L’industrie du bois tarde à reprendre rapidement à cause de certains obstacles. Les opérateurs de la filière à Man et à Gagnoa, des zones de production et de transformation du bois, estiment que les nouvelles autorités doivent mettre de l’ordre dans leur secteur pour favoriser la relance.
La filière bois tarde à sortir définitivement de la nasse dans laquelle l’a plongée la crise post-électorale. Malgré une relative reprise des activités, des entraves existent encore pour permettre au secteur d’atteindre le plein régime. Ce contraste est perceptible une fois dans les différentes scieries de la ville de Man, une région productrice de bois. Des billes de bois fraîchement abattus, sont transportées par les camions à l’espace Capen (Centre d’appui à la promotion des entreprises nationales). Un espace qui regroupe environs 26 unités de scieries mobiles. Le tintamarre des machines est tellement intense et parfois insupportable, qu’il est difficile de communiquer dans cet espace. Mais qu’à cela ne tienne, L.K., l’un des ouvriers a accepté d’échanger brièvement avec l’équipe de reportage, ce jeudi 21 juillet.
Des entreprises sans agrément !
«Les gros camions chargent ici tous les jours pour prendre la direction des pays de l’hinterland comme le Burkina Faso, le Mali et surtout la Mauritanie. Vous voyez ces Mauritaniens qui sont assis là-bas, ce sont des acheteurs de bois. Il y a aussi des Nigériens (appelés communément Haoussa) qui achètent régulièrement le bois pour le vendre à Abidjan)», lâche-t-il avant de disparaître très rapidement entre les machines. Ici, il n’y a pas de place pour les allergiques, les asthmatiques et autres personnes ayant des problèmes respiratoires. D’autant plus que les sciures et les rebuts de bois rendent la respiration pénible. C’est pourquoi d’ailleurs, la quasi-totalité des travailleurs du Capen porte au visage des cache-nez. En effet, selon les opérateurs du secteur, il y a de véritables signes annonciateurs de la relance mais, au-delà de certaines difficultés rencontrées sur le terrain, l’anarchie qui règne dans la filière, compromet cette dynamique. «C’est la saison des pluies, les routes sont impraticables; ce qui rend très difficile le transport du bois de la forêt vers les usines», déplore N’golo Souleymane, opérateur de la filière. Pour lui, la grosse inquiétude est que beaucoup de scieries dans la région, fonctionnent dans l’illégalité. «Notre filière est menacée parce que la plupart des scieries n’ont aucune existence légale», reconnaît-il. Le directeur général de «la nouvelle scierie Kaba», Kaba Ibrahim, se veut plus catégorique. « Rien ne marche ici, nous ne fonctionnons pas comme des entreprises normales parce que nous n’avons pas d’agrément», fait-il remarquer. Toute chose qui constitue un handicap majeur pour lui. «Nous fonctionnons comme une menuiserie. Nous faisons des prestations de service. C’est-à-dire, des gens viennent nous donner leurs bois bruts que nous transformons avant qu’ils ne partent les revendre. Mais en réalité, l’Etat ne reconnaît pas notre existence. Notre ministère de tutelle depuis 2002 a cessé de délivrer des documents relatifs à la réglementation de notre activité», regrette M. Kaba. Etant des «sans-papiers», ils sont donc obligés de vendre leurs produits à des prix dérisoires à des particuliers qui se chargent, eux-mêmes, du transport jusqu’à Abidjan. C’est pourquoi, M. Kaba souhaite ardemment le retour effectif de l’administration des eaux et forêts afin que ces entreprises puissent se mettre en règle.
Le racket, un poison
Cette filière, faut-il le préciser, est également frappée par les taxes des Forces nouvelles.
«Certes, on travaille mais, à la vérité, il est compliqué pour nous de joindre les deux bouts.
C’est le cas de la scierie Covalma qui a arrêté ses activités», s’offusque Kouassi Jean-Marie, exploitant forestier. Un tour à Zélé, village où est située l’usine a permis à l’équipe de reportage de se rendre à l’évidence.
L’entreprise qui, en janvier dernier, avait mis 55 personnes en chômage technique sur les 200 qu’elle emploie, a fini par fermer totalement ses portes. Renseignement pris, l’on explique que la société a fait faillite à cause du poids des taxes. En témoigne la réaction de Moussa Ouédraogo, un professionnel du secteur. «Lorsque nous chargeons nos camions dans la zone de Bangolo et de Logoualé pour Man, nous payons au total 108. 000 Fcfa de taxes par camion. A Sangouiné et à Mahapleu, les taxes se négocient entre 75.000 et 83.000 Fcfa. En outre, il y a le transport qui varie entre 110.000 et 125.000 Fcfa, selon les distances», argumente-t-il. Sans compter le carburant qui tourne entre 43.000 et 65.000 Fcfa et la location des bulldozers à 250.000 Fcfa par jour. Par ailleurs, on sait aussi que le bois blanc en grume s’achète à 25. 000 Fcfa le mètre-cube tandis que le bois rouge se négocie entre 25.000 et 35.000 Fcfa, selon la qualité. «Or, un camion transporte entre 25 et 35 mètres-cubes par chargement. Il est donc malaisé pour nous de rentabiliser notre affaire», renchérit l’exploitant forestier. Face à une telle situation, les acteurs de la filière espèrent qu’avec la normalisation en cours, un terme soit mis aux taxes des Fn, avec une période de grâce ou transitoire d’au moins un mois.
