•Des bureaux saccagés, des objets saints profanés
•Les populations réfugiées en brousse
•Licorne et Onuci appelées à la rescousse
Plus d`une quinzaine de pick-up surmontés de fusils mitraillettes et de lance-roquettes et chargés d`hommes en armes a fait une descente musclée, hier jeudi vers 6 heures du matin, à Abadjin Kouté, village situé à une dizaine de kilomètres du corridor de Niangon-Adjamé dans la commune de Yopougon route de Dabou. Cette présence militaire, selon des indiscrétions, visait à démanteler des caches d`armes dans cette zone réputée criminogène du fait des braquages qui y ont lieu depuis la crise post-électorale. Mais, cette opération qui devrait apporter beaucoup d`assurances aux populations s`est muée en cauchemar. Une fois au portail du grand séminaire d`Abadjin Kouté, ces hommes en armes, identifiés comme étant des éléments des Forces républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI) de l`aveu de certains témoins, ont montré leurs intentions. ``Montrez-nous où l`on cache les armes ici``, ont-ils lancé à l`endroit d`un tâcheron qui reprenait le travail à cette heure de la journée. Ce dernier est vite embarqué pour servir de guide à l`intérieur de l`école. Sur place, ces hommes puissamment armés se sont mis à défoncer les portes des bureaux ainsi que celles des chambres. Le bureau du Recteur est le premier visité, avant de tout mettre sens dessus-dessous. Les portes des chambres (protégées par des portes métalliques) sont également défoncées avec du matériel approprié, les effets personnels des professeurs formateurs renversés çà et là. En compagnie de leur otage qui soutient n`avoir pas été brutalisé, les visiteurs se rendent à la chapelle ; et là, ils font sortir le saint sacrément du tabernacle qu`ils balancent au sol. La sacristie n`est pas épargnée. Dans la salle, chasubles et soutanes sont balancées à même le sol. Interrogé sur cette implacable fureur humaine déchainée, un professeur résident qui a requis l`anonymat pour des raisons évidentes de sécurité, s`est voulu prudent. ``Nous sommes en train de faire l`état des lieux pour faire le point à notre hiérarchie. Mais, je peux vous dire que nous sommes surpris par cette façon de rechercher des armes dans notre école``, a confié notre interlocuteur qui ne comprend pas pourquoi pour une perquisition, ces éléments n`aient pas pris attache avec les responsables de l`école pour que cette opération soit menée dans les formes requises. Poursuivant, le père formateur a indiqué qu`après l`étape du grand séminaire, les visiteurs ont mis le cap sur le couvent des soeurs vers 8 heures ; mais, rassure-t-il, ils n`ont pu accéder au lieu. Dans leur replis, confient de jeunes lycéens rencontrés, ces hommes en armes ont tiré des coups de feu sporadiques dans le village avant de rafler certains jeunes qu`ils ont ensuite relâchés. ``Avant de se retirer du village, ils ont dit aux populations qu`ils allaient revenir vers midi. C`est pourquoi, vous ne voyez pas de jeunes dans le village. Ils se sont, en partie, réfugiés en brousse``, commente un villageois que nous avons interrogé, vers 15 heures, lors du passage de notre équipe de reportage. En tout cas, face à ce climat de psychose, les pères formateurs que nous avons rencontrés au grand séminaire ont affirmé avoir alerté la force Licorne et l`Opération des Nations Unies en Côte d`Ivoire (Onuci). Une présence de ces forces était d`ailleurs visible à quelques encablures d`Abadjin Kouté peu avant 14 heures à notre arrivée. Pour les populations traumatisées par cette descente musclée, il leur est difficile d`oublier ce cauchemar. Elles doivent malheureusement apprendre à vivre avec.
G. DE GNAMIEN
•Les populations réfugiées en brousse
•Licorne et Onuci appelées à la rescousse
Plus d`une quinzaine de pick-up surmontés de fusils mitraillettes et de lance-roquettes et chargés d`hommes en armes a fait une descente musclée, hier jeudi vers 6 heures du matin, à Abadjin Kouté, village situé à une dizaine de kilomètres du corridor de Niangon-Adjamé dans la commune de Yopougon route de Dabou. Cette présence militaire, selon des indiscrétions, visait à démanteler des caches d`armes dans cette zone réputée criminogène du fait des braquages qui y ont lieu depuis la crise post-électorale. Mais, cette opération qui devrait apporter beaucoup d`assurances aux populations s`est muée en cauchemar. Une fois au portail du grand séminaire d`Abadjin Kouté, ces hommes en armes, identifiés comme étant des éléments des Forces républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI) de l`aveu de certains témoins, ont montré leurs intentions. ``Montrez-nous où l`on cache les armes ici``, ont-ils lancé à l`endroit d`un tâcheron qui reprenait le travail à cette heure de la journée. Ce dernier est vite embarqué pour servir de guide à l`intérieur de l`école. Sur place, ces hommes puissamment armés se sont mis à défoncer les portes des bureaux ainsi que celles des chambres. Le bureau du Recteur est le premier visité, avant de tout mettre sens dessus-dessous. Les portes des chambres (protégées par des portes métalliques) sont également défoncées avec du matériel approprié, les effets personnels des professeurs formateurs renversés çà et là. En compagnie de leur otage qui soutient n`avoir pas été brutalisé, les visiteurs se rendent à la chapelle ; et là, ils font sortir le saint sacrément du tabernacle qu`ils balancent au sol. La sacristie n`est pas épargnée. Dans la salle, chasubles et soutanes sont balancées à même le sol. Interrogé sur cette implacable fureur humaine déchainée, un professeur résident qui a requis l`anonymat pour des raisons évidentes de sécurité, s`est voulu prudent. ``Nous sommes en train de faire l`état des lieux pour faire le point à notre hiérarchie. Mais, je peux vous dire que nous sommes surpris par cette façon de rechercher des armes dans notre école``, a confié notre interlocuteur qui ne comprend pas pourquoi pour une perquisition, ces éléments n`aient pas pris attache avec les responsables de l`école pour que cette opération soit menée dans les formes requises. Poursuivant, le père formateur a indiqué qu`après l`étape du grand séminaire, les visiteurs ont mis le cap sur le couvent des soeurs vers 8 heures ; mais, rassure-t-il, ils n`ont pu accéder au lieu. Dans leur replis, confient de jeunes lycéens rencontrés, ces hommes en armes ont tiré des coups de feu sporadiques dans le village avant de rafler certains jeunes qu`ils ont ensuite relâchés. ``Avant de se retirer du village, ils ont dit aux populations qu`ils allaient revenir vers midi. C`est pourquoi, vous ne voyez pas de jeunes dans le village. Ils se sont, en partie, réfugiés en brousse``, commente un villageois que nous avons interrogé, vers 15 heures, lors du passage de notre équipe de reportage. En tout cas, face à ce climat de psychose, les pères formateurs que nous avons rencontrés au grand séminaire ont affirmé avoir alerté la force Licorne et l`Opération des Nations Unies en Côte d`Ivoire (Onuci). Une présence de ces forces était d`ailleurs visible à quelques encablures d`Abadjin Kouté peu avant 14 heures à notre arrivée. Pour les populations traumatisées par cette descente musclée, il leur est difficile d`oublier ce cauchemar. Elles doivent malheureusement apprendre à vivre avec.
G. DE GNAMIEN