Réquisition de pièces, confiscation de clé et imposition d’amendes. Les rapports entre Frci et chauffeurs à Adjamé prennent des tournures inquiétantes. Quand bien même l’opération de désengorgement, initiée par Koné Zakaria, porte ses fruits. L’Expression a passé une journée au cœur de ce ‘’bras de fer’’ chauffeurs-Frci.
Samedi, il est 9 h 30. Nous sommes à Adjamé Wrangler. Le véhicule de transport en commun (gbaka) à bord duquel nous sommes, amorce le virage pour franchir la gare nord. «Chauffeur, je descends ici où tu m’emmènes », tance une dame le conducteur qui s’efforçait d’appuyer un peu plus sur le champignon. Mais l’interpellé ne semble pas près d’obtempérer. «Mais qu’est-ce qui te prends, tu veux nous faire marcher pour revenir jusqu’ici », revient à la charge la dame dans un excès nervosité. «Vous voulez que les policiers prennent mes pièces, ne voyez-vous pas qu’ils sont partout. Je vais vous descendre en bas du pont», rétorque le conducteur qui va stationner à environ 100 mètres plus loin. La dame descend et lui lance des jurons. Depuis le lancement de l’opération de désengorgement d’Adjamé lancée par le commandant Koné Zakaria, en charge de la sécurité de la commune, les chauffeurs, d’habitude peu regardants sur les règles de la circulation routière sont rentrés dans les rangs. Obligés de se soumettre aux nouvelles dispositions en vigueur induites par le commandant Koné Zakaria. Et, les éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), chargés de faire respecter ces nouvelles règles ne tolèrent le moindre dérapage. Ils sont visibles à tous les carrefours de la commune marchande en train de faire de grands gestes aux automobilistes. Les individus réfractaires à ces normes sont convoyés manu-militari au camp Genie, siège du commandant Zakaria Koné, pour s’expliquer. Avant de s’acquitter d’une amende qui varie, selon un syndicaliste, en fonction de l’infraction commise. Mais, plus que ces sanctions infligées aux chauffeurs qui ont des rapports difficiles avec l’ordre, ce sont les rapports sur le terrain qui prennent des tournures inquiétantes. Et, qui mettent, souventes fois, les passagers en danger. Tant les menaces sur les chauffeurs sont fréquentes.
Des rapports difficiles…
A 11 h 00, au deuxième feu tricolore de la gare Renault, un élément des Frci, arme en bandoulière, tient d’une main les cols d’un apprenti gbaka et lui assène des gifles de l’autre main. L’infortuné qui n’entend pas se laisser faire, essaie d’esquiver les coups du soldat en colère. Motif de la bagarre? Son véhicule aurait stationné sur une partie de la voie, désormais, interdite. A peine lâche-t-il l’apprenti qu’il se dirige vers le chauffeur pour lui réclamer son permis de conduire. Refus catégorique du conducteur. « Ok, ton camion ne bouge pas », fait remarquer le soldat qui n’accepte pas que son ‘’autorité’’ soit éprouvée. Il s’en suit alors des négociations pour ramener les deux parties au calme. Quelques minutes après cette scène, c’est à la gare liberté qu’une autre altercation entre deux éléments des Frci et un chauffeur de Wôro wôro, en provenance de Treichville, s’offre à nous. Immobilisé en plein milieu de la chaussée, le conducteur refuse de donner les pièces du véhicule. Un des hommes en arme se poste devant la voiture. L’autre se met à la portière et insiste pour prendre les pièces du conducteur. Qui lui, ne l’entend pas de cette oreille. En effet, tous les véhicules en provenance de Treichville et Yopougon ne sont plus autorisés à garer au niveau de la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie) de la Liberté. Tous doivent franchir les feux tricolores au niveau de l’Eglise universelle du royaume de Dieu. Avant de revenir dans l’autre sens. Et, c’est à coups de ceinturons et de rangers que les éléments de Frci veillent au respect de ces consignes. D’où la grogne des chauffeurs et autres acteurs du transport. Plusieurs automobilistes dénoncent ‘’ la violence ‘’ des nouveaux agents de l’ordre. «Lorsqu’une voiture arrive, elle n’a même pas le temps de stationner pour descendre ses passagers que le chauffeur est pris à partie par les Frci. Nous ne savons plus où descendre nos passagers. Les lieux qui nous avaient été indiqués au départ pour les descendre nous sont interdits. Nous ne savons plus quoi faire. Et les Frci sont trop violents et ne cherchent pas à comprendre. Les policiers qui régulaient la circulation avant la crise et qui sont encore en service comprennent mieux comment les choses fonctionnent. Mais, ceux qui ont pris les armes à la faveur de la crise et qu’on nous envoie pour réguler la circulation nous fatiguent », explique un syndicaliste. A l’en croire, les chauffeurs sont astreints à des amendes de 2.000 à 3.000 Fcfa voire plus. Outre cela, il déplore les risques d’accidents auxquels sont exposés les usagers. «Récemment, une dame est tombée d’une voiture ici (devant l’agence Cie d’Adjamé Liberté) parce qu’au moment où elle descendait du gbaka, le chauffeur a vu venir un élément des Frci. Pour éviter de se faire arracher ses pièces, il a accéléré, et la pauvre femme est tombée », explique le syndicaliste qui ne cache pas sa colère. Du côté du rond point de la grande mosquée de la commune, les embouteillages et les stationnements anarchiques de Gbaka n’existent plus.
