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Afrique Publié le mercredi 17 août 2011 | Le Democrate

Démocratie en Afrique noire : Pourquoi le continent subira toujours

Depuis près d’une décennie, le continent africain connaît une expansion économique considérable, avec une moyenne de 5% de croissance annuelle au cours des dix ans qui ont précédé la crise économique de 2008. Selon une analyse de slateafrique, au fur et à mesure que la croissance s’accélérait et que les plus fortunés, qui sont d’ailleurs les plus corrompus, amassaient de gigantesques fortunes, l’écart entre ceux-ci et ceux qui doivent marcher derrière n’a fait que se creuser.


Un groupe de chercheurs indépendants basé à Johannesburg estime que les inégalités sont en fait pires qu’à la fin de l’apartheid en Afrique du Sud. Le coefficient du pays, qui mesure les inégalités, est de 0,65, ce qui en fait le deuxième pays le plus inégalitaire de la planète. Cette révélation qui, sans surprise, n’a pourtant pas empêché les 40 plus grosses entreprises de la place boursière du pays, d’augmenter le salaire médian de leurs dirigeants de 23% l’année dernière. Mais une croissance rapide et la consommation ostentatoire qui en découle immanquablement peuvent s’avérer risquées lorsqu’il n’existe que peu de soupapes de sécurité politiques. La conséquence, comme nous avons pu le voir en Égypte et ailleurs, est que les régimes autoritaires qui ont permis à leurs économies de s’ouvrir sont devenus mûrs pour la révolution. À travers tout le continent africain, cette dynamique, associée à des angoisses plus concrètes comme l’augmentation du prix du carburant et de la nourriture, a poussé les gens à descendre dans la rue dans une dizaine de capitales. Voici des pays où le printemps arabe est en passe de devenir un long, chaud, et potentiellement incendiaire été africain.

Le Malawi
Depuis le 20 juillet dernier, des manifestations secouent ce pays d’Afrique australe sans accès à la mer, quand, le ressentiment engendré par les problèmes économiques du pays, qui couvait depuis un bon moment a fini par exploser. Des dizaines de milliers de personnes ont investi les rues de la capitale commerciale du pays, ainsi que d’autres grandes villes, pour dénoncer les pénuries de carburant, le manque de devises étrangères et l’augmentation du coût de la vie. Le président Bingu Wa Mutharika, ancien économiste de la Banque mondiale de plus en plus impopulaire à cause de sa mauvaise gestion des finances du pays, a réagi avec toute la subtilité typique d’un homme fort, en ordonnant à l’armée d’écraser les manifestations dans trois principales villes, provoquant la mort de plus de 18 personnes. La réaction du président aux troubles lui a valu d’être condamné par la communauté internationale. Et récemment, en réponse à ces violences, un consortium a suspendu un financement de plus 162 milliards de Fcfa, destiné à améliorer la fourniture en électricité du pays. Début juillet, avant que n’éclatent les manifestations, la Grande-Bretagne avait suspendu son aide au Malawi en réaction, entre autres, à des violations persistantes des droits humains.

La Guinée-Bissau
Cette petite nation d’Afrique de l’Ouest, connue pour s’être aventurée dans la cour des grands dans le secteur du narcotrafic mondial, a été aussi secouée les par une vague de manifestations. Les protestations qui ont fait descendre plus d’un millier de personnes dans la rue en deux occasions ont été organisées par une coalition de 13 partis d’opposition. Le Premier ministre Carlos Gomes Jr., largement soupçonné de tremper dans une série d’assassinats politiques datant de 2009, est la principale cible des manifestants qui réclament sa démission. L’ancien président Joao Bernardo Vieira et le chef des armées, le général Batista Tagme Na Waie, ont été assassinés à moins de 12 heures d’intervalle en mars 2009, et deux autres éminents politiciens ont été tués quelques mois plus tard. Les enquêtes diligentées par le gouvernement actuel n’ont rien donné, faisant naître le soupçon que Gomes lui-même serait derrière les assassinats. Les négociations qui se sont tenues le mardi 26 juillet entre le président de Guinée-Bissau, Malam Bacai Sanha, et les leaders de l’opposition, ont, dit-on, quelque peu apaiser les tensions.

