Le colonel Aké Yaba Marc, président de la commission de recherches et de restitution des biens(Crrb), prépare une descente musclée dans les casses d’Abidjan à la recherche de véhicules volés.
Il existe un réseau de transformation de véhicules volés dans les différentes casses d’Abidjan notamment à Abobo et à Adjamé. Quel est votre avis ?
Je ne dirais pas que je suis impuissant. Mais je suis désolé pour nos frères ivoiriens et tous ceux qui s’adonnent à cette tâche. Sachant que ce sont des biens d’autrui et que la Côte d’Ivoire est en train de sortir d’une situation difficile. Il n’est pas bien d’en rajouter. Si c’est un vol organisé à grande échelle alors, je dis à ces gens qu’ils n’ont rien compris. La difficulté à mon niveau c’est que je n’ai pas un effectif assez suffisant. Imaginez-vous que pour tout Abidjan et l’intérieur du pays, je n’ai que seize policiers. C’est largement insuffisant donc je suis en train d’installer des sous-sections pour que nos frères d’armes (militaires) nous aident. Concernant ce qui se passe à la casse, nous en avons eu écho. La semaine dernière, l’Onuci, la Licorne et les forces républicaines(Frci) nous ont aidés à récupérer dix véhicules à la casse d’Adjamé qui étaient en phase de dépiècement. Nous allons renouveler l’opération de concert avec les mêmes forces. Nous avons des gens à la casse qui nous donnent des informations sur les mouvements de véhicules dérobés en voie de transformation. Nous projetons, les jours à venir, d’organiser une descente dans les différentes casses pour démanteler ces réseaux. Nous demandons à la population de dénoncer tous ceux que s’adonnent à cette pratique répréhensive. C’est un appel à témoin que nous lançons pour freiner ce fléau. Tout ceci pour que nous puissions réagir promptement.
Que dites-vous de l’existence du circuit parallèle et du refus de certains policiers de restituer les véhicules à leurs propriétaires.
Je porte un démenti formel sur la supposée existence d’un circuit parallèle. C’est archifaux. Néanmoins, ce que je peux dire c’est que nous avons pris des dispositions. Il y a dans toute organisation des brebis galeuses. Nous tenons compte de vos remarques. Instruction a été donnée à tous les chefs d’équipe et dans les différentes sous-sections de la commission à cet effet. Après une opération, tous les éléments doivent impérativement rendre leurs brassards au chef d’équipe. Le tout est accompagné d’un rapport de mission. Nous avons pris le soin de codifier tous les brassards estampillés des écriteaux de la commission. Toutes les équipes d’intervention sont munies d’un ordre de mission dûment signé. Donc, si un agent est pris sur le terrain en train de remorquer un véhicule alors il sera considéré comme un braqueur. Il sera traité comme tel et ce dernier devra assumer les conséquences qui en découleront. Quant au refus de rétrocéder les véhicules par nos agents, ce n’est pas exact. Nous avons comme seule voiture de liaison celle du fonds de prévoyance militaire(Fpm). Ce véhicule-là a été volé et c’est moi qui l’ai retrouvé. Je travaille au fonds et c’est le seul véhicule que nous avons pour accomplir notre difficile mission. Il fut un moment où des éléments se réclamant des Frci sont arrivés au parking de l’école de police pour reprendre de force certains véhicules volés qui attendaient leurs propriétaires. Heureusement que cela a vite pris fin. Donc, nous ne refusons pas de donner les véhicules à leurs propriétaires. Autrement, nous serons en contradiction avec notre mission.
Depuis quand existe la commission de recherches et de restitution des biens et, quel bilan pouvez-vous dresser ?
