Les effets pervers de la saison marine sont perceptibles sur les côtes bassamoises. La remontée des eaux froides perturbe les activités de la pêche causant l’angoisse au sein des populations.
La filière pêche plonge en eaux troubles dans la cité balnéaire de Grand-Bassam. Hangars détruits, cocotiers déracinés, déchets solides rejetés par la mer jonchent çà et là à la berge d’Azuretti ce lundi 29 août. Un groupe de pêcheurs s’active à sauver les meubles. Les pirogues sont mises à l’abri à une bonne distance des grandes vagues pour éviter qu’elles ne soient emportées par une mer sortie de son lit. C’est le désastre. D’autres pêcheurs par contre, assis sur la berge regardent impuissants les grandes vagues qui rongent avidement le littoral. Aller sur l’eau maintenant comporte de gros risques. Et depuis deux semaines, la mer menace de tout ravager.
Des équipements
engloutis par les eaux !
Ce phénomène que les spécialistes appellent l’équinoxe est perceptible généralement vers fin septembre. Il est caractérisé par la montée des eaux froides et de la lune. Mais les pêcheurs ne comprennent pas encore la virulence de la mer, cette année, tellement elle est agitée. «Nous sommes en difficulté depuis deux semaines. La mer est trop agitée. Elle a même détruit des hangars et déraciné des cocotiers. Nous sommes obligés d’attendre que cette période qui est curieusement longue cette année, passe. Car, habituellement, elle ne dure que 4 à 5 jours. Aujourd’hui, il est impossible voire dangereux pour nous d’aller sur l’eau», s’offusque Anthony Kouamé, jeune pêcheur à Azuretti. Pendant la discussion, il était en train de raccommoder ses filets pour aller tenter sa chance sur la lagune où il espère faire des prises de carpes. Une prise pas toujours évidente !
La raison, c’est que les captures y sont aussi en baisse à cause de l’envahissement des végétaux aquatiques. Comme lui, ils sont nombreux, les pêcheurs d’Azuretti à souffrir des effets pervers de la saison marine et qui essaient de se rabattre dans les eaux lagunaires pour espérer avoir la protéine recherchée. C’est le cas de Richard Kacou Koffi. «A Azuretti, notre métier c’est la pêche. Si la situation reste inchangée, ce serait une catastrophe», se désole-t-il. Cette situation de désespoir s’observe le long des plages bassamoises. Puisqu’ à Mondoukou également, les opérateurs ne sont pas en reste. Ils vivent le même calvaire. Même si dans ce village, les pêcheurs ont pour la plupart des pirogues motorisées. Les signes de l’arrêt des activités sont édifiants. D’autant que les pirogues sont mises à l’abri pour éviter qu’elles ne chavirent sous les grosses vagues issues du déferlement de la mer. Ces hommes de mer observent inquiets la remontée des eaux froides. Edouard Koffi, l’un des villageois, juge que l’absence de politique balnéaire tue la pêche. Mais mieux, il estime que la fermeture de l’embouchure il y a environ deux ans n’est pas de nature à arranger les choses. «Nous avons remarqué que depuis la fermeture de l’embouchure de la Comoé, les choses sont allées progressivement de mal en pis avec la baisse des captures. Ce problème rend impossible l’arrivée en lagune des poissons marins bons pour la commercialisation. Il empêche le mouvement des poissons vivant en eau douce d’aller se reproduire en mer», argumente-t-il visiblement attristé. Une chose est sûre, ces difficultés rencontrées par les opérateurs impactent négativement sur l’approvisionnement du marché. Ce qui donne lieu à une pénurie et à la hausse des prix du poisson. «Le marché de Bassam n’est plus correctement ravitaillé en poissons. Le tas de 5 petites carpes encore frétillantes qui était vendu à 500 Fcfa est passé à 1000Fcfa», a déploré Mme Ange Affoué, vendeuse de poissons au marché de Bassam. Avant d’ajouter que ses fournisseurs ont majoré leur prix en raison de la baisse des captures. Car, les cartons qui lui revenaient à 20.000 Fcfa sont livrés maintenant à 25.000 voire 30.000 Fcfa. A telle enseigne qu’elle est souvent obligée de vendre à perte ou à crédit. «Je n’ai pas plusieurs réfrigérateurs comme certains commerçants pour conserver pendant longtemps le poisson. Donc, il m’arrive de le vendre en dessous du prix indiqué ou de le livrer à crédit à mes clients que je connais parfaitement.
