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Politique Publié le lundi 19 septembre 2011 | Le Temps

Elections législatives : Les dangers qui guettent le pouvoir

© Le Temps Par Nathan Kone
Bonne gouvernance: le séminaire gouvernemental a pris fin
Mercredi 6 juillet 2011. Abidjan. Palais présidentiel du Plateau. Le chef de l`Etat, SEM Alassane Ouattara a mis fin aux travaux du séminaire qui a regroupé tous les membres du gouvernement
Le régime Ouattara est tenu d’organiser des élections législatives démocratiques et crédibles, c’est-à-dire transparentes et ouvertes à tous, pour espérer recevoir les appuis attendus des bailleurs de fonds. Un exercice quasiment impossible pour le pouvoir, en l’état actuel des choses. Les nouveaux tenants du pouvoir, donnant dans la démagogie et la manipulation de l’opinion, ont tôt fait de présenter les conclusions de la dernière mission conjointe Banque mondiale – Fmi en Côte d’Ivoire comme une victoire qui présagerait, à en croire un confrère pro-Ouattara, d’une «pluie de milliards» sur la Côte d’Ivoire. Cette fameuse pluie de milliards sans laquelle Ouattara se trouverait définitivement handicapé. Ce que l’on doit savoir, c’est que l’homme attend 13. 000 milliards des bailleurs de fonds. Mais il n’a pas reçu le moindre centime, à ce jour. En dehors des salaires des fonctionnaires qui sont pris en charge par le Trésor français. Ce que Ouattara cache aux Ivoiriens, c’est que sur ce montant faramineux, la Banque mondiale promet de ne lui donner que 100 milliards sur 5 ans, si… les élections législatives se déroulent sans encombre. Quant au Fmi, il lui a fait miroiter 300 autres milliards, «sous réserve d’approbation», pour les mêmes raisons. Ce qui signifie que de multiples conditions restent à remplir dont les législatives. Donc, les fonds en question sont loin d’être acquis. C’est une simple promesse de 400 milliards sur les 13 000 recherchés qui est brandie par le pouvoir comme un succès. Mais, pendant que le régime célèbre son hypothétique pluie de milliards, le contexte qu’il a lui-même créé ne plaide pas en sa faveur, pour des législatives crédibles. Laurent Gbagbo et ses proches sont toujours en prison. Les leaders de l’opposition, dont les avoirs restent gelés illégalement, sont traqués et poursuivis de toutes parts et inculpés à tort par le pouvoir, pour casser le Front populaire ivoirien et La majorité présidentielle (Lmp). Nombre d’élus et cadres ont dû prendre le chemin de l’exil, pour ne pas être arrêtés, voire tués. Le patrimoine de l’opposition a été, soit pillé, soit confisqué. Le racket et le grand banditisme ont grimpé de façon vertigineuse depuis l’arrivée de Ouattara. Les militants et partisans de Laurent Gbagbo, objets de menaces, d’intimidation et d’agression, sont pourchassés et froidement abattus par les hommes en armes du régime. De nombreuses populations sont encore déplacées dans leur pays ou demeurent en exil. Le Nord du pays est un Etat dans l’Etat. La rébellion des Forces nouvelles qui détient toujours les armes, occupe encore une partie du pays et perçoit taxes et impôts. La mascarade qui a consisté à faire croire que les Forces armées des ex-rebelles sont dissoutes et que les Frci (Forces pro-Ouattara) qui commettent au quotidien des exactions et des assassinats sont devenues des Fanci (armée régulière) ne visait qu’à tromper l’opinion internationale pour faire croire que le pays a retrouvé sa normalité. Mais les bailleurs de fonds qui connaissent la réalité sur le terrain ne sont pas tombés dans le jeu. Ils continuent d’insister sur la nécessité d’«améliorer l’environnement sécuritaire, principalement en ce qui concerne la circulation des biens et des personnes et mener à bonne fin les élections législatives», reconnait un confrère proche du pouvoir.