La commission existe il y a cinq mois. La commission a été mise sur pied à l’hôtel du Golf en pleine crise post-électorale. Les combats faisaient rage en ce moment-là. Nous recevions beaucoup d’appels téléphoniques de détresse et de demande de secours. C’est ainsi que le cabinet du Premier ministre, Guillaume Soro a mis en place ce qu’on appelle le « call center, standard ». Il s’agissait de recenser ces appels puis d’actionner les unités présentes sur le terrain afin qu’elles volent au secours des familles en détresse. A la suite, nous avons constaté qu’il y a eu un phénomène qui s’est installé. C’était le pillage de domiciles. Donc, on recevait plus d’appels concernant les pillards que de secours à porter. Notre mission a ainsi pris de la valeur. Et, nous sommes passés à la gestion du phénomène des pillards.
Il faut d’abord voir la complexité de la mission. Nous sortons à peine de la crise. Il faut voir quels sont les acteurs. Nous avons les ex-forces armées des forces nouvelles(Fafn) qui étaient sur le terrain, les miliciens et il y a tous ceux qui ne sont pas des militaires ou des combattants identifiés, qui sont des prisonniers, libérés de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan(Maca). Tout ce monde a investi le terrain. Donc, il y a la complexité du terrain. Maintenant, ce qu’il faut rechercher aussi, ce sont les véhicules détenus par des éléments des Frci qui disent être en mission «d’Etat» ou commandée. Selon eux, ils ont besoin de mobilité pour accomplir certaines missions. Ces éléments sont également détenteurs de véhicules appartenant à des particuliers ou à des sociétés ou encore à l’administration publique. Les gens sont encore en armes. Pour aller prendre un véhicule qui a été formellement identifié, il faut beaucoup de diplomatie et de tact. Aujourd’hui (mardi 19 juillet, ndlr), nous sommes à plus de 3000 véhicules volés déclarés. Avec les antennes et les unités que nous avons installées à travers les communes d’Abidjan, on récupère les véhicules avant de les remettre à leurs propriétaires. Ce que nous savons c’est que nous avons restitué plus de 500 voitures. Elles étaient parquées à l’école de police. Les propriétaires sont venus les chercher. C’est vrai que le rapport paraît faible. Mais il faut tenir compte des difficultés du terrain.
Justement, quels sont ces difficultés ?
La première difficulté, comme je l’ai dit tantôt, c’est que je me tourne vers mes frères d’armes surtout les commandants des groupements tactiques puisqu’ils dirigent plusieurs éléments. Souvent lorsque nous prenons un véhicule, l’élément qui le détient appartient au détachement d’un groupement tactique. Quand on veut remorquer la voiture, alors il appelle ses camarades et un arsenal de kalachnikovs et d’autres armes de guerre nous entourent. Tout ceci pour nous empêcher de reprendre le véhicule. Si par miracle, nos équipes parviennent à remorquer le véhicule pour l’envoyer à l’école de police, alors ces soi-disant Frci viennent à parc pour prendre de force le même véhicule. Or notre objectif, ce n’est pas de rentrer en confrontation armée avec quelqu’un. Mais plutôt de soulager les Ivoiriens qui veulent rentrer en possession de leurs biens.
Comment se règlent les cas d’ex-propriation de plantations ou d’occupation de domiciles privés?
C’est le colonel Dattien qui en est le responsable. Il est chargé de régler les problèmes liés à l’occupation illégale des domiciles. Vous savez qu’il y a des domiciles privés et des hôtels occupés par des hommes en armes. Ceux-ci se font passer pour des éléments des forces républicaines. A ce niveau, nous engageons des discussions avec les occupants. Nous leur faisons comprendre le bien-fondé de notre action. Il s’agit de leur dire qu’ils doivent libérer ces domiciles ou ces plantations dont ils ne sont pas légalement propriétaires. Il y a eu plusieurs exemples frappants où nous avons réussi à faire libérer des domiciles occupés. Et leurs propriétaires ont commencé à habiter leurs maisons. Ainsi, à Agboville, nous avons restitué un hôtel à son propriétaire. A Abobo, le domicile d’un particulier avait été occupé par un élément Frci. Notre point focal là-bas a négocié le départ de ce dernier et le monsieur est retourné habiter chez lui.
