Le mariage est généralement une union sacrée. Plutôt que de s’offrir un mariage de luxe, de plus en plus de gens préfèrent la discrétion : l’union est scellée à quatre. C’est-à-dire les mariés et les deux témoins. Pourquoi un tel choix ? Notre enquête.
Par un matin pluvieux du jeudi 5 février, Tra Bi Jean-Louis 32 ans et Hélène Koffi, 26 ans ont rendez-vous à l’hôtel du district du Plateau, pour officialiser leur union ‘’devant le maire’’. Ce jour-là vêtue d’un ensemble-pagne, Hélène et son partenaire se sont engouffrés dans un taxi-compteur, direction la commune des affaires. Au district, les attendait un autre couple. Thierry Assémian le témoin de Jean-Louis et Pauline Béré, témoin d’Hélène. A quatre, dans la grande salle de mariage de l’hôtel du district, les convives flottent littéralement dans cet espace où sont aménagées des centaines de places. En quelques minutes, un adjoint au maire de la commune a déclaré Jean-Louis et Hélène, mari et femme. Le « oui » sacramental a été prononcé de part et d’autre. Ensuite, les deux tourtereaux échangent les alliances puis signent à la sauvette le livret de famille.
Superstitions
« C’est d’un commun accord que nous avons décidé de nous marier sans informer qui que ce soit. Nous avons connu des problèmes par le passé qui nous ont fait prendre cette décision. A chaque fois qu’on organisait le mariage, ma famille et celle de ma femme se chamaillaient. Il y avait des disputes soit sur le lieu, soit sur les simples vêtements à porter pour la cérémonie nuptiale. A trois reprises, nous avons reporté le mariage. Finalement, je n’en pouvais plus. On a décidé de mettre les deux familles devant le fait accompli », témoigne Hélène. Béré et Assemian ont été les seules personnes informées de l’union du couple. « Il n’y a même pas eu de repas collectif. Tout juste après le mariage, mon mari est retourné au travail avec son collègue et témoin. Moi, à la maison heureuse d’être une femme mariée» , a déclaré la nouvelle épouse. Tout comme Tra Bi Jean-Louis et Hélène Koffi, de plus en plus d’Ivoiriens se marient à quatre, dans la discrétion. Certains évoquent des raisons économiques, d’autres, l’âge. Pour une autre catégorie, il s’agit de conjurer le mauvais sort. Comme le dit le proverbe, ‘’pour vivre heureux, vivons cachés’’. Pour Djibril Coulibaly, un autre marié, les mariages à grande pompe nuisent à l’harmonie du couple. « Ils ne résistent pas au-delà de dix ans », souligne-t-il superstitieux. Il témoigne que l’union de plusieurs couples dans son entourage s’est soldée par un échec parce que ces couples-là ont « invité plusieurs personnes à leur mariage. Parmi eux, il y en a qui viennent avec un mauvais cœur ou qui émettent des vibrations négatives parce qu’ils sont jaloux ou envieux. Ils ne veulent pas vous voir réussir. Pendant que vous répondez par «oui» je t’accepte comme époux ou épouse, eux prient en secret pour que ça ne marche pas».
Manque de moyens
Ce monsieur n’a pas jugé utile de prévenir sa femme de leur mariage. Il le lui a annoncé presqu’au dépourvu. « Le samedi 25 juillet, il m’a réveillée tôt le matin et m’a dit de m’apprêter parce qu’on allait se marier dans les trois heures à la mairie d’Attécoubé. J’étais tellement surprise que je ne savais quoi dire. En même temps, je ne pouvais pas refuser. C’était ce jour-là, ou plus jamais dans l’avenir », raconte Marie-Laurence, l’épouse de Djibril. Et à Djibril de s’expliquer « je ne l’ai pas prévenue tôt de peur qu’elle ait le temps de vendre la mèche. Vous savez, avec les femmes, on ne sait jamais. Je veux d’une relation qui dure. J’ai fait ce serment à ma défunte mère. Donc, je me donne les moyens d’y aller. Nous avons vécu ensemble pendant 20 ans sans mariage. Marie-Laurence ne pourra pas dire le contraire». «No comment », se contente de dire celle-ci.
«Me marier en “secret”, juste avec deux témoins, j’avoue que je ne comprenais pas la démarche. Je n’avais pas d’autre choix que d’accepter. La seule chose que mon mari voulait éviter, c’était les dépenses. Nous avons juste envoyé une photo prise à la sortie de la mairie aux parents. Cela a créé un tollé dans la famille », indique Mme Saly Koné. Pour éviter des dépenses somptuaires, ce couple a décidé de faire un mariage avec les deux témoins uniquement. Le mari, Adama Koné, administrateur public, vêtu d’un somptueux costume ne s’est pas gêné malgré le peu de monde à dire « oui » à Saly Konaté, secrétaire de direction. Le mariage a été célébré le vendredi 18 juillet, à la mairie d’Adjamé. « Nous sommes juste allés au restaurant avec nos témoins après la cérémonie, il n’y a pas de voyage de noces. Ce n’est pas ce à quoi je rêvais quand j’étais au lycée. Mais maintenant, je comprends mieux la décision de mon mari », a révélé Mme Koné. Et monsieur de renchérir : «un mariage c’est tellement cher, la location de salle, les costumes, une robe plus les accessoires. Le buffet, la déco. Un de mes collègues s’est marié. Avec au moins 100 invités la facture tournait autour 800 mille à 1 million de Fcfa. Ce fut certes une belle fête mais du luxe par ces temps de vaches maigres, il vaudrait mieux se tenir tranquille. Il s’est ruiné ! On ne vit plus d’amour et d’eau fraîche ».
