Persévérer dans la campagne selon laquelle l’ancien chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo a été mal inspiré d’avoir acheté des armes pour l’armée de son pays, alors que les grandes nations du monde sont adossées à des armées puissantes, n’est rien d’autre qu’une rhétorique impérialiste pour faire de la place à l’armée française et maintenir ainsi, indéfiniment, la Côte d’Ivoire dans la dépendance de cette puissance étrangère. Le confrère Le Nouveau Réveil vient de faire mieux que France 24 (porte-voix de Paris) dans l’affaire « 78 bombes à Yamoussoukro ».
A sa Une de vendredi 2 septembre 2011, le confrère Le Nouveau Réveil affichait comme éléments à charge, pour condamner à vie, l’ex chef de l’Etat Laurent Gbagbo : « Exclusif/Planquées par Gbagbo à Yamoussoukro/78 bombes de 546 000 tonnes découvertes/Quand ? Où ? Comment et par qui ?... » Et l’auteur de l’article commence : « 78 bombes de plusieurs milliers de tonnes, c`est la stupéfiante et incroyable découverte que les Forces républicaines de Côte d`Ivoire (Frci), la Gendarmerie et la police nationales viennent de faire hier à Yamoussoukro, dans notre paisible capitale politique et administrative. » Et il continue en prêtant des intentions à un homme qui, tout le temps durant sa présence dans l’opposition et au pouvoir, n’a fait que œuvrer pour la liberté et la paix : « Des engins explosifs pesant 7000 tonnes chacun (…) que l`ancien chef de l`Etat se proposait certainement d’utiliser dans le cadre d`une guerre éclair pour tuer, détruire, installer la ruine et le chaos. » Et d’y aller de son émotion, persuadé qu’il a le président du Cnp, Eugène Dié Kacou, de son côté : « (…) Or donc nous avons tous minimisé l`instinct criminel de M. Laurent Gbagbo » Et comme un avocat de l’impérialisme, l’auteur poursuit sa rhétorique : « Tous s`interrogeraient sur la cruauté et les desseins qui ont guidé les acquéreurs de ces engins de mort et de destruction. Comment, dans le cadre d`un conflit même armé entre frères, l`on puisse recourir à de telles armes ? » Et toute cette contorsion intellectuelle pour conclure ceci : «On est à se demander si tous ceux qui, à la faveur de la fin des hostilités grâce aux Frci et aux Forces impartiales, réclament à cor et à cri la libération de M. Laurent Gbagbo, ont une idée de l`obscurité dans laquelle ce dernier voulait plonger le pays tout entier »…
1- Discours de colon
C’est bien affligé que souvent, nous constatons l’instinct de servitude avancé et dégradant, mais vraiment volontaire, de certaines plumes africaines. Des gens sur qui pesait pourtant un soupçon de discernement intello. Hélas ! Le venin subtil du colon, les campagnes de communication impérialistes des machines occidentales, ont fait un travail « prodigieux » sur l’esclave. Un esclave qui se bat pour demeurer entre les liens de la dépendance. Ce texte que le confrère a servi à l’opinion, sortirait d’un discours de Nicolas Sarkozy (président français), d’Alain Jupé (ministre français des Affaires étrangères) ou de Ban Ki-moon (Secrétaire général de l’Onu), justifiant le bombardement de l’Etat de Côte d’Ivoire, des symboles de sa souveraineté (Palais de la présidence, Résidence du chef de l’Etat…) et des jeunes patriotes à Yopougon, avec les Mi-24 de l’Onuci et les hélicos Puma français, qu’on n’en serait pas étonné. Ceux-là mènent leur guerre pour s’accaparer les ressources du pays. Dont notamment le pétrole. Comme en ce moment l’heure est au partage du butin de guerre en Libye où le Cnt, rébellion montée de toutes pièces et armée par la même France, lui cède 35 % du pétrole après la chute de Muammar Kadhafi. L’option du confrère est claire : « Dieu a désigné la France, les États-Unis, l’Angleterre (qui luttent actuellement en Libye pour son pétrole), l’Onu… pour s’armer, se surarmer, mater leurs propres rébellions, protéger eux-mêmes leurs citoyens, utiliser les autres peuples, faibles mais riches, comme cobayes pour tester leurs armes de destruction massive et piller leurs richesses». Et tout cela, sous le prétexte bien perçu de sauver ces peuples de leurs dictateurs.
