(Abidjan) – Le gouvernement ivoirien devrait être salué pour avoir pris des mesures à l’encontre des forces de sécurité qui extorquent de l’argent aux barrages routiers, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. L’organisation de défense des droits humains a appelé le gouvernement à étendre ses efforts aux routes secondaires situées en zones rurales, où des membres des Forces républicaines continuent de se livrer régulièrement à des actes d’extorsion.
« Le gouvernement Ouattara mérite véritablement des éloges pour ses récents efforts visant à s’attaquer au racket qui existait bien avant que le pays ne soit le théâtre du récent conflit postélectoral », a souligné Daniel Bekele, directeur de la division Afrique de Human Rights Watch. « À présent, il doit aller plus loin que les routes principales et étendre son action aux zones rurales où certains soldats pensent qu’ils peuvent se dérober aux mesures de répression gouvernementales et prendre pour cible des populations figurant parmi les plus vulnérables du pays. »
Le 5 septembre 2011, le Premier Ministre Guillaume Soro a déclaré que le gouvernement ne tolèrerait plus l’extorsion pratiquée aux barrages routiers et a réclamé des sanctions à l’encontre des auteurs de tels actes. Le lendemain, le porte-parole du ministère de la Défense a averti les membres des Forces républicaines qu’ils seraient renvoyés s’ils venaient à être pris en train de se livrer au racket.
Les actes d’extorsion perpétrés par les forces de sécurité minaient le pays bien avant les récentes violences déclenchées par le refus du Président Laurent Gbagbo de se retirer après que la commission électorale nationale et les observateurs internationaux eurent désigné son rival, Alassane Ouattara, vainqueur du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010. De graves violations des droits humains commises par les forces armées des deux camps ont marqué un conflit au cours duquel au moins 3 000 civils ont été tués et 150 femmes violées, souvent en raison de leur appartenance politique, ethnique ou religieuse.
Dans un rapport publié en octobre 2010 et intitulé Terrorisés et abandonnés, Human Rights Watch a décrit les actes d’extorsion et de racket généralisés qui rongeaient les régions occidentales du pays avant le conflit. Les forces de sécurité opérant dans le sud du pays, alors contrôlé par le gouvernement Gbagbo, avaient pour habitude de soumettre à l’extorsion les Ivoiriens du nord et les ressortissants ouest-africains – plaçant parfois arbitrairement en détention et passant à tabac ceux qui refusaient de payer sur-le-champ. Dans la partie nord du pays – alors sous le contrôle de l’armée rebelle, les Forces Nouvelles – les soldats ont tiré d’énormes profits en extorquant de l’argent aux entreprises et aux barrages routiers.
Les Forces Nouvelles sont par la suite devenues les Forces républicaines, qui se sont battues pour Ouattara lors du conflit postélectoral et ont arrêté Gbagbo le 11 avril dernier. Au cours des premiers mois qui ont suivi la prise de contrôle du pays par les Forces républicaines, il est apparu que bon nombre des pratiques qui affectaient le nord de la Côte d’Ivoire depuis 2002 allaient devenir la norme, des informations faisant étant du fait que les soldats mettaient en place des barrages routiers et réclamaient le paiement d’argent à travers tout le territoire. Néanmoins, en juillet, le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko, le Premier Ministre Soro, ainsi que le chef d’état-major de l’armée, le Général Soumaïlia Bakayoko, ont parcouru Abidjan en personne, annonçant qu’ils étaient en train de réduire le nombre de postes de contrôle et exigeaient que les soldats mettent un terme à leurs actes d’extorsion. De nouvelles plaintes émanant de la population, en particulier à l’extérieur d’Abidjan, ont débouché sur les récentes déclarations du gouvernement avertissant que l’extorsion ne serait pas tolérée. Des appels analogues lancés sous le gouvernement antérieur n’avaient pas été entendus ; la réaction du gouvernement actuel face à ce problème est dès lors un signe encourageant, a relevé Human Rights Watch.
Des habitants des régions du sud-ouest et de l’ouest du pays ont confié à un chercheur de Human Rights Watch présent sur le terrain que même si bon nombre de barrages routiers avaient été démantelés le long des routes principales reliant les plus grandes villes du pays, les voies secondaires, des pistes en terre, demeuraient jalonnées d’une multitude de barrages routiers où l’extorsion était pratique courante. Human Rights Watch a confirmé les déclarations des habitants concernant au moins sept barrages routiers sur les pistes secondaires aux alentours de Sassandra à Fresco, au moins quatre barrages entre Tabou et Grabo, et au moins cinq entre Guiglo et Taï. Après que des chauffeurs de camion eurent entamé une grève le 8 septembre pour protester contre les actes d’extorsion commis le long de l’axe Guiglo-Taï, les autorités gouvernementales locales se sont réunies avec les commandants militaires de la zone pour s’attaquer au problème.
