Les élections législatives s'annoncent pour d'ici à décembre prochain. A moins de quatre mois de cette échéance, c'est la veillée d'armes dans les états-majors des partis politiques en Côte d'Ivoire. Si l'ex-parti au pouvoir, le Front populaire ivoirien (FPI), se trouve coincé à l'approche de ce scrutin, en raison de la dispersion de ses militants et de l'exil de ses dirigeants depuis la fin de la crise post-électorale, ce n'est pas non plus la sérénité dans le camp de ses adversaires que sont le PDCI et le RDR. Après avoir gagné la présidentielle en rangs serrés au sein de la coalition du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et pour la paix (RHDP) face à la coalition de ''La Majorité présidentielle'' (LMP), le débat fait rage en ce moment à l'intérieur de ces deux partis qui se partagent actuellement le pouvoir. L'on n'est plus loin d'affirmer que les partis du RHDP vont se retrouver en rangs dispersés aux prochaines élections locales, notamment aux législatives, qui s'annoncent avec fracas en leur sein. Au lendemain de la crise post-électorale, qui s'est terminée en leur faveur, la génération des années 40 – 50 de cette coalition de l'ex-opposition aujourd'hui au pouvoir, a lancé un débat qui fait des vagues aussi bien au PDCI qu'au RDR. Il s'agit du rajeunissement de la classe dirigeante, par la promotion de la jeunesse dans les instances de décisions telles que le gouvernement et le Parlement, où cette génération reléguée jusque-là à l'âge de la jeunesse dans ces formations politiques, veut être représentée. Face à l'intransigeance de leurs ainés, essentiellement des sexagénaires voire des septuagénaires nantis, qui se sentent encore utiles à la tâche, ces ''jeunes'' font couver une véritable bombe qui risque de compromettre les chances des partis du RHDP aux prochaines élections. On ne le dira pas ouvertement, mais l'on assiste à un vrai conflit de générations à l'intérieur du PDCI, mais aussi du RDR, ces deux formations principales du Rassemblement des Houphouétistes. Le secrétaire général du PDCI et président du directoire du RHDP, Alphonse Djédjé Mady, estime que la génération des Bertin Kouadio Konan et Karamoko Yayoro veut trop vite aller en besogne. Un discours que ne veulent point entendre les concernés qui, à 40 ans passés, n'entendent plus jouer le rôle de ''ramasseur de chaises'' et dénoncent ''l'égoïsme'' de leurs aînés, dont certains ont servi depuis qu'ils ont la trentaine. Pour trancher toutes les velléités qui se bousculent au lendemain de la victoire à la présidentielle offrant une chance supplémentaire de rafler davantage de postes aux scrutins locaux, le PDCI a annoncé des primaires pour désigner le candidat officiel du parti pour les législatives à venir. Si l'idée en soi est bonne, dans la pratique, elle ne constitue pas moins un danger pour cette formation politique. A peine est-elle lancée que se préparent des multitudes de candidatures de challengers dans plusieurs localités de la place. Au point où il se profile déjà la crainte que les primaires annoncées pour départager les prétendants ne débouchent sur des candidatures indépendantes susceptibles de diviser l'électorat dans chacune de ces localités. En 2001, l'expérience a montré dans plusieurs localités où il y a eu ces doubles candidatures, que l'adversaire, notamment le FPI, a raflé la mise haut-les-mains, à l'image de certaines communes d'Abidjan tenues par le parti de l'ex-président Laurent Gbagbo. L'un des cas patents, c'est la double victoire du candidat indépendant de Sakassou, Félix Akoto Yao, aux législatives et aux Conseils généraux, après avoir été mis à l'écart par les dirigeants de son parti. La suite, on la connait. Frustré et devenu insaisissable, Le même Félix Akoto se présentera à la présidentielle de 2010 contre le président du PDCI, Henri Konan Bédié, arrivé en 3ème position à ce scrutin. Tout comme le PDCI, le RDR veut également s'essayer au même jeu des primaires. Hélas, dans ce parti, le risque s'annonce encore plus grand, notamment après le sacrifice consenti par ses candidats de 2001 en renonçant à se présenter par solidarité à leur leader Alassane Ouattara dont la candidature avait été rejetée pour la présidentielle. Leur combat ayant payé, pour ces ''candidats recalés'' d'hier, l'heure est venue, Alassane Ouattara aujourd'hui au pouvoir, de se faire valoir. Par conséquent, ils ne sauraient accepter une autre ''injustice'' en laissant la place à de nouveaux ambitieux. Malheureusement, ils sont nombreux les cadres du RDR qui veulent profiter de leur avènement au pouvoir pour se positionner dans leurs différentes localités. Conséquence, le RDR pourrait se retrouver dans le même schéma que le PDCI avec les mêmes candidatures indépendantes. Difficile équation à résoudre dans les trois mois à venir, par ces deux principales formations du RHDP qui joue aussi sa cohésion au cours des prochains scrutins. Y a donc danger à l'horizon pour ces partis et même leur coalition.
F.D.BONY
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