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Société Publié le mercredi 10 août 2011 | Nord-Sud

Abidjan - A quand la sécurité lagunaire ?

L’accident du bus 19, l’état des pinasses rappellent qu’il est temps de songer à sécuriser la lagune.

Ce mardi matin, en empruntant la pinasse de marchandises à la gare de Bobo-Doumé (Yopougon), les commerçantes pensent à tout sauf un accident. Avant d’accoster à la gare lagunaire de Treichville, une femme dans l’embarcation hurle. La pinasse est en train de prendre eau ! La panique monte d’un cran. Heureusement, leur destination n’est plus qu’à quelques mètres. Le conducteur de la pinasse accoste. Pressées, les commerçantes n’ont pas le temps d’écouter les recommandations de l’équipage, elles sautent sur la terre ferme. Abandonnant leurs marchandises qui sont essentiellement des paniers d’attiéké et de légumes. C’était moins un ! En réalité, l’eau qui s’infiltrait par les interstices du vieux bateau, était presque sans danger. Mais quand on connaît l’état délabré de ces pirogues qu’on traite de cercueil flottant, et surtout le manque de mesures sécuritaires, il y a de quoi être fébrile. La scène se déroule au nez et à la barbe de la police maritime qui se trouve dans la même gare lagunaire. Des agents s’empressent de faire immobiliser le « vieux tas de planches ». Du reste, l’activité poursuit son cours dans la gare. Elle ne désemplit pas malgré cet incident. Un sifflement retentit. Une pinasse vient de charger et tangue sur l’eau verdâtre en direction de Bobo-Doumé. A bord, une cinquantaine de passagers les épaules serrées les unes contre les autres. On peut deviner leur angoisse. Car, après avoir assisté à cet incident, une question hante les esprits. Et si la pinasse avait coulé au beau milieu de la lagune ? Issa Koro, l’un des chefs d’é­quipage à Vridi Canal, affirme qu’ils disposent de matelots, qu’ils ont des maîtres nageurs, et peut-être même des médecins. Seulement, on ne les voit jamais ni sur les pinasses ni à la gare. Ces grosses pirogues n’ont que des vieux pneus en guise de bouée de sauvetage. En les interpellant sur le fait, le mieux que nous réussissons à faire c’est de mettre leurs nerfs à vif. « Vous nous traitez de cercueil flottant. Nous existons depuis 1928, et nous n’avons jamais fait d’accident », clament-ils. Ajoutant qu’ils sont là même avant les bateaux-bus de la Société de transport abidjanais (Sotra). Justement, à la gare lagunaire, les bateaux-bus sont à la fois leur voisin et leur concurrent. Plus organisés mais non moins exempts de reproche au niveau sécuritaire. Ces bateaux ne disposent en tout que de leurs gilets de sauvetage disposés sous les sièges pour faire face à un éventuel accident maritime. Les bouées ne sont pas suffisantes (comme dans le Titanic, elles ne sont jamais suffisantes). Et il est hors de question de parler de maître-nageur. Pourtant, de plus gros bateaux arrivent, selon Koffi Ahibo, directeur central des opérations de la Sotra. Pour tous ces opérateurs, l’idée d’une catastrophe est parfois non envisageable. Le drame du bus 19 rappelle bien que le malheur n’est jamais loin. Pour cet accident, il a fallu l’intervention des plongeurs d’une société privée (Seramar) pour prêter main forte aux sapeurs-pompiers militaires, arrivés trop tard. On se dit que s’il y avait eu une protection civile aux bords de la lagune, peut-être que beaucoup de ces personnes noyées auraient pu être sauvées. Ailleurs, les bords des eaux de ce type sont sécurisés soit par le gouvernement soit par le privé. Un agent de la police maritime qui a immobilisé la pinasse, affirme qu’ils sont dépourvus de moyens pour intervenir en cas d’accident maritime. Selon l’Office national de la protection civile (Onpc) des plongeurs, mis à la disposition des maries du Plateau et de Treichville, devraient êtres aux bords de la lagune pour assurer la protection des populations qui la fréquentent. Où sont-ils passés ? C’est la question à un million de Fcfa. Alors que Beugré Mambé, le gouverneur du district d’Abidjan, a des ambitions nourries pour la lagune Ebrié et que les ministres Anne Ouloto et Allah Kouadio Rémi veulent ressusciter cette « perle », il serait temps d’y penser. Sans sécurité lagunaire, il n’y a pas de perle des lagunes.

Raphaël Tanoh
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