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Politique Publié le mercredi 20 juillet 2011 | Le Mandat

Interview/ Crise à la mairie de Gagnoa/ Bamba Médji (Maire intérimaire) : “Ce sont les Conseillers municipaux qui m’ont choisi”

"Etre Bété ne donne pas plus de droit..."
Depuis le 17 juin 2011, Bamba Médji est maire intérimaire de la commune de Gagnoa. Sa désignation entérinée par le ministère de l’Intérieur fait beaucoup de bruit sous le Fromager. On l’accuse même d’avoir perpétré un coup d’Etat. Nous l’avons approché, il s’explique. Entretien.

Monsieur Bamba, comment êtes-vous devenu maire intérimaire de Gagnoa ?
C’est par la volonté des adjoints au maire, lors de la réunion de la municipalité du 11 mai 2011. Les différents adjoints au maire ont voulu que j’assure l’intérim en lieu et place de M. Goprou, 3ème adjoint au maire, qui avait été désigné par le maire Roger Gnohité. Et, comme il y avait un problème de leadership qui les opposait, la municipalité d’avant avait décidé d’assurer un intérim tournant. C'est-à-dire que chaque adjoint au maire devait assurer l’intérim du maire pendant un ou deux mois. Compte tenu de la situation de suspicion, moi, je ne pouvais pas venir régulièrement à Gagnoa pour des questions de sécurité. Alors, quand la situation a changé, ils se sont dits que de tous les adjoints d’abord au niveau de la préséance que nous avons eu, je suis le mieux placé pour assurer l’intérim, parce que je suis le 2ème adjoint au maire. Et les textes disent que pour l’intérim, c’est toujours par préséance c'est-à-dire par ordre du premier au sixième adjoint au maire. Si le maire n’est pas là, c’est le premier adjoint et si lui aussi n’est pas là c’est le deuxième. Ainsi de suite. On a donc fait la proposition lors de la réunion de la Municipalité, Goprou était là. Il a même dit qu’il n’avait rien contre, mais puisque c’est le maire Gnohité qui désignait l’intérimaire, il a souhaité qu’on lui faxe les documents pour qu’il les signe et nous les ramene aussi par le même procédé pour que je puisse assurer l’intérim. Voici ce sur quoi nous nous sommes séparés à la réunion du 11 mai 2011 de la Municipalité. Ensuite, il y a eu le 3 juin 2011, une réunion du Conseil municipal. Où cette fois, le Conseil est allé plus loin. Devant la défaillance de la Municipalité, il a proposé qu’on la renouvelle entièrement.

Entre le Conseil municipal et la Municipalité, quelle structure est au-dessus de l’autre ?
La question n’est pas à ce niveau. Le Conseil municipal n’a pas pour rôle de désigner un intérimaire. Tout comme, d’ailleurs, la Municipalité. Il se propose au niveau de la Municipalité et du Conseil des cas de figure. Si le maire est démissionnaire, si le maire a des empêchements, si le maire est décédé. Voici les différents cas de figure. A partir de ce moment-là, c’est la tutelle qui réunit le Conseil pour renouveler la Municipalité. Dans notre cas de figure, le maire Gnohité était ambassadeur au Gabon. Il a été relevé de ses fonctions là-bas. Il n’est pas rentré, il n’a pas non plus justifié son absence. Devant cette situation, nous avons décidé qu’il y ait quelqu’un qui puisse prendre la direction de la Municipalité. Et à l’occasion, le choix de mes collègues s’est porté sur moi. Voici ce qui s’est passé. Après quoi, le procès verbal de la réunion de la Municipalité et celui du Conseil municipal ont été adressés au Préfet puis transmis au ministre de tutelle qui n’a fait que suivre le procès verbal de la Municipalité qui proposait que j’assume l’intérim à la mairie de Gagnoa.

D’où vient-il donc que des personnes parlent de coup d’Etat de Bamba Médji à la mairie de Gagnoa ?
Vous savez, on ne peut pas empêcher les gens de s’exprimer. C’est l’avantage aussi de la démocratie. Même si ce sont des lubies, les gens les expriment. Mais je vous dis simplement que le coup d’Etat supposerait qu’il y ait un pouvoir légitime qu’on démet par un coup de force. Ce n’est pas le cas. Gnohité avait confié l’intérim à Roland Goprou qui était le 3ème adjoint au maire quand j’étais absent. Mais n’empêche que depuis 2001, je demeure l’adjoint au maire de Gagnoa. Il faut noter que le 1er adjoint au maire qui était Diaby Moustapha et qui a quitté le RDR pour aller au FPI m’a appelé en personne pour me présenter ses félicitations.

Cependant, il y a des personnes qui disent que les allogènes et leurs tuteurs auraient conclu un contrat moral stipulant qu’ils ne lutteraient pas la chefferie (mairie et Conseil général) avec leurs tuteurs que sont les Kapatrognoa, les autochtones de la commune de Gagnoa. Qu’en dites-vous?
Ecoutez, la République des villages, moi, je lui ai fait mes adieux il y a longtemps. Je suis pour la Nation ivoirienne. Aucun Ivoirien, aucune tribu, aucune ethnie n’a tracé les frontières de la Côte d’Ivoire. Nous nous sommes tous retrouvés en train de cohabiter dans une République, une Nation qu’on appelle la Côte d’Ivoire par la volonté du colonisateur. Et je ne crois pas qu’il ait consulté une seule tribu en Côte d’Ivoire. Où que je me trouve en Côte d’Ivoire, je suis chez moi. Jusqu’en 2001, j’étais le directeur de campagne du RDR ici à Gagnoa. Gnohité Roger était un illustre inconnu politiquement. Nous nous sommes dits que c’est un jeune Bété de Gagnoa (il est de Barouhio), c’est un Kapatrognoa, et nous avons estimé que pour une bonne intelligence des choses, il serait bon qu’il soit avec nous. Nous savions qu’il ne serait pas soutenu par ses parents. Ça n’a pas manqué. Il a eu zéro voix dans les villages de la Commune. A Barouhio, son village, il a eu 3 voix, sa mère et ses deux sœurs. Mais nous, RDR, nous l’avons fait maire de Gagnoa.

Alors, compte tenu de ce que vous (Malinké) pensez être majoritaires à Gagnoa, vous voulez prendre la Mairie. C’est cela ?
Je le dis et je le répète, je ne suis pas chez quelqu’un. A Gagnoa, je suis chez moi en Côte d’Ivoire. Je ne suis pas en train de voir les choses en termes de Baoulé, Bété, Dioula etc. Je dis que Gagnoa a besoin de développement. Gagnoa est la région d’origine de l’ex-Président de la République Laurent Gbagbo, mais il n’a rien fait pour Gagnoa. Gnohité est de Barouhio, c’est un enfant de la Commune, vous voyez dans quel état il a laissé Gagnoa. Donc Gagnoa n’a que faire des querelles ethniques. Elle a besoin d’une seule chose, c’est le développement. Tous ceux qui sont sur son sol et qui y ont des intérêts peuvent proposer leur contribution à son développement. Maintenant, les nostalgiques qui pensent qu’être Bété donne des droits plus grands qu’une autre ethnie à Gagnoa, je suis désolé, je ne vois pas les choses sous cet angle-là.

Entretien réalisé à Gagnoa par:
GUY TRESSIA
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