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Politique Publié le jeudi 14 juillet 2011 | Nord-Sud

Préparatifs des législatives et des municipales à Soubré : La guerre de positionnement fait rage

La région du Bas-Sassandra, singulièrement le département de Soubré, n’échappe pas à la guerre de positionnement qui fait déjà rage, dans la perspective des élections locales.


Les prochaines consultations législatives et municipales risquent d’être rudes et pourraient laisser de graves séquelles au sein de la famille du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), tant les obstacles à surmonter pour accorder les violons sur les potentiels candidats sont nombreux. Dans la cité de la Nawa, les envies de candidatures dépassent clairement les postes disponibles. Chacun pense que son heure a sonné et que plus que jamais l’heure tant attendue est arrivée. Malheureusement, de nombreuses divergences divisent les alliés. Et pour cause.

De la volonté des autochtones
à jouer les premiers rôles

Il n’est un secret pour personne que, dans le département de Soubré, ce sont les cadres autochtones qui occupent majoritairement les postes électifs en dehors du seul Traoré Mamadou, député Fpi (Front populaire ivoirien) qui fait exception à cette règle. Les députés de Méagui, ceux de Buyo, de Grand-Zattry et de Soubré sont des fils autochtones de la Nawa. Idem pour les maires. Mais cette hégémonie semble faire aujourd’hui des grincements de dents.

Les Baoulé ne veulent plus
servir de bétail électoral

«  Nous abattons tout le travail de mobilisation sur le terrain. Et, quand l’heure de choisir les candidats arrive, les gens s’asseyent à Abidjan pour désigner les candidats. Si la méthode ne change pas, on aura de nombreux candidats indépendants. Car, nous n’allons plus jouer les seconds rôles ». Cette complainte d’un élu Rhdp ayant requis l’anonymat traduit bien là, la grogne des militants à la base quant au choix des candidats houphouétistes qui brigueront les suffrages du peuple. A Soubré, particulièrement à Méagui, celui qui a le soutien des Baoulé est assuré de gagner. C’est pourquoi cette communauté fait l’objet de convoitises, alors qu’elle semble porter son choix sur un des siens, fatigués qu’elle est de fabriquer des ‘’rois’’ à son propre détriment. « La razzia totale, nous ne l’accepterons plus », ajoute l’élu Rhdp.

Les candidatures indépendantes pointent à l’horizon

A Soubré tout comme ailleurs dans le département, les velléités de candidatures ne manquent pas, certains ont même commencé à battre campagne. Un natif du quartier Dioula, venu fraîchement, a récemment annoncé, au cours d’une cérémonie de célébration de la victoire d’Alassane Ouattara dont il était le parrain, sa candidature aux prochaines élections municipales pour, dit-il, faire bénéficier Soubré de ses nombreuses relations en Europe. Nommé Koné Ibrahim, par ses petits gestes, a réussi à séduire certains secrétaires de section Rdr à qui il rend régulièrement visite. Il semble avoir le soutien de sa communauté car, il est devenu le parrain attitré de toutes les manifestations. Mais, le talon d’Achille de ce bienfaiteur, c’est qu’il « n’est pas un militant de base du Rassemblement des républicains (Rdr). Nous n’allons plus accepter de souffrir et, au moment de récolter les dividendes, laisser les gens sortir du néant pour nous voler notre récolte », fulmine un des responsables chargés des élections au Rdr à Soubré.

L’impossible consensus
sur le choix des candidats

Que ce soit aux législatives ou aux municipales, le choix des candidats apparaît comme une équation à plusieurs inconnues. L’exercice est tellement difficile que même la mission de conciliation menée par le professeur Maurice Kakou Guikahué n’a pas pu le résoudre. Selon des sources ayant participé à cette rencontre, les leaders locaux du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) n’ont pu s’entendre sur les noms à proposer. Un autre rendez-vous a donc été pris. Ici, les regards restent tournés vers le président du Conseil économique et social, Marcel Zadi Kessi, fils de la région pour trancher en dernier ressort. Et, les risques de candidatures indépendantes sont réels. L’Alliance Pdci-Rdr risque aussi de prendre eau à la faveur de la désignation des candidats. En effet, pour beaucoup, le Rdr est un phénomène de ville ; ce parti devrait donc se contenter de la commune. Ce qui rend probable cette éventualité, c’est que dans le même temps, des candidatures de cadres Pdci sont annoncées à la mairie. Toute chose qui crée déjà des grincements de dents. « Ici à Méagui, le Rdr en ville nous a dépassés de deux bureaux de vote sur les 16 que compte la commune. Donc si ce parti veut faire les choses avec la force, il va mordre la poussière à Méagui », menace un cadre Pdci, toujours sous le sceau de l’anonymat. Au sein même de la famille Rdr, on ne parle pas le même langage. Des camps se sont créés et chacun croit tenir le bon bout. La première épreuve qui attend les cinq adjoints actuels au maire, Kipré Pierre, à Soubré dont les jeunes exigent la démission, c’est le choix de l’intérimaire. Si M. Kipré part, qui sera le maire intérimaire ? À cette question, les réponses varient et aucune unanimité ne se dégage. Les observateurs sont donc curieux de voir Pierre Kipré rendre effectivement le tablier pour voir ce qui va se passer.

Les jeunes ont du mal
à accorder leurs violons

Si la jeunesse du Rhdp est très active sur le terrain, elle ne semble pourtant pas être sur la même longueur d’onde concernant le choix du candidat capable de représenter dignement leur chapelle politique surtout au niveau des municipales, même si les jeunes sont tous unanimes qu’ils doivent occuper une place de choix dans la prochaine équipe municipale. Certains secrétaires de section Rdr, avant même le mot d’ordre du parti, sont déjà en campagne. Ils justifient leur attitude par les nombreuses actions de bienveillance du seul candidat déclaré, Koné Ibrahim qui leur a récemment offert un ordinateur avec imprimante et leur rend régulièrement visite. Un deuxième groupe de jeunes, très actif, attend plutôt le mot d’ordre du parti, donc le choix du siège. Ce choix doit nécessairement, selon eux, tenir comp­te du militantisme et de la régularité du candidat. « Un nouveau venu ne peut représenter le parti. C’est fini ça ! Les candidats doivent d’abord avoir fait leur preuve en militant », soutiennent-ils. Comme on le consta­te, les choix pour les prochaines con­sultations tant législatives que municipales ne seront pas de la tarte dans le département de Soubré. Attendons donc pour voir.


K M Nadège à Soubré
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