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Politique Publié le jeudi 28 juillet 2011 | Le Temps

Yao Yao Jules (Député Fpi de Koumassi) : «On ne peut pas aller aux élections à n’importe quel prix»

© Le Temps Par abidjan.net
Bouaké-2nd tour présidentiel 2010 : les ivoiriens votent dans la tranquillité
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En marge d’une réunion de remobilisation des militants Fpi de Koumassi tenue le dimanche 24 juillet 2011, au collège St-Maurice d’Allocot de ladite commune, le député Yao Yao Jules a accepté de se prêter à nos questions.

Vous sortez d’une réunion réussie avec une forte mobilisation de vos camarades. Peut-on en savoir les motivations ?
Les raisons sont très simples. A ma connaissance, le pouvoir actuel n’a jamais dissous les partis politiques. Et j’observe que certains de nos camarades sont détenus, d’autres sont exilés. Nous qui sommes ici, nous mourons de peur. Notre parti se meurt. J’ai pensé alors qu’il était utile que nous puissions redémarrer les activités. Nos camarades en prison, ceux qui sont en exil, il faut qu’ils sachent que ceux qui sont restés continuent de lutter. La lutte saine. Pas avec les armes, mais avec les idées.

Vous n’avez pas eu peur pour votre sécurité ?
Un homme meurt un jour. Il y a des gens qui sont morts. Il y a d’autres qui sont en prison. Certains sont en exil. Mais, si personne ne lève le doigt, le pays ne serait plus le pays. Même ceux qui sont au pouvoir se verraient à l’étroit. Alors, il faut impulser la dynamique positive. C’est ce qui m’a poussé. Donc la peur, je l’ai totalement oubliée.

Que peut-on retenir de la réunion du comité central de votre parti ?
Il y avait trois points à l’ordre du jour : l’analyse de l’information de la situation sociopolitique ; la démission de notre ex-président intérimaire, donc la vie du parti et troisièmement, les perspectives. Il nous a été recommandé (j’avais pris les devants) que les sections et les fédérations commencent à revivre. Il faudrait que nous nous préparions au cas où le pouvoir en place acceptait les conditions normales pour que nous allions aux élections. Parce qu’on ne peut pas aller à ces élections à n’importe quel prix. Mais pour ce faire, il faut réfléchir. Le Front populaire ivoirien a toujours avancé avec les idées et c’est avec les idées que nous allons avancer. Des idées nous ont été données, nous sommes prêts à assumer. Nous soutenons notre direction actuelle afin d’aller jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la victoire et à la libération de nos camarades.

Vous étiez trois députés à Koumassi, vous-même, l’honorable Sokoury Bohui et le Président Mamadou Koulibaly. Sokoury Bohui est en prison, Mamadou Koulibaly vient de démissionner ; vous voici donc seul. Comment vous sentez-vous ?
Le camarade Sokoury Bohui se trouve dans les liens de la détention, le frère Mamadou Koulibaly, pour des raisons qui lui sont propres, a décidé de partir ; je n’ai pas de jugement à faire. Mais, le Front populaire ivoirien demeure. C’est un train : on peut y monter, on peut descendre quand on veut. Nous, on a pris ce train en marche. Mais on veut aller jusqu’au bout, jusqu’à la victoire et c’est ce qui m’anime comme sentiments. Parce que je sais qu’il existe des militants, des sympathisants qui croient toujours en la lutte. Et comme disait hier Fulgence Kassy, tant qu’il y aura des militants au Front populaire ivoirien, le Front survivra et la Côte d’Ivoire survivra.

Qu’attendez-vous de la réconciliation nationale ?
Pour faire une réconciliation, il faut être à deux. Le chef de l’Etat et son clan, sont tous présents. De notre côté, le Président Laurent Gbagbo est en prison, le président de notre parti, Pascal Affi N’Guessan est en prison, nos vices présidents, le 1er et 2e et que sais-je encore, tous sont en prison. On ne peut pas aller à une réconciliation dans ces conditions. Si le chef de l’Etat actuel veut qu’il y ait la paix et la réconciliation, qu’il fasse en sorte que tous les fils et les filles de Côte d’Ivoire puissent s’asseoir au modèle que le Président Laurent Gbagbo a eu à faire, à savoir le Forum de réconciliation où tous les acteurs de la vie politique et sociale sont allés librement s’exprimer. C’est ce que nous attendons. Dans ces conditions, nous sommes partants pour la réconciliation. Mais la réconciliation sans ces personnes, c’est difficile ; non pas que nous autres n’existons pas, mais que représentons-nous par rapport à tous ceux qui sont partis ou en prison ? En tout cas, nous demandons que nous puissions tous nous asseoir autour d’une table pour parler de réconciliation.

Entretien réalisé par Yacouba Gbané
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