Le Dr Traoré Bakary, qui prononçait une conférence sur le thème « Réconciliation et bonne gouvernance », le vendredi 29 juillet s’est prêté aux questions des journalistes et de certains invités. Sans céder à la polémique et avec un brin d’humour, l’expert-consultant en questions de bonne gouvernance, a donné les éclairages nécessaires pour comprendre que la notion de bonne gouvernance est un facteur à prendre en compte pour la réconciliation des Ivoiriens. Nous vous proposons ci-dessous, de larges extraits des échanges avec la presse à l’occasion de la présentation officielle de la FOPPADIA.
Dans votre exposé, on n’a pas trop senti le rôle de la presse en matière de gouvernance et de réconciliation…
La presse doit avoir conscience de l'impact de son travail sur la société. Il y a un certain nombre de dispositions qu'il faut prendre pour permettre à la presse de travailler (…) Mais, ce qu'il faut noter, c'est que la gouvernance est un processus. Cela fait à peine deux à trois mois que les choses sont en train de se mettre en place, mais vous avez noté que dès les premières réunions du Conseil des ministres, il a été annoncé un code d'éthique et de déontologie. En matière de bonne gouvernance, il faut prendre en compte des faits, c'est pourquoi je suis factuel. Ce n'est pas aujourd'hui que nous avons commencé à parler de la gouvernance, mais aujourd'hui, on note qu'il y a une volonté politique claire. Ce n'est pas seulement les discours, mais la gouvernance a été intégrée dans le programme, comme cela a été fait au Gabon. Je ne suis pas en train de défendre quelqu’un, mais je retrace la réalité. Bien sûr, il y a encore beaucoup de choses à faire, parce que c'est un processus, raison pour laquelle je dis que pour faire la bonne gouvernance, il faut la mettre en relation avec un référenciel, qui va permettre d'évaluer la situation. Je suis allé plus loin en indiquant que probablement, la Côte d'Ivoire va adhérer au mécanisme africain d'évaluation par les pairs, un mécanisme dont l'évaluation repose sur la Charte africaine des élections, des Droits de l'Homme et de la gouvernance... Donc on a des points de répère pour évaluer la situation. Le Togo vient d'adhérer, ils sont en train de faire leur propre évaluation d'abord, avant que les experts de l'Union Africaine ne viennent sur place pour évaluer la situation. Le Ghana a adhéré à ce mécanisme depuis 2003 et si on parle de bonne gouvernance au Ghana, c'est que le Ghana se fait évaluer périodiquement pour corriger ses déficits de gouvernance.
Vous avez donné l'impression, à vous entendre, que vous êtes plutôt un conseiller spécial du Président de la République et du Premier ministre...
Je suis factuel et j'essaie d'être le plus rigoureux possible, si bien qu'il y a des missions que je refuse souvent, parce qu'on veut me donner des orientations que j'estime ne pas être les bonnes. Mais, je n'ai fait qu'exprimer ce que je constate comme avancées aujourd'hui. Il s'agit d'un processus long qui est entamé et c'est pour cela qu'on fait des évaluations. Nous sommes aujourd'hui dans un processus d'amélioration continue selon les qualiticiens. Les choses vont s'améliorer au fur et à mesure, mais cela n'empêche pas de dire en quoi l'ordonnance qu'on a mise en place peut être un instrument qui peut contenir des principes de gouvernance pouvant favoriser la mission confiée à la commission Dialogue, Vérité et Réconciliation. Je ne défends particulièrement ni le Président de la République, ni le Premier ministre, mais si quelque chose de bien a été fait, je pense qu'il faut le dire, parce qu'il a été dit que pratiquer la bonne gouvernance en Côte d'Ivoire, c'est prendre des risques.
Vous avez cité certaines notions, mais vous n'avez pas insisté sur la gouvernance démocratique...
J'ai parlé tout à l'heure de la Charte africaine des élections, des Droits de l'Homme... Cela fait partie de la gouvernance démocratique qui se caractérise par l'Etat de droit, l'organisation d'élections transparentes. Là aussi, il y a des efforts à faire pour que la gouvernance démocratique s'installe réellement. La gouvernance qui est le 14ème axe est considérée par l'ISO 26.000 comme étant la fondation, mais peu importe la position dans l'ordre d'énumération. Là où la communauté internationale, les bailleurs de fonds et la société civile vous attendent, parce que vous devez rendre compte, c'est de savoir si vous travaillez sur l'éthique, sur la lutte contre la corruption, sur la transparance et sur les principes fondamentaux de la gouvernance. C'est cela le principe de la redevabilité, c'est-à-dire l'obligation de rendre compte (...)
