x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le lundi 11 juillet 2011 | Soir Info

Editorial - Cette page blanche en question !

Aujourd’hui, 11 juillet 2011. Cela fait exactement 90 jours que Laurent Gbagbo, l’ex-chef de l’Etat de Côte d’Ivoire est tombé, après avoir a été capturé dans le bunker de la résidence présidentielle à Cocody en compagnie de son épouse, Simone Gbagbo ainsi que certains de ses proches collaborateurs. Cette arrestation historique de Laurent Gbagbo marquait l’épisode le plus douloureux de l’histoire du pluralisme politique et démocratique en Côte d’Ivoire. Au fond, cette crise post-électorale était le reflet de l’immaturité de certains dirigeants africains quant à l’acceptation du multipartisme et surtout l’alternance démocratique qui en découle. 3.000 mille morts ont donc dû accompagner Laurent Gbagbo dans sa chute. Mais c’était le prix à payer, après un peu plus de quatre mois de palabre autour d’un pouvoir auquel les frontistes s’accrochaient, pour qu’une page «blanche» de l’histoire de ce pays s’ouvre. Le nouveau président de la République, le Dr Alassane Ouattara, dans son premier discours officiel à la nation, soulignait, notamment, que «Notre pays vient de tourner une page douloureuse de son histoire. Après plus de quatre mois de crise post-électorale émaillée par tant de pertes de vies humaines, nous voici enfin à l’aube d’une nouvelle ère d’espérance… Je demande à tous mes concitoyens de tout faire pour que la paix revienne définitivement dans notre pays. Aujourd’hui une page blanche s’ouvre devant nous, et c’est ensemble que nous allons écrire l`histoire de la réconciliation», avait-il dit. La page blanche, pour de nombreux Ivoiriens, ramenait à une nouvelle Côte d’Ivoire où les hôpitaux ne seraient plus des mouroirs, où les jeunes diplômés de 18 à 25 ans ne géreraient plus de cabines téléphoniques, où l’on ne retrouverait plus dans les rues des villes ivoiriennes des montagnes d’immondices, où les routes ne seraient plus dégradées, où il n’y aurait plus de racket, où le panier de la ménagère aurait fier allure, où la liberté de la presse serait renforcée, où la justice serait juste et équitable…, en somme, cette page blanche annoncée nous ramenait à un pays où il ferait bon vivre, avec, à la clé, le respect des droits élémentaires de l’Homme. Mais 90 jours après le discours du chef de l’Etat, cette page immaculée semble s’écrire avec beaucoup de labeur, pour ne pas dire dans la douleur. Et si elle n’est pas encore totalement entachée par tout le sang versé depuis lors, notre page blanche n’est pas loin d’être encrassée par toutes ces récriminations des organisations de défense des droits de l’Homme. Du point de vu de la sécurité, la Côte d’Ivoire est encore loin de donner des assurances. Les Forces républicaines de Côte d’Ivoire Frci défraient négativement la chronique à travers des tueries, exactions inutiles en tout genre : pillages de domiciles, braquages de voitures, vols et extorsions de fonds. Les agissements de certains de ces soldats, à la moralité plus que douteuse, continuent de donner l’insomnie au président Ouattara. Trois mois après la chute de Gbagbo, Ado est toujours à la recherche de solutions pour restaurer l’intégrité du territoire national, pour mettre fin aux exactions sur les populations et les exécutions sommaires commises par ces Frci. Les Ivoiriens, eux, tenaillés par la peur et n’ayant aucun moyen pour exprimer leur douleur, se laissent ronger, de l’intérieur, par leur révolte… Au plan social, les ménages sont toujours en proie aux difficultés, les frais de transport toujours élevés du fait de la cherté du carburant à la pompe. Le changement à coup de bâton magique attendu connaît des atermoiements. Conséquence : le front social n’est plus loin de se rallumer. Médecins, enseignants, fonctionnaires…murmurent leur mécontentement. Pour la première fois dans l’histoire de ce pays, les militaires et policiers Ivoiriens ont touché leur salaire longtemps au-delà de la fin du mois. Le Chef de l’Etat s’est aperçu que «les Ivoiriens sont exigeants». «Ado la Solution serait-il en passe de devenir Alassane, le problème ? », s’est interrogé un diplomate africain en poste à Abidjan. Pour autant, l’espoir n’est pas perdu. A la décharge du Chef de l’Etat, l’héritage quasi ingérable que lui a légué son prédécesseur. Gros-jean-comme-devant, totalement déstructuré socialement et économiquement, le pays d’Houphouët Boigny au sortir de sa crise postélectorale est à reconstruire. Evidemment, le président Alassane Ouattara est contraint d’apporter une nouvelle touche à son programme de gouvernement. C’est, de notre point de vue, ce qui a inspiré le séminaire qui s’est déroulé les 05 et 06 juillet 2011 et qui a débouché sur la remise à chaque ministre d’une feuille de route. Pour la première fois dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, des ministres ont été appelés à exposer devant le Chef de l’Etat sur «les lignes directrices de l’action gouvernementale et sur les activités majeures à réaliser par leur département ministériel pour les six mois à venir». Au lendemain de ce grand oral, des nominations ont été faites dans l’armée nationale qui donnent le sentiment que l’on a pris conscience du temps perdu et qu’il faut sans doute aller vite à l’essentiel au regard de la gravité de la situation que vit le pays. Ici, l’objectif principal est de parvenir très rapidement à la réconciliation entre les Ivoiriens. Si du point de vue de la structure que présente désormais la tête de la nouvelle armée l’on peut nourrir des espoirs de voir ce pays retrouver très rapidement sa cohésion, nombreux sont les populations qui restent cependant très sceptiques surtout à la vue des images de l’ancien premier ministre, Affi N’guessan, qui font en ce moment le tour du monde, en train d’être torturé par ses geôliers. Une leçon est à tirer de ces agissements primaires. C’est que la morale a foutu le camp, et l’on semble ne plus avoir de considération pour nos symboles. Affi N’guessan tout comme le Président Alassane Ouattara, Seydou Diarra, Konan Banny a tout de même été le premier ministre de tous les Ivoiriens à un moment de l’histoire de la Côte d’Ivoire. S’il reste justiciable à l’image de tous les citoyens de ce pays pour des actes qu’il aurait commis, il est de notre point de vue, du devoir de l’exécutif de prendre toutes les dispositions pour assurer son intégrité et celle de tous ceux qui ont été appréhendés. Ces images-là ne font honneur ni à la Côte d’Ivoire ni même à ceux qui jouent ce rôle de tortionnaire. Il faut éviter de crier fort, le jour, qu’on prône la réconciliation et une fois la nuit tombée adopter une démarche contraire. Car, à cette allure, le rapprochement entre les Ivoiriens et le replâtrage du tissu social ne seront qu’une vue de l’esprit.

COULIBALY Vamara
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