La Côte d’Ivoire qui sort petit à petit d’une grave crise postélectorale, a encore été durement éprouvée hier. Un autobus de la SOTRA assurant la ligne Vridi-Adjamé s’est renversé dans la lagune avec tous ses passagers. Un drame sans précédent pour le pays.
Des corps sans vie, trempés, alignés sur le sol. Des survivants qui peinent à retrouver leurs esprits…L’atmosphère était insoutenable, hier matin sur la baie lagunaire, précisément sous le pont Félix Houphouët-Boigny, côté Plateau.
Ce vendredi là, l’euphorie de l’indépendance a fait place au petit matin, à une tragédie. Il est un peu plus de 6H du matin, un bus de la SOTRA desservant la ligne 19, en provenance de Vridi pour la Gare nord à Adjamé termine brusquement son voyage dans la lagune. A lors qu’il est sur le pont Félix Houphouët-Boigny, le conducteur perd le contrôle du véhicule, percute une voiture stationnée sur la voie, puis violemment deux poteaux électriques, le terre-plein et les balustrades, avant de terminer sa folle course dans la lagune. Un bruit assourdissant tonne. Stupeur et émoi chez tous ceux qui passaient par là. « Ce n’est pas possible. Un bus dans la lagune avec tous ses passagers, cela ne peut être vrai », « c’est une tragédie, c’est un drame », « encore une catastrophe pour le pays. Mais pourquoi à la veille de l’indépendance ? », entend t-on ça et là. La scène semble surréaliste digne d’un film d’action sorti tout droit des studios hollywoodiens. Hélas, la réalité est implacable. Un drame vient bel et bien de se produire. Pis, le bus s’évanouit dans l’eau, avec ses passagers. A 6h30, arrivent les Sapeurs Pompiers. Pour les premiers secours. Visiblement, la tâche s’annonce ardue. Ils manquent terriblement d’équipements adéquats, pour faire face à une telle catastrophe. Entre-temps, on imagine le supplice que subissent les informés clients de ce bus. Certains s’accrochent comme ils peuvent au dernier souffle de vie qui leur reste encore. Pour d’autres, la messe semble déjà dite. Soudain, point une lueur d’espoir. Des structures privées (Port Autonome d’Abidjan, SAGA) prêtent main forte aux Sapeurs pompiers. La force Licorne et l’Onuci sont aussi là. La fouille peut commencer. Les plongeurs marins s’évanouissent dans ce vaste étang d’eau à l’allure dormante, mais très trompeuse.
Car, le courant est fort. A 7h 48, le ministre des Transports, Gaoussou Touré, première autorité gouvernementale, à arriver sur le lieu du drame) est témoin du repêchage des premiers corps. A la vue des cadavres, la foule massée aux alentours de la lagune est sous le choc. Les plus émotifs écrasent une larme. Trente minutes plus tard, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko est, à son tour, présent. Son collègue des Infrastructures économiques Patrick Achi lui emboîte le pas, une poignée de minutes après.
A 8 h 22, le Président de la République en personne arrive. Il prend le pouls de la situation auprès du commandant Adama Coulibaly, patron des Sapeurs Sompiers, « Y a-t-il combien de vivants », demande le Chef d’Etat. Il s’assure que l’opération de sauvetage se déroule bien, puis repart à 8h 36. Affecté visiblement par ce drame, il ne fait aucune déclaration. A 8h39, son Premier ministre, Soro Guillaume (8h39) est lui aussi présent. Pendant ce temps, les sapeurs pompiers continuent de remonter les corps sans vie des passagers du « naufrage ». Nous sommes à plus d’une dizaine de corps repêchés. L’émotion se lit sur le visage de la foule qui veut toujours savoir ce qui s’est passé exactement. D’autres membres du gouvernement, eux, continuent de défiler sur le site du sinistre. Il s’agit des ministres Paul Koffi Koffi (délégué à la Défense), Adama Bitogo (Intégration), Alain Lobognon (Jeunesse), Diakité Coty (Communication), Pr N’ Dri Yoman Thérèse (Santé et Lutte contre le Sida) et Anne Désiré Ouloto (Salubrité urbaine). A toutes ces autorités, le commandant du groupement des sapeurs pompiers (GSPM), le colonel Adama Coulibaly, explique que la tâche des plongeurs n’est pas facile. « Lorsque le bus tombait, les gens pris de panique et de peur se sont entrelacés. D’autres se sont agrippés au siège. Il faut donc les délacer avant de les remonter. Sous l’eau, cela n’est pas du tout facile », explique t-il. Franc, il n’occulte pas le fait que ses hommes n’ont pas assez d’équipements. « Heureusement que des structures privées sont venues à notre aide, sinon nous n’aurons pas pu repêcher tous ces corps », concède t-il.