De façon plus nette, la France et l’Onu ont le droit de déverser des déluges de feu sur les Ivoiriens. Ils ont le droit de posséder eux, des armes lourdes, de destruction massive et de les utiliser contre nous, Ivoiriens, Libyens, Camerounais, etc. L’Etat de Côte d’Ivoire ne doit pas, selon le discours du confrère, s’armer un jour, pour être militairement autosuffisant et secourir même un voisin comme se le permettent aujourd’hui ces puissances occidentales. Pour repousser ne serait-ce qu’une rébellion chétive, il faut recourir à Paris, à l’Onu… Mais à qui eux recourent-ils en cas d’attaque ? A qui ? Cette question centrale qui marque la ligne de démarcation entre les souverainistes et les collabos des anciennes puissances coloniales, continue de frapper à la porte de la conscience de ces relais locaux. Le confrère a-t-il une idée exacte du nombre et du tonnage des bombes que l’armée française et celle de l’Onu ont déversées sur la Côte d’Ivoire pour un conflit postélectoral afin de faire tomber Laurent Gbagbo ? Sait-il ce qui est entreposé en ce moment au 43e Bima et dans les bases de l’Onuci ? Qui ne sait pas que ces stocks d’armes constituent une menace pour la zone de Port-Bouet jusqu’à Koumassi ? Un Mi-24, un Puma, utilisés ici, avec des bombes contre des Ivoiriens, sont-ils des gadgets ? Ceux qui en sont morts, n’en sont-ils pas véritablement morts ? Et si Laurent Gbagbo voulait effectivement utiliser ces armes qu’on présente aujourd’hui avec tant de mauvaise foi, pourquoi pendant tout le conflit, où les bombes pleuvaient sur sa « tête », n’a-t-il pas daigné faire décoller un seul engin de largage de bombes ? Pourquoi ? A cause du bon Dieu ? C’est bien de savoir que Dieu existe. Qu’il sait tout. Qu’il peut tout.
2- Pour l’indépendance militaire
Mais qu’est-ce qui permet au confrère d’affirmer que ces armes ont été achetées par Laurent Gbagbo uniquement dans le cadre de ce conflit et pour les « utiliser contre ses frères », même si la plupart de ces « frères » sont des mercenaires de l’Ecomog ? Laurent Gbagbo était chef de l’Etat. En tant que tel, il avait entre ses mains, la sécurité des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire national et celle même de l’Etat de Côte d’Ivoire. Il n’y a pas que « les frères » qui agressent un régime ou un Etat. Il y a aussi l’extérieur qui peut constituer une menace. Dans ces conditions d’une attaque extérieure, si le pouvoir de Gbagbo n’est pas à même de repousser l’agresseur, le confrère et ses parrains ne reconnaitront pas que la France a trahi le serment, en refusant de faire fonctionner les Accords de défense et d’assistance militaire technique, signés le 24 avril 1961 par le Président Félix Houphouët-Boigny et le représentant de la République française. Ils le condamneront, comme nous l’avons déjà entendu et constaté en 2002, de n’avoir pas équipé l’armée et pu assurer la sécurité des Ivoiriens et de la Côte d’Ivoire.
Dans l’article, on lit : « selon l`avis de certains experts en armement … » Mais il y a experts et experts. L’avis d’autres experts militaires, eux, partisans d’une Afrique digne et libre, est confortable. Un Etat comme la Côte d’Ivoire, objet de tant de convoitises et d’appétits divers de grandes nations comme d’Etats « vassaux », a besoin de se faire respecter. C’est pourquoi les bombes de ce type, dont la simple image met déjà le confrère dans tous ses états, « il en faut, non 78, mais autour de 500 dans chaque région du pays ». Les spécialistes savent que le rôle de l’armement n’est pas que de permettre d’ouvrir le feu sur l’ennemi. Son rôle, comme on le constate déjà sur le confrère, est également démonstratif, phobogène et dissuasif. C’est le sens des défilés et autres parades militaires lors des fêtes nationales. Pourquoi le 14 juillet, la France sort-elle des casernes, des échantillons de ses unités d’élite et présente avec fierté la performance de son aviation de guerre ? C’est pour dire au monde entier : « Attention, ne nous provoquez pas ! Nous sommes capables d’inquiéter… » Mais, contrairement à bien des nations fort armées, mais non agressives, la France elle, par son implication dans le renversement des régimes qui ne lui sont pas dociles, inquiète effectivement le monde. Une vocation qui n’est pas celle d’une Côte d’Ivoire ambitieuse d’une vie paisible, avec ses ressources disponibles pour elle.
