobo, vendredi, pour réconforter des victimes d’inondations. Un don de 5 millions de Fcfa a suffi à faire oublier la présence des 23 bassins d’orage dans la commune. Du moins pour cette année. Quand on sait que son prédécesseur, Sam Etiassé, demandait environ 150 millions de Fcfa pour sauver 500 familles des fléaux des pluies à Abobo. Commentaire de la cellule de communication de la mairie : « on a demandé aux populations de quitter les bassins d’orage, elles ne l’ont pas fait. » Après le don de Diakité Sidiki, un tour dans certains bassins d’orage, toujours habités, a suffi à dépeindre le sentiment général qui anime ces résidents, encore appelés des « naufragés en sursis ». Dembélé Bourahima, un habitant du quartier Clotcha, inondé à chaque forte pluie, ne cache pas sa déception. « En début juin, le préfet nous a demandé de quitter la zone, mais il n’a pas proposé de site, et il ne nous a pas donné de moyens pour le faire. Nous étions obligés de rester là. Conséquence, les inondations ont encore fait des dégâts». A Samaké également, les populations indiquent qu’elles ont eu droit aux mêmes discours. Aucun plan n’a été proposé pour leur permettre de quitter les bassins dangereux. Et, c’est le sentiment général qui prévaut dans la centaine de sites à risque connus à Abidjan.
A qui la faute ? Pour ce qui concerne les victimes des zones à risque, le nouveau préfet d’Abidjan, nommé à quelques jours des grandes pluies, n’a eu d’autre choix que d’axer son plan Organisation des secours (Orsec) sur la sensibilisation. « Abandonnez les zones à risque », s’était-il contenté de lancer le 25 mai, à l’hôtel communal de Cocody. Or, les pluies ont été plus fortes cette année. Arrivé en pleine crise, Diakité Sidiki n’a eu ni les moyens, ni le temps pour déguerpir les populations. Et si le bilan en terme de perte en vie humaine est faible par rapport à ce que l’on craignait, c’est par pur hasard et non à cause de la sensibilisation. Car, les populations des sites à risque n’ont pas bougé d’un iota. Côté infrastructure routière, la pluie a permis de prendre conscience d’un fait : nos routes sont inadaptées à de telles averses. Les canalisations sont bouchées ou quelquefois inexistantes. Cela n’a jamais fait partie des priorités. Les nouvelles autorités ont le choix. Soit on se met à l’œuvre dès maintenant pour réduire ces problèmes, ou on attend l’année prochaine pour de nouveaux dégâts.
Raphaël Tanoh