37 corps repêchés, 10 survivants !
Peu après 11h, le ministre des Transports revient sur le théâtre des opérations. Les actions de repêchage des corps sont lentes à son goût. Le gouvernement indique t-il, souhaite avoir de plus amples informations. Après une concertation avec le colonel Adama Coulibaly, la décision de faire remonter le bus est prise. Mais comment ? Pendant près d’une heure, les experts vont se contredire. Deux camps s’affrontent. L’un propose de tirer le bus pour l’envoyer sur la baie afin de ne pas l’endommager pour l’enquête. Pour l’autre, cela n’est pas possible, car la grue chargée de remorquer le bus ne peut le faire. Les tenants de cette thèse conseillent de poser la grue sur le pont et de tirer le bus de l’eau, quitte à le déchiqueter. La discussion s’anime entre les deux parties et dure plusieurs minutes.
Finalement le ministre Gaoussou Touré, après concertation avec des experts de SAGA et un capitaine du 43ème BIMA retient la seconde proposition. Trois grues sont donc positionnées sur le pont Houphouët. Il s’agit des grues de la SAGA, de Petroci et du 43ème BIMA. Il est 13h 05. Nous sommes à 37 corps repêchés dont 22 hommes et 15 femmes. A 13h 20, la grue entre en action. Des sapeurs pompiers font descendre la corde et la bouée de sauvetage dans l’eau. Trente minutes après, la carapace du mastodonte apparaît à la surface de l’eau. La foule retient son souffle. Tout le monde veut voir « l’incroyable ». Les forces de l’ordre sont obligées d’user de la force pour éloigner les curieux. Petit à petit, la grue remonte le bus. A 14 h 10, tout le bus est totalement remonté sur le pont. C’est un bus de marque Tata, N° 27 26-3, immatriculé : 70006EU01. Ce n’est donc pas un articulé comme cela avait circulé dans la ville. Après le repêchage du bus, l’opération de sauvetage est stoppée, officiellement pour cause de courant fort et de couleur noire de l’eau. La foule après avoir satisfait sa curiosité, en regardant une dernière fois le bus remonté, quitte les lieux. Chacun allant de son commentaire sur les causes du drame et du nombre de morts.
Ainsi prend fin, une journée qui restera certainement à jamais gravée dans la mémoire des Abidjanais. Au moment où nous mettions sous presse, l’on parlait de 37 morts et de 10 survivants.
Dao Maïmouna
Des corps sans vie, trempés, alignés sur le sol. Des survivants qui peinent à retrouver leurs esprits…L’atmosphère était insoutenable, hier matin sur la baie lagunaire, précisément sous le pont Félix Houphouët-Boigny, côté Plateau.
Ce vendredi là, l’euphorie de l’indépendance a fait place au petit matin, à une tragédie. Il est un peu plus de 6H du matin, un bus de la SOTRA desservant la ligne 19, en provenance de Vridi pour la Gare nord à Adjamé termine brusquement son voyage dans la lagune. A lors qu’il est sur le pont Félix Houphouët-Boigny, le conducteur perd le contrôle du véhicule, percute une voiture stationnée sur la voie, puis violemment deux poteaux électriques, le terre-plein et les balustrades, avant de terminer sa folle course dans la lagune. Un bruit assourdissant tonne. Stupeur et émoi chez tous ceux qui passaient par là. « Ce n’est pas possible. Un bus dans la lagune avec tous ses passagers, cela ne peut être vrai », « c’est une tragédie, c’est un drame », « encore une catastrophe pour le pays. Mais pourquoi à la veille de l’indépendance ? », entend t-on ça et là. La scène semble surréaliste digne d’un film d’action sorti tout droit des studios hollywoodiens. Hélas, la réalité est implacable. Un drame vient bel et bien de se produire. Pis, le bus s’évanouit dans l’eau, avec ses passagers. A 6h30, arrivent les Sapeurs Pompiers. Pour les premiers secours. Visiblement, la tâche s’annonce ardue. Ils manquent terriblement d’équipements adéquats, pour faire face à une telle catastrophe. Entre-temps, on imagine le supplice que subissent les informés clients de ce bus. Certains s’accrochent comme ils peuvent au dernier souffle de vie qui leur reste encore. Pour d’autres, la messe semble déjà dite. Soudain, point une lueur d’espoir. Des structures privées (Port Autonome d’Abidjan, SAGA) prêtent main forte aux Sapeurs pompiers. La force Licorne et l’Onuci sont aussi là. La fouille peut commencer. Les plongeurs marins s’évanouissent dans ce vaste étang d’eau à l’allure dormante, mais très trompeuse.