Des habitants ont expliqué que les soldats leur demandaient leurs cartes d’identité lorsqu’ils passaient par les barrages. Ils exigeaient que les passagers paient 500 francs CFA (1$US) pour récupérer leurs papiers. Si la personne n’avait pas de carte d’identité, les soldats lui réclamaient 1 000 francs CFA.
L’une des personnes interrogées a signalé que des Casques bleus de l’ONU étaient passés pour dire demander aux habitants de ne pas payer lorsque les forces de sécurité leur réclamaient de l’argent aux barrages routiers. Cette personne a néanmoins attiré l’attention de Human Rights Watch sur le fait que, « Lorsqu’ils ont une arme [à feu] et votre carte d’identité et qu’ils vous disent que vous ne pourrez pas la récupérer tant que vous ne leur verserez pas 500 francs CFA (1$US), comment serait-on censé leur dire non ? »
Des professionnels de la santé opérant dans le département de Taï, près de la frontière libérienne, ont fait remarquer que l’extorsion entravait l’accès de la population aux soins de santé. Ainsi, pour se rendre à l’hôpital régional de Guiglo, les passagers des transports publics se voyaient extorquer des montants qui doublaient le coût de leur déplacement.
Le sud-ouest et l’ouest de la Côte d’Ivoire ont été parmi les régions les plus touchées par le récent conflit. Les habitants de ces régions se trouvent dans une position particulièrement vulnérable, ce qui aggrave d’autant plus l’impact des actes d’extorsion auxquels se livrent les soldats. Une personne de 62 ans résidant dans un village à l’extérieur de Fresco a confié à Human Rights Watch : « Ma maison a été entièrement pillée et incendiée pendant la guerre. Je n’ai rien. Maintenant, ils réclament 500 francs CFA, ils me réclament à moi 500 francs CFA. C’est fatigant. Je n’ai rien à donner, juste mon pain de la journée. »
« Plutôt que d’aider les gens à reconstruire leur vie après le conflit dévastateur, certains soldats ajoutent à la misère des habitants en leur extorquant impitoyablement de l’argent », a déploré Daniel Bekele. « Le gouvernement Ouattara devrait respecter l’engagement qu’il a pris de sanctionner ces soldats, notamment en écartant de la nouvelle armée unifiée du pays les personnes jugées responsables d’avoir commis ou autorisé de tels actes. »
Pour d’autres documents de Human Rights Watch sur la Côte d’Ivoire, veuillez consulter :
http://www.hrw.org/fr/africa/cote-divoire
« Le gouvernement Ouattara mérite véritablement des éloges pour ses récents efforts visant à s’attaquer au racket qui existait bien avant que le pays ne soit le théâtre du récent conflit postélectoral », a souligné Daniel Bekele, directeur de la division Afrique de Human Rights Watch. « À présent, il doit aller plus loin que les routes principales et étendre son action aux zones rurales où certains soldats pensent qu’ils peuvent se dérober aux mesures de répression gouvernementales et prendre pour cible des populations figurant parmi les plus vulnérables du pays. »
Le 5 septembre 2011, le Premier Ministre Guillaume Soro a déclaré que le gouvernement ne tolèrerait plus l’extorsion pratiquée aux barrages routiers et a réclamé des sanctions à l’encontre des auteurs de tels actes. Le lendemain, le porte-parole du ministère de la Défense a averti les membres des Forces républicaines qu’ils seraient renvoyés s’ils venaient à être pris en train de se livrer au racket.
Les actes d’extorsion perpétrés par les forces de sécurité minaient le pays bien avant les récentes violences déclenchées par le refus du Président Laurent Gbagbo de se retirer après que la commission électorale nationale et les observateurs internationaux eurent désigné son rival, Alassane Ouattara, vainqueur du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010. De graves violations des droits humains commises par les forces armées des deux camps ont marqué un conflit au cours duquel au moins 3 000 civils ont été tués et 150 femmes violées, souvent en raison de leur appartenance politique, ethnique ou religieuse.
Dans un rapport publié en octobre 2010 et intitulé Terrorisés et abandonnés, Human Rights Watch a décrit les actes d’extorsion et de racket généralisés qui rongeaient les régions occidentales du pays avant le conflit. Les forces de sécurité opérant dans le sud du pays, alors contrôlé par le gouvernement Gbagbo, avaient pour habitude de soumettre à l’extorsion les Ivoiriens du nord et les ressortissants ouest-africains – plaçant parfois arbitrairement en détention et passant à tabac ceux qui refusaient de payer sur-le-champ. Dans la partie nord du pays – alors sous le contrôle de l’armée rebelle, les Forces Nouvelles – les soldats ont tiré d’énormes profits en extorquant de l’argent aux entreprises et aux barrages routiers.