Interview réalisée par Ouattara Moussa
Il existe un réseau de transformation de véhicules volés dans les différentes casses d’Abidjan notamment à Abobo et à Adjamé. Quel est votre avis ?
Je ne dirais pas que je suis impuissant. Mais je suis désolé pour nos frères ivoiriens et tous ceux qui s’adonnent à cette tâche. Sachant que ce sont des biens d’autrui et que la Côte d’Ivoire est en train de sortir d’une situation difficile. Il n’est pas bien d’en rajouter. Si c’est un vol organisé à grande échelle alors, je dis à ces gens qu’ils n’ont rien compris. La difficulté à mon niveau c’est que je n’ai pas un effectif assez suffisant. Imaginez-vous que pour tout Abidjan et l’intérieur du pays, je n’ai que seize policiers. C’est largement insuffisant donc je suis en train d’installer des sous-sections pour que nos frères d’armes (militaires) nous aident. Concernant ce qui se passe à la casse, nous en avons eu écho. La semaine dernière, l’Onuci, la Licorne et les forces républicaines(Frci) nous ont aidés à récupérer dix véhicules à la casse d’Adjamé qui étaient en phase de dépiècement. Nous allons renouveler l’opération de concert avec les mêmes forces. Nous avons des gens à la casse qui nous donnent des informations sur les mouvements de véhicules dérobés en voie de transformation. Nous projetons, les jours à venir, d’organiser une descente dans les différentes casses pour démanteler ces réseaux. Nous demandons à la population de dénoncer tous ceux que s’adonnent à cette pratique répréhensive. C’est un appel à témoin que nous lançons pour freiner ce fléau. Tout ceci pour que nous puissions réagir promptement.
Que dites-vous de l’existence du circuit parallèle et du refus de certains policiers de restituer les véhicules à leurs propriétaires.
Je porte un démenti formel sur la supposée existence d’un circuit parallèle. C’est archifaux. Néanmoins, ce que je peux dire c’est que nous avons pris des dispositions. Il y a dans toute organisation des brebis galeuses. Nous tenons compte de vos remarques. Instruction a été donnée à tous les chefs d’équipe et dans les différentes sous-sections de la commission à cet effet. Après une opération, tous les éléments doivent impérativement rendre leurs brassards au chef d’équipe. Le tout est accompagné d’un rapport de mission. Nous avons pris le soin de codifier tous les brassards estampillés des écriteaux de la commission. Toutes les équipes d’intervention sont munies d’un ordre de mission dûment signé. Donc, si un agent est pris sur le terrain en train de remorquer un véhicule alors il sera considéré comme un braqueur. Il sera traité comme tel et ce dernier devra assumer les conséquences qui en découleront. Quant au refus de rétrocéder les véhicules par nos agents, ce n’est pas exact. Nous avons comme seule voiture de liaison celle du fonds de prévoyance militaire(Fpm). Ce véhicule-là a été volé et c’est moi qui l’ai retrouvé. Je travaille au fonds et c’est le seul véhicule que nous avons pour accomplir notre difficile mission. Il fut un moment où des éléments se réclamant des Frci sont arrivés au parking de l’école de police pour reprendre de force certains véhicules volés qui attendaient leurs propriétaires. Heureusement que cela a vite pris fin. Donc, nous ne refusons pas de donner les véhicules à leurs propriétaires. Autrement, nous serons en contradiction avec notre mission.
Depuis quand existe la commission de recherches et de restitution des biens et, quel bilan pouvez-vous dresser ?
