S`il est un département ministériel très sensible en Côte d`Ivoire, aujourd`hui, et sur les rampes de l`actualité, c`est bien le ministère de la Justice. Au lendemain de la crise post-électorale, qui a causé plusieurs dommages aux populations, l`une des priorités du nouveau président de la République a été d`activer les hommes de droit pour qu`en marge de la réconciliation prônée par ses soins, justice soit rendue aux nombreuses victimes enregistrées. Comme pour mieux défendre les intérêts de ces victimes, le président Alassane Ouattara n`a pas cherché loin pour confier la charge du ministère de la Justice à un homme du sérail, qui plus est, un avocat. Anciennement ministre de l`Industrie dans l`un des gouvernements de Laurent Gbagbo, c`est à Me Jeannot Ahoussou Kouadio qu`a échu la responsabilité de Garde des Sceaux, ministre de la Justice. Une lourde charge qui se conjugue avec les procès des ex-dirigeants du pays, dont l`ex-président de la République Laurent Gbagbo, en résidence surveillée au Nord tout comme son épouse et la plupart de ceux qui ont eu à travailler avec son régime au lendemain de la proclamation des résultats du 2ème tour de l`élection présidentielle de décembre 2010 jusqu`à sa chute le 11 avril 2011. Avec ces gros dossiers, Me Jeannot Ahoussou est de loin l`un des membres du gouvernement dont tous faits et gestes ne passent pas inaperçus. L`avocat-ministre, depuis quelque temps, n`échappe pas aux critiques, même des plus acerbes, en ce qui concerne sa méthode de travail. C`est que l`on reproche au ministre Ahoussou d`entraver les procédures judiciaires en cours de par ``ses sorties régulières et fougueuses``, relayées dans les médias. Il est vrai, la justice s`accommode de la réserve, surtout quand les procédures en instruction se poursuivent. Mais, faut-il pour autant brûler le ministre de la Justice pour avoir choisi de communiquer sur les dossiers à sa charge? A la vérité, il y a du bien à voir dans la méthode choisie par l`actuel Garde des Sceaux, qui est en train d`innover dans son département. De tout temps, les dossiers en justice ont fait jaser tant de monde, tellement il y en a de très sensibles classés sans suite sans que l`opinion n`y comprenne grand-chose. Aujourd`hui, le nouveau patron de la justice a choisi de porter au grand jour les différentes étapes de la procédure en cours sur les affres de la crise post-électorale, qui, il faut le souligner, est un dossier d`Etat et non des moindres. Ce doit être du méritoire de la part du ministre Jeannot Ahoussou, qui le faisant, fait la promotion de la transparence attendue de la justice ivoirienne sur le terrain. Combien de fois n`a-t-on pas décrié, par le passé, les injustices dans le Temple de Thémis regardé comme une maison mystérieuse où les hommes en toge règnent en dieu. Que les populations soient régulièrement instruites sur l`évolution du procès contre les ex-dirigeants aujourd`hui, c`est une preuve d`une justice qui se veut crédible aux yeux du monde entier en se rapprochant désormais du justiciable. Contrairement à des dossiers comme celui des ex-dirigeants de la filière café-cacao dont on en saura peu jusqu`à leur mise en liberté provisoire un matin, après plus de deux ans passés en détention sans la moindre explication. Aujourd`hui, il serait judicieux d`encourager le ministre Ahoussou dans sa volonté de redorer le blason de la justice ivoirienne, qui pourrait même – et pourquoi pas- retransmettre en direct le procès des ex-dirigeants ivoiriens. Toujours par souci de transparence devant le peuple qui suit de près ces dossiers. Brûler Jeannot Ahoussou? Non! Peut-être faut-il demander au ministre de laisser le parquet prendre davantage le devant de la scène comme il l`a si bien compris lui-même depuis quelque temps. Ou observer carrément un peu de réserve dans ses interventions somme toutes justifiées par déformation en tant qu`avocat, et donc professionnel du perchoir. Sinon, il faut encourager les innovations du Garde des Sceaux, qui sonnent l`aurore d`une justice juste pour demain.
F.D.BONY
F.D.BONY