Kouakou Liza envoyé spécial à Man
La filière bois tarde à sortir définitivement de la nasse dans laquelle l’a plongée la crise post-électorale. Malgré une relative reprise des activités, des entraves existent encore pour permettre au secteur d’atteindre le plein régime. Ce contraste est perceptible une fois dans les différentes scieries de la ville de Man, une région productrice de bois. Des billes de bois fraîchement abattus, sont transportées par les camions à l’espace Capen (Centre d’appui à la promotion des entreprises nationales). Un espace qui regroupe environs 26 unités de scieries mobiles. Le tintamarre des machines est tellement intense et parfois insupportable, qu’il est difficile de communiquer dans cet espace. Mais qu’à cela ne tienne, L.K., l’un des ouvriers a accepté d’échanger brièvement avec l’équipe de reportage, ce jeudi 21 juillet.
Des entreprises sans agrément !
«Les gros camions chargent ici tous les jours pour prendre la direction des pays de l’hinterland comme le Burkina Faso, le Mali et surtout la Mauritanie. Vous voyez ces Mauritaniens qui sont assis là-bas, ce sont des acheteurs de bois. Il y a aussi des Nigériens (appelés communément Haoussa) qui achètent régulièrement le bois pour le vendre à Abidjan)», lâche-t-il avant de disparaître très rapidement entre les machines. Ici, il n’y a pas de place pour les allergiques, les asthmatiques et autres personnes ayant des problèmes respiratoires. D’autant plus que les sciures et les rebuts de bois rendent la respiration pénible. C’est pourquoi d’ailleurs, la quasi-totalité des travailleurs du Capen porte au visage des cache-nez. En effet, selon les opérateurs du secteur, il y a de véritables signes annonciateurs de la relance mais, au-delà de certaines difficultés rencontrées sur le terrain, l’anarchie qui règne dans la filière, compromet cette dynamique. «C’est la saison des pluies, les routes sont impraticables; ce qui rend très difficile le transport du bois de la forêt vers les usines», déplore N’golo Souleymane, opérateur de la filière. Pour lui, la grosse inquiétude est que beaucoup de scieries dans la région, fonctionnent dans l’illégalité. «Notre filière est menacée parce que la plupart des scieries n’ont aucune existence légale», reconnaît-il. Le directeur général de «la nouvelle scierie Kaba», Kaba Ibrahim, se veut plus catégorique. « Rien ne marche ici, nous ne fonctionnons pas comme des entreprises normales parce que nous n’avons pas d’agrément», fait-il remarquer. Toute chose qui constitue un handicap majeur pour lui. «Nous fonctionnons comme une menuiserie. Nous faisons des prestations de service. C’est-à-dire, des gens viennent nous donner leurs bois bruts que nous transformons avant qu’ils ne partent les revendre. Mais en réalité, l’Etat ne reconnaît pas notre existence. Notre ministère de tutelle depuis 2002 a cessé de délivrer des documents relatifs à la réglementation de notre activité», regrette M. Kaba. Etant des «sans-papiers», ils sont donc obligés de vendre leurs produits à des prix dérisoires à des particuliers qui se chargent, eux-mêmes, du transport jusqu’à Abidjan. C’est pourquoi, M. Kaba souhaite ardemment le retour effectif de l’administration des eaux et forêts afin que ces entreprises puissent se mettre en règle.
Le racket, un poison
Cette filière, faut-il le préciser, est également frappée par les taxes des Forces nouvelles.
«Certes, on travaille mais, à la vérité, il est compliqué pour nous de joindre les deux bouts.
C’est le cas de la scierie Covalma qui a arrêté ses activités», s’offusque Kouassi Jean-Marie, exploitant forestier. Un tour à Zélé, village où est située l’usine a permis à l’équipe de reportage de se rendre à l’évidence.
L’entreprise qui, en janvier dernier, avait mis 55 personnes en chômage technique sur les 200 qu’elle emploie, a fini par fermer totalement ses portes. Renseignement pris, l’on explique que la société a fait faillite à cause du poids des taxes. En témoigne la réaction de Moussa Ouédraogo, un professionnel du secteur. «Lorsque nous chargeons nos camions dans la zone de Bangolo et de Logoualé pour Man, nous payons au total 108. 000 Fcfa de taxes par camion. A Sangouiné et à Mahapleu, les taxes se négocient entre 75.000 et 83.000 Fcfa. En outre, il y a le transport qui varie entre 110.000 et 125.000 Fcfa, selon les distances», argumente-t-il. Sans compter le carburant qui tourne entre 43.000 et 65.000 Fcfa et la location des bulldozers à 250.000 Fcfa par jour. Par ailleurs, on sait aussi que le bois blanc en grume s’achète à 25. 000 Fcfa le mètre-cube tandis que le bois rouge se négocie entre 25.000 et 35.000 Fcfa, selon la qualité. «Or, un camion transporte entre 25 et 35 mètres-cubes par chargement. Il est donc malaisé pour nous de rentabiliser notre affaire», renchérit l’exploitant forestier. Face à une telle situation, les acteurs de la filière espèrent qu’avec la normalisation en cours, un terme soit mis aux taxes des Fn, avec une période de grâce ou transitoire d’au moins un mois.
Kouakou Liza envoyé spécial à Man