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Politique Publié le mardi 2 août 2011 | Le Patriote

Affaire «Miaka Ouretto menacé de mort» Qui veut tirer sur un cadavre?

© Le Patriote Par FN
Activités du President de la Commission dialogue, vérité et réconciliation : Charles Konan Banny reçoit Miaka Ouréto et la direction intérimaire du Front populaire ivoirien (Fpi)
Lundi 25 juillet 2011. Abidjan. Siège de la Commission dialogue, vérité et réconciliation(CDVR)
«Miaka Ouretto menacé de mort». C’est le titre qui barrait hier la Une du quotidien Notre Voie. Et selon notre confrère, qui a développé avec un art divinatoire hors du commun – de quoi faire pâlir de jalousie le prophète Malachie en personne –, tous les faits constitutifs de cet assassinat en gestation, le tout nouveau président par intérim du Fpi, serait dans le viseur mortel d’un potentiel commando d’hommes en armes, qui «s’apprêterait à (l)’enlever, à l’abattre dans un endroit bien indiqué et à laisser traîner son corps criblé de balles quelque part». Le mobile de ce (futur) acte funeste, les porteplumes de Notre Voie le présentent comme une volonté des éventuels assassins du nouveau numéro un de la Refondation, de «terroriser et (de) décourager toute nouvelle initiative pour ‘’réveiller’’ le Fpi». D’où la prise par ses collaborateurs d’une «mesure conservatoire ‘’douloureuse’’», qui recommande à l’auguste responsable du Fpi de «vivre dans la clandestinité pour plusieurs jours».
Qui sont donc les «futurs assassins présumés» du pauvre Miaka Ouretto ? Nos amis de Notre Voie y répondent, évidemment, sans créer la surprise. Ce serait Alassane Ouattara, par le biais de ses «va-t-en-guerre», qui s’apprêterait à fomenter la sale besogne, dans le dessein de stopper net l’élan de renaissance «de ses cendres, tel un sphinx», du Fpi sur l’échiquier politique ivoirien. Une fois Miaka qui «capitalise tant d’espoir pour la reprise du combat démocratique» mort, il ne resterait plus rien de ce parti, qui lui aussi mourrait de sa belle mort. Telle est l’analyse, post-mortem, d’un Fpi qui tient ainsi, à sa façon, à prendre à témoin l’opinion.
Le premier sentiment que suscite cet article, c’est bien sûr celui de la manipulation. Le Fpi, même réduit aux seconds couteaux qui tentent de le diriger en ce moment, reste un parti manipulateur.

Ces bonshommes se sont assis dans leur officine, ont réfléchi à comment essayer de sortir la tête de l’eau par ces temps difficiles, et ont trouvé cette parade pour le moins fumeuse : annoncer l’assassinat «imminent» de Miaka Ouretto, le numéro un par procuration de leur parti. Ce qu’ils recherchent est simple : à l’approche des prochaines joutes électorales qui pourraient, du fait de l’évidente impréparation, sonner le glas à ce qui reste de leur parti, faire en sorte de gagner du temps. Par exemple, obtenir le report des législatives annoncées pour au plus tard décembre. Cette petite «bombe», c’est dans la cour de la communauté internationale, notamment de l’ONU, qu’il la lance, pour lui dire que l’insécurité a atteint un degré tel que c’est la vie du premier responsable d’un parti politique qui est menacée, mettant ainsi en péril l’organisation du futur scrutin. La manipulation est d’autant plus criante que l’information est totalement invérifiable, parce qu’elle viendrait, selon notre confrère, d’un «membre influent» du cabinet … de Miaka. A beau mentir…

Cela dit, il faut quand même se poser un certain nombre de questions. Qui en voudrait vraiment à Miaka Ouretto, la rare autorité du Fpi, avec Mamadou Koulibaly, qui n’ait jamais été inquiétée par le pouvoir actuel et qui est libre de ses mouvements – et a même été sur le point d’entrer au gouvernement de Ouattara, qui le considère comme un modéré? Pourquoi irait-on jusqu’à assassiner quelqu’un qui symbolise, dans la grisaille des prédateurs du Fpi, recherchés ou déjà en prison pour avoir commis de présumés crimes, de tous ordres, une sorte d’«exception à la règle» – et qui constitue même une sorte «témoignage» de l’esprit de justice et d’équité du chef de l’Etat?

L’autre question, c’est quand même celle qu’on pourrait se poser sur ce ridicule mobile de « casser le Fpi ». Que vaut vraiment ce parti aujourd’hui sur l’échiquier politique pour que ses adversaires, en l’occurrence Ouattara, échafaude des plans pour «l’anéantir»? Comment anéantir quelqu’un qui a du mal à prouver sa propre existence matérielle et même morale ? Tire-t-on sur un cadavre?

Or, à quoi tient le Fpi aujourd’hui, en l’absence de tous ses caciques, en prison ou en exil?

Que pèse-t-il?

Cela est d’autant cocasse que tout le monde, y compris le Fpi et ses thuriféraires qui le lui reprochent du reste, voit bien que le chef de l’Etat, en ce moment très préoccupé par la relance économique de son pays totalement ruiné par la crise post-électorale, ne cesse de multiplier les voyages à l’extérieur à la recherche de financement. Quelqu’un qui va voir Obama, Christine Lagarde du FMI, Robert Zoellick de la Banque mondiale, Banki-Moon, et bien des décideurs de la planète, a-t-il le temps à consacrer à Miaka Ouretto? S’il n’a pas tué Gbagbo lui-même, qui a été à la base de milliers de morts dans ce pays, pourquoi tuerait-il Miaka Ouretto, qui n’a tué personne?

En réalité, ce type de manipulation, qui a constitué le terreau fertile de la gouvernance de Gbagbo, avec l’embrigadement massif d’une génération entière de jeunes de ce pays, aujourd’hui perdus, ne saurait désormais prospérer.

KORE EMMANUEL
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