Ancien sous-préfet et actuel secrétaire général de l’Assemblée nationale, Lucas Guéhi Brissi dit avoir annoncé sa candidature aux législatives pour sensibiliser ses ‘’camarades‘’ du Front populaire ivoirien à participer à la vie du pays.
Selon des nouvelles qui nous sont parvenues, vous êtes candidat aux législatives ; confirmez-vous cette information ?
Naturellement, je confirme ce que j’ai dit à Gagnoa. Je me propose d’être candidat aux législatives de cette année ou de l’année prochaine. Peu importe, mais je serai candidat.
En avez-vous parlé avec la direction de votre parti ?
Non, je n’en ai parlé ni à la direction ni aux camarades du parti. Mais je me dis que dans la situation actuelle du parti et du pays, nous devons travailler à la base. Et, c’est ce travail à la base qui devrait, à mon sens, être pris en compte par la direction du parti. Car, c’est un travail de sensibilisation. Après la crise que nous avons vécue, le parti a été estomaqué. Beaucoup de nos camarades vivent dans la peur, d’autres sont encore en exil. Dans cette situation, il fallait quelqu’un pour dire allons aux élections.
Pourquoi ?
C’est une forme de sensibilisation et d’encouragement pour les uns et les autres afin qu’ils sortent pour reprendre la lutte politique.
Ce n’était pas un préalable d’en parler avec la direction du Fpi ?
C’est vrai, j’aurais dû en parler avec la direction de mon parti. Mais lorsqu’une maison brûle, c’est l’eau qui est à proximité qu’on utilise pour éteindre le feu. Si on veut aller trop loin pour puiser une eau propre, la maison sera consumée le temps qu’on revienne. J’irai à la rencontre de la direction du parti, pour lui en parler, lorsqu’elle aura pris la décision d’aller aux élections. A ce moment-là, je déposerai ma candidature.
Quel sens donnez-vous à votre ambition ?
Ce que j’ai fait entre dans le cadre de la sensibilisation pour réveiller ceux qui, pour des raisons tout à fait compréhensibles, restent encore dans la torpeur.
Comment vos ‘’camarades‘’ l’ont-elle accueillie ?
Du côté de la direction, je n’ai pas encore eu de réactions. Mais des amis m’appellent pour apprécier, m’encourager et me soutenir. Parce qu’ils estiment comme moi, que c’est une grosse erreur de faire la politique de la chaise vide. Nombreux sont mes amis et ‘’camarades‘’ qui m’ont appelé pour me dire : « la décision que tu as prise est une décision courageuse, il faut que le Fpi aille aux élections. Parce qu’il ne peut pas se permettre de faire la politique de la chaise vide ».
Comme vous, des ‘’frontistes‘’ sont donc prêts à aller aux élections ?
Lorsque j’ai fait cette déclaration, beaucoup d’entre eux m’ont applaudi. Vous savez, l’histoire du Fpi se conjugue avec l’histoire de la lutte politique en Côte d’Ivoire. Avant 1990, nous avons été témoin du combat de Laurent Gbagbo pour obtenir le multipartisme. Après 90, il a fallu encore batailler pour améliorer les conditions de participation aux différentes élections. Quoique ces conditions étaient difficiles, le président Laurent Gbagbo a dû aller aux élections face au président Félix Houphouet-Boigny. Cela, pour rompre avec le parti unique et le syndrome de la candidature unique. Aux députations, le Fpi a réussi à secouer le système avec seulement trois députés. En 1999, après le coup d’Etat militaire, il y a eu le Cnsp (Conseil national de salut public, Ndlr) dirigé par des militaires. Les élections ont été organisées sous le joug du Cnsp. Le Fpi et son président, Laurent Gbagbo, sont allés aux élections. En 2000, les conditions n’étaient pas aussi meilleures que celles d’aujourd’hui. Pourtant, nous y sommes allés …
Pour vous, l’histoire se répète et le Fpi doit y faire face ?
Le Fpi par sa lutte pour l’avènement d’une société démocratique juste s’est toujours battu. Le Fpi n’a jamais fait la politique de la chaise vide. Aujourd’hui où les conditions sont aussi difficiles, nous devons nous souvenir de notre histoire. C’est en y allant que nous allons créer des conditions de confiance. Le Fpi doit assumer son destin, qui est celui d’un parti né dans le combat. Il ne peut pas laisser les Ivoiriens seuls sur le chemin du développement. Ce serait renier sa propre histoire et son destin. C’est pourquoi nous disons, camarades ne baissons pas les bras, allons-y participer à la construction de cette société qui est la nôtre.
