Le directoire du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix est visiblement dans un dilemme quant à la façon d’aborder les législatives. Chacun veut avoir le plus d’élus mais tous craignent que la coalition perde la majorité. Pourtant, l’idée des primaires pour le choix des candidats ne semblent pas être adoptée.
Les élections locales approchent et le même débat s’ouvre au Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) : des candidatures Rhdp ou des candidats pour chaque parti ? Si pour les présidentielles le problème a été surmonté parce que préalablement tranché par les textes fondateurs de la coalition, le Rhdp se trouve dans un véritable dilemme en ce qui concerne les élections locales, notamment les législatives qui sont les plus proches. En même temps que chaque parti veut garder son ‘’autonomie’’ en ayant des députés élus sous sa bannière, les houphouétistes veulent éviter tout risque de ne pas avoir la majorité absolue au parlement.
Le directoire du Rhdp ne fait pas de déclaration officielle sur la question. Mais le voyage-express d’Alassane Ouattara, le jeudi 16 juin dernier, chez son aîné Bédié à Daoukro leur a permis d’en parler. Probablement parce que les appels de leurs bases qui veulent avoir un mot d’ordre clair sur le sujet leur sont parvenus. «(…) Aussi, avons-nous évoqué également les réformes économiques et la question des législatives pour savoir comment nous organiser pour que nous puissions continuer cette cohésion qui nous anime et faire en sorte que la Côte d’Ivoire retrouve la prospérité», a confié Alassane Ouattara à la fin de son huis clos avec Henri Konan Bédié.
La base des différents partis réclame une position claire parce que les législatives arrivent à grands pas. Et, alors qu’aucune consigne officielle n’a été donnée, des voix qui s’élèvent au sein de la coalition font croire que chaque parti aura son candidat. Au nombre de ceux dont les déclarations suscitent des interrogations, le secrétaire général du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci). «Le directoire du Rhdp est en train de réfléchir sur la manière dont on ira aux élections législatives. Une chose est sûre, le Pdci aura des candidats. On peut perdre l’élection présidentielle et gagner les législatives», a soutenu Alphonse Djédjé Mady. Une ambiguïté dans ses propos qui, selon des militants, signifie que les partis du Rhdp iront à ces élections en rangs dispersés. Ce qui chagrine le plus ces derniers, c’est le fait que leurs formations politiques ne s’y prennent pas tôt. «En prenant une décision claire dès le départ, nos responsables nous permettront de mieux peaufiner notre stratégie de campagne. On ne tient pas le même discours face à la population lorsqu’on est seul que quand nous sommes en coalition », confie un responsable local du Rassemblement des républicains (Rdr).
Tenir compte de la base
Dans les sections et les représentations départementales, on craint surtout que la direction vienne imposer, au dernier moment, un candidat dont l’image ne passe pas sur le terrain. Car, disons-le, les élections locales, c’est plus une affaire d’individu que de parti quand bien même ce facteur peut être déterminant. Pour certains observateurs, le Rhdp a donc intérêt à se décider. Et, vite. Mais surtout à faire le choix de candidats qui seront cooptés par la coalition. Farouche défenseur de la candidature unique au sein de Rhdp lors de la présidentielle, l’ex-député de Bouaflé est de cet avis. Pour Alomo Kouassi Paulin, la consolidation du pouvoir d’Alassane Ouattara en dépend. « Nous sommes allés unis à la présidentielle. Nous devons continuer pour les législatives. La consolidation de notre pouvoir passe par notre majorité à l’assemblée nationale », estime-t-il.
