Présentation : Qui est le nouveau gardien de la Constitution?

Francis Wodié est, depuis hier, le président du Conseil constitutionnel en remplacement de Paul Yao-N’Dré. Rappel sur ce constitutionnaliste de renommée mondiale.

Le 25 juillet 2011 est devenu, comme le 25 février 1936, date de sa naissance, un jour très important pour Francis Wodié. Depuis hier, il remplace Paul Yao-N’Dré à la tête du Conseil constitutionnel. Très peu de personnes auront à redire sur le choix d’Alassane Ouattara. C’est que l’homme est considéré par les intellectuels, et accepté comme tel par la masse, comme l’un des meilleurs constitutionnalistes du continent. Son parcours universitaire plaide en sa faveur. Chargé de cours à la Faculté de droit de l'Université de Cocody à Abidjan de 1966 à 1971, il en devient le Doyen de 1980 à 1986. Le juriste occupera, d’août 1998 à décembre 1999, le fauteuil de ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Le parcours politique de Francis Wodié est aussi bien rempli que le volet universitaire. Issu du syndicalisme étudiant, il débute au sein de la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France (Feanaf) avec feu Djéni Kobina. En 1961, il est arrêté puis expulsé de France. Son engagement syndical en Côte d’Ivoire est gênant pour Félix Houphouet-Boigny. En 1962, le professeur de droit est emprisonné. Puis en 1967. Et, encore en 1971. Son goût prononcé pour les droits de l’Homme l’amène à créer, avec d’autres, la Ligue ivoirienne des droits de l'Homme (Lidho). Il a été président de la section ivoirienne d'Amnesty International (1985-1989). Dans les années 1970 déjà, il fonde l’un des syndicats les plus puissants du pays : le Syndicat national de la recherche et de l'enseignement supérieur (Synares). Francis Wodié mène également un engagement politique. Membre-fondateur du Parti ivoirien des travailleurs en 1990, il devient le premier secrétaire national et le président. Ses prises de positions, souventes fois incomprises, l’amènent à se présenter en 1995 contre Henri Konan Bédié. Alors que l’opposition boycotte le scrutin. Il recueille 3,8% des suffrages. La même année, il perd son siège de député de Cocody obtenu en 1990. Le Pit perd du coup le seul poste de député qu’il avait. Il se présente une seconde fois à l’élection présidentielle en 2000 et recueille 5,7 % des voix. Nouvel exercice en 2010. La note est encore plus salée : 0, 29% des voix. Le réalisme politique et l’honnêteté intellectuelle le conduisent à qualifier de « catastrophique » ce résultat. Il décide de soutenir Alassane Ouattara au second tour contre Laurent Gbagbo avec qui il a pourtant en commun la même idéologie politique socialiste. Loin d’être un simple calcul politicien, il explique son choix par la responsabilité de donner à la Côte d’Ivoire le dirigeant qu’il mérite le mieux. Et, au Conseil constitutionnel, il fallait un homme qui a vraiment le sens des responsabilités.

Bamba K. Inza