Que gagne le Fpi en allant aux élections et qu’est-ce qu’il perd en n’y allant pas ?
Le Fpi gagne gros, mais à travers le Fpi, c’est la Côte d’Ivoire qui gagne. Nous avons connu le parti unique et toutes les dérives qu’il a entraînées partout où il a été expérimenté. Il a fallu que des hommes et des femmes se battent pour rompre avec le parti unique. Ne pas aller aux élections, nous ramène au parti unique. Parce que les autres forces se sont organisées dans une coalition qu’on appelle le Rhdp. D’autres forces sont en train de rejoindre le Rhdp. La seule force d’opposition, c’est le Front populaire ivoirien. Si nous n’allons pas aux élections, nous aurons à la présidence un représentant du Rhdp, nous aurons un seul groupement politique à l’Assemblée nationale, nous aurons les mairies et les conseils généraux entre les mains du Rhdp… Alors nous aurons par notre absence facilité le retour du parti unique. A l’Assemblée nationale, sur la base des élections de 2000, le Fpi représente la 2ème force politique en Côte d’Ivoire. S’il ne participe pas aux élections, j’ai peur qu’il soit relégué à la 4ème place ou même qu’il disparaisse. Pis, les générations à venir nous oublierons.
Quel commentaire sur les conditions que pose votre parti ?
Le souhait de tout le monde est que l’on crée des conditions minimales de sécurité. Parce que pour que la campagne se passe dans des bonnes conditions, il faut un minimum de sécurité. Aujourd’hui ce ne sont pas ceux qui ne sont habilités à avoir des armes qui les ont. Les gouvernants doivent prendre des dispositions, pour que ces conditions de sécurité soient créées. Il y a des obstacles qu’il faut lever. Qu’on soit Fpi, Pdci, Rdr… des conditions ordinaires de sécurité intéressent tout le monde. Mais les autres conditions peuvent se négocier.
Lesquelles par exemple ?
Le rééquilibrage de la Cei, mais il faut forcément que les autorités acceptent de discuter. Parce qu’une société ne peut pas se construire quand ses acteurs sont dos à dos. Aujourd’hui, les gouvernants ont une mission, c’est de faire en sorte de refermer cette fracture sociale. C’est pourquoi, il ne faut pas que les gouvernants ferment la porte à la discussion.
Entretien réalisé par Bidi Ignace
Selon des nouvelles qui nous sont parvenues, vous êtes candidat aux législatives ; confirmez-vous cette information ?
Naturellement, je confirme ce que j’ai dit à Gagnoa. Je me propose d’être candidat aux législatives de cette année ou de l’année prochaine. Peu importe, mais je serai candidat.
En avez-vous parlé avec la direction de votre parti ?
Non, je n’en ai parlé ni à la direction ni aux camarades du parti. Mais je me dis que dans la situation actuelle du parti et du pays, nous devons travailler à la base. Et, c’est ce travail à la base qui devrait, à mon sens, être pris en compte par la direction du parti. Car, c’est un travail de sensibilisation. Après la crise que nous avons vécue, le parti a été estomaqué. Beaucoup de nos camarades vivent dans la peur, d’autres sont encore en exil. Dans cette situation, il fallait quelqu’un pour dire allons aux élections.
Pourquoi ?
C’est une forme de sensibilisation et d’encouragement pour les uns et les autres afin qu’ils sortent pour reprendre la lutte politique.
Ce n’était pas un préalable d’en parler avec la direction du Fpi ?
C’est vrai, j’aurais dû en parler avec la direction de mon parti. Mais lorsqu’une maison brûle, c’est l’eau qui est à proximité qu’on utilise pour éteindre le feu. Si on veut aller trop loin pour puiser une eau propre, la maison sera consumée le temps qu’on revienne. J’irai à la rencontre de la direction du parti, pour lui en parler, lorsqu’elle aura pris la décision d’aller aux élections. A ce moment-là, je déposerai ma candidature.
Quel sens donnez-vous à votre ambition ?
Ce que j’ai fait entre dans le cadre de la sensibilisation pour réveiller ceux qui, pour des raisons tout à fait compréhensibles, restent encore dans la torpeur.
Comment vos ‘’camarades‘’ l’ont-elle accueillie ?
