Allons-nous vers le remake de la situation politique de décembre 2000, avec des législatives sans l’un des trois poids lourds de l’échiquier politique national ? Dans certains milieux pro-Rhdp, on rumine la revanche contre le Fpi. A qui on promet, à tort, de « rendre la monnaie de sa pièce ».
En décembre 2000, le Rdr a boycotté les élections législatives, en refusant de présenter des candidats, pour protester contre le rejet de la candidature d’Alassane Dramane Ouattara par la Cour suprême. Candidat pour la circonscription de Kong (Nord du pays), il a été recalé pour doute sur sa nationalité ivoirienne. Une décision qui avait déjà été prononcée, deux mois plutôt, pour la présidentielle d’octobre. Pour le Rdr, le Fpi a été complice du sort subi par Ouattara. Une accusation infondée d’autant que seule la junte militaire du général-candidat Robert Guéi avait l’initiative des décisions. Bien que le sachant, le Rdr s’est inscrit dans une logique de non reconnaissance du régime Gbagbo issu du scrutin présidentiel. Cette attitude s’est traduite par plusieurs actes de défiance et de déstabilisation. Très attaché à la démocratie et soucieux du maintien de la cohésion nationale, le Président Laurent Gbagbo a engagé le dialogue avec le Rdr. De grandes avancées ont été obtenues, mais cela n’a pas suffit pour empêcher le coup d’état du 19 septembre 2002, la énième du genre, qui s’est muée en une rébellion armée. De façon un peu similaire, dans deux mois, en décembre prochain, on risque d’avoir des législatives sans l’un trois poids lourds de la scène politique ivoirienne, en l’occurrence le Front populaire ivoirien (Fpi). L’ex- parti au pouvoir a posé des conditions pour sa participation aux élections législatives. Le Fpi demande la libération de ses cadres qui sont détenus injustement depuis des mois par le régime Ouattara. Il exige que le scrutin soit transparent et équitable. Cela passe par la révision de la composition de la commission électorale indépendante (Cei) ; la révision du listing électoral, et la sécurisation du scrutin. Qui implique le désarmement préalable des forces irrégulières pro-Ouattara qui portent des armes actuellement.
Les exigences du Fpi ont provoqué une levée de bouclier dans le camp du nouveau pouvoir. En effet, depuis quelques jours, la presse pro-Rhdp mène une campagne insidieuse visant à préparer l’opinion à un scrutin sans le Fpi. Cette presse fait croire que le Fpi n’ira pas aux législatives parce qu’il sait qu’il les perdra. Dans son édition N°3542 des samedi 10 et dimanche 11 septembre 2011, le quotidien « Le patriote », pro-Ouattara, a affiché en manchette « Elections législatives prochaines : Pourquoi le FPI a peur d’y aller ». Dans l’article, l’auteur avance des raisons qui expliqueraient, selon lui, l’attitude de refus du Fpi de prendre part aux prochaines législatives. « En réalité, le Fpi ne veut pas des élections parce qu’il se sait perdant. L’ancien parti au pouvoir a, en effet, perdu toute crédibilité, depuis que son mentor, Laurent Gbagbo, a voulu confisquer le pouvoir et qu’il en a été déchu. Les Refondateurs ont payé cash le non respect de la démocratie par Gbagbo », écrit le journal. Selon des indiscrétions, certains caciques du Rdr ont juré de se venger du Fpi en faisant tout pour ne pas qu’il participe aux élections. L’implication de cette option, c’est que le Fpi n’obtiendra rien du régime Ouattara par rapport à ses attentes en matière d’élections transparentes et démocratiques. Le secrétaire général intérimaire du Rdr, l’inénarrable Amadou Soumahoro, a donné un signal dans ce sens en affirmant goguenard, récemment, que si le Fpi ne veut pas aller aux élections, celles-ci se feront sans lui. Contrairement au Rdr en 2000, le Fpi pose ici des problèmes réels qui sont liés à la bonne tenue des élections. Après ce qui s’est passé suite à la présidentielle, comment admettre que la Cei reste en l’état ? Comment veux-t-on que les Ivoiriens qui ont leurs maisons encore occupées, puissent aller voter ? Dans quelles conditions aller aux