Terrible journée que celle de ce vendredi 5 août 2011. A deux jours de la première célébration des festivités marquant l’accession de la Côte d’Ivoire à la souveraineté nationale et internationale sous l’ère de la libération du joug de Laurent Gbagbo, le pays tout entier a plongé dans la consternation avec la chute d’un bus de la Sotra dans la lagune. Le bilan de l’accident qui a frappé de plein fouet une population sortie juste de longs mois de violence inouïes, et dont le traumatisme est encore fort est lourd. Des dizaines de morts, environ quarante, une autre dizaine de blessés et des personnes portées disparues. La Côte d’Ivoire vit donc des moments douloureux. Le pays a cependant choisi de faire corps avec les familles éplorées et de se serrer les coudes. Aux premières heures de la tragédie, les plus hautes autorités de l’Etat, le président de la République en tête, ont pris la situation à bras le corps. Les moyens des forces nationales et ceux des forces internationales, les Français de l’opération Licorne et la mission onusienne ont permis de sortir les rescapés et de monter les corps. Les restes du bus accidenté également ont été sortis des eaux. Chaque Ivoirien et chaque habitant de ce pays a ressenti le drame. Tout le pays a vécu dans la sobriété le cinquante et unième anniversaire de l’indépendance dans un quasi recueillement. Les aspects festifs et les manifestations de joie ont tous été annulés. Exit du concerto, et du feu d’artifice. Au palais présidentiel, la cérémonie officielle a pris fin sans le traditionnel Vin d’honneur. Lui également supprimé pour cause de deuil national. Trois jours décrétés à cet effet. Malgré l’émotion, les Ivoiriens, les invités du chef de l’Etat au palais comme ceux qui sont dignement restés à la maison et qui ont pu suivre la télévision nationale, ont assisté à une prise d’arme et à un défilé militaire. Ils ont pu voir les forces républicaines (en pleine restructuration), la gendarmerie, la police, la douane, les eaux et forêt, passer en formation organisée. Un moment toujours grand dans le cœur des citoyens. L’armée, c’est à la fois la force brutale, source de peur et d’inquiétude. Mais elle est aussi et surtout l’assurance de la protection et de la sécurité. Les citoyens éprouvent de la fierté devant leur armée quand elle se comporte en vraie force républicaine. L’attachement à ceux qui ont choisi le métier des armes et qui se sont engagés à sauver au prix de leur propre vie celle des autres, avait quasiment disparu ces dernières années. Tant l’armée et les forces de sécurité s’étaient muées en instrument de destruction et d’oppression de ceux qu’elles avaient vocation de protéger. Dans les moments difficiles particulièrement, les populations ont besoin de se savoir au cœur des préoccupations des dirigeants. Le 6 août, lors de son message à la nation, le président de la République s’est soucié principalement des Ivoiriens. Il a évoqué le drame du bus et indiqué les mesures prises pour la prise en charge des soins et des frais liés aux décès. Il a parlé du retour du pays dans le concert des nations, et les perspectives économiques heureuses pour la Côte d’Ivoire. Il a parlé encore de la nécessaire réconciliation et appelé les réfugiés ivoiriens à l’étranger à rentrer. Il a parlé de la Côte d’Ivoire en marche…Tableau idyllique d’un pays ou tout va bien, et qui « est arrivé » ? Alassane Ouattara n’est pas tombé dans la pratique de ces chefs qui « jouissent du plaisir de se caresser le nombril » comme le dit avec un brin d’humour le maître du « Didiga », Botey Zadi Zaourou. Le président de la République a reconnu les progrès en matière de sécurité mais a indiqué attendre beaucoup du gouvernement à ce sujet. Preuve que du chemin reste à faire. La sécurité est en effet le socle de la renaissance du pays. Elle doit s’exercer dans les règles de l’art, et exister pour tous les citoyens sans discrimination aucune. Traversé dans tous les sens par la gestion clanique et sectaire du système antérieur, les forces armées et les services de sécurité ivoiriens se doivent d’opérer la reconversion indispensable pour se mettre au service des citoyens. Rien que cela.
Unis dans la douleur que le sort a infligée au pays au moment de célébrer une fête méritée, et oublier les temps sombres des derniers jours d’un dictateur s’accrochant désespérément au pouvoir, les Ivoiriens ont compris la beauté de la vie. Et du coup, la responsabilité individuelle et collective pour que la vie soit effectivement ainsi. Chacun sait que le pays sera le fruit de la volonté de vivre et de travailler ensemble. La Côte d’Ivoire offrira à ses fils et à ceux qui ont choisi d’y résider les fruits du labeur commun, et l’environnement d’un pays tel qu’ils auront décidé que ce pays soit. De ce côté-là, le drame du vendredi noir, et les réactions qui en ont résulté, des autorités tout comme des citoyens, permettent de regarder l’avenir avec de grands espoirs.
D. Al Seni
Unis dans la douleur que le sort a infligée au pays au moment de célébrer une fête méritée, et oublier les temps sombres des derniers jours d’un dictateur s’accrochant désespérément au pouvoir, les Ivoiriens ont compris la beauté de la vie. Et du coup, la responsabilité individuelle et collective pour que la vie soit effectivement ainsi. Chacun sait que le pays sera le fruit de la volonté de vivre et de travailler ensemble. La Côte d’Ivoire offrira à ses fils et à ceux qui ont choisi d’y résider les fruits du labeur commun, et l’environnement d’un pays tel qu’ils auront décidé que ce pays soit. De ce côté-là, le drame du vendredi noir, et les réactions qui en ont résulté, des autorités tout comme des citoyens, permettent de regarder l’avenir avec de grands espoirs.
D. Al Seni