Le Sénégal
Les manifestations continuent de façon sporadique dans le pays, depuis le 23 juin, date où le président Abdoulaye Wade a proposé des amendements constitutionnels qui lui permettraient d’effectuer facilement un troisième mandat alors que la Constitution sénégalaise ne permet d’effectuer que deux mandats présidentiels. Il a également proposé de faire passer le seuil de victoire de 50% à 25% des voix au premier tour et de créer un poste de Vice-président, qu’il serait occupé par son fils Karim, lui succéder automatiquement en cas de décès. Les critiques du président protestent que ces amendements garantiraient presque à coup sûr la réélection de Wade tout en ouvrant à son fils la voie de sa succession. Après une semaine de manifestations qui ont culminé avec l’incendie de plusieurs bâtiments gouvernementaux, notamment de Senelec, la compagnie d’électricité d’État, l’armée a été déployée pour ramener l’ordre.

L’Ouganda
Déçus par des conditions économiques désastreuses et endurcis par la réponse brutale du régime, des manifestants ont affronté les forces de sécurité loyales au président Yoweri Museveni en Avril dernier. Ils ont brûlé des pneus et jeté des cailloux sur les policiers, qui ont répondu à coup de gaz lacrymogène, de balles en caoutchouc et parfois réelles, causant au moins 10 morts et des centaines de blessés. En juin, il semblait que la réaction violente de Museveni avait atteint le but recherché. Besigye a été arrêté et accusé d’incitation à la violence pour son rôle dans les marches de travailleurs. Certains analystes craignent toujours que les troubles aient aggravé les conditions de vie des Ougandais, parce que, Museveni, au pouvoir depuis un quart de siècle, a juré de traquer les manifestants. Mais avec la détérioration continue des conditions économiques, il continue à s'enorgueillir obstinément de sa propre gestion de l’économie ougandaise.

L’Afrique du Sud
L’Afrique du Sud, où plus d’un millier de mineurs ont observé une grève en juillet dernier, était déjà secouée par des troubles civils intermittents bien avant le début des troubles dans les pays arabes, cette année. Les problèmes économiques, les pénuries d’eau et la menace d’une crise du logement, ont été les causes de ce soulèvement. Au mois de février 2011, les tensions ont atteint leur apogée quand la police a tiré à balles réelles sur des manifestants qui brûlaient des pneus, lançaient des pierres et tiraient sur la police anti-émeute dans la province du nord-est de Mpumalanga. L’incident s’est produit suite au discours du président Jacob Zuma, dans lequel la population s’est sentie flouée lorsqu’il s’est félicité de l’augmentation du nombre d’emplois créés et prétendait que le pays était sur la voie de la reprise économique. Ces différents troubles et manifestations ont touché d’autres pays africains, notamment le Burkina Faso, où des manifestations ont paralysé récemment le pays pour cause d’augmentation du prix des denrées de tous ordres et une mutinerie généralisée occasionnée par les forces de sécurité. En réaction à cette insubordination, le président Blaise Compaoré a dissous le gouvernement et a fait des concessions à l’armée, un geste qui a un peu contribué à l’apaisement. Malheureusement avec la marche des commerçants dans les rues des principales villes du pays, le premier Magistrat du pays a du lever le ton en faisant réprimer les manifestations et 566 soldats mis au dehors du fait de leur participation aux différents troubles. Le Zimbabwe aussi a connu ses moments de troubles et de contestations. Mais Robert Mugabe, très prompt, a ordonné l'arrestation de 46 activistes et mis le grappin sur le leader de l’opposition Morgan Tsvangirai, accusés de fomenter un soulèvement semblable à celui de l’Égypte en février...

Brou François
Source : slateafrique
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