Cette année, le coût des denrées alimentaires rend plus contraignant l’observance du jeûne. Dans le Denguélé, les ménages manifestent leur mécontentement.
«L’année passée, avec 1.000 Fcfa, on réussissait à réunir les condiments pour le repas. Cette année, les 2.000 Fcfa que j’ai obtenus de mon mari n’arrivent même pas à nous garantir le repas du lever du jour », se plaint une dame, un sachet noir en main, et qui sortait du marché central de condiments d’Odienné. Il est 10 heures ce lundi 15 août 2011. Cette mère de famille de 10 personnes s’interroge sur la flambée des prix des denrées alimentaires. Non loin de là, près de la nouvelle boucherie construite récemment par la mairie, une autre dame se lamente avec un enfant endormi au dos. Mine renfrognée, elle vient de se disputer avec le vendeur de viande. Elle se plaint de la quantité de viande que les bouchers lui ont servie. « Le kilo est passé de 1200 à 1600 Fcfa», fulmine-t-elle.
Odienné, ville pastorale très chère
Concernant la viande, les Odiennékas disent ne pas comprendre pourquoi le prix du kilogramme est si cher dans une zone pastorale. « Dans toutes les zones Centre, nord, ouest(Cno), c’est Odienné qui est la ville la plus chère », s’étonne cette femme qui dit être l’épouse d’un fonctionnaire récemment affecté dans la cité du Kabadougou. « A Korhogo, le kilo de viande ne dépasse pas 1.300 Fcfa», témoigne-t-elle. Nous traversons la boucherie pour retourner au cœur du hangar qui abrite le marché aux condiments. Devant une multitude d’étals se bousculent clientes et vendeuses, les unes servant leurs clients, les autres assises ou debout pour proposer aux passants leurs marchandises. Tas de tomates, de gombo frais, du gombo sec, de la pâte d’arachide, du piment, des aubergines, des choux... Au milieu de cette foule que domine largement la gent féminine, un jeune garçon, D. M, assis sur un banc sert une cliente tandis qu’une autre attend. Il est élève en classe de troisième au Collège Moderne. « Aujourd’hui, jour férié, j’aide ma mère, elle fait le ménage à la maison », a-t-il indiqué. Il nous livre le prix des condiments. Un tas de trois gombos à 25 Fcfa, un tas de trois aubergines à 100 francs, deux pieds de salades à 200 Fcfa, trois boules de tomates à 100 Fcfa, un kilogramme d’oignon à 650. « Tous ces prix indiqués correspondent au double de ceux pratiqués l’année dernière », soutient une cliente qui venait de s’approvisionner chez le jeune D.M. Nous prenons congé de ce grand hangar et de son brouhaha. Nous voici sur l’artère qui remonte jusqu’au thé club 1. Nous sommes maintenant devant une vendeuse d’ignames. « Je vous laisse une igname à 500 au lieu de 600 Fcfa», indique -t-elle. « Ces trois ignames coûtent 1.500 Fcfa. Si ce n’est pas cette année, on n’a jamais acheté une igname à ce prix à Odienné », soutient Mme Kourouma, l’épouse du premier adjoint au maire d’Odienné. Les produits de grande consommation ne sont pas en reste de cette flambée dont les ménagères de la cité du Kabadougou se plaignent. Surtout le sucre et le riz si consommés durant ce mois de ramadan. Dans tous les foyers, la bouillie est prisée sur les tables. D’où l’importance du sucre en ce mois de jeûne.
