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Art et Culture Publié le mardi 5 juillet 2011 | Nord-Sud

Durée des reportages, programmation des éléments, rediffusion des émissions… Tci, les téléspectateurs attendent mieux


Créée le 22 janvier dernier, en pleine crise post-électorale, la Télé Côte d’Ivoire (Tci) a donné une lueur d’espoir aux Ivoiriens. Six mois après son avènement et le départ du pouvoir de Laurent Gbagbo, elle est loin de répondre aux attentes des populations.

Ça grogne contre la Télé Côte d’Ivoire (Tci). « Je ne comprends pas. Les éléments sur lesquels ils doivent mettre du temps, c’est ce qu’ils font passer rapidement », se plaint K. Pascal, un admirateur de la chaîne née au Golf hôtel. L’élément filmé qui soulève le courroux du jeune homme, porte sur la visite-surprise du Premier ministre, Guillaume Soro, pour démanteler les barrages anarchiques, le 12 juin dernier. Il n’a duré que trois minutes. Et, le commentaire du journaliste ressemblait à une course contre la montre.

A la va-vite

L’édition spéciale annoncée n’a pas repondu aux attentes des téléspectateurs non plus. Des griefs, les abonnés de la remplaçante provisoire de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti) en ont. Le reportage sur la première Journée mondiale de la veuve, le 23 juin dernier, une très belle initiative de la chaîne, a subi le même traitement. Le bon coup du journaliste Ali Yoda à Abobo-Clouétcha, qui a passé en revue les écoles en lambeaux laissant-pour-compte des enfants, a ému de nombreux téléspectateurs qui voulaient voir plus. Mais hélas ! La Tci a ses exigences. Un conducteur du journal télévisé de 13 heures, de la semaine dernière, parle de lui-même. Pas un élément qui dure plus d’une minute trente secondes. C’est la consigne des responsables et tout le monde s’y conforme. « Nous faisons un journal télévisé de 30 minutes avec une vingtaine d’éléments à passer », a souligné Lanciné Koné, directeur de l’information. Ce jour-là, 18 éléments vidéos étaient prévus pour un temps total de 23 minutes. Soit sept minutes accordées au présentateur pour son speech. « Pour mieux exploiter une information capitale, l’astuce trouvée est de la traiter sous plusieurs angles. Chaque séquence ne dépassant pas le temps imparti (1,30 min) », informe M. Koné.

Pas de style

Pour des téléspectateurs, on n’est pas obligé de tout montrer à la télé. « Souvent, on nous présente des choses qui n’ont aucune importance et même qu’on ne doit pas voir à la télé », s’offusque Serge T. qui pense qu’à la place de ces sujets, de moindre importance, on peut donner du volume aux évènements d’actualité plus intéressants. Un journaliste de la maison bleue, qui a tenu à garder l’anonymat, avoue son impuissance face à cette situation. « Comment expliquer à une personne que son évènement ne mérite pas de passer au journal télévisé ? Dans la tête des gens, c’est la télévision nationale et donc ouverte à tous », déplore-t-il.
De Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara, les choses ont bien changé. De l’omniprésence de l’ex-chef de l’Etat et de ses partisans sur le petit écran, on est passé à un pouvoir moins encombrant. Pourtant, la vigilance permet de rappeler qu’il faut faire très attention. « Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas toujours le président de la République qu’il n’y a pas d’abus. Les formules telles que ‘’son excellence monsieur le président de la République de Côte d’Ivoire, le docteur Alassane Dramane Ouattara’’, sont à bannir au profit de certaines plus simples et digestes », explique ce téléspectateur qui soutient que ce sont les hommes qui façonnent les dictateurs. Ibrahim C., lui, va jusqu’à remettre en cause la diction, le niveau de langue, le niveau de culture et l’apparence de nombreux journalistes de la chaîne. « Ils ont une façon de parler stéréotyper. Les questions qu’ils posent souvent sont à la limite ridicules. Ils font de graves fautes et s’habillent parfois mal », relate-t-il. Le boubou de cette présentatrice du journal télévisé et les cheveux et la barbe non rasés de cet autre journaliste sportif en sont la parfaite illustration. « Après le 20 heures de ce jour, reconnaît le directeur de l’information, nous avons reçu plusieurs coups de fil dénonçant la tenue de la journaliste ». Sur la question des fautes de grammaire et d’orthographe (sur les déroulantes) à l’écran, Lanciné Koné semble impuissant.

Un avenir prometteur

« Une faute à la télé, c’est le monde entier qui la perçoit. Nous incitons nos journalistes à lire publiquement et à haute voix leurs textes avant le montage», se défend-il. Selon lui, la chaîne nationale a de belles perspectives devant elle. A partir du 6 août prochain, elle réaffichera le logo Rti. Une aubaine pour tout remettre en cause et recadrer la ligne éditoriale. « Tout va changer. Il n’est plus question de faire comme avant. Le président de la République nous a mis à l’aise dans ce sens. Il souhaite que la Rti ressemble à toute autre grande chaîne d’information au monde », affirme le directeur qui prévoit de grands reportages dans plusieurs pays de la sous-région (Togo, Ghana, Libéria). Il est conforté dans ses initiatives par la scission de la direction de l’information en deux : la direction des reportages informels et la direction des reportages institutionnels. La première dont il aura l’entière responsabilité, reviendra sur « les faits de société à travers des éléments de proximité ». En attendant, les téléspectateurs qui ont un mauvais souvenir de la Rti, version Brou Amessan, restent prudents. « Pourvu qu’ils ne retrouvent pas très vite leurs anciennes habitudes », avertit Ibrahim.

Sanou A.
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