Le confrère embouche le discours impérialiste pour traiter ces armes qu’on nous présente comme ayant été acquises par Laurent Gbagbo d’armes destructives et non conventionnelles. Mais non conventionnelles pour quels conflits puisqu’elles n’ont pas été utilisées pendant ce conflit postélectoral ? Ou alors l’on veut nous faire croire que l’armement d’un Etat ne sert que pour le seul conflit immédiat ? Mais si ces armes existent, qui les a fabriquées ? Ce sont les grandes puissances et non le « dictateur » ivoirien. Et comme ces armes ne proviennent pas certainement de la France, cette France qui voulait tout faire pour affaiblir le pouvoir ivoirien et justifier sa présence dans le pays avec son armée, se met à dénigrer Gbagbo directement et à travers ses relais locaux. Si les pays puissants sont vraiment puissants, au point d’exporter la violence dans nos pays faibles, c’est bien parce que ces pays occidentaux sont adossés à ces mêmes armes (dites dangereuses) qu’ils nous défendent de posséder (nous les bébés inconscients).
De même, souvent, pour manipuler la population, ces tenants de « l’Afrique aux Occidentaux » évoquent le coût des armes acquises par nos pouvoirs nationalistes. Or, on pourrait se demander : Alassane Dramane Ouattara n’ayant jamais dirigé un Etat avant le 11 avril 2011, avec quel argent a-t-il acquis l’armement lourd et sophistiqué, dont des orgues de Staline, avec lequel les Forces nouvelles sont entrées à Abidjan ? Et pourquoi ce que peut se permettre un individu en matière d’armement, pour renverser un régime, un Etat ne peut-il pas le réaliser pour la défense nationale ? Pourquoi ? Aujourd’hui les Frci ont accru le racket parce qu’ils estiment ne pas avoir été payés pour leur mission de renversement de Laurent Gbagbo. Or, si Ouattara ou ses soutiens avaient acheté moins d’armes, ils auraient eu plus d’argent à mettre au service de ces hommes aujourd’hui ingérables. Mais ils ont fait un choix.
3- La défense nationale a un coût
Le confrère sait-il le nombre de milliards de francs du contribuable français que l’Elysée a engloutis dans l’armement et la défense nationale et même dans la recherche de prestige international ? Pourtant tous les Français ne mangent pas à leur faim et le chômage existe aussi en France. Où les banlieues parisiennes s’embrasent souvent. L’argument de dépenses inutiles dans les armes est donc discutable. Parce qu’aujourd’hui, la France qui fait dire que Gbagbo a dilapidé l’argent des Ivoiriens dans l’achat des armes, prend 21 milliards aux contribuables ivoiriens pour surveiller le régime de Ouattara. Ce n’est donc pas pour une œuvre humanitaire et philanthropique que Paris crache le feu en Côte d’Ivoire et en Libye. C’est pour les affaires. Car si en Tunisie et en Egypte, les peuples se sont effectivement soulevés contre leurs dirigeants, en Côte d’Ivoire (2002 et 2011) et en Libye, les rebellions sont l’inspiration froide de Paris. Paris qui s’est toujours lâchement réfugiée derrière le fallacieux devoir d’ingérence humanitaire et une résolution onusienne qu’elle fait tout pour arracher.
Et dès que le régime tombe, on donne l’impression d’inonder le pays de soutien en milliards. Pourtant, voilà la Côte d’Ivoire qui a du mal à payer ses fonctionnaires, autrefois payés sur fonds propres. Un pays plus recolonisé que jamais, avec encore un Conseiller militaire et des coopérants français, flanqués aux ministres de la République (avec la réputation de leur « casser les pieds »), après 51 ans d’indépendance. Quant à la Libye, ce sont ses propres avoirs gelés, 15 milliards de dollars, qu’on aurait promis débloquer à Paris pour elle. Pour son développement et la reconstruction du pays que la France a poussé et aidé le Cnt et l’Otan à détruire. Pendant ce temps, les prédateurs se bousculent pour se partager son pétrole. Où est donc l’aide ? Où ? Voilà comment l’esclave refuse la liberté, préférant la tutelle dont la dictée préparée a une compensation bien misérable, mais saluée dans l’heureuse indignité.