Que dites-vous concernant le conflit de poste qui a cours actuellement à l'AGEFOP, où le RDR et l'UDPCI se disputent le fauteuil de directeur général et quel est votre avis sur le fait que certains douaniers disent « on se paye nous-mêmes sur le terrain »?
J'ai lu quelque part que les appels à candidature ne connaissaient pas d'ethnies ni de couleurs politiques. C'est pourquoi je me suis appuyé sur l'ordonnance de la CDVR, qui dit qu'il faut trouver les moyens de lutter contre toutes formes de discrimination (…) C'est un processus, je pense que les choses vont se mettre en place doucement. J'ai lu que le Premier ministre Banny avait déjà fait des formations pour ce genre d'activités de réconciliation. C'est quelqu'un qui s'y connaît, il sait où il va, parce que la Côte d'Ivoire revient de loin. Pour revenir à la question des douaniers, les indicateurs de la Banque Mondiale en matière de gouvernance, parlent de maîtrise de la corruption et cela montre bien que ce n'est pas unne tâche facile, surtout que les gens ont pris des habitudes. C'est pourquoi, je définis souvent la gouvernance comme la régulation des comportements. Un homme politique peut avoir de mauvais comportements, un douanier peut avoir de mauvais comportements, on dira qu'il y a déficit de gouvernance et cela va décourager les investisseurs. C'est une question qui va être traitée, parce que le processus se met en marche (...) Avant, les gens rentraient à l'aéroport de façon anarchique, maintenant ce n'est plus le cas. C'est que si le ton est donné, le reste peut suivre, parce que la gouvernance c'est aussi une question de modèle. L'ordonnance de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation est claire, puisqu'on lui demande de faire des propositions pour lutter contre la corruption et le détournement de deniers publics. C'est bien un principe de gouvernance qu'on veut mettre en œuvre (…) Au niveau de l'AGEFOP, je pense que l'appel à candidatures est une voie claire pour régler la question et dans mon livre à paraître bientôt, j'explique qu'il faut dessiner le profil de tous les postes importants et recruter par appels à candidature (...) L'OCDE a indiqué que les relations informelles jouaient beaucoup en Afrique et qu'il fallait formaliser les choses. La gouvernance est procédurale, elle formalise les choses et quand c'est fait, il est difficile de ne pas respecter ce qui a été formalisé, puisqu'il y a des évaluations qui se font.
Quels comportements faut-il avoir pour réaliser la réconciliation et est-ce que vous avez fait des comparaisons avec l'expérience des autres pays?
Effectivement, j'ai fait des comparaisons avec le Rwanda, où il n'y a pas de réconciliation sans justice et dans ce cas, on parle de justice transitionnelle et de justice réparatrice. Ensuite, on fait en sorte que les victimes aient des réparations et que ceux qui ont été traumatisés soient pris en compte. Si vous regardez bien l'ordonnance de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, vous verrez que ces différents éléments qui proviennent des expériences étrangères y sont contenues et je pense probablement que la commission va élaborer un document sur les bonnes pratiques étrangères pour que les choses se passent bien en Côte d'Ivoire. Dans l'ISO 26.000, on parle justement du partage des bonnes pratiques internationales, dont la première est le respect des Droits de l'Homme et même les entreprises sont désormais obligées de respecter les Droits de l'Homme (...)
Il se trouve que le Président de la République n'a pas encore déclaré ses biens. Comment expliquez-vous cela dans le contexte de la gouvernance?