S.S (stagiaire)
Par un matin pluvieux du jeudi 5 février, Tra Bi Jean-Louis 32 ans et Hélène Koffi, 26 ans ont rendez-vous à l’hôtel du district du Plateau, pour officialiser leur union ‘’devant le maire’’. Ce jour-là vêtue d’un ensemble-pagne, Hélène et son partenaire se sont engouffrés dans un taxi-compteur, direction la commune des affaires. Au district, les attendait un autre couple. Thierry Assémian le témoin de Jean-Louis et Pauline Béré, témoin d’Hélène. A quatre, dans la grande salle de mariage de l’hôtel du district, les convives flottent littéralement dans cet espace où sont aménagées des centaines de places. En quelques minutes, un adjoint au maire de la commune a déclaré Jean-Louis et Hélène, mari et femme. Le « oui » sacramental a été prononcé de part et d’autre. Ensuite, les deux tourtereaux échangent les alliances puis signent à la sauvette le livret de famille.
Superstitions
« C’est d’un commun accord que nous avons décidé de nous marier sans informer qui que ce soit. Nous avons connu des problèmes par le passé qui nous ont fait prendre cette décision. A chaque fois qu’on organisait le mariage, ma famille et celle de ma femme se chamaillaient. Il y avait des disputes soit sur le lieu, soit sur les simples vêtements à porter pour la cérémonie nuptiale. A trois reprises, nous avons reporté le mariage. Finalement, je n’en pouvais plus. On a décidé de mettre les deux familles devant le fait accompli », témoigne Hélène. Béré et Assemian ont été les seules personnes informées de l’union du couple. « Il n’y a même pas eu de repas collectif. Tout juste après le mariage, mon mari est retourné au travail avec son collègue et témoin. Moi, à la maison heureuse d’être une femme mariée» , a déclaré la nouvelle épouse. Tout comme Tra Bi Jean-Louis et Hélène Koffi, de plus en plus d’Ivoiriens se marient à quatre, dans la discrétion. Certains évoquent des raisons économiques, d’autres, l’âge. Pour une autre catégorie, il s’agit de conjurer le mauvais sort. Comme le dit le proverbe, ‘’pour vivre heureux, vivons cachés’’. Pour Djibril Coulibaly, un autre marié, les mariages à grande pompe nuisent à l’harmonie du couple. « Ils ne résistent pas au-delà de dix ans », souligne-t-il superstitieux. Il témoigne que l’union de plusieurs couples dans son entourage s’est soldée par un échec parce que ces couples-là ont « invité plusieurs personnes à leur mariage. Parmi eux, il y en a qui viennent avec un mauvais cœur ou qui émettent des vibrations négatives parce qu’ils sont jaloux ou envieux. Ils ne veulent pas vous voir réussir. Pendant que vous répondez par «oui» je t’accepte comme époux ou épouse, eux prient en secret pour que ça ne marche pas».
Manque de moyens
Ce monsieur n’a pas jugé utile de prévenir sa femme de leur mariage. Il le lui a annoncé presqu’au dépourvu. « Le samedi 25 juillet, il m’a réveillée tôt le matin et m’a dit de m’apprêter parce qu’on allait se marier dans les trois heures à la mairie d’Attécoubé. J’étais tellement surprise que je ne savais quoi dire. En même temps, je ne pouvais pas refuser. C’était ce jour-là, ou plus jamais dans l’avenir », raconte Marie-Laurence, l’épouse de Djibril. Et à Djibril de s’expliquer « je ne l’ai pas prévenue tôt de peur qu’elle ait le temps de vendre la mèche. Vous savez, avec les femmes, on ne sait jamais. Je veux d’une relation qui dure. J’ai fait ce serment à ma défunte mère. Donc, je me donne les moyens d’y aller. Nous avons vécu ensemble pendant 20 ans sans mariage. Marie-Laurence ne pourra pas dire le contraire». «No comment », se contente de dire celle-ci.
«Me marier en “secret”, juste avec deux témoins, j’avoue que je ne comprenais pas la démarche. Je n’avais pas d’autre choix que d’accepter. La seule chose que mon mari voulait éviter, c’était les dépenses. Nous avons juste envoyé une photo prise à la sortie de la mairie aux parents. Cela a créé un tollé dans la famille », indique Mme Saly Koné. Pour éviter des dépenses somptuaires, ce couple a décidé de faire un mariage avec les deux témoins uniquement. Le mari, Adama Koné, administrateur public, vêtu d’un somptueux costume ne s’est pas gêné malgré le peu de monde à dire « oui » à Saly Konaté, secrétaire de direction. Le mariage a été célébré le vendredi 18 juillet, à la mairie d’Adjamé. « Nous sommes juste allés au restaurant avec nos témoins après la cérémonie, il n’y a pas de voyage de noces. Ce n’est pas ce à quoi je rêvais quand j’étais au lycée. Mais maintenant, je comprends mieux la décision de mon mari », a révélé Mme Koné. Et monsieur de renchérir : «un mariage c’est tellement cher, la location de salle, les costumes, une robe plus les accessoires. Le buffet, la déco. Un de mes collègues s’est marié. Avec au moins 100 invités la facture tournait autour 800 mille à 1 million de Fcfa. Ce fut certes une belle fête mais du luxe par ces temps de vaches maigres, il vaudrait mieux se tenir tranquille. Il s’est ruiné ! On ne vit plus d’amour et d’eau fraîche ».
S.S (stagiaire)