Ce sont des petits événements pour les habitués. Mais quand on a vu le déploiement de moyens pour Nafissatou Diallo, quand on a lu l'histoire de Dr Yonas Biru, on ne peut ne pas en parler. En parler pour que la Banque mondiale s'explique. En parler en espérant que les graves allégations faites contre l'institution dirigée par Robert Zoellick sont totalement inexactes.
C'est en allant dans la salle 610 de l'immeuble QU1 pour suivre à l'écran, la session plénière d'ouverture de la 66ème assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale, qu'un activiste de couleur noire nous a remis une feuille portant des écritures au recto et au verso. Il la distribue à tous les passants. Comme partout dans le monde, les uns refusent, d'autres acceptent. Je prends la feuille sans accorder aucun intéret. Il ne peut s'agir que d'aigris, peut-on penser au départ. Il s'agit d'un tract intitulé: ‘’protestation contre la discrimination raciale à la Banque mondiale". Puis suit cette citation attribuée à Bea Edwards (2009) in Foreign Policy in Focus:" Les faits de discrimination raciale à la Banque Mondiale, et le manque de justice pour les plaignants au niveau du Tribunal créent un environnement d'impunité et dehors, la loi pour les incidents à caractère racial pouvant exister". Le décor est planté. Le tract presénte les auteurs et leur motivation. "Nous sommes un groupe d'Africains consultants ou membres du staff de la Banque mondiale. Nous nous sommes organisés pour protester contre la discrimination raciale. La conduite de la Banque représente une sérieuse violation des Droits Humains, au point de déshumaniser un groupe entier de populations à cause de sa couleur de peau’’. Selon le tract, des rapports internes ou externes à la Banque ont établi des cas évidents de discrimination (1979, 1997, 2000, 2003 et 2005). Parmi les différents cas recensés, le Collectif Justice pour les Noirs à la Banque mondiale a choisi de promouvoir le cas de Dr Yonas Biru, pour mettre un nom et un visage sur les pratiques hideuses de discrimation raciale. "Quand le docteur Biru s'est porté candidat pour être le Directeur général de ICP (le plus grand programme mondial de statistiques, il lui a été répondu que la Banque ne peut le recruter à cette position parce que les Européens n'ont pas l'habitude de voir un Noir dans une position de pouvoir et à ce niveau au sein de la Banque". Pourtant, apprend-on, Dr Biru a été pendant six ans, directeur général adjoint. Pis, selon le document, la banque a fait du faux pour lui dénier ses performances dans le travail. "Pendant six ans, Dr Biru a réalisé la meilleure performance en évaluation dans son département. Mais la banque s'est rétractée plus tard et a prétendu qu'il avait été surévalué, rendant nul et de nul effet ses notes. La banque est allée si loin dans le faux qu'elle a changé la date d'entrée de Dr Biru, le faisant passer de 1993 à 1995, pour prouver que la personne mise en cause ne pouvait être auteur de discrimination raciale pour avoir été celle qui a recruté le plaignant". Le patron de la divison éthique de la banque a rencontré à trois reprises, le chef économiste pour trouver un accord et un arrangement. Mais en vain. The Ombudsman et le secrétariat au Trésor des Usa, les autorités de régulation américianes, des experts comptables et spécialistes financiers ont tous fait de la médiation à la demande et au nom de Dr Biru. Une mobilisation sans précédent devant laquelle la banque est restée inflexible, à en croire le tract qui déplore les décisions de la justice américaine." Ce qui est plus aberrant, c’est la décision du tribunal qui a décidé que la banque peut user de discrimination comme une stratégie légale", dénonce le tract, qui en appelle à la mobilisation de toutes les bonnes volontés. L'on apprend enfin que sur 26 plaintes et procédures pour discrimination raciale, au cours des 13 dernières années, toutes ont été déboutées. Voilà l'histoire qui a retenu notre attention à Washington. Elle ne défraie pas la chronique. Ce n'est pas une ‘’Nafissatou Story’’. Mais elle mérite d'être rendue publique, même par un petit média d'un petit pays qui sera émergent à partir de 2020, à en croire l'engagement du Président ivoirien. A noter que les auteurs du tract ont un website (www.justice4blacks.com) et répondent au mail suivant (justice4!lacks@gmail.com). Le site justice4blacks.com est un site amateur et en construction qui ne fournit aucune information sérieuse. Quand on n'a pas reçu soi-même le tract,en sachant que celui qui distribuait n’est pas censé savoir l'identité des personnes recevant le document, sans doute, on y regarderait par deux fois avant d'agir.
