Remarques liminaires du Président de la Banque mondiale, Robert B. Zoellick, à la conférence de presse marquant l’ouverture des Assemblées annuelles
Bonjour. Je vous remercie tous d’être venus assister à la conférence de presse marquant l’ouverture des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI.
Je voudrais tout d’abord saisir cette opportunité pour dire à quel point je me réjouis de pouvoir travailler avec Christine Lagarde dans ses nouvelles fonctions à la tête du FMI. Nous avons naturellement déjà eu l’occasion de collaborer depuis sa première nomination au poste de ministre du commerce extérieur de la France. J’ai vu son habileté, sa perspicacité – et son leadership – à l’œuvre, et je sais que ces qualités feront d’elle un précieux partenaire en ce moment critique pour l’économie mondiale.
Avant de tenter de répondre à vos questions, je voudrais vous donner une idée des thèmes qui devraient selon moi être débattus durant ces réunions.
Ces assemblées sont, pour l’équipe dirigeante et pour moi-même, l’occasion de prendre le pouls des pays clients, d’écouter leurs préoccupations et d’ajuster notre stratégie afin de leur apporter un soutien aussi efficace que possible.
L’action menée par la Banque mondiale pour répondre aux besoins des clients a gagné en rapidité et en précision. Mais nous pouvons assurément faire mieux.
Les deux principaux thèmes de ces réunions sont l’égalité des genres et l’emploi. Tandis que les turbulences des marchés financiers font les manchettes des journaux, ce sont les réponses à ces questions structurelles qui peuvent constituer le fondement d’une croissance durable.
L’édition du Rapport sur le développement dans le monde que nous venons de publier est consacrée à l’égalité des genres. Elle révèle que l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas seulement un objectif fondamental. C’est aussi un atout économique.
Les femmes, comme me l’a fait remarquer l’un de vos collègues, sont le prochain grand marché émergent. Comment le monde pourrait-il réaliser pleinement son potentiel de croissance s’il ne parvient pas à offrir de meilleures perspectives à la moitié de la population du globe – la gent féminine – et à mobiliser les énergies et les contributions des femmes et des filles ?
Près de quatre millions de filles et de femmes « manquent à l’appel » chaque année dans les pays en développement comparé aux chiffres de population féminine dans les pays développés.
C’est comme si Los Angeles, ou Johannesburg, ou Yokohama étaient rayées de la carte.
Faciliter l’accès au crédit et aux droits fonciers. Supprimer les barrières au travail et à l’emploi. Investir dans la santé, l’eau, l’éducation. Donner davantage voix au chapitre aux femmes. Voilà ce dont il s’agit. Prêter davantage attention à ces objectifs– voire éliminer simplement les obstacles qui s’opposent à leur réalisation– peut faire une grande différence.
Durant ces réunions, nous mettrons en chantier la prochaine édition du Rapport sur le développement dans le monde, qui portera sur un autre ressort fondamental de la croissance économique : l’emploi.
La dernière édition du Rapport publiée par la Banque sur ce thème remonte à 16 ans, et bien des choses ont assurément changé depuis lors.
À cette époque, la question qui se posait était celle de l’effet de la mondialisation sur l’emploi. Aujourd’hui, nous vivons dans une économie multipolaire très différente.
Le thème qui occupera selon moi une place prépondérante dans les discussions avec nos actionnaires cette semaine est le fait que les perspectives s’assombrissent pour les clients de la Banque mondiale, à savoir les pays en développement.
Jusqu’à une date récente, les pays en développement faisaient figure d’exception dans l’économie mondiale. Ils représentaient la moitié environ de la croissance mondiale, tandis que l’Europe, le Japon et les États-Unis étaient aux prises avec des niveaux d’endettement et de chômage élevés.
Les économies développées vacillent, mais la situation des marchés émergents risque de se dégrader. Depuis le mois d’août, nous constatons que les spreads sur les obligations de ces pays augmentent, que leurs marchés boursiers sont en baisse, comme dans les pays développés, et que les flux de capitaux vers les marchés émergents ont nettement diminué.
Le recul des exportations était déjà préoccupant. En l’état actuel des choses, l’effondrement des marchés et l’érosion de la confiance pourraient précipiter la chute des investissements dans les économies en développement et provoquer éventuellement une contraction de la consommation. Si la demande intérieure des pays en développement diminuait, leur croissance économique ne pourrait plus être le moteur de la reprise mondiale.
Or, les pays en développement ne disposent plus comme en 2007 -2008 des moyens de résister à un nouveau choc. Leurs ressources budgétaires ne leur permettent plus de sortir de la récession en augmentant simplement les dépenses ; et plusieurs mènent une politique monétaire de la corde raide, en s’efforçant de maintenir un équilibre entre les pressions sur les prix et ces nouveaux dangers.
Si l’on ajoute à cela l’instabilité et le niveau élevé des prix alimentaires – qui pénalisent plus particulièrement les pauvres des pays en développement – et le risque de montée du protectionnisme, on voit que les pays en développement font face à des vents contraires de plus en plus forts.
Si la situation se détériorait davantage, les pays en développement pourraient voir leur activité décroître, les prix de leurs actifs diminuer, et leurs prêts improductifs augmenter. Compte tenu de ces pressions et de ces perspectives, nous devons anticiper la montée éventuelle des protectionnismes, les politiques du « chacun pour soi » et le risque de repli populiste.
Le monde est dans une situation dangereuse. En 2008, beaucoup ont dit qu’ils n’avaient pas vu venir la tourmente