Des altercations houleuses
Tous les gbakas demeurent désormais dans l’allée du ‘‘Black-market’’ et n’en ressortent qu’une fois chargés. Mais, cela n’empêche pas des altercations entre Frci, chauffeurs et ‘’gnambolo’’ (chargeurs). «Nous ne sommes pas contre la régulation de la circulation. Mais la violence avec laquelle cela est fait est déplorable. Parmi les éléments des Frci, beaucoup se débrouillaient ici à la gare, alors pourquoi se comportent-ils ainsi avec nous comme des étrangers », fait remarquer un chauffeur qui montre une cicatrice à la nuque. Une blessure qui, selon lui, est l’œuvre d’un Frci. «Nous sommes engagés dans un processus de réconciliation donc il faut veiller à ne pas frustrer des gens. Il faut que les Frci mettent un peu d’eau dans leur vin. Ce n’est pas parce qu’ils doivent réguler la circulation que nous ne devons plus travailler », se plaint le chauffeur. Et d’ajouter que le commandant Zakaria doit rappeler ses éléments ‘’zélés’’ à l’ordre. Au risque d’être responsable d’une bagarre rangée entre Frci et chauffeurs. Un sentiment partagé par d’autres conducteurs, même s’ils le disent à mots couverts.
Kuyo Anderson
Légende : Les altercations entre Frci et chauffeurs à Adjamé risquent de conduire au drame si rien n’est fait.
Samedi, il est 9 h 30. Nous sommes à Adjamé Wrangler. Le véhicule de transport en commun (gbaka) à bord duquel nous sommes, amorce le virage pour franchir la gare nord. «Chauffeur, je descends ici où tu m’emmènes », tance une dame le conducteur qui s’efforçait d’appuyer un peu plus sur le champignon. Mais l’interpellé ne semble pas près d’obtempérer. «Mais qu’est-ce qui te prends, tu veux nous faire marcher pour revenir jusqu’ici », revient à la charge la dame dans un excès nervosité. «Vous voulez que les policiers prennent mes pièces, ne voyez-vous pas qu’ils sont partout. Je vais vous descendre en bas du pont», rétorque le conducteur qui va stationner à environ 100 mètres plus loin. La dame descend et lui lance des jurons. Depuis le lancement de l’opération de désengorgement d’Adjamé lancée par le commandant Koné Zakaria, en charge de la sécurité de la commune, les chauffeurs, d’habitude peu regardants sur les règles de la circulation routière sont rentrés dans les rangs. Obligés de se soumettre aux nouvelles dispositions en vigueur induites par le commandant Koné Zakaria. Et, les éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), chargés de faire respecter ces nouvelles règles ne tolèrent le moindre dérapage. Ils sont visibles à tous les carrefours de la commune marchande en train de faire de grands gestes aux automobilistes. Les individus réfractaires à ces normes sont convoyés manu-militari au camp Genie, siège du commandant Zakaria Koné, pour s’expliquer. Avant de s’acquitter d’une amende qui varie, selon un syndicaliste, en fonction de l’infraction commise. Mais, plus que ces sanctions infligées aux chauffeurs qui ont des rapports difficiles avec l’ordre, ce sont les rapports sur le terrain qui prennent des tournures inquiétantes. Et, qui mettent, souventes fois, les passagers en danger. Tant les menaces sur les chauffeurs sont fréquentes.