Germain Séhoué
A sa Une de vendredi 2 septembre 2011, le confrère Le Nouveau Réveil affichait comme éléments à charge, pour condamner à vie, l’ex chef de l’Etat Laurent Gbagbo : « Exclusif/Planquées par Gbagbo à Yamoussoukro/78 bombes de 546 000 tonnes découvertes/Quand ? Où ? Comment et par qui ?... » Et l’auteur de l’article commence : « 78 bombes de plusieurs milliers de tonnes, c`est la stupéfiante et incroyable découverte que les Forces républicaines de Côte d`Ivoire (Frci), la Gendarmerie et la police nationales viennent de faire hier à Yamoussoukro, dans notre paisible capitale politique et administrative. » Et il continue en prêtant des intentions à un homme qui, tout le temps durant sa présence dans l’opposition et au pouvoir, n’a fait que œuvrer pour la liberté et la paix : « Des engins explosifs pesant 7000 tonnes chacun (…) que l`ancien chef de l`Etat se proposait certainement d’utiliser dans le cadre d`une guerre éclair pour tuer, détruire, installer la ruine et le chaos. » Et d’y aller de son émotion, persuadé qu’il a le président du Cnp, Eugène Dié Kacou, de son côté : « (…) Or donc nous avons tous minimisé l`instinct criminel de M. Laurent Gbagbo » Et comme un avocat de l’impérialisme, l’auteur poursuit sa rhétorique : « Tous s`interrogeraient sur la cruauté et les desseins qui ont guidé les acquéreurs de ces engins de mort et de destruction. Comment, dans le cadre d`un conflit même armé entre frères, l`on puisse recourir à de telles armes ? » Et toute cette contorsion intellectuelle pour conclure ceci : «On est à se demander si tous ceux qui, à la faveur de la fin des hostilités grâce aux Frci et aux Forces impartiales, réclament à cor et à cri la libération de M. Laurent Gbagbo, ont une idée de l`obscurité dans laquelle ce dernier voulait plonger le pays tout entier »…
1- Discours de colon
C’est bien affligé que souvent, nous constatons l’instinct de servitude avancé et dégradant, mais vraiment volontaire, de certaines plumes africaines. Des gens sur qui pesait pourtant un soupçon de discernement intello. Hélas ! Le venin subtil du colon, les campagnes de communication impérialistes des machines occidentales, ont fait un travail « prodigieux » sur l’esclave. Un esclave qui se bat pour demeurer entre les liens de la dépendance. Ce texte que le confrère a servi à l’opinion, sortirait d’un discours de Nicolas Sarkozy (président français), d’Alain Jupé (ministre français des Affaires étrangères) ou de Ban Ki-moon (Secrétaire général de l’Onu), justifiant le bombardement de l’Etat de Côte d’Ivoire, des symboles de sa souveraineté (Palais de la présidence, Résidence du chef de l’Etat…) et des jeunes patriotes à Yopougon, avec les Mi-24 de l’Onuci et les hélicos Puma français, qu’on n’en serait pas étonné. Ceux-là mènent leur guerre pour s’accaparer les ressources du pays. Dont notamment le pétrole. Comme en ce moment l’heure est au partage du butin de guerre en Libye où le Cnt, rébellion montée de toutes pièces et armée par la même France, lui cède 35 % du pétrole après la chute de Muammar Kadhafi. L’option du confrère est claire : « Dieu a désigné la France, les États-Unis, l’Angleterre (qui luttent actuellement en Libye pour son pétrole), l’Onu… pour s’armer, se surarmer, mater leurs propres rébellions, protéger eux-mêmes leurs citoyens, utiliser les autres peuples, faibles mais riches, comme cobayes pour tester leurs armes de destruction massive et piller leurs richesses». Et tout cela, sous le prétexte bien perçu de sauver ces peuples de leurs dictateurs.
