Les législatives en Côte d'Ivoire, c'est dans quelques mois seulement. Un enjeu majeur. D'où l'hystérie qui commence à s'emparer de potentiels candidats affichant déjà leur volonté de se positionner dans les starting-blocks. Pendant que l'opposition pour une raison ou une autre, est muette, au Rhdp, conglomérat politique qui a porté Alassane Ouattara au pouvoir face à son adversaire Laurent Gbagbo, ça bouillonne. Les jeunes ainsi que d'autres personnalités, même frappées d'une virginité politique, estiment dans cette grande formation politique, que l'heure a sonné pour eux. Les caciques qui ont fait leurs preuves avec diverses fortunes, ne démordent pas non plus. Et dans tout ce méli-mélo, peut alors assez s'intégrer aisément, l'adage qui dit, « le malheur des uns, fait le bonheur des autres ». Oui, la situation actuelle fait largement l'affaire du camp d'Alassane Ouattara, faut pas se le cacher. L'opposition désargentée, est frappée de frilosité en ce moment et son porte-étendard, qui est le Fpi ( Front populaire ivoirien), est pratiquement désarticulé. Sans réels repères. Les représentants les plus significatifs de cette formation politique, tant sur le plan financier, que sur celui de la représentativité dans leurs départements respectifs, sont soit en exil, soit traqués par la justice et leurs avoirs gelés, soit croupissent en taule ou préfèrent carrément « la boucler » pour éviter des ennuis certains. De toute évidence, cet état de fait est loin de faire couler des larmes de douleur à Ouattara. Bien au contraire ! Cela ne peut que le réjouir. Parce qu'avoir la majorité à l'Assemblée nationale que sa formation politique pourrait contrôler, lui garantirait une gouvernance tranquille. Les lois ne pourraient être votées que dans l'intérêt de sa vision. Plus de gêne pouvant contrebalancer ses idées. Le tapis rouge est déroulé. Mais est-ce cela qui doit être l'enjeu majeur d'Alassane Ouattara? Nous ne le pensons pas. Entre gouverner sur une plate-forme de pensée unique comme dans les années 80 et instaurer une démocratie vraie qui autorise toutes les compétences à intervenir pour la survie de la nation, il y a un véritable choix à faire. Un choix qui doit s'assurer une pérennité dans la mémoire collective. Au demeurant, est-ce intéressant pour le chef de l'exécutif venu au pouvoir par le fait d'opinions libres, de voir toutes les places de l'Hémicycle occupées par ses seul partisans ? Au risque de perpétuer la pensée unique du seul maître à penser. C'est forcément gênant. Le défi à relever par le Président de la République est donc majeur. Entre assurer son pouvoir en muselant l'opposition, au risque de se voir frapper de l'appellation peu reluisante de dictateur ( le terme est à la mode), et marquer son passage par l'instauration d'une démocratie vraie qui lui assurerait, c'est certain, des coups de la part de l'opposition à laquelle il aurait permis de se reconstituer comme un sphinx qui renaît de ses cendres, à Alassane Ouattara de faire un choix. Un choix bon pour sa propre histoire, mais surtout, pour l'avenir d'un pays en lambeaux dont il a hérité. A lui de faire le meilleur choix, loin de l'influence de sa piétaille, qui pour sa propre survie, pourrait le perdre comme cela est arrivé avec Gbagbo conduit à des prises de décision des fois impopulaires. Le Chef de l'Etat Alassane Ouattara a toujours martelé qu'il est un démocrate dans l'âme et il avait promis laisser libre cours à diverses pensées autres que les siennes. Ou est-ce le moment, pour lui, de se laisser aller à un parjure pour son intérêt et de celui de son camp? C'est la trame essentielle du défi qu'il doit relever et qui le place entre le marteau et l'enclume.
KIKIE Ahou Nazaire
KIKIE Ahou Nazaire