Les prix du poisson flambent
A cause des effets de la crise, les populations n’ont plus assez de moyen pour effectuer de gros achats», fait-elle remarquer. Restant ainsi sensible à la baisse du pouvoir d’achat de sa clientèle. «On n’arrive pas souvent à couvrir nos charges. Mais c’est un choix pour fidéliser les clients en attendant la reprise totale des activités», espère-t-elle. Or, elle affirme que par le passé, elle pouvait vendre plus de 25.000 Fcfa de poissons frais par jour contre 15.000 Fcfa aujourd’hui. Davis Sogba alias «Dj Bassam Fm» également vendeuse de poisson frais, s’est, quant à elle, reconvertie dans le poisson congelé. Mais que de difficultés là-aussi du fait du renchérissement des coûts. «Un carton de poisson magne oscille entre 15.000 et 16.000 Fcfa alors que des années auparavant, il se vendait à moindre coût. La marge bénéficiaire s’est considérablement réduite. Elle n’excède pas 500Fcfa. C’est pénible», fustige-t-elle. D’un commerce à un autre, les vendeuses ne décolèrent pas face à la rareté du poisson à Bassam et la surenchère qui en est fait. Pour multiplier les alternatives, certaines à l’image d’Adèle Kacou vendeuse de poisson braisé, se déporte à Adiaké pour passer des commandes. «Nous avons un plan d’eau important à Bassam, mais le coût du poisson demeure élevé. C’est un paradoxe incroyable. On ne trouve presque plus de carpes de 300 grammes à Bassam. Nous sommes obligés de passer la commande à Adiaké et le coût du transport se ressent sur le marché», soutient la commerçante. Outre, ces problèmes susmentionnés, les pêcheurs installés sur les côtes sont menacés également dans leurs activités par des pirates. Les bateaux asiatiques qui viennent sur les côtes nuitamment et clandestinement, pillent les eaux ivoiriennes et mettent en danger les ressources halieutiques. «Alors qu’ils doivent rester en haute mer et éviter les eaux ivoiriennes. Depuis plusieurs années, les armateurs à la pêche dénoncent ce phénomène. Il faut que les nouvelles autorités mettent de l’ordre maintenant», insiste Kouassi Kouamé, opérateur de la filière dans l’ancienne capitale.
Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam
La filière pêche plonge en eaux troubles dans la cité balnéaire de Grand-Bassam. Hangars détruits, cocotiers déracinés, déchets solides rejetés par la mer jonchent çà et là à la berge d’Azuretti ce lundi 29 août. Un groupe de pêcheurs s’active à sauver les meubles. Les pirogues sont mises à l’abri à une bonne distance des grandes vagues pour éviter qu’elles ne soient emportées par une mer sortie de son lit. C’est le désastre. D’autres pêcheurs par contre, assis sur la berge regardent impuissants les grandes vagues qui rongent avidement le littoral. Aller sur l’eau maintenant comporte de gros risques. Et depuis deux semaines, la mer menace de tout ravager.
Des équipements
engloutis par les eaux !
Ce phénomène que les spécialistes appellent l’équinoxe est perceptible généralement vers fin septembre. Il est caractérisé par la montée des eaux froides et de la lune. Mais les pêcheurs ne comprennent pas encore la virulence de la mer, cette année, tellement elle est agitée. «Nous sommes en difficulté depuis deux semaines. La mer est trop agitée. Elle a même détruit des hangars et déraciné des cocotiers. Nous sommes obligés d’attendre que cette période qui est curieusement longue cette année, passe. Car, habituellement, elle ne dure que 4 à 5 jours. Aujourd’hui, il est impossible voire dangereux pour nous d’aller sur l’eau», s’offusque Anthony Kouamé, jeune pêcheur à Azuretti. Pendant la discussion, il était en train de raccommoder ses filets pour aller tenter sa chance sur la lagune où il espère faire des prises de carpes. Une prise pas toujours évidente !