élections, si certaines personnes qui n’ont pas le droit de détenir des armes sont armées ? La libération des prisonniers politiques est nécessaire pour la décrispation du climat sociopolitique. La Côte d’Ivoire revient de loin. Après huit années de crise, elle est retombée dans une crise plus grave, à l’issue de la présidentielle d’octobre et de novembre 2010. Plus de 3000 personnes ont été tuées, et de nombreux blessés ont été enregistrés. La gestion de cette crise est d’autant plus délicate qu’elle a été marquée part de graves violations de droits de l’homme. Dans le grand Ouest, précisément à Duékoué, des massacres ethniques ont été perpétrés. Ces actes ont eu des répercussions graves sur la cohésion nationale, au point où, aujourd’hui, tout le monde est unanime à reconnaître que les Ivoiriens se regardent en chiens de faïence. Le pays est plongé dans une crise aiguë qui a des conséquences sur la situation économique. Les indicateurs économiques sont au rouge. Une croissance négative, avec des prévisions pessimistes. La Côte d’Ivoire ne peut pas se payer le luxe d’ignorer ce qui s’est passé, pour faire comme si cela n’a jamais existé. Procéder ainsi, c’est s’engager dans une voie suicidaire. Le pays a besoin de tourner la page. Cela passe par la réconciliation véritable des filles et fils de la Côte d’Ivoire. Sur ce chemin, les prochaines législatives sont une étape très importante. Elles constituent un test grandeur nature pour le processus de réconciliation nationale. Les caciques du régime Ouattara doivent comprendre qu’il est dans l’intérêt d’Alassane Dramane Ouattara qui souffre d’une légitimité sans pareille que le Fpi participe aux législatives. Faut-il indiquer que le dénouement du contentieux électoral n’ a pas permis de trancher de façon claire, la question du vainqueur du second tour de la présidentielle 2010. Comme l’a souligné l’ex-Président sud africain, Thabo Mbeki, finalement, on se retrouve avec trois résultats différents pour un même scrutin. Nombreux sont les Ivoiriens qui pensent que Ouattara est chef de l’Etat aujourd’hui, parce que, c’est une volonté de la France, de Nicolas Sarkozy.
César Ebrokié
ebrokie2@yahoo.fr
En décembre 2000, le Rdr a boycotté les élections législatives, en refusant de présenter des candidats, pour protester contre le rejet de la candidature d’Alassane Dramane Ouattara par la Cour suprême. Candidat pour la circonscription de Kong (Nord du pays), il a été recalé pour doute sur sa nationalité ivoirienne. Une décision qui avait déjà été prononcée, deux mois plutôt, pour la présidentielle d’octobre. Pour le Rdr, le Fpi a été complice du sort subi par Ouattara. Une accusation infondée d’autant que seule la junte militaire du général-candidat Robert Guéi avait l’initiative des décisions. Bien que le sachant, le Rdr s’est inscrit dans une logique de non reconnaissance du régime Gbagbo issu du scrutin présidentiel. Cette attitude s’est traduite par plusieurs actes de défiance et de déstabilisation. Très attaché à la démocratie et soucieux du maintien de la cohésion nationale, le Président Laurent Gbagbo a engagé le dialogue avec le Rdr. De grandes avancées ont été obtenues, mais cela n’a pas suffit pour empêcher le coup d’état du 19 septembre 2002, la énième du genre, qui s’est muée en une rébellion armée. De façon un peu similaire, dans deux mois, en décembre prochain, on risque d’avoir des législatives sans l’un trois poids lourds de la scène politique ivoirienne, en l’occurrence le Front populaire ivoirien (Fpi). L’ex- parti au pouvoir a posé des conditions pour sa participation aux élections législatives. Le Fpi demande la libération de ses cadres qui sont détenus injustement depuis des mois par le régime Ouattara. Il exige que le scrutin soit transparent et équitable. Cela passe par la révision de la composition de la commission électorale indépendante (Cei) ; la révision du listing électoral, et la sécurisation du scrutin. Qui implique le désarmement préalable des forces irrégulières pro-Ouattara qui portent des armes actuellement.