Les Forces Nouvelles sont par la suite devenues les Forces républicaines, qui se sont battues pour Ouattara lors du conflit postélectoral et ont arrêté Gbagbo le 11 avril dernier. Au cours des premiers mois qui ont suivi la prise de contrôle du pays par les Forces républicaines, il est apparu que bon nombre des pratiques qui affectaient le nord de la Côte d’Ivoire depuis 2002 allaient devenir la norme, des informations faisant étant du fait que les soldats mettaient en place des barrages routiers et réclamaient le paiement d’argent à travers tout le territoire. Néanmoins, en juillet, le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko, le Premier Ministre Soro, ainsi que le chef d’état-major de l’armée, le Général Soumaïlia Bakayoko, ont parcouru Abidjan en personne, annonçant qu’ils étaient en train de réduire le nombre de postes de contrôle et exigeaient que les soldats mettent un terme à leurs actes d’extorsion. De nouvelles plaintes émanant de la population, en particulier à l’extérieur d’Abidjan, ont débouché sur les récentes déclarations du gouvernement avertissant que l’extorsion ne serait pas tolérée. Des appels analogues lancés sous le gouvernement antérieur n’avaient pas été entendus ; la réaction du gouvernement actuel face à ce problème est dès lors un signe encourageant, a relevé Human Rights Watch.
Des habitants des régions du sud-ouest et de l’ouest du pays ont confié à un chercheur de Human Rights Watch présent sur le terrain que même si bon nombre de barrages routiers avaient été démantelés le long des routes principales reliant les plus grandes villes du pays, les voies secondaires, des pistes en terre, demeuraient jalonnées d’une multitude de barrages routiers où l’extorsion était pratique courante. Human Rights Watch a confirmé les déclarations des habitants concernant au moins sept barrages routiers sur les pistes secondaires aux alentours de Sassandra à Fresco, au moins quatre barrages entre Tabou et Grabo, et au moins cinq entre Guiglo et Taï. Après que des chauffeurs de camion eurent entamé une grève le 8 septembre pour protester contre les actes d’extorsion commis le long de l’axe Guiglo-Taï, les autorités gouvernementales locales se sont réunies avec les commandants militaires de la zone pour s’attaquer au problème.
Des habitants ont expliqué que les soldats leur demandaient leurs cartes d’identité lorsqu’ils passaient par les barrages. Ils exigeaient que les passagers paient 500 francs CFA (1$US) pour récupérer leurs papiers. Si la personne n’avait pas de carte d’identité, les soldats lui réclamaient 1 000 francs CFA.
L’une des personnes interrogées a signalé que des Casques bleus de l’ONU étaient passés pour dire demander aux habitants de ne pas payer lorsque les forces de sécurité leur réclamaient de l’argent aux barrages routiers. Cette personne a néanmoins attiré l’attention de Human Rights Watch sur le fait que, « Lorsqu’ils ont une arme [à feu] et votre carte d’identité et qu’ils vous disent que vous ne pourrez pas la récupérer tant que vous ne leur verserez pas 500 francs CFA (1$US), comment serait-on censé leur dire non ? »
Des professionnels de la santé opérant dans le département de Taï, près de la frontière libérienne, ont fait remarquer que l’extorsion entravait l’accès de la population aux soins de santé. Ainsi, pour se rendre à l’hôpital régional de Guiglo, les passagers des transports publics se voyaient extorquer des montants qui doublaient le coût de leur déplacement.
Le sud-ouest et l’ouest de la Côte d’Ivoire ont été parmi les régions les plus touchées par le récent conflit. Les habitants de ces régions se trouvent dans une position particulièrement vulnérable, ce qui aggrave d’autant plus l’impact des actes d’extorsion auxquels se livrent les soldats. Une personne de 62 ans résidant dans un village à l’extérieur de Fresco a confié à Human Rights Watch : « Ma maison a été entièrement pillée et incendiée pendant la guerre. Je n’ai rien. Maintenant, ils réclament 500 francs CFA, ils me réclament à moi 500 francs CFA. C’est fatigant. Je n’ai rien à donner, juste mon pain de la journée. »
« Plutôt que d’aider les gens à reconstruire leur vie après le conflit dévastateur, certains soldats ajoutent à la misère des habitants en leur extorquant impitoyablement de l’argent », a déploré Daniel Bekele. « Le gouvernement Ouattara devrait respecter l’engagement qu’il a pris de sanctionner ces soldats, notamment en écartant de la nouvelle armée unifiée du pays les personnes jugées responsables d’avoir commis ou autorisé de tels actes. »
Pour d’autres documents de Human Rights Watch sur la Côte d’Ivoire, veuillez consulter :
http://www.hrw.org/fr/africa/cote-divoire