La raison, c’est que les captures y sont aussi en baisse à cause de l’envahissement des végétaux aquatiques. Comme lui, ils sont nombreux, les pêcheurs d’Azuretti à souffrir des effets pervers de la saison marine et qui essaient de se rabattre dans les eaux lagunaires pour espérer avoir la protéine recherchée. C’est le cas de Richard Kacou Koffi. «A Azuretti, notre métier c’est la pêche. Si la situation reste inchangée, ce serait une catastrophe», se désole-t-il. Cette situation de désespoir s’observe le long des plages bassamoises. Puisqu’ à Mondoukou également, les opérateurs ne sont pas en reste. Ils vivent le même calvaire. Même si dans ce village, les pêcheurs ont pour la plupart des pirogues motorisées. Les signes de l’arrêt des activités sont édifiants. D’autant que les pirogues sont mises à l’abri pour éviter qu’elles ne chavirent sous les grosses vagues issues du déferlement de la mer. Ces hommes de mer observent inquiets la remontée des eaux froides. Edouard Koffi, l’un des villageois, juge que l’absence de politique balnéaire tue la pêche. Mais mieux, il estime que la fermeture de l’embouchure il y a environ deux ans n’est pas de nature à arranger les choses. «Nous avons remarqué que depuis la fermeture de l’embouchure de la Comoé, les choses sont allées progressivement de mal en pis avec la baisse des captures. Ce problème rend impossible l’arrivée en lagune des poissons marins bons pour la commercialisation. Il empêche le mouvement des poissons vivant en eau douce d’aller se reproduire en mer», argumente-t-il visiblement attristé. Une chose est sûre, ces difficultés rencontrées par les opérateurs impactent négativement sur l’approvisionnement du marché. Ce qui donne lieu à une pénurie et à la hausse des prix du poisson. «Le marché de Bassam n’est plus correctement ravitaillé en poissons. Le tas de 5 petites carpes encore frétillantes qui était vendu à 500 Fcfa est passé à 1000Fcfa», a déploré Mme Ange Affoué, vendeuse de poissons au marché de Bassam. Avant d’ajouter que ses fournisseurs ont majoré leur prix en raison de la baisse des captures. Car, les cartons qui lui revenaient à 20.000 Fcfa sont livrés maintenant à 25.000 voire 30.000 Fcfa. A telle enseigne qu’elle est souvent obligée de vendre à perte ou à crédit. «Je n’ai pas plusieurs réfrigérateurs comme certains commerçants pour conserver pendant longtemps le poisson. Donc, il m’arrive de le vendre en dessous du prix indiqué ou de le livrer à crédit à mes clients que je connais parfaitement.
Les prix du poisson flambent
A cause des effets de la crise, les populations n’ont plus assez de moyen pour effectuer de gros achats», fait-elle remarquer. Restant ainsi sensible à la baisse du pouvoir d’achat de sa clientèle. «On n’arrive pas souvent à couvrir nos charges. Mais c’est un choix pour fidéliser les clients en attendant la reprise totale des activités», espère-t-elle. Or, elle affirme que par le passé, elle pouvait vendre plus de 25.000 Fcfa de poissons frais par jour contre 15.000 Fcfa aujourd’hui. Davis Sogba alias «Dj Bassam Fm» également vendeuse de poisson frais, s’est, quant à elle, reconvertie dans le poisson congelé. Mais que de difficultés là-aussi du fait du renchérissement des coûts. «Un carton de poisson magne oscille entre 15.000 et 16.000 Fcfa alors que des années auparavant, il se vendait à moindre coût. La marge bénéficiaire s’est considérablement réduite. Elle n’excède pas 500Fcfa. C’est pénible», fustige-t-elle. D’un commerce à un autre, les vendeuses ne décolèrent pas face à la rareté du poisson à Bassam et la surenchère qui en est fait. Pour multiplier les alternatives, certaines à l’image d’Adèle Kacou vendeuse de poisson braisé, se déporte à Adiaké pour passer des commandes. «Nous avons un plan d’eau important à Bassam, mais le coût du poisson demeure élevé. C’est un paradoxe incroyable. On ne trouve presque plus de carpes de 300 grammes à Bassam. Nous sommes obligés de passer la commande à Adiaké et le coût du transport se ressent sur le marché», soutient la commerçante. Outre, ces problèmes susmentionnés, les pêcheurs installés sur les côtes sont menacés également dans leurs activités par des pirates. Les bateaux asiatiques qui viennent sur les côtes nuitamment et clandestinement, pillent les eaux ivoiriennes et mettent en danger les ressources halieutiques. «Alors qu’ils doivent rester en haute mer et éviter les eaux ivoiriennes. Depuis plusieurs années, les armateurs à la pêche dénoncent ce phénomène. Il faut que les nouvelles autorités mettent de l’ordre maintenant», insiste Kouassi Kouamé, opérateur de la filière dans l’ancienne capitale.
Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam