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Politique Publié le lundi 22 août 2011 | Le Democrate

Pdci-Rda / Claude Emolo (Président national du Grand Conseil) : ‘‘Un autre échec sera fatal au parti’’

Claude Emolo est le président de la coordination national du Grand Conseil et secrétaire national adjoint chargé de la Jeunesse et des sports du Pdci-Rda. Dans cet entretien, il explique pourquoi le Grand Conseil continue de s’opposer à la mise sur pied de la commission électorale. Selon lui, il y a mieux à faire avant l’élection législative.

Le Grand conseil que vous présidez a dénoncé la mise sur pied de la Commission électorale. Pourtant, celle-ci continue ses activités. Est-ce à dire que vos inquiétudes n’ont pas été prises en compte ?

Ce que je peux dire, c’est que la commission a créé beaucoup de problèmes.

Quels sont ces problèmes ?

Vous allez les vivre puisque ces problèmes sont gros comme un bœuf. Nous avons attiré l’attention des uns et des autres sur les dangers que courait le parti en mettant en place une telle commission.

Dans vos propositions diffusées dans la presse, vous avez demandé un bilan afin de voir ce qui n’a pas marché lors de l’élection présidentielle. Le Secrétaire Général Alphonse Djédjé Mady a dit lors du séminaire des jeunes du Pdci à Grand-Bassam que ce bilan sera fait avant les élections législatives. Peut-on dire que votre message a été entendu ?

La chose a été diversement appréciée. Entendu ou pas, un jour ou l’autre, il va falloir faire ce bilan. Je leur ai demandé de chercher à savoir pourquoi nous avons perdu à l’élection présidentielle. Ils ont dit que le Pdci n’a jamais perdu d’élection. S’ils pensent que nous pouvons aller comme cela et gagner tant mieux. Mais je dis que le bilan du premier tour de l’élection présidentielle s’impose.

Concernant la commission électorale, récemment vous avez déposé des courriers de protestation au Secrétariat général de votre parti et au secrétariat de ladite commission. Avez-vous eu une suite à cela,

Au Pdci, il y a malheureusement les uns et les autres. Alors que nous ne sommes plus au pouvoir depuis onze (11) ans. Les attitudes et les mentalités devraient changer. On devrait s’adapter au fait qu’aujourd’hui les données ne sont plus les mêmes. Un parti est créé uniquement pour l’exercice du pouvoir d’Etat. Et l’on doit se donner les moyens pour atteindre cet objectif. En dehors de cela, il n’y a rien d’autre. En tant que parti politique, nous devons amener tous les talents, toutes les énergies ensemble pour atteindre cet objectif. Il faut un tout petit peu d’humilité. A quelque pallier qu’on se trouve, on est utile parce que chacun à sa voix. Et surtout que le parti n’a pas grand’chose à offrir aujourd’hui puisque nous ne sommes plus au pouvoir. Quand les gens soulèvent un problème, il faut les approcher, comprendre leur motivation, voir s’ils ont tort ou raison, essayer d’apporter des corrections pour le bien du parti. Je crois que ce qui est en train de se passer est peut-être unique en Côte d’Ivoire et peut-être en Afrique. On appréciera tous les résultats. L’essentiel est que nous gagnons pour avoir un positionnement encore honorable sur l’échiquier politique national. Si ce n’est pas le cas, nous allons tous en tirer les conséquences.

Vous êtes le représentant d’une instance légale du Pdci. Mais vous semblez prêcher dans le désert. Quelles ont été vos actions envers le premier responsable de votre parti pour qu’il puisse se prononcer sur cette question ?

Chacun joue sa partition. Nous avons lancé un appel. C’est aux résultats que nous allons juger. Nous souhaitons vraiment avoir tort. Au niveau du parti, le président lui-même a joué pleinement sa partition. Il a créé la cohésion, la stabilité, il a effectué des tournées sur l’ensemble du territoire, il a donné des indications qui sont restées lettre morte sur le terrain.