Du côté de la direction, je n’ai pas encore eu de réactions. Mais des amis m’appellent pour apprécier, m’encourager et me soutenir. Parce qu’ils estiment comme moi, que c’est une grosse erreur de faire la politique de la chaise vide. Nombreux sont mes amis et ‘’camarades‘’ qui m’ont appelé pour me dire : « la décision que tu as prise est une décision courageuse, il faut que le Fpi aille aux élections. Parce qu’il ne peut pas se permettre de faire la politique de la chaise vide ».
Comme vous, des ‘’frontistes‘’ sont donc prêts à aller aux élections ?
Lorsque j’ai fait cette déclaration, beaucoup d’entre eux m’ont applaudi. Vous savez, l’histoire du Fpi se conjugue avec l’histoire de la lutte politique en Côte d’Ivoire. Avant 1990, nous avons été témoin du combat de Laurent Gbagbo pour obtenir le multipartisme. Après 90, il a fallu encore batailler pour améliorer les conditions de participation aux différentes élections. Quoique ces conditions étaient difficiles, le président Laurent Gbagbo a dû aller aux élections face au président Félix Houphouet-Boigny. Cela, pour rompre avec le parti unique et le syndrome de la candidature unique. Aux députations, le Fpi a réussi à secouer le système avec seulement trois députés. En 1999, après le coup d’Etat militaire, il y a eu le Cnsp (Conseil national de salut public, Ndlr) dirigé par des militaires. Les élections ont été organisées sous le joug du Cnsp. Le Fpi et son président, Laurent Gbagbo, sont allés aux élections. En 2000, les conditions n’étaient pas aussi meilleures que celles d’aujourd’hui. Pourtant, nous y sommes allés …
Pour vous, l’histoire se répète et le Fpi doit y faire face ?
Le Fpi par sa lutte pour l’avènement d’une société démocratique juste s’est toujours battu. Le Fpi n’a jamais fait la politique de la chaise vide. Aujourd’hui où les conditions sont aussi difficiles, nous devons nous souvenir de notre histoire. C’est en y allant que nous allons créer des conditions de confiance. Le Fpi doit assumer son destin, qui est celui d’un parti né dans le combat. Il ne peut pas laisser les Ivoiriens seuls sur le chemin du développement. Ce serait renier sa propre histoire et son destin. C’est pourquoi nous disons, camarades ne baissons pas les bras, allons-y participer à la construction de cette société qui est la nôtre.
Que gagne le Fpi en allant aux élections et qu’est-ce qu’il perd en n’y allant pas ?
Le Fpi gagne gros, mais à travers le Fpi, c’est la Côte d’Ivoire qui gagne. Nous avons connu le parti unique et toutes les dérives qu’il a entraînées partout où il a été expérimenté. Il a fallu que des hommes et des femmes se battent pour rompre avec le parti unique. Ne pas aller aux élections, nous ramène au parti unique. Parce que les autres forces se sont organisées dans une coalition qu’on appelle le Rhdp. D’autres forces sont en train de rejoindre le Rhdp. La seule force d’opposition, c’est le Front populaire ivoirien. Si nous n’allons pas aux élections, nous aurons à la présidence un représentant du Rhdp, nous aurons un seul groupement politique à l’Assemblée nationale, nous aurons les mairies et les conseils généraux entre les mains du Rhdp… Alors nous aurons par notre absence facilité le retour du parti unique. A l’Assemblée nationale, sur la base des élections de 2000, le Fpi représente la 2ème force politique en Côte d’Ivoire. S’il ne participe pas aux élections, j’ai peur qu’il soit relégué à la 4ème place ou même qu’il disparaisse. Pis, les générations à venir nous oublierons.
Quel commentaire sur les conditions que pose votre parti ?
Le souhait de tout le monde est que l’on crée des conditions minimales de sécurité. Parce que pour que la campagne se passe dans des bonnes conditions, il faut un minimum de sécurité. Aujourd’hui ce ne sont pas ceux qui ne sont habilités à avoir des armes qui les ont. Les gouvernants doivent prendre des dispositions, pour que ces conditions de sécurité soient créées. Il y a des obstacles qu’il faut lever. Qu’on soit Fpi, Pdci, Rdr… des conditions ordinaires de sécurité intéressent tout le monde. Mais les autres conditions peuvent se négocier.
Lesquelles par exemple ?
Le rééquilibrage de la Cei, mais il faut forcément que les autorités acceptent de discuter. Parce qu’une société ne peut pas se construire quand ses acteurs sont dos à dos. Aujourd’hui, les gouvernants ont une mission, c’est de faire en sorte de refermer cette fracture sociale. C’est pourquoi, il ne faut pas que les gouvernants ferment la porte à la discussion.
Entretien réalisé par Bidi Ignace