Alafé Wakili, envoyé spécial à Washington
C'est en allant dans la salle 610 de l'immeuble QU1 pour suivre à l'écran, la session plénière d'ouverture de la 66ème assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale, qu'un activiste de couleur noire nous a remis une feuille portant des écritures au recto et au verso. Il la distribue à tous les passants. Comme partout dans le monde, les uns refusent, d'autres acceptent. Je prends la feuille sans accorder aucun intéret. Il ne peut s'agir que d'aigris, peut-on penser au départ. Il s'agit d'un tract intitulé: ‘’protestation contre la discrimination raciale à la Banque mondiale". Puis suit cette citation attribuée à Bea Edwards (2009) in Foreign Policy in Focus:" Les faits de discrimination raciale à la Banque Mondiale, et le manque de justice pour les plaignants au niveau du Tribunal créent un environnement d'impunité et dehors, la loi pour les incidents à caractère racial pouvant exister". Le décor est planté. Le tract presénte les auteurs et leur motivation. "Nous sommes un groupe d'Africains consultants ou membres du staff de la Banque mondiale. Nous nous sommes organisés pour protester contre la discrimination raciale. La conduite de la Banque représente une sérieuse violation des Droits Humains, au point de déshumaniser un groupe entier de populations à cause de sa couleur de peau’’. Selon le tract, des rapports internes ou externes à la Banque ont établi des cas évidents de discrimination (1979, 1997, 2000, 2003 et 2005). Parmi les différents cas recensés, le Collectif Justice pour les Noirs à la Banque mondiale a choisi de promouvoir le cas de Dr Yonas Biru, pour mettre un nom et un visage sur les pratiques hideuses de discrimation raciale. "Quand le docteur Biru s'est porté candidat pour être le Directeur général de ICP (le plus grand programme mondial de statistiques, il lui a été répondu que la Banque ne peut le recruter à cette position parce que les Européens n'ont pas l'habitude de voir un Noir dans une position de pouvoir et à ce niveau au sein de la Banque". Pourtant, apprend-on, Dr Biru a été pendant six ans, directeur général adjoint. Pis, selon le document, la banque a fait du faux pour lui dénier ses performances dans le travail. "Pendant six ans, Dr Biru a réalisé la meilleure performance en évaluation dans son département. Mais la banque s'est rétractée plus tard et a prétendu qu'il avait été surévalué, rendant nul et de nul effet ses notes. La banque est allée si loin dans le faux qu'elle a changé la date d'entrée de Dr Biru, le faisant passer de 1993 à 1995, pour prouver que la personne mise en cause ne pouvait être auteur de discrimination raciale pour avoir été celle qui a recruté le plaignant". Le patron de la divison éthique de la banque a rencontré à trois reprises, le chef économiste pour trouver un accord et un arrangement. Mais en vain. The Ombudsman et le secrétariat au Trésor des Usa, les autorités de régulation américianes, des experts comptables et spécialistes financiers ont tous fait de la médiation à la demande et au nom de Dr Biru. Une mobilisation sans précédent devant laquelle la banque est restée inflexible, à en croire le tract qui déplore les décisions de la justice américaine." Ce qui est plus aberrant, c’est la décision du tribunal qui a décidé que la banque peut user de discrimination comme une stratégie légale", dénonce le tract, qui en appelle à la mobilisation de toutes les bonnes volontés. L'on apprend enfin que sur 26 plaintes et procédures pour discrimination raciale, au cours des 13 dernières années, toutes ont été déboutées. Voilà l'histoire qui a retenu notre attention à Washington. Elle ne défraie pas la chronique. Ce n'est pas une ‘’Nafissatou Story’’. Mais elle mérite d'être rendue publique, même par un petit média d'un petit pays qui sera émergent à partir de 2020, à en croire l'engagement du Président ivoirien. A noter que les auteurs du tract ont un website (www.justice4blacks.com) et répondent au mail suivant (justice4!lacks@gmail.com). Le site justice4blacks.com est un site amateur et en construction qui ne fournit aucune information sérieuse. Quand on n'a pas reçu soi-même le tract,en sachant que celui qui distribuait n’est pas censé savoir l'identité des personnes recevant le document, sans doute, on y regarderait par deux fois avant d'agir.
Alafé Wakili, envoyé spécial à Washington