Il sait que ce que nous sommes en train de dire est une réalité. Pour ne pas que les mêmes causes se produisent, il faut chercher à savoir ce qui a fait que nous n’avons pas pu rassembler les PV, nous n’avons pas pu comptabiliser nos voix. Vous avez su ce qui s’est passé au point de dire par moment « on a gagné » ou « on nous a volés ». Tout cela est ridicule. Il faut que cela change. Nous sommes tous militants, il faut que les choses changent. Nous ne voulons pas faire plaisir à Pierre ou à Paul et notre action n’est dirigée contre personne.

N’est-ce pas parce que la Commission électorale a été créée avec la caution du Président Bédié qu’il ne réagit pas ?

Mais ce n’est pas forcément parce que le Président du parti a créé qu’il ne faut pas relever les insuffisances. Regardez vous-même le fonctionnement de la commission ?

Comment fonctionne-t-elle ?

Tout le monde s’agrippe à la commission comme une bouée de sauvetage. Pour sauver quoi alors qu’on a perdu à la présidentielle ? On vous demande tout simplement de rechercher les causes de l’échec, réorienter les choses afin que nous soyons compétitifs sur le terrain. Il y a tellement de problèmes à régler qu’on nous focalise sur des choix de candidature comme si cela allait régler tous ces problèmes qui se posent à ce parti. On peut choisir Pierre ou Paul et perdre les élections. Nous sommes dans une alliance qui de surcroit a remporté l’élection présidentielle. Mais on va comment à ces élections ? Et qu’est-ce qu’on fait de cette alliance ? On veut effrayer qui en procédant de la sorte ? Je crois qu’il faut faire très attention car le problème se trouve ailleurs. Ce n’est pas ce qu’on est train de faire qui peut sauver une quelconque situation. Je ne suis pas d’accord avec cette façon de faire. Que le président du parti l’ait cautionné ou pas, c’est un démocrate. Mais si dans l’application des choses il y a problème, il faut tenir compte des observations.

Ce sont les mêmes qui nous ont fait perdre les élections. Et ils n’ont pas changé leur méthode. C'est-à-dire qu’ils nous conduisent tout droit dans le mur. Il y a communiqués sur communiqués. Lisez les autres organes proches des autres partis, tout se fait dans la discrétion. Pensez-vous qu’il n’y a pas de problèmes à leur niveau ? Mais dans ces partis, les gens ont jugé utile d’aller sur le terrain, d’aller remercier leurs militants, de reprendre contact avec la base, de remobiliser les militants. C’est de cela qu’il s’agit. On parle d’implantation, d’une réalité sociologique, mais il faut que cela se transforme en victoire. Si ce n’est pas le cas, ce sont des propos qui n’ont pas de fondement.

Vous avez parlé d’alliance. Il y avait une commission qui avait été mise en place pour statuer sur cette candidature au niveau du Rhdp. Y a-t-il un problème à ce niveau ?

Je n’en sais rien. La commission a fait des propositions à la conférence des présidents et nous attendons. Mais ce qui est sûr, le président du directoire du Rhdp est Pdci-Rda, le Président de la conférence des Présidents du Rhdp est Pdci-Rda. Il faut donc fait très attention. Il ne faut pas se mettre la pression. Après les primaires on va où et on fait quoi ?

La commission électorale elle-même a du mal à recadrer sa fonction. Pensez-vous que pour faire des primaires on a besoin de déposer des dossiers et payer des cautions ? On pouvait demander simplement d’organiser des primaires et ceux qui sont retenus on transmet leur dossier à la direction du parti. C’est tout. On n’a pas besoin de faire tout cela pour déboucher sur des primaires. On commence toujours une maison par la fondation et non pas par le toit. Aujourd’hui, on demande encore de reconstituer les bureaux des comités et des sections pour les acheminer à la Commission pour aller organiser des primaires à la base.

Où est le problème ?