De façon plus nette, la France et l’Onu ont le droit de déverser des déluges de feu sur les Ivoiriens. Ils ont le droit de posséder eux, des armes lourdes, de destruction massive et de les utiliser contre nous, Ivoiriens, Libyens, Camerounais, etc. L’Etat de Côte d’Ivoire ne doit pas, selon le discours du confrère, s’armer un jour, pour être militairement autosuffisant et secourir même un voisin comme se le permettent aujourd’hui ces puissances occidentales. Pour repousser ne serait-ce qu’une rébellion chétive, il faut recourir à Paris, à l’Onu… Mais à qui eux recourent-ils en cas d’attaque ? A qui ? Cette question centrale qui marque la ligne de démarcation entre les souverainistes et les collabos des anciennes puissances coloniales, continue de frapper à la porte de la conscience de ces relais locaux. Le confrère a-t-il une idée exacte du nombre et du tonnage des bombes que l’armée française et celle de l’Onu ont déversées sur la Côte d’Ivoire pour un conflit postélectoral afin de faire tomber Laurent Gbagbo ? Sait-il ce qui est entreposé en ce moment au 43e Bima et dans les bases de l’Onuci ? Qui ne sait pas que ces stocks d’armes constituent une menace pour la zone de Port-Bouet jusqu’à Koumassi ? Un Mi-24, un Puma, utilisés ici, avec des bombes contre des Ivoiriens, sont-ils des gadgets ? Ceux qui en sont morts, n’en sont-ils pas véritablement morts ? Et si Laurent Gbagbo voulait effectivement utiliser ces armes qu’on présente aujourd’hui avec tant de mauvaise foi, pourquoi pendant tout le conflit, où les bombes pleuvaient sur sa « tête », n’a-t-il pas daigné faire décoller un seul engin de largage de bombes ? Pourquoi ? A cause du bon Dieu ? C’est bien de savoir que Dieu existe. Qu’il sait tout. Qu’il peut tout.
2- Pour l’indépendance militaire
Mais qu’est-ce qui permet au confrère d’affirmer que ces armes ont été achetées par Laurent Gbagbo uniquement dans le cadre de ce conflit et pour les « utiliser contre ses frères », même si la plupart de ces « frères » sont des mercenaires de l’Ecomog ? Laurent Gbagbo était chef de l’Etat. En tant que tel, il avait entre ses mains, la sécurité des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire national et celle même de l’Etat de Côte d’Ivoire. Il n’y a pas que « les frères » qui agressent un régime ou un Etat. Il y a aussi l’extérieur qui peut constituer une menace. Dans ces conditions d’une attaque extérieure, si le pouvoir de Gbagbo n’est pas à même de repousser l’agresseur, le confrère et ses parrains ne reconnaitront pas que la France a trahi le serment, en refusant de faire fonctionner les Accords de défense et d’assistance militaire technique, signés le 24 avril 1961 par le Président Félix Houphouët-Boigny et le représentant de la République française. Ils le condamneront, comme nous l’avons déjà entendu et constaté en 2002, de n’avoir pas équipé l’armée et pu assurer la sécurité des Ivoiriens et de la Côte d’Ivoire.
Dans l’article, on lit : « selon l`avis de certains experts en armement … » Mais il y a experts et experts. L’avis d’autres experts militaires, eux, partisans d’une Afrique digne et libre, est confortable. Un Etat comme la Côte d’Ivoire, objet de tant de convoitises et d’appétits divers de grandes nations comme d’Etats « vassaux », a besoin de se faire respecter. C’est pourquoi les bombes de ce type, dont la simple image met déjà le confrère dans tous ses états, « il en faut, non 78, mais autour de 500 dans chaque région du pays ». Les spécialistes savent que le rôle de l’armement n’est pas que de permettre d’ouvrir le feu sur l’ennemi. Son rôle, comme on le constate déjà sur le confrère, est également démonstratif, phobogène et dissuasif. C’est le sens des défilés et autres parades militaires lors des fêtes nationales. Pourquoi le 14 juillet, la France sort-elle des casernes, des échantillons de ses unités d’élite et présente avec fierté la performance de son aviation de guerre ? C’est pour dire au monde entier : « Attention, ne nous provoquez pas ! Nous sommes capables d’inquiéter… » Mais, contrairement à bien des nations fort armées, mais non agressives, la France elle, par son implication dans le renversement des régimes qui ne lui sont pas dociles, inquiète effectivement le monde. Une vocation qui n’est pas celle d’une Côte d’Ivoire ambitieuse d’une vie paisible, avec ses ressources disponibles pour elle.