Car, le courant est fort. A 7h 48, le ministre des Transports, Gaoussou Touré, première autorité gouvernementale, à arriver sur le lieu du drame) est témoin du repêchage des premiers corps. A la vue des cadavres, la foule massée aux alentours de la lagune est sous le choc. Les plus émotifs écrasent une larme. Trente minutes plus tard, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko est, à son tour, présent. Son collègue des Infrastructures économiques Patrick Achi lui emboîte le pas, une poignée de minutes après.
A 8 h 22, le Président de la République en personne arrive. Il prend le pouls de la situation auprès du commandant Adama Coulibaly, patron des Sapeurs Sompiers, « Y a-t-il combien de vivants », demande le Chef d’Etat. Il s’assure que l’opération de sauvetage se déroule bien, puis repart à 8h 36. Affecté visiblement par ce drame, il ne fait aucune déclaration. A 8h39, son Premier ministre, Soro Guillaume (8h39) est lui aussi présent. Pendant ce temps, les sapeurs pompiers continuent de remonter les corps sans vie des passagers du « naufrage ». Nous sommes à plus d’une dizaine de corps repêchés. L’émotion se lit sur le visage de la foule qui veut toujours savoir ce qui s’est passé exactement. D’autres membres du gouvernement, eux, continuent de défiler sur le site du sinistre. Il s’agit des ministres Paul Koffi Koffi (délégué à la Défense), Adama Bitogo (Intégration), Alain Lobognon (Jeunesse), Diakité Coty (Communication), Pr N’ Dri Yoman Thérèse (Santé et Lutte contre le Sida) et Anne Désiré Ouloto (Salubrité urbaine). A toutes ces autorités, le commandant du groupement des sapeurs pompiers (GSPM), le colonel Adama Coulibaly, explique que la tâche des plongeurs n’est pas facile. « Lorsque le bus tombait, les gens pris de panique et de peur se sont entrelacés. D’autres se sont agrippés au siège. Il faut donc les délacer avant de les remonter. Sous l’eau, cela n’est pas du tout facile », explique t-il. Franc, il n’occulte pas le fait que ses hommes n’ont pas assez d’équipements. « Heureusement que des structures privées sont venues à notre aide, sinon nous n’aurons pas pu repêcher tous ces corps », concède t-il.
37 corps repêchés, 10 survivants !
Peu après 11h, le ministre des Transports revient sur le théâtre des opérations. Les actions de repêchage des corps sont lentes à son goût. Le gouvernement indique t-il, souhaite avoir de plus amples informations. Après une concertation avec le colonel Adama Coulibaly, la décision de faire remonter le bus est prise. Mais comment ? Pendant près d’une heure, les experts vont se contredire. Deux camps s’affrontent. L’un propose de tirer le bus pour l’envoyer sur la baie afin de ne pas l’endommager pour l’enquête. Pour l’autre, cela n’est pas possible, car la grue chargée de remorquer le bus ne peut le faire. Les tenants de cette thèse conseillent de poser la grue sur le pont et de tirer le bus de l’eau, quitte à le déchiqueter. La discussion s’anime entre les deux parties et dure plusieurs minutes.
Finalement le ministre Gaoussou Touré, après concertation avec des experts de SAGA et un capitaine du 43ème BIMA retient la seconde proposition. Trois grues sont donc positionnées sur le pont Houphouët. Il s’agit des grues de la SAGA, de Petroci et du 43ème BIMA. Il est 13h 05. Nous sommes à 37 corps repêchés dont 22 hommes et 15 femmes. A 13h 20, la grue entre en action. Des sapeurs pompiers font descendre la corde et la bouée de sauvetage dans l’eau. Trente minutes après, la carapace du mastodonte apparaît à la surface de l’eau. La foule retient son souffle. Tout le monde veut voir « l’incroyable ». Les forces de l’ordre sont obligées d’user de la force pour éloigner les curieux. Petit à petit, la grue remonte le bus. A 14 h 10, tout le bus est totalement remonté sur le pont. C’est un bus de marque Tata, N° 27 26-3, immatriculé : 70006EU01. Ce n’est donc pas un articulé comme cela avait circulé dans la ville. Après le repêchage du bus, l’opération de sauvetage est stoppée, officiellement pour cause de courant fort et de couleur noire de l’eau. La foule après avoir satisfait sa curiosité, en regardant une dernière fois le bus remonté, quitte les lieux. Chacun allant de son commentaire sur les causes du drame et du nombre de morts.
Ainsi prend fin, une journée qui restera certainement à jamais gravée dans la mémoire des Abidjanais. Au moment où nous mettions sous presse, l’on parlait de 37 morts et de 10 survivants.
Dao Maïmouna