Mais il faut gagner du temps et de l’argent. La campagne est en grande partie à la charge des candidats. Il ne faut pas les amener à dépenser davantage. Savez-vous ce que coûtent les primaires ? Il faut simplifier les choses. Il n’y a rien de nouveau. On peut désigner un membre de la direction du parti et dire par exemple à Koumassi ou à Port-Bouët, comme il n’ y a pas de consensus, on va interroger les militants à la base pour dire qu’on va au primaire. Et puis si c’est maintenant que les Délégués doivent envoyer la liste des membres de leurs bureaux, je comprends pourquoi nous avons perdu les élections. Et le Grand Conseil a dénoncé le disfonctionnement des délégations. Si les Délégués n’ont pas eu de bureaux et si ce sont les mêmes qui les constituent maintenant qui doivent choisir les représentants du parti aux futures élections alors que certains d’entre eux sont candidats , quels choix crédibles vont-ils opérer? Vraiment, il faut revoir la formule. Il faut se poser deux questions fondamentales. On va comment et qui peut faire quoi ? Le parti a besoin d’être reconstruit. L’essentiel c’est de remobiliser les militants, les réarmer pour des objectifs nouveaux. Il faut donc procéder autrement pour ne pas que nous connaissions des lendemains difficiles au niveau politique. Vu la mentalité de nos militants, un autre échec va être fatal au parti. Les candidats Pdci doivent faire des primaires à la base en s’affrontant d’abord, ensuite en s’épuisant financièrement et enfin en créant des divisions sur le terrain et après on vient à la compétition face au véritable adversaire. Il faut faciliter les choses.

Nous ne fléchirons pas. Ce n’est pas une menace. Mais je dis que ceux qui ne veulent pas nous soutenir, les difficultés les attendent devant.

Que préconisez-vous ?

Il faut pouvoir choisir en toute honnêteté les meilleurs d’entre nous pour nous représenter dans les combats afin de repositionner le parti. Se mettre à jour au niveau des cotisations c’est normal. Mais après, il faut faciliter les choses aux gens. Donc nous préconisons de maintenir l’alliance Rhdp pour nous maintenir dans la dynamique qui nous a conduits à la victoire au deuxième tour de la présidentielle. La fraternité, qui s’est créée doit être maintenue pour le futur du Pdci-Rda. C’est en cela que nous disons toujours merci au Président Bédié d’avoir donné ce mot d’ordre et d’avoir soutenu le Président Alassane jusqu’au bout. En tout cas, en ce qui nous concerne au Grand Conseil, nous soutiendrons toujours le Président Henri Konan Bédié que nous remercions vivement.

Vous êtes membre du Secrétariat général. L’on parle d’une guéguerre entre vous et le Secrétaire Général Djédjé Mady. Qu’en est-il ?

Il n’y a pas de guéguerre. A ce que je sache, Djédjé Mady n’est pas membre de la commission dont nous avons demandé la dissolution. Ce n’est pas le président du Grand Conseil, c’est un groupe membre du Grand Conseil qui s’est réuni pour pondre sa déclaration.

Oui mais vous êtes le porte-parole ?

Mais Djédjé Mady lui-même est porte-parole du parti. Non, je dis qu’il n’y a pas de guéguerre. Chacun demeure à son poste. Nous nous retrouvons tous dans le cadre du parti.

Et après cela chacun rentre chez lui. Je n’ai pas de problème avec le Secrétaire Mady. Nous avons fait une déclaration, il a répondu comme bon lui semble, nous avons répliqué c’est tout. S’il répond à nouveau, nous répliquerons. Ceux qui nous attaquent, nous leur apporterons une réponse appropriée mais dans la courtoisie.

Un appel particulier ?

Je demande aux uns et aux autres de se ressaisir. De ne pas focaliser le parti sur des combats fratricides, des combats internes. Il faut aller à l’essentiel. Quand vous prenez simplement les résultats qu’on nous a attribués au premier tour de l’élection présidentielle, vous vous rendez compte qu’il y a un immense travail de remobilisation à faire à la base.

Que tout le monde s’attèle à cette tâche. Qu’on face tous bloc, qu’on continue à faire confiance au Président Bédié, garant de l’unité et de la cohésion au sein du Pdci-Rda. Il faut que nous lui apportons le soutien nécessaire et suivons les orientations qu’il donne pour maintenir le Pdci et la Côte d’Ivoire débout. J’invite tous les membres du Grand Conseil à se joindre à ce combat et partant à tous les militants qui œuvrent pour la pérennité du Pdci-Rda. Parce que nous pensons que le Pdci-Rda, Père de la Côte d’Ivoire moderne doit encore demeurer. Et ce n’est pas sous notre ère que le parti doit disparaître. Nous y tenons fermement.

Interview réalisée par Benoît Amon
benkad2008@yahoo.fr
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