La démocratie, un handicap majeur pour Ouattara

Le défi est d’autant plus gigantesque pour le pouvoir que Ouattara ne semble pas prêt à organiser des législatives libres, transparentes, crédibles, ouvertes à tous. C’est –à-dire démocratiques, résumées en un mot. Or, là est le drame du nouveau locataire du palais. Démocratie ? C’est une notion que Ouattara ignore. Conscient de sa minorité, de son impopularité et de son illégitimité, il n’entend pas se mesurer à l’opposition dans des joutes électorales démocratiques. A supposer même que, par extraordinaire, l’idée d’élections crédibles à tous points de vue venait à lui effleurer l’esprit, comment s’y prendrait-il ? Sa culture est aux antipodes de la démocratie. Il n’a pas appris à envisager les choses autrement que par la force. Pis, la France, en renversant Laurent Gbagbo à son profit le 11 avril 2011, l’a définitivement convaincu que les coups de force sont le seul moyen d’arriver à ses fins. Voici, en très peu de lignes, le portait de celui à qui les alliés occidentaux demandent aujourd’hui de promouvoir la démocratie, après l’avoir initié à la violence. Comment un tel homme serait-t-il capable d’organiser des législatives irréprochables ? Son régime devra répondre à cette question qui l’agace. Selon nos sources, Ouattara est très irrité par «cette histoire d’élections démocratiques». Il estime que ce n’était pas à ceux qui l’ont aidé à prendre le pouvoir par la force de lui poser des «conditions» dont il n’a que faire. Mais les impérialistes occidentaux n’ont pas d’état d’âme. Ils ont plutôt des raisons que la raison d’un régime putschiste et dictatorial ignore. Pressé de figurer coûte que coûte sur la liste de ceux qui ont dirigé la Côte d’Ivoire, et porté à bout de bras par Paris, il n’a certainement pas mesuré dans tout son sens la réalité qui veut que : «Les pays n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts».

Le retour du bâton

Voilà qu’aujourd’hui, Ouattara est soumis, par la même coalition internationale, aux mêmes pressions que ses prédécesseurs. Comme Bédié que la France a fait renverser en 1999 et Laurent Gbagbo que l’armée française a renversé il ya 5 mois, il doit, à son tour faire face au piège des inévitables «exigences démocratiques» de l’Occident. L’histoire nous apprend que ces «conditions» finissent toujours par emporter, tôt où tard, ceux à qui on les pose. Et Ouattara est bien obligé de passer par là, en ouvrant le jeu démocratique. En tenant compte des conditions posées par l’opposition. Comme le Rdr de Ouattara et les ex-rebelles se faisaient si souvent le plaisir d’en poser au pouvoir d’alors, avec l’appui de la France et des médias internationaux. Il doit organiser des élections «ouvertes à tous, justes, transparentes, démocratiques et crédibles (entre autres exigences). Le problème est que l’organisation d’élections crédibles n’est pas une partie de plaisir dans ce pays. Un autre confrère proche du pouvoir, faute d’analyse, a cru devoir barrer à sa Une «les étranges conditions du Fpi». Pourtant, il ne devrait pas ignorer qu’en Côte d’Ivoire, ce qui devient presque toujours «étrange» pour le pouvoir en place, ce sont les suites d’élections à problème. A charge pour le parti au pouvoir de s’y engager ! Parlant de la libération de Laurent Gbagbo et de ses proches, de l’exil des cadres du Fpi, ainsi que des questions sécuritaires, des poursuites et des persécutions contre les cadres Lmp, le confère a semblé se tordre de rire en les banalisant. Certes, ça peut faire rire au début. Mais l’expérience nous a démontré que le fait d’être tenu par la «communauté internationale» et les bailleurs de fonds d’organiser des «élections démocratiques» n’est jamais un jeu en Afrique. Or, il n’y a pas de démocratie sans une opposition qui pose des préoccupations qui doivent être prises en compte. Ouattara se serait bien passé d’élections pendant longtemps. Mais il a dû se résoudre à fixer la date des législatives sous la pression des bailleurs de fonds. Lesquels bailleurs de fonds auraient eux-mêmes fait l’économie des conditionnalités posées à Ouattara, si cet aspect n’était pas important pour la suite des choses, et pour l’avenir, déjà sombre et incertain, du régime actuel.

K. Kouassi Maurice
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