La commission existe il y a cinq mois. La commission a été mise sur pied à l’hôtel du Golf en pleine crise post-électorale. Les combats faisaient rage en ce moment-là. Nous recevions beaucoup d’appels téléphoniques de détresse et de demande de secours. C’est ainsi que le cabinet du Premier ministre, Guillaume Soro a mis en place ce qu’on appelle le « call center, standard ». Il s’agissait de recenser ces appels puis d’actionner les unités présentes sur le terrain afin qu’elles volent au secours des familles en détresse. A la suite, nous avons constaté qu’il y a eu un phénomène qui s’est installé. C’était le pillage de domiciles. Donc, on recevait plus d’appels concernant les pillards que de secours à porter. Notre mission a ainsi pris de la valeur. Et, nous sommes passés à la gestion du phénomène des pillards.
Il faut d’abord voir la complexité de la mission. Nous sortons à peine de la crise. Il faut voir quels sont les acteurs. Nous avons les ex-forces armées des forces nouvelles(Fafn) qui étaient sur le terrain, les miliciens et il y a tous ceux qui ne sont pas des militaires ou des combattants identifiés, qui sont des prisonniers, libérés de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan(Maca). Tout ce monde a investi le terrain. Donc, il y a la complexité du terrain. Maintenant, ce qu’il faut rechercher aussi, ce sont les véhicules détenus par des éléments des Frci qui disent être en mission «d’Etat» ou commandée. Selon eux, ils ont besoin de mobilité pour accomplir certaines missions. Ces éléments sont également détenteurs de véhicules appartenant à des particuliers ou à des sociétés ou encore à l’administration publique. Les gens sont encore en armes. Pour aller prendre un véhicule qui a été formellement identifié, il faut beaucoup de diplomatie et de tact. Aujourd’hui (mardi 19 juillet, ndlr), nous sommes à plus de 3000 véhicules volés déclarés. Avec les antennes et les unités que nous avons installées à travers les communes d’Abidjan, on récupère les véhicules avant de les remettre à leurs propriétaires. Ce que nous savons c’est que nous avons restitué plus de 500 voitures. Elles étaient parquées à l’école de police. Les propriétaires sont venus les chercher. C’est vrai que le rapport paraît faible. Mais il faut tenir compte des difficultés du terrain.
Justement, quels sont ces difficultés ?
La première difficulté, comme je l’ai dit tantôt, c’est que je me tourne vers mes frères d’armes surtout les commandants des groupements tactiques puisqu’ils dirigent plusieurs éléments. Souvent lorsque nous prenons un véhicule, l’élément qui le détient appartient au détachement d’un groupement tactique. Quand on veut remorquer la voiture, alors il appelle ses camarades et un arsenal de kalachnikovs et d’autres armes de guerre nous entourent. Tout ceci pour nous empêcher de reprendre le véhicule. Si par miracle, nos équipes parviennent à remorquer le véhicule pour l’envoyer à l’école de police, alors ces soi-disant Frci viennent à parc pour prendre de force le même véhicule. Or notre objectif, ce n’est pas de rentrer en confrontation armée avec quelqu’un. Mais plutôt de soulager les Ivoiriens qui veulent rentrer en possession de leurs biens.
Comment se règlent les cas d’ex-propriation de plantations ou d’occupation de domiciles privés?
C’est le colonel Dattien qui en est le responsable. Il est chargé de régler les problèmes liés à l’occupation illégale des domiciles. Vous savez qu’il y a des domiciles privés et des hôtels occupés par des hommes en armes. Ceux-ci se font passer pour des éléments des forces républicaines. A ce niveau, nous engageons des discussions avec les occupants. Nous leur faisons comprendre le bien-fondé de notre action. Il s’agit de leur dire qu’ils doivent libérer ces domiciles ou ces plantations dont ils ne sont pas légalement propriétaires. Il y a eu plusieurs exemples frappants où nous avons réussi à faire libérer des domiciles occupés. Et leurs propriétaires ont commencé à habiter leurs maisons. Ainsi, à Agboville, nous avons restitué un hôtel à son propriétaire. A Abobo, le domicile d’un particulier avait été occupé par un élément Frci. Notre point focal là-bas a négocié le départ de ce dernier et le monsieur est retourné habiter chez lui.
Interview réalisée par Ouattara Moussa