Le confrère embouche le discours impérialiste pour traiter ces armes qu’on nous présente comme ayant été acquises par Laurent Gbagbo d’armes destructives et non conventionnelles. Mais non conventionnelles pour quels conflits puisqu’elles n’ont pas été utilisées pendant ce conflit postélectoral ? Ou alors l’on veut nous faire croire que l’armement d’un Etat ne sert que pour le seul conflit immédiat ? Mais si ces armes existent, qui les a fabriquées ? Ce sont les grandes puissances et non le « dictateur » ivoirien. Et comme ces armes ne proviennent pas certainement de la France, cette France qui voulait tout faire pour affaiblir le pouvoir ivoirien et justifier sa présence dans le pays avec son armée, se met à dénigrer Gbagbo directement et à travers ses relais locaux. Si les pays puissants sont vraiment puissants, au point d’exporter la violence dans nos pays faibles, c’est bien parce que ces pays occidentaux sont adossés à ces mêmes armes (dites dangereuses) qu’ils nous défendent de posséder (nous les bébés inconscients).
De même, souvent, pour manipuler la population, ces tenants de « l’Afrique aux Occidentaux » évoquent le coût des armes acquises par nos pouvoirs nationalistes. Or, on pourrait se demander : Alassane Dramane Ouattara n’ayant jamais dirigé un Etat avant le 11 avril 2011, avec quel argent a-t-il acquis l’armement lourd et sophistiqué, dont des orgues de Staline, avec lequel les Forces nouvelles sont entrées à Abidjan ? Et pourquoi ce que peut se permettre un individu en matière d’armement, pour renverser un régime, un Etat ne peut-il pas le réaliser pour la défense nationale ? Pourquoi ? Aujourd’hui les Frci ont accru le racket parce qu’ils estiment ne pas avoir été payés pour leur mission de renversement de Laurent Gbagbo. Or, si Ouattara ou ses soutiens avaient acheté moins d’armes, ils auraient eu plus d’argent à mettre au service de ces hommes aujourd’hui ingérables. Mais ils ont fait un choix.
3- La défense nationale a un coût
Le confrère sait-il le nombre de milliards de francs du contribuable français que l’Elysée a engloutis dans l’armement et la défense nationale et même dans la recherche de prestige international ? Pourtant tous les Français ne mangent pas à leur faim et le chômage existe aussi en France. Où les banlieues parisiennes s’embrasent souvent. L’argument de dépenses inutiles dans les armes est donc discutable. Parce qu’aujourd’hui, la France qui fait dire que Gbagbo a dilapidé l’argent des Ivoiriens dans l’achat des armes, prend 21 milliards aux contribuables ivoiriens pour surveiller le régime de Ouattara. Ce n’est donc pas pour une œuvre humanitaire et philanthropique que Paris crache le feu en Côte d’Ivoire et en Libye. C’est pour les affaires. Car si en Tunisie et en Egypte, les peuples se sont effectivement soulevés contre leurs dirigeants, en Côte d’Ivoire (2002 et 2011) et en Libye, les rebellions sont l’inspiration froide de Paris. Paris qui s’est toujours lâchement réfugiée derrière le fallacieux devoir d’ingérence humanitaire et une résolution onusienne qu’elle fait tout pour arracher.
Et dès que le régime tombe, on donne l’impression d’inonder le pays de soutien en milliards. Pourtant, voilà la Côte d’Ivoire qui a du mal à payer ses fonctionnaires, autrefois payés sur fonds propres. Un pays plus recolonisé que jamais, avec encore un Conseiller militaire et des coopérants français, flanqués aux ministres de la République (avec la réputation de leur « casser les pieds »), après 51 ans d’indépendance. Quant à la Libye, ce sont ses propres avoirs gelés, 15 milliards de dollars, qu’on aurait promis débloquer à Paris pour elle. Pour son développement et la reconstruction du pays que la France a poussé et aidé le Cnt et l’Otan à détruire. Pendant ce temps, les prédateurs se bousculent pour se partager son pétrole. Où est donc l’aide ? Où ? Voilà comment l’esclave refuse la liberté, préférant la tutelle dont la dictée préparée a une compensation bien misérable, mais saluée dans l’heureuse indignité.
Germain Séhoué