Riz, les 10 Fcfa font mal
Aussi, en offrir à une famille est un témoignage d’affection, de solidarité et de toutes les vertus qui raffermissent les liens familiaux et fraternels. En ce qui concerne les mesures de réduction prises par le gouvernement, la population du Denguélé ne sent pas les effets. Avant ces mesures, le kg de sucre blanc se vendait à 700 Fcfa à Odienné. Le gouvernement, en annonçant une « diminution » a fixé ce prix à 800 francs. Donnant donc carte blanche aux commerçants qui vendait en-dessous du prix de se conformer à la règle en augmentant le prix du sucre blanc entre 750 et 800 Fcfa le Kg. « On ne peut pas changer de prix sans s’informer sur ceux anciennement pratiqués sur le terrain. Nous avons été frustrés d’assister à cette comédie du gouvernement », soutient un père d’une famille de 12 membres. Quand à la baisse de 10 francs annoncée sur le riz à grande consommation par le ministère du commerce, les ménages considèrent ces mesures comme exclusives à Abidjan. On néglige même cette baisse. «Il faut qu’on prenne les Ivoiriens au sérieux. Ces diminutions annoncées frisent plutôt la démagogie. Sinon, pourquoi organiser une conférence de presse pour annoncer une baisse aussi insultante pour le niveau de pauvreté des Ivoiriens ; En tout cas, pour nous, 10 Fcfa de moins sur la popote, c’est une goutte d’eau retirée d’une rivière », soutient T. M. couturier à Odienné. Parlant de baisse du prix du riz, les populations se disent déçues par cette mésure. « On pensait à une baisse de moitié », clame Koné D. agriculteur du village de Sanogobramafélé, à une cinquantaine de Km d’Odienné. Cet agriculteur de 40 ans révèle comment des spéculateurs étrangers leur ont fait vider leur grenier : « les commerçants maliens et guinéens nous ont trompés. Pour nous convaincre que le président Alassane a réduit le prix du riz, il faudra vendre le sac de 50 kg importé à 8.000 Fcfa. La plupart des paysans ont sorti et livré leurs réserves de riz en vendant à 100 et 125 Fcfa le kg de riz padis. Ainsi, plus de 400 tonnes de riz ont été embarquées dans des camions de 10 tonnes et des camions de 12 roues en direction des pays frontaliers ». A l’instar de Sanogbramafélé, la plupart des villages frontaliers avec la Guinée et le Mali ont bradé à vil prix des centaines de tonnes à ces spéculateurs étrangers. Loin du schéma qu’on leur a fait espérer, ils se voient, sans aucune réserve, obliger de débourser d’avantage d’argent pour se nourrir. S’exposant ainsi aux caprices du mois de carême.
Tenin Bè Ousmane à Odienné
«L’année passée, avec 1.000 Fcfa, on réussissait à réunir les condiments pour le repas. Cette année, les 2.000 Fcfa que j’ai obtenus de mon mari n’arrivent même pas à nous garantir le repas du lever du jour », se plaint une dame, un sachet noir en main, et qui sortait du marché central de condiments d’Odienné. Il est 10 heures ce lundi 15 août 2011. Cette mère de famille de 10 personnes s’interroge sur la flambée des prix des denrées alimentaires. Non loin de là, près de la nouvelle boucherie construite récemment par la mairie, une autre dame se lamente avec un enfant endormi au dos. Mine renfrognée, elle vient de se disputer avec le vendeur de viande. Elle se plaint de la quantité de viande que les bouchers lui ont servie. « Le kilo est passé de 1200 à 1600 Fcfa», fulmine-t-elle.
