Il y a quelque chose de pourri dans les rapports Ouattara-Soro. Une sorte d’effondrement du mur-béton qui caractérisait cette relation gagnant-gagnant. En effet, vu les effets dominos du tourbillon juridico-politique de la crise postélectorale dans lequel sont formellement coincés le chef de l’Etat et son Premier ministre, le premier a décidé, de se débarrasser de son poulain. Et de la plus mauvaise façon qu’il soit. De fait, depuis le samedi 10 septembre 2011 à Bouaké, s’est refermé le rideau du conclave des ex-rebelles. Avec des décisions, telle que la dissolution de la centrale et de la branche armée des ex-rebelles. L’acte, on le comprend, s’inscrit dans une logique du processus de l’unification du pays et donc de l’armée. On peut tout aussi l’interpréter comme un acte politique de plein droit qui donnera donc droit aux ex-rebelles de prendre une part active au débat politique (électoral). Toutefois, bien de choses cachent cette décision historique. Et c’est un des plus proches collaborateurs de Soro qui a bien voulu, sous le sceau de l’anonymat, dissiper les nuages qui cachaient le bien mobile de la décision. « …Qu’on ne se voile pas la face. Ce que prépare Ouattara va se retourner contre lui. Il fait pression sur Soro pour dissoudre son armée et la caisse noire de notre mouvement et lui propose de faire office de candidature pour les législatives au compte du Rhdp. Ce qui, selon Ouattara, lui permettra de postuler à la présidence de l’Assemblée nationale pour le compte de ce Rhdp. Mais nous, on voit le piège. Soro ne se laissera pas faire. Si Ouattara veut le sacrifier sous la pression de la communauté internationale, et ce, sous prétexte que pour assurer l’équilibre de la justice, il faut que l’un de ses proches, en la personne du Premier ministre, soit jugé, ce n’est pas notre approche. Soro le sait, ses plus proches collaborateurs le savent. Mais on verra bien qui perdra dans cette affaire. » En clair, ce qui s’est passé de façon précipitée à Bouaké a été un forcing de Ouattara et ses parrains. L’objectif: liquider Guillaume Soro, devenu trop encombrant pour ce dossier ivoirien, lui aussi, très épidémique en termes de dégradation des rapports entre puissances occidentales. Le coup partira de la période de la démission de Soro de la Primature, ou de son débarquement, à la tenue effective des législatives. Le «petit gros» n’étant plus aux affaires, la machine judiciaire internationale se mettra donc en branle pour l’inculper pour crime de guerre et, surtout pour le génocide des Wê à Duékoué. Toute chose qui assouplira la position des pro-Gbagbo dans le processus de réconciliation nationale, mais surtout, des pays africains, voire européens et asiatiques qui continuent de soutenir l’ex-chef de l’Etat incarcéré à Korhogo. Cette parade, on le sait, dispersera les soldats pro-Soro, disséminés partout dans le pays. Ce qui facilitera, aussi le désarmement des volontaires qui ont pris les armes à son nom et qui refusent de les déposer. Ouattara réussira-t-il son coup ? Attendons de voir.
Révérend Goudaley, une correspondance particulière.
Révérend Goudaley, une correspondance particulière.