Le FPI est à la croisée des chemins. L’ancien parti politique cherche ses marques et étale ses divergences sur la question de savoir s’il faut oui ou non, participer aux législatives prévues, sauf changement de dernière minute ‘’avant le 15 décembre’’ selon le gouvernement. Miaka Sylvain Ouréto, président par intérim du parti déchu a beau jeu de dire qu’il n’y a pas péril en la demeure des Refondateurs, la réalité est tout autre. Le FPI en exil, comme on l’appelle, c’est-à-dire les barons qui se sont réfugiés dans la capitale ghanéenne ne veulent pas en entendre parler. Pendant qu’ici au pays, la question divise. Il y a ceux qui veulent que l’ancienne formation politique se mesure aux autres lors des législatives, et ceux qui ne veulent pas. Les partisans de ce front de refus ont tous les mêmes préoccupations: Emmanuel Kouassi, fédéral FPI-Prikro soutient, dans les colonnes du porte-voix de ce qui reste encore de la Refondation que le «FPI n’ira pas aux législatives pour se faire massacrer». Voici son argument: «Les jeunes ne peuvent pas porter des tee-shirts à l’effigie du président Gbagbo et du FPI. Qui, dans ces conditions va aller faire campagne ?» s’interroge-t-il. Un autre, en l’occurrence Jean-Baptiste Kablan du Moyen Comoé soutient que la CEI n’est pas une structure fiable.» Comme pour ‘’confirmer’’ la volonté de l’ancien parti au pouvoir de boycotter les législatives, son président intérimaire a bouclé la boucle. Sur les antennes de la Radio onusienne, Miaka Ouréto rejoint ceux qui refusent d’aller aux législatives. A la question de savoir si le FPI sera au rendez vous de cette élection, voici la réponse de Miaka: «Pour le moment, avec ce qui se passe sous nos yeux, ce n’est pas évident. Dans le principe, nous sommes pour les élections. Le FPI est tout de même parmi les partis politiques qui se sont battus pour que la démocratie existe dans notre pays. Et qui dit démocratie dit élection. Les règles qui doivent permettre d’aller aux élections doivent être définies de façon consensuelle. Aujourd’hui, toutes les règles de jeu sont déséquilibrées. C’est dommage qu’il y ait des problèmes ». Pour vous quelles sont les conditions pour que le FPI aille à cette élection?, lui demande alors le journaliste. Réponse de Miaka: «Nous disons d’abord qu’il y a des questions de sécurité. Dans ces conditions, il faut trouver une solution à cette question. Nous pensons que pour la sécurité, il faut recourir à une solution institutionnelle. Et cette solution est inclue dans le dernier accord de Ouagadougou. Toutes les dispositions qui étaient que les élections doivent être sécurisées par les forces mixtes, ce qui n’est pas le cas actuellement». En réalité, le FPI ne veut pas des élections parce qu’il se sait perdant. L’ancien parti au pouvoir a en effet, perdu toute crédibilité depuis que son mentor, Laurent Gbagbo, a voulu confisquer le pouvoir et qu’il en a été déchu. Les Refondateurs ont payé cash le non respect de la démocratie par Gbagbo. Ils en sont conscients. Convaincus que les Ivoiriens, même s’ils vont le leur pardonner plus tard, ne sont pas prêts d’oublier ce qu’ils ont subi lors de la crise post-électorale. En plus, le bilan des dix ans de gestion des affaires publiques est totalement nul. Et puis, l’argent pourrait manquer à certains candidats. Eux qui se sont lavés les mains avec les Frans CFA, confirmeraient l’accusation selon laquelle ils puisaient dans les caisses de l’Etat pour faire la bamboula, s’ils se mettaient à faire campagne avec des budgets maigres. Alors, le FPI se cache derrière des alibis et des artifices qui n’en valent pas la peine pour ne pas aller à la compétition.
Yves-M. ABIET
Yves-M. ABIET