Faire de Yamoussoukro une vraie capitale. C’est l’objectif que s’était assigné le président Félix Houphouët-Boigny en faisant de son village natale une grande ville moderne. Pendant plusieurs années Yamoussoukro a tenu plus ou moins son statut. Puis à la mort du président de la république de Côte d’Ivoire, en décembre 1993, la ville est tombée dans une léthargie profonde. Mais depuis lundi dernier, la ville a renoué avec son statut de vraie capitale politique. Hier, les habitants de Yamoussoukro étaient visiblement heureux de voir le ballet des véhicules de commandement des membres du gouvernement. Au son des sirènes et des klaxons, les passants et les des badauds se regroupaient spontanément pour acclamer les différents cortèges des ministres qui s’ébranlaient sur les larges rues de la ville chère à Félix Houphouët-Boigny. A 9 h 20, la voie principale est dégagée par les forces de l’ordre. Des policiers, gendarmes et militaires, par de grands gestes pleins d’autorité, demandent à tous les conducteurs circulant sur la voie de se ranger. « Qu’est-ce qui se passe ? », interroge un homme venu prendre un petit-déjeuner à a gare routière. Il n’a pas le temps d’avoir une réponse à son interrogation que de puissantes sirènes de motards et de 4x4 déchirent l’air. « C’est le PR », lance un passant avec un sourire qui en dit long sur sa joie. Aussitôt qui jonche la gare routière est devient noir de monde. La foule applaudit à tout rompre le cortège qui passe. Les pirouettes et autres cascades des motards de la brigade d’escorte présidentiel arrachent à des vivats et autres cris de joie à la foule qui grossit au fil des secondes. « Eh ! C’est gâté », comment un jeune visiblement émerveillé par les performances des flèches de la brigade motorisée composée de policiers et de gendarmes. « On dirait au temps d’Houphouët-Boigny », lance, nostalgique, un homme d’un certain âge. Derrière les hommes à moto, roulent à vive allure les véhicules de commandement des membres du protocole et de la garde rapprochée du président de la République. Puis vient la Mercédès présidentiel reconnaissable par la plaque d’immatriculation estampillée « PR ». La foule applaudit de plus belle et les cris de joie montent d’un cran. Trente secondes. C’est ce qui a suffit au cortège pour traverser l’endroit le plus chaud de la capitale politique. Après le passage du cortège, la joie se lit sur tous les visages. Les uns et les autres se retirent et retournent à leurs occupations, heureux d’avoir assisté à l’arrivée du président de la République. A 9 h30, le cortège fait son entrée à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la Recherche de la Paix. Le président Alassane Dramane Ouattara descend de sa voiture de commandement. Il est accueilli par les membres du gouvernement et par le personnel de la Fondation dirigée par Mme Fétigué Coulibaly, la directrice administrative et financière de cette institution. Le chef de l’Eta ne perd pas de temps. Après avoir rapidement distribué quelques sourires et servi quelques poignées de main, Il se dirige vers l’ascenseur à pas de course pour la grande salle de réunion au quatrième étage où doit se tenir le Conseil des ministres du jour. Pour ce premier Conseil tenu à Yamoussoukro sous l’ère Ouattara, hormis le ministre Nabo Clément excusé, le gouvernement affiche complet. Tout le monde est présent. Les photographes et cameramen sont autorisés à prendre les dernières photos et prises de vue. Deux minutes après, tout le monde est prié de sortir. La grande porte de la salle de réunion se referme derrière le président de la République et l’équipe gouvernementale. Les choses sérieuses peuvent maintenant commencer. Il est 10h. Trois heurs plus tard, la porte de la salle de réunion s’ouvre. Le Premier ministre Guillaume Soro et les membres du gouvernement quittent la salle par petits groupes. Sans doute par affinité ou par souci de coordination des actions gouvernementales. Les membres de la presse nationale et internationale qui ont fait le déplacement, se ruent sur les collaborateurs de Guillaume Soro. Chacun essaye comme il le peut de leur tirer quelques mots. Certains font un effort de se plier aux questions des journalistes. D’autres déclinent poliment l’offre. Il préfère laisser la primeur au porte-parole du gouvernement. Trente minutes plus tard, la presse est conviée à une petite conférence de presse du porte-parole du gouvernement. Le ministre de la Poste et des techniques de l’information et de Communication, Bruno Nabagné Koné fait le point de la réunion et répond aux préoccupations de trois confrères. Il nous explique que le Conseil des ministres à adopter le plan d’actions sur lequel le gouvernement aura à travailler. Il nous révèle également que les organigrammes des différents ministres sont enfin validés, que les hautes autorités instaurées par l’ancien régime sont abrogées et qu’une commission d’enquête a été mise sur pied pour les violations graves des droits de l’Homme pendant la crise postélectorale. Cette commission a six mois pour rendre ces conclusions. Le ministre Bruno Koné a aussi rappelé que les grandes de commandants des anciens chefs de guerre ont été validés par décret et cette décision concernent une dizaine de personnes. Le porte-parole du gouvernement a enfin déclaré que le Conseil des ministres a demandé au ministre de l’Intérieur de revoir la carte administrative de la Côte d’Ivoire. Il a longuement débattu aussi, selon le porte-parole, sur la levée du gel des avoirs de certaines personnes frappées par cette mesure au plan national pour nécessité d’enquête. Il a précisé que cette décision concerne une trentaine de personnes dont la liste sera bientôt publiée par le garde des Sceaux, ministre de la Justice. Le gouvernement a convenu que le Conseil des ministres se tiendra un fois dans le mois à Yamoussoukro.
Jean-Claude Coulibaly
(Envoyé spécial)
Jean-Claude Coulibaly
(Envoyé spécial)