Les exigences du Fpi ont provoqué une levée de bouclier dans le camp du nouveau pouvoir. En effet, depuis quelques jours, la presse pro-Rhdp mène une campagne insidieuse visant à préparer l’opinion à un scrutin sans le Fpi. Cette presse fait croire que le Fpi n’ira pas aux législatives parce qu’il sait qu’il les perdra. Dans son édition N°3542 des samedi 10 et dimanche 11 septembre 2011, le quotidien « Le patriote », pro-Ouattara, a affiché en manchette « Elections législatives prochaines : Pourquoi le FPI a peur d’y aller ». Dans l’article, l’auteur avance des raisons qui expliqueraient, selon lui, l’attitude de refus du Fpi de prendre part aux prochaines législatives. « En réalité, le Fpi ne veut pas des élections parce qu’il se sait perdant. L’ancien parti au pouvoir a, en effet, perdu toute crédibilité, depuis que son mentor, Laurent Gbagbo, a voulu confisquer le pouvoir et qu’il en a été déchu. Les Refondateurs ont payé cash le non respect de la démocratie par Gbagbo », écrit le journal. Selon des indiscrétions, certains caciques du Rdr ont juré de se venger du Fpi en faisant tout pour ne pas qu’il participe aux élections. L’implication de cette option, c’est que le Fpi n’obtiendra rien du régime Ouattara par rapport à ses attentes en matière d’élections transparentes et démocratiques. Le secrétaire général intérimaire du Rdr, l’inénarrable Amadou Soumahoro, a donné un signal dans ce sens en affirmant goguenard, récemment, que si le Fpi ne veut pas aller aux élections, celles-ci se feront sans lui. Contrairement au Rdr en 2000, le Fpi pose ici des problèmes réels qui sont liés à la bonne tenue des élections. Après ce qui s’est passé suite à la présidentielle, comment admettre que la Cei reste en l’état ? Comment veux-t-on que les Ivoiriens qui ont leurs maisons encore occupées, puissent aller voter ? Dans quelles conditions aller aux élections, si certaines personnes qui n’ont pas le droit de détenir des armes sont armées ? La libération des prisonniers politiques est nécessaire pour la décrispation du climat sociopolitique. La Côte d’Ivoire revient de loin. Après huit années de crise, elle est retombée dans une crise plus grave, à l’issue de la présidentielle d’octobre et de novembre 2010. Plus de 3000 personnes ont été tuées, et de nombreux blessés ont été enregistrés. La gestion de cette crise est d’autant plus délicate qu’elle a été marquée part de graves violations de droits de l’homme. Dans le grand Ouest, précisément à Duékoué, des massacres ethniques ont été perpétrés. Ces actes ont eu des répercussions graves sur la cohésion nationale, au point où, aujourd’hui, tout le monde est unanime à reconnaître que les Ivoiriens se regardent en chiens de faïence. Le pays est plongé dans une crise aiguë qui a des conséquences sur la situation économique. Les indicateurs économiques sont au rouge. Une croissance négative, avec des prévisions pessimistes. La Côte d’Ivoire ne peut pas se payer le luxe d’ignorer ce qui s’est passé, pour faire comme si cela n’a jamais existé. Procéder ainsi, c’est s’engager dans une voie suicidaire. Le pays a besoin de tourner la page. Cela passe par la réconciliation véritable des filles et fils de la Côte d’Ivoire. Sur ce chemin, les prochaines législatives sont une étape très importante. Elles constituent un test grandeur nature pour le processus de réconciliation nationale. Les caciques du régime Ouattara doivent comprendre qu’il est dans l’intérêt d’Alassane Dramane Ouattara qui souffre d’une légitimité sans pareille que le Fpi participe aux législatives. Faut-il indiquer que le dénouement du contentieux électoral n’ a pas permis de trancher de façon claire, la question du vainqueur du second tour de la présidentielle 2010. Comme l’a souligné l’ex-Président sud africain, Thabo Mbeki, finalement, on se retrouve avec trois résultats différents pour un même scrutin. Nombreux sont les Ivoiriens qui pensent que Ouattara est chef de l’Etat aujourd’hui, parce que, c’est une volonté de la France, de Nicolas Sarkozy.
César Ebrokié
ebrokie2@yahoo.fr