Même-là, le problème du choix des hommes ne sera pas résolu pour autant. Qui représentera la coalition ? Sur quelle base sera-t-il désigné ? Par le passé, des partis ont perdu les élections locales parce qu’ils ont mal fait le choix de leur candidat. Frustrés parce qu’ils n’avaient pas été retenus pour postuler au nom de leur formation, alors qu’ils estimaient être les plus représentatifs, certains sont allés au vote en tant que candidats indépendants. Dans plusieurs cas, cette démarche a été préjudiciable à leur formation politique. On comprend que déjà le Pdci hausse le ton en mettant en garde tous les éventuels rebelles. Mieux, il a mis sur pied une commission chargée d’étudier les candidatures. Avec pour but d’éviter que certains soient tentés de faire cavalier seul. Le Rhdp, pour avoir des candidats plus représentatifs, pourrait s’inspirer de cette stratégie. Et, faire plus. Car, cette commission comme la conçoit le parti-doyen, pourrait s’avérer anti-démocratique par moments. De quelle garantie dispose-t-on pour dire que son choix sera celui de la base ? Pour bien faire les choses, les disciples d’Houphouet-Boigny devraient organiser des primaires au sein de la coalition. Chaque parti pourrait proposer son candidat- après une ‘’pré-primaire’’ en son sein s’il le veut- qui affrontera ceux des autres. Après une élection dans la famille houphouétiste, le vainqueur devra être soutenu par tous les autres. Comme ce fut le cas après le premier tour de la présidentielle. Cela a l’avantage de ne pas voiler le poids réel de chaque formation. Et, de ne pas léser celui qui dispose de la vraie majorité au nom d’une alliance politique. Laquelle serait tentée de se laisser influencer par des calculs basés sur des données très peu démocratiques dont le régionalisme. Comment s’organiseront ces primaires ? Qui votera ? Sans employer les mêmes termes, Kouassi Alomo a sa réponse. Selon lui, il faut créer « une commission dans chaque localité chargée de plancher sur les candidatures». «Il faudra s’assurer du poids politique de celui qui sera choisi. Au niveau électoral, il n’y a pas de tricherie possible. On peut savoir sur le plan local celui qui a la plus grande audience», argumente le parlementaire. Pourtant, l’idée peine à être adoptée par le directoire du Rhdp. Les deux gros bonnets de la coalition que sont le Pdci et le Rdr ont-ils peur de perdre des localités qu’ils présentent comme leur bastion ? En attendant que le Rhdp suive cette démarche, disons, au nom de la démocratie, vivement les primaires!
Bamba K. Inza
Les élections locales approchent et le même débat s’ouvre au Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) : des candidatures Rhdp ou des candidats pour chaque parti ? Si pour les présidentielles le problème a été surmonté parce que préalablement tranché par les textes fondateurs de la coalition, le Rhdp se trouve dans un véritable dilemme en ce qui concerne les élections locales, notamment les législatives qui sont les plus proches. En même temps que chaque parti veut garder son ‘’autonomie’’ en ayant des députés élus sous sa bannière, les houphouétistes veulent éviter tout risque de ne pas avoir la majorité absolue au parlement.
Le directoire du Rhdp ne fait pas de déclaration officielle sur la question. Mais le voyage-express d’Alassane Ouattara, le jeudi 16 juin dernier, chez son aîné Bédié à Daoukro leur a permis d’en parler. Probablement parce que les appels de leurs bases qui veulent avoir un mot d’ordre clair sur le sujet leur sont parvenus. «(…) Aussi, avons-nous évoqué également les réformes économiques et la question des législatives pour savoir comment nous organiser pour que nous puissions continuer cette cohésion qui nous anime et faire en sorte que la Côte d’Ivoire retrouve la prospérité», a confié Alassane Ouattara à la fin de son huis clos avec Henri Konan Bédié.
La base des différents partis réclame une position claire parce que les législatives arrivent à grands pas. Et, alors qu’aucune consigne officielle n’a été donnée, des voix qui s’élèvent au sein de la coalition font croire que chaque parti aura son candidat. Au nombre de ceux dont les déclarations suscitent des interrogations, le secrétaire général du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci). «Le directoire du Rhdp est en train de réfléchir sur la manière dont on ira aux élections législatives. Une chose est sûre, le Pdci aura des candidats. On peut perdre l’élection présidentielle et gagner les législatives», a soutenu Alphonse Djédjé Mady. Une ambiguïté dans ses propos qui, selon des militants, signifie que les partis du Rhdp iront à ces élections en rangs dispersés. Ce qui chagrine le plus ces derniers, c’est le fait que leurs formations politiques ne s’y prennent pas tôt. «En prenant une décision claire dès le départ, nos responsables nous permettront de mieux peaufiner notre stratégie de campagne. On ne tient pas le même discours face à la population lorsqu’on est seul que quand nous sommes en coalition », confie un responsable local du Rassemblement des républicains (Rdr).