Je pense qu'il faut définir les priorités lorsqu'il y a plusieurs actions à mener, parce qu'il y a des choses extrêmement urgentes. Si vous ne le faites, vous risquez de retourner trois pas en arrière. Il est écrit dans les textes que les membres du gouvernement doivent déclarer leurs biens, cela va se faire, mais je pense que cela ne constitue pas un élément qui freine aujourd'hui l'avancée des bonnes pratiques en Côte d'Ivoire. Nous sommes en contact avec des investisseurs et nous savons qu'ils ont un très bon écho d'un certain nombre de choses qui se passent ici. Si vous avez un déficit de gouvernance, vous chassez les investisseurs. C'est pour cela qu'il faut poser les piliers nécessaires autour desquels les autres actions seront déroulées pour que la situation soit définitivement stabilisée et que la Côte d'Ivoire devienne un pays florissant économiquement, parce que quand vous voyez les nouvelles statistiques de la Côte d'Ivoire par rapport aux anciennes, les positions qu'on occupait avant et aujourd'hui nous sommes en bas, cela fait mal au coeur. Mais la bonne gouvernance peut permettre de passer les étapes très rapidement. Les bailleurs de fonds nous donnent de l'argent aujourd'hui, parce qu'ils savent qu'il y a certains principes de gouvernance qui sont respectés (...) Lutter contre l'économie informelle n'est pas facile, mais j'ai appris que la douane reprenait ses activités dans le Nord, les services de l'Etat s'installaient progressivement et c'est grâce à cela que le processus va se corriger au fur et à mesure (...) Pour être crédible à l'international, il faut travailler d'une certaine façon et c'est cette même rigueur qu'on essaie d'appliquer.
Que pensez-vous de la justice à deux vitesses, aujourd'hui en Côte d'Ivoire?
Il n'y a pas de justice à deux vitesses, parce qu'on parle de l'indépendance de la justice. Que ce soit le Président de la République, le Premier ministre et le ministre de la Justice, tout le monde dit qu'il faut rendre la justice indépendante. On accuse souvent certains acteurs de la justice mais les avocats, les greffiers, les huissiers peuvent aussi être en cause. Donc c'est tout le système qui est concerné. Je pense que les dispositions sont en train d'être prises pour que la justice fonctionne en se fondant sur l'égalité de tous devant la Loi et l'article premier de l'ordonnance de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation le dit clairement (...)
Les nouvelles autorités disent que la production de pétrole de la Côte d'Ivoire est de 40.000 barils/jour, alors qu'elle était de 100.000 barils/ jour. Qu'en pensez-vous?
Je pense qu'il y a une explication technique, parce qu'il y a eu des problèmes techniques sur certains puits. Il y a plusieurs techniques de forage, je ne sais pas celles qui ont été utilisées, mais après le forage, il peut arriver que le sable resté sur les parois tombe dans le produit. Certains puits sont dans cette situation aujourd'hui, parce que le produit n'est plus bon et vous ne pouvez plus continuer à l'exploiter. C'est ce qui explique effectivement que le niveau de la production a baissé. Le ministre de l'Energie s'est basé sur des informations techniques pour annoncer ces chiffres, parce qu'on ne va pas produire quelque chose que personne ne va acheter (...)
Propos recueillis par Olivier Dion
Dans votre exposé, on n’a pas trop senti le rôle de la presse en matière de gouvernance et de réconciliation…
La presse doit avoir conscience de l'impact de son travail sur la société. Il y a un certain nombre de dispositions qu'il faut prendre pour permettre à la presse de travailler (…) Mais, ce qu'il faut noter, c'est que la gouvernance est un processus. Cela fait à peine deux à trois mois que les choses sont en train de se mettre en place, mais vous avez noté que dès les premières réunions du Conseil des ministres, il a été annoncé un code d'éthique et de déontologie. En matière de bonne gouvernance, il faut prendre en compte des faits, c'est pourquoi je suis factuel. Ce n'est pas aujourd'hui que nous avons commencé à parler de la gouvernance, mais aujourd'hui, on note qu'il y a une volonté politique claire. Ce n'est pas seulement les discours, mais la gouvernance a été intégrée dans le programme, comme cela a été fait au Gabon. Je ne suis pas en train de défendre quelqu’un, mais je retrace la réalité. Bien sûr, il y a encore beaucoup de choses à faire, parce que c'est un processus, raison pour laquelle je dis que pour faire la bonne gouvernance, il faut la mettre en relation avec un référenciel, qui va permettre d'évaluer la situation. Je suis allé plus loin en indiquant que probablement, la Côte d'Ivoire va adhérer au mécanisme africain d'évaluation par les pairs, un mécanisme dont l'évaluation repose sur la Charte africaine des élections, des Droits de l'Homme et de la gouvernance... Donc on a des points de répère pour évaluer la situation. Le Togo vient d'adhérer, ils sont en train de faire leur propre évaluation d'abord, avant que les experts de l'Union Africaine ne viennent sur place pour évaluer la situation. Le Ghana a adhéré à ce mécanisme depuis 2003 et si on parle de bonne gouvernance au Ghana, c'est que le Ghana se fait évaluer périodiquement pour corriger ses déficits de gouvernance.