Des rapports difficiles…
A 11 h 00, au deuxième feu tricolore de la gare Renault, un élément des Frci, arme en bandoulière, tient d’une main les cols d’un apprenti gbaka et lui assène des gifles de l’autre main. L’infortuné qui n’entend pas se laisser faire, essaie d’esquiver les coups du soldat en colère. Motif de la bagarre? Son véhicule aurait stationné sur une partie de la voie, désormais, interdite. A peine lâche-t-il l’apprenti qu’il se dirige vers le chauffeur pour lui réclamer son permis de conduire. Refus catégorique du conducteur. « Ok, ton camion ne bouge pas », fait remarquer le soldat qui n’accepte pas que son ‘’autorité’’ soit éprouvée. Il s’en suit alors des négociations pour ramener les deux parties au calme. Quelques minutes après cette scène, c’est à la gare liberté qu’une autre altercation entre deux éléments des Frci et un chauffeur de Wôro wôro, en provenance de Treichville, s’offre à nous. Immobilisé en plein milieu de la chaussée, le conducteur refuse de donner les pièces du véhicule. Un des hommes en arme se poste devant la voiture. L’autre se met à la portière et insiste pour prendre les pièces du conducteur. Qui lui, ne l’entend pas de cette oreille. En effet, tous les véhicules en provenance de Treichville et Yopougon ne sont plus autorisés à garer au niveau de la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie) de la Liberté. Tous doivent franchir les feux tricolores au niveau de l’Eglise universelle du royaume de Dieu. Avant de revenir dans l’autre sens. Et, c’est à coups de ceinturons et de rangers que les éléments de Frci veillent au respect de ces consignes. D’où la grogne des chauffeurs et autres acteurs du transport. Plusieurs automobilistes dénoncent ‘’ la violence ‘’ des nouveaux agents de l’ordre. «Lorsqu’une voiture arrive, elle n’a même pas le temps de stationner pour descendre ses passagers que le chauffeur est pris à partie par les Frci. Nous ne savons plus où descendre nos passagers. Les lieux qui nous avaient été indiqués au départ pour les descendre nous sont interdits. Nous ne savons plus quoi faire. Et les Frci sont trop violents et ne cherchent pas à comprendre. Les policiers qui régulaient la circulation avant la crise et qui sont encore en service comprennent mieux comment les choses fonctionnent. Mais, ceux qui ont pris les armes à la faveur de la crise et qu’on nous envoie pour réguler la circulation nous fatiguent », explique un syndicaliste. A l’en croire, les chauffeurs sont astreints à des amendes de 2.000 à 3.000 Fcfa voire plus. Outre cela, il déplore les risques d’accidents auxquels sont exposés les usagers. «Récemment, une dame est tombée d’une voiture ici (devant l’agence Cie d’Adjamé Liberté) parce qu’au moment où elle descendait du gbaka, le chauffeur a vu venir un élément des Frci. Pour éviter de se faire arracher ses pièces, il a accéléré, et la pauvre femme est tombée », explique le syndicaliste qui ne cache pas sa colère. Du côté du rond point de la grande mosquée de la commune, les embouteillages et les stationnements anarchiques de Gbaka n’existent plus.
Des altercations houleuses
Tous les gbakas demeurent désormais dans l’allée du ‘‘Black-market’’ et n’en ressortent qu’une fois chargés. Mais, cela n’empêche pas des altercations entre Frci, chauffeurs et ‘’gnambolo’’ (chargeurs). «Nous ne sommes pas contre la régulation de la circulation. Mais la violence avec laquelle cela est fait est déplorable. Parmi les éléments des Frci, beaucoup se débrouillaient ici à la gare, alors pourquoi se comportent-ils ainsi avec nous comme des étrangers », fait remarquer un chauffeur qui montre une cicatrice à la nuque. Une blessure qui, selon lui, est l’œuvre d’un Frci. «Nous sommes engagés dans un processus de réconciliation donc il faut veiller à ne pas frustrer des gens. Il faut que les Frci mettent un peu d’eau dans leur vin. Ce n’est pas parce qu’ils doivent réguler la circulation que nous ne devons plus travailler », se plaint le chauffeur. Et d’ajouter que le commandant Zakaria doit rappeler ses éléments ‘’zélés’’ à l’ordre. Au risque d’être responsable d’une bagarre rangée entre Frci et chauffeurs. Un sentiment partagé par d’autres conducteurs, même s’ils le disent à mots couverts.
Kuyo Anderson
Légende : Les altercations entre Frci et chauffeurs à Adjamé risquent de conduire au drame si rien n’est fait.