Tenir compte de la base
Dans les sections et les représentations départementales, on craint surtout que la direction vienne imposer, au dernier moment, un candidat dont l’image ne passe pas sur le terrain. Car, disons-le, les élections locales, c’est plus une affaire d’individu que de parti quand bien même ce facteur peut être déterminant. Pour certains observateurs, le Rhdp a donc intérêt à se décider. Et, vite. Mais surtout à faire le choix de candidats qui seront cooptés par la coalition. Farouche défenseur de la candidature unique au sein de Rhdp lors de la présidentielle, l’ex-député de Bouaflé est de cet avis. Pour Alomo Kouassi Paulin, la consolidation du pouvoir d’Alassane Ouattara en dépend. « Nous sommes allés unis à la présidentielle. Nous devons continuer pour les législatives. La consolidation de notre pouvoir passe par notre majorité à l’assemblée nationale », estime-t-il.
Même-là, le problème du choix des hommes ne sera pas résolu pour autant. Qui représentera la coalition ? Sur quelle base sera-t-il désigné ? Par le passé, des partis ont perdu les élections locales parce qu’ils ont mal fait le choix de leur candidat. Frustrés parce qu’ils n’avaient pas été retenus pour postuler au nom de leur formation, alors qu’ils estimaient être les plus représentatifs, certains sont allés au vote en tant que candidats indépendants. Dans plusieurs cas, cette démarche a été préjudiciable à leur formation politique. On comprend que déjà le Pdci hausse le ton en mettant en garde tous les éventuels rebelles. Mieux, il a mis sur pied une commission chargée d’étudier les candidatures. Avec pour but d’éviter que certains soient tentés de faire cavalier seul. Le Rhdp, pour avoir des candidats plus représentatifs, pourrait s’inspirer de cette stratégie. Et, faire plus. Car, cette commission comme la conçoit le parti-doyen, pourrait s’avérer anti-démocratique par moments. De quelle garantie dispose-t-on pour dire que son choix sera celui de la base ? Pour bien faire les choses, les disciples d’Houphouet-Boigny devraient organiser des primaires au sein de la coalition. Chaque parti pourrait proposer son candidat- après une ‘’pré-primaire’’ en son sein s’il le veut- qui affrontera ceux des autres. Après une élection dans la famille houphouétiste, le vainqueur devra être soutenu par tous les autres. Comme ce fut le cas après le premier tour de la présidentielle. Cela a l’avantage de ne pas voiler le poids réel de chaque formation. Et, de ne pas léser celui qui dispose de la vraie majorité au nom d’une alliance politique. Laquelle serait tentée de se laisser influencer par des calculs basés sur des données très peu démocratiques dont le régionalisme. Comment s’organiseront ces primaires ? Qui votera ? Sans employer les mêmes termes, Kouassi Alomo a sa réponse. Selon lui, il faut créer « une commission dans chaque localité chargée de plancher sur les candidatures». «Il faudra s’assurer du poids politique de celui qui sera choisi. Au niveau électoral, il n’y a pas de tricherie possible. On peut savoir sur le plan local celui qui a la plus grande audience», argumente le parlementaire. Pourtant, l’idée peine à être adoptée par le directoire du Rhdp. Les deux gros bonnets de la coalition que sont le Pdci et le Rdr ont-ils peur de perdre des localités qu’ils présentent comme leur bastion ? En attendant que le Rhdp suive cette démarche, disons, au nom de la démocratie, vivement les primaires!
Bamba K. Inza