Vous avez donné l'impression, à vous entendre, que vous êtes plutôt un conseiller spécial du Président de la République et du Premier ministre...
Je suis factuel et j'essaie d'être le plus rigoureux possible, si bien qu'il y a des missions que je refuse souvent, parce qu'on veut me donner des orientations que j'estime ne pas être les bonnes. Mais, je n'ai fait qu'exprimer ce que je constate comme avancées aujourd'hui. Il s'agit d'un processus long qui est entamé et c'est pour cela qu'on fait des évaluations. Nous sommes aujourd'hui dans un processus d'amélioration continue selon les qualiticiens. Les choses vont s'améliorer au fur et à mesure, mais cela n'empêche pas de dire en quoi l'ordonnance qu'on a mise en place peut être un instrument qui peut contenir des principes de gouvernance pouvant favoriser la mission confiée à la commission Dialogue, Vérité et Réconciliation. Je ne défends particulièrement ni le Président de la République, ni le Premier ministre, mais si quelque chose de bien a été fait, je pense qu'il faut le dire, parce qu'il a été dit que pratiquer la bonne gouvernance en Côte d'Ivoire, c'est prendre des risques.
Vous avez cité certaines notions, mais vous n'avez pas insisté sur la gouvernance démocratique...
J'ai parlé tout à l'heure de la Charte africaine des élections, des Droits de l'Homme... Cela fait partie de la gouvernance démocratique qui se caractérise par l'Etat de droit, l'organisation d'élections transparentes. Là aussi, il y a des efforts à faire pour que la gouvernance démocratique s'installe réellement. La gouvernance qui est le 14ème axe est considérée par l'ISO 26.000 comme étant la fondation, mais peu importe la position dans l'ordre d'énumération. Là où la communauté internationale, les bailleurs de fonds et la société civile vous attendent, parce que vous devez rendre compte, c'est de savoir si vous travaillez sur l'éthique, sur la lutte contre la corruption, sur la transparance et sur les principes fondamentaux de la gouvernance. C'est cela le principe de la redevabilité, c'est-à-dire l'obligation de rendre compte (...)
Que dites-vous concernant le conflit de poste qui a cours actuellement à l'AGEFOP, où le RDR et l'UDPCI se disputent le fauteuil de directeur général et quel est votre avis sur le fait que certains douaniers disent « on se paye nous-mêmes sur le terrain »?
J'ai lu quelque part que les appels à candidature ne connaissaient pas d'ethnies ni de couleurs politiques. C'est pourquoi je me suis appuyé sur l'ordonnance de la CDVR, qui dit qu'il faut trouver les moyens de lutter contre toutes formes de discrimination (…) C'est un processus, je pense que les choses vont se mettre en place doucement. J'ai lu que le Premier ministre Banny avait déjà fait des formations pour ce genre d'activités de réconciliation. C'est quelqu'un qui s'y connaît, il sait où il va, parce que la Côte d'Ivoire revient de loin. Pour revenir à la question des douaniers, les indicateurs de la Banque Mondiale en matière de gouvernance, parlent de maîtrise de la corruption et cela montre bien que ce n'est pas unne tâche facile, surtout que les gens ont pris des habitudes. C'est pourquoi, je définis souvent la gouvernance comme la régulation des comportements. Un homme politique peut avoir de mauvais comportements, un douanier peut avoir de mauvais comportements, on dira qu'il y a déficit de gouvernance et cela va décourager les investisseurs. C'est une question qui va être traitée, parce que le processus se met en marche (...) Avant, les gens rentraient à l'aéroport de façon anarchique, maintenant ce n'est plus le cas. C'est que si le ton est donné, le reste peut suivre, parce que la gouvernance c'est aussi une question de modèle. L'ordonnance de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation est claire, puisqu'on lui demande de faire des propositions pour lutter contre la corruption et le détournement de deniers publics. C'est bien un principe de gouvernance qu'on veut mettre en œuvre (…) Au niveau de l'AGEFOP, je pense que l'appel à candidatures est une voie claire pour régler la question et dans mon livre à paraître bientôt, j'explique qu'il faut dessiner le profil de tous les postes importants et recruter par appels à candidature (...) L'OCDE a indiqué que les relations informelles jouaient beaucoup en Afrique et qu'il fallait formaliser les choses. La gouvernance est procédurale, elle formalise les choses et quand c'est fait, il est difficile de ne pas respecter ce qui a été formalisé, puisqu'il y a des évaluations qui se font.