Odienné, ville pastorale très chère
Concernant la viande, les Odiennékas disent ne pas comprendre pourquoi le prix du kilogramme est si cher dans une zone pastorale. « Dans toutes les zones Centre, nord, ouest(Cno), c’est Odienné qui est la ville la plus chère », s’étonne cette femme qui dit être l’épouse d’un fonctionnaire récemment affecté dans la cité du Kabadougou. « A Korhogo, le kilo de viande ne dépasse pas 1.300 Fcfa», témoigne-t-elle. Nous traversons la boucherie pour retourner au cœur du hangar qui abrite le marché aux condiments. Devant une multitude d’étals se bousculent clientes et vendeuses, les unes servant leurs clients, les autres assises ou debout pour proposer aux passants leurs marchandises. Tas de tomates, de gombo frais, du gombo sec, de la pâte d’arachide, du piment, des aubergines, des choux... Au milieu de cette foule que domine largement la gent féminine, un jeune garçon, D. M, assis sur un banc sert une cliente tandis qu’une autre attend. Il est élève en classe de troisième au Collège Moderne. « Aujourd’hui, jour férié, j’aide ma mère, elle fait le ménage à la maison », a-t-il indiqué. Il nous livre le prix des condiments. Un tas de trois gombos à 25 Fcfa, un tas de trois aubergines à 100 francs, deux pieds de salades à 200 Fcfa, trois boules de tomates à 100 Fcfa, un kilogramme d’oignon à 650. « Tous ces prix indiqués correspondent au double de ceux pratiqués l’année dernière », soutient une cliente qui venait de s’approvisionner chez le jeune D.M. Nous prenons congé de ce grand hangar et de son brouhaha. Nous voici sur l’artère qui remonte jusqu’au thé club 1. Nous sommes maintenant devant une vendeuse d’ignames. « Je vous laisse une igname à 500 au lieu de 600 Fcfa», indique -t-elle. « Ces trois ignames coûtent 1.500 Fcfa. Si ce n’est pas cette année, on n’a jamais acheté une igname à ce prix à Odienné », soutient Mme Kourouma, l’épouse du premier adjoint au maire d’Odienné. Les produits de grande consommation ne sont pas en reste de cette flambée dont les ménagères de la cité du Kabadougou se plaignent. Surtout le sucre et le riz si consommés durant ce mois de ramadan. Dans tous les foyers, la bouillie est prisée sur les tables. D’où l’importance du sucre en ce mois de jeûne.
Riz, les 10 Fcfa font mal
Aussi, en offrir à une famille est un témoignage d’affection, de solidarité et de toutes les vertus qui raffermissent les liens familiaux et fraternels. En ce qui concerne les mesures de réduction prises par le gouvernement, la population du Denguélé ne sent pas les effets. Avant ces mesures, le kg de sucre blanc se vendait à 700 Fcfa à Odienné. Le gouvernement, en annonçant une « diminution » a fixé ce prix à 800 francs. Donnant donc carte blanche aux commerçants qui vendait en-dessous du prix de se conformer à la règle en augmentant le prix du sucre blanc entre 750 et 800 Fcfa le Kg. « On ne peut pas changer de prix sans s’informer sur ceux anciennement pratiqués sur le terrain. Nous avons été frustrés d’assister à cette comédie du gouvernement », soutient un père d’une famille de 12 membres. Quand à la baisse de 10 francs annoncée sur le riz à grande consommation par le ministère du commerce, les ménages considèrent ces mesures comme exclusives à Abidjan. On néglige même cette baisse. «Il faut qu’on prenne les Ivoiriens au sérieux. Ces diminutions annoncées frisent plutôt la démagogie. Sinon, pourquoi organiser une conférence de presse pour annoncer une baisse aussi insultante pour le niveau de pauvreté des Ivoiriens ; En tout cas, pour nous, 10 Fcfa de moins sur la popote, c’est une goutte d’eau retirée d’une rivière », soutient T. M. couturier à Odienné. Parlant de baisse du prix du riz, les populations se disent déçues par cette mésure. « On pensait à une baisse de moitié », clame Koné D. agriculteur du village de Sanogobramafélé, à une cinquantaine de Km d’Odienné. Cet agriculteur de 40 ans révèle comment des spéculateurs étrangers leur ont fait vider leur grenier : « les commerçants maliens et guinéens nous ont trompés. Pour nous convaincre que le président Alassane a réduit le prix du riz, il faudra vendre le sac de 50 kg importé à 8.000 Fcfa. La plupart des paysans ont sorti et livré leurs réserves de riz en vendant à 100 et 125 Fcfa le kg de riz padis. Ainsi, plus de 400 tonnes de riz ont été embarquées dans des camions de 10 tonnes et des camions de 12 roues en direction des pays frontaliers ». A l’instar de Sanogbramafélé, la plupart des villages frontaliers avec la Guinée et le Mali ont bradé à vil prix des centaines de tonnes à ces spéculateurs étrangers. Loin du schéma qu’on leur a fait espérer, ils se voient, sans aucune réserve, obliger de débourser d’avantage d’argent pour se nourrir. S’exposant ainsi aux caprices du mois de carême.
Tenin Bè Ousmane à Odienné