Les mauvaises pratiques semblent encore perdurer dans le système scolaire. Des informations persistantes émanant de sources très proches des staffs des examens du baccalauréat technique qui se déroulent en ce moment font état de graves cas de fraudes. D'abord, pour les épreuves orales, nos sources affirment que des candidats ont soudoyé certains examinateurs indélicats en leur proposant de l'argent contre de bonnes notes. Mais le pire semble pour les compositions écrites prévues pour débuter demain mardi. En effet, nos informateurs sont sans équivoques. Les élèves des classes de terminales techniques sont soumis à une quête portant sur des sommes allant de 15000 à 45.000Fcfa. Ces sommes collectées dans le plus grand secret par des rabatteurs sont ensuite versées à de sombres personnages qui se chargeront de dresser des listes afin d'offrir le ''fameux diplômes'' à ces candidats. Il s'agit, à en croire nos sources de véritables réseaux clandestins très bien organisés. Nos tentatives pour confirmer les informations ont buté sur un mur de silence. Dans le milieu, c'est la loi de l'omerta. Pourtant, des chefs d'établissements seraient également impliqués dans la fraude. Leurs stratégies consisteraient à remettre de fortes sommes allant souvent jusqu'à 500.000F à des chefs de centre afin d'obtenir leur complicité dans cette opération malhonnête. Des professeurs complices seront commis au traitement des sujets dans des « laboratoires » avant de les distribuer à ceux des candidats qui se seraient acquittés de leur « droit à la tricherie ». L'examen du BTS serait soumis aux mêmes pratiques. Les professeurs qui s'opposeraient à ces pratiques sont mal vus. Pour ce qui est du Bac de l'enseignement général, mis à part quelques cas de candidats qui ont proposé de l'argent aux professeurs interrogateurs, aucun cas de fraude majeure n'est porté à la connaissance du public. Toutefois, 4 professeurs issus d'écoles privées ont été interdits d'interroger les candidats par le vice-président d'un centre d'examen, un IGEN(Inspecteur Général de l'Education Nationale). Ce dernier, au vu des dossiers des concernés a estimé que ceux-ci n'avaient pas la qualification requise pour interroger des candidats au Bac. Se prononçant sur ces différents sujets, le coordonnateur régional de la Coordination des Enseignants du Secondaire de Côte d'Ivoire (CES-CI), Goro Abdoulaye a insisté sur la responsabilité de ses pairs qui doivent se mettre au dessus des pratiques répréhensibles. Le syndicaliste a souhaité une plus grande implication de l'Etat pour assainir le milieu scolaire notamment par une reforme du privé dont il a regretté la précarité de la situation des enseignants. « Le privé apporte beaucoup au système scolaire. Toutefois, l'Etat doit être plus regardant sur le mode de recrutement des enseignants en général et sur l'application effective de la convention. Ceci mettrait à ses animateurs d'être à l'abri de toute tentative de corruption » a indiqué Goro Abdoulaye.
Armand Déa, correspondant
Armand Déa, correspondant