Moins d'une semaine après le terrible vendredi 5 août, jour de l'accident meurtrier du bus 19 de la Société des transports abidjanais (Sotra) sur le pont Félix Houphouët Boigny, la psychose a envahi les Abidjanais qui se demandent toujours les causes du drame. Tout a débuté au petit matin du 5 août lorsqu'aux alentours de 6h30mn, le bus immatriculé 19 de la Sotra, en provenance de Vridi et en partance pour Adjamé, finit sa course dans la lagune Ebrié en voulant éviter une voiture sur le pont Félix Houphouët Boigny. Le bilan est lourd : plus de 50 corps à ce jour ont été extraits de l'eau pour 9 survivants pris en charge par le gouvernement ivoirien. Dans la même journée, toujours en début d'après-midi, deux autres bus (un autobus de la ligne 11 et celui de la ligne 35) entrent en collision au niveau du feu tricolore de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) à Adjamé. On dénombre 11 blessés.
Aujourd'hui, moins d'une semaine après ce drame, la population et particulièrement les abonnés aux bus sont habités par la psychose. Le 9 août dernier, il est un peu plus de 9h30mn lorsque nous nous abritons au terminus sis non loin des grands moulins d'Abidjan, à Vridi. Un bus dont les vitres des portières avant et arrière ont volé en éclats depuis belle lurette s'arrête dans un bruit assourdissant. L'homme accoudé sur la barre du terminus remue la tête. Le visage fermé, il lance cette phrase avant de s'engouffrer dans le bus déjà trop bondé et portant le numéro 19 : "je suis vraiment serré (Ndlr : jargon ivoirien signifiant, n’avoir aucune alternative". Et comme lui, ils sont nombreux à le penser ainsi. En particulier les nombreux fonctionnaires, agents de l'Etat, les commerçants, les salariés ou même les jeunes, à l'instar d'Adèle K. Cette jeune dame qui affirme effectuer un stage dans une structure privée sise au Plateau et habitant Koumassi prend l'autobus aux environs de 6h du matin pour se rendre à son lieu de travail. "Depuis le vendredi, j'ai peur de prendre les bus. Quand je pense à ce qui est arrivé à ces gens-là, j'ai également peur pour ma vie. Mais je n'ai pas le choix parce que le coût du transport avec le bus me revient moins cher", nous confie-t-elle, avant de nous poser la question de savoir si la vétusté de ces "nouveaux bus" ne serait pas à l'origine de ces accidents qui ont eu lieu le 5 août dernier. Une question à laquelle nous ne pouvons lui donner des réponses claires.
Revoir les engins et la formation
Pour Nicholas About, comptable au District d'Abidjan et qui attendait la ligne 29 ou 06 du bus (en partance pour Port-Bouët) à la gare lagunaire du Plateau, ce qui est arrivé le 5 août est le destin. Toutefois, reconnaît-il, les chauffeurs de bus doivent être prudents. "C'est vrai que c'est le destin mais si les chauffeurs de bus roulent prudemment, il y a plein de choses qui auraient pu être ou qui seront évitées". Comme nous l'a confié Abdoul, chauffeur de taxi, avec cet énième accident qui a eu lieu, deux questions majeures se posent sur l'état actuel des bus de la Sotra pris à l'étranger à coups de milliards. Etaient-ils vraiment neufs lors de leur acquisition et sur quelle base sont recrutés les chauffeurs de bus dont la population s'en plaint régulièrement et qui exercent une double fonction : la coupure de ticket de bus et la conduite des passagers ?
Cinthia R Aka
Aujourd'hui, moins d'une semaine après ce drame, la population et particulièrement les abonnés aux bus sont habités par la psychose. Le 9 août dernier, il est un peu plus de 9h30mn lorsque nous nous abritons au terminus sis non loin des grands moulins d'Abidjan, à Vridi. Un bus dont les vitres des portières avant et arrière ont volé en éclats depuis belle lurette s'arrête dans un bruit assourdissant. L'homme accoudé sur la barre du terminus remue la tête. Le visage fermé, il lance cette phrase avant de s'engouffrer dans le bus déjà trop bondé et portant le numéro 19 : "je suis vraiment serré (Ndlr : jargon ivoirien signifiant, n’avoir aucune alternative". Et comme lui, ils sont nombreux à le penser ainsi. En particulier les nombreux fonctionnaires, agents de l'Etat, les commerçants, les salariés ou même les jeunes, à l'instar d'Adèle K. Cette jeune dame qui affirme effectuer un stage dans une structure privée sise au Plateau et habitant Koumassi prend l'autobus aux environs de 6h du matin pour se rendre à son lieu de travail. "Depuis le vendredi, j'ai peur de prendre les bus. Quand je pense à ce qui est arrivé à ces gens-là, j'ai également peur pour ma vie. Mais je n'ai pas le choix parce que le coût du transport avec le bus me revient moins cher", nous confie-t-elle, avant de nous poser la question de savoir si la vétusté de ces "nouveaux bus" ne serait pas à l'origine de ces accidents qui ont eu lieu le 5 août dernier. Une question à laquelle nous ne pouvons lui donner des réponses claires.
Revoir les engins et la formation
Pour Nicholas About, comptable au District d'Abidjan et qui attendait la ligne 29 ou 06 du bus (en partance pour Port-Bouët) à la gare lagunaire du Plateau, ce qui est arrivé le 5 août est le destin. Toutefois, reconnaît-il, les chauffeurs de bus doivent être prudents. "C'est vrai que c'est le destin mais si les chauffeurs de bus roulent prudemment, il y a plein de choses qui auraient pu être ou qui seront évitées". Comme nous l'a confié Abdoul, chauffeur de taxi, avec cet énième accident qui a eu lieu, deux questions majeures se posent sur l'état actuel des bus de la Sotra pris à l'étranger à coups de milliards. Etaient-ils vraiment neufs lors de leur acquisition et sur quelle base sont recrutés les chauffeurs de bus dont la population s'en plaint régulièrement et qui exercent une double fonction : la coupure de ticket de bus et la conduite des passagers ?
Cinthia R Aka