Quels comportements faut-il avoir pour réaliser la réconciliation et est-ce que vous avez fait des comparaisons avec l'expérience des autres pays?
Effectivement, j'ai fait des comparaisons avec le Rwanda, où il n'y a pas de réconciliation sans justice et dans ce cas, on parle de justice transitionnelle et de justice réparatrice. Ensuite, on fait en sorte que les victimes aient des réparations et que ceux qui ont été traumatisés soient pris en compte. Si vous regardez bien l'ordonnance de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, vous verrez que ces différents éléments qui proviennent des expériences étrangères y sont contenues et je pense probablement que la commission va élaborer un document sur les bonnes pratiques étrangères pour que les choses se passent bien en Côte d'Ivoire. Dans l'ISO 26.000, on parle justement du partage des bonnes pratiques internationales, dont la première est le respect des Droits de l'Homme et même les entreprises sont désormais obligées de respecter les Droits de l'Homme (...)
Il se trouve que le Président de la République n'a pas encore déclaré ses biens. Comment expliquez-vous cela dans le contexte de la gouvernance?
Je pense qu'il faut définir les priorités lorsqu'il y a plusieurs actions à mener, parce qu'il y a des choses extrêmement urgentes. Si vous ne le faites, vous risquez de retourner trois pas en arrière. Il est écrit dans les textes que les membres du gouvernement doivent déclarer leurs biens, cela va se faire, mais je pense que cela ne constitue pas un élément qui freine aujourd'hui l'avancée des bonnes pratiques en Côte d'Ivoire. Nous sommes en contact avec des investisseurs et nous savons qu'ils ont un très bon écho d'un certain nombre de choses qui se passent ici. Si vous avez un déficit de gouvernance, vous chassez les investisseurs. C'est pour cela qu'il faut poser les piliers nécessaires autour desquels les autres actions seront déroulées pour que la situation soit définitivement stabilisée et que la Côte d'Ivoire devienne un pays florissant économiquement, parce que quand vous voyez les nouvelles statistiques de la Côte d'Ivoire par rapport aux anciennes, les positions qu'on occupait avant et aujourd'hui nous sommes en bas, cela fait mal au coeur. Mais la bonne gouvernance peut permettre de passer les étapes très rapidement. Les bailleurs de fonds nous donnent de l'argent aujourd'hui, parce qu'ils savent qu'il y a certains principes de gouvernance qui sont respectés (...) Lutter contre l'économie informelle n'est pas facile, mais j'ai appris que la douane reprenait ses activités dans le Nord, les services de l'Etat s'installaient progressivement et c'est grâce à cela que le processus va se corriger au fur et à mesure (...) Pour être crédible à l'international, il faut travailler d'une certaine façon et c'est cette même rigueur qu'on essaie d'appliquer.
Que pensez-vous de la justice à deux vitesses, aujourd'hui en Côte d'Ivoire?
Il n'y a pas de justice à deux vitesses, parce qu'on parle de l'indépendance de la justice. Que ce soit le Président de la République, le Premier ministre et le ministre de la Justice, tout le monde dit qu'il faut rendre la justice indépendante. On accuse souvent certains acteurs de la justice mais les avocats, les greffiers, les huissiers peuvent aussi être en cause. Donc c'est tout le système qui est concerné. Je pense que les dispositions sont en train d'être prises pour que la justice fonctionne en se fondant sur l'égalité de tous devant la Loi et l'article premier de l'ordonnance de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation le dit clairement (...)
Les nouvelles autorités disent que la production de pétrole de la Côte d'Ivoire est de 40.000 barils/jour, alors qu'elle était de 100.000 barils/ jour. Qu'en pensez-vous?
Je pense qu'il y a une explication technique, parce qu'il y a eu des problèmes techniques sur certains puits. Il y a plusieurs techniques de forage, je ne sais pas celles qui ont été utilisées, mais après le forage, il peut arriver que le sable resté sur les parois tombe dans le produit. Certains puits sont dans cette situation aujourd'hui, parce que le produit n'est plus bon et vous ne pouvez plus continuer à l'exploiter. C'est ce qui explique effectivement que le niveau de la production a baissé. Le ministre de l'Energie s'est basé sur des informations techniques pour annoncer ces chiffres, parce qu'on ne va pas produire quelque chose que personne ne va acheter (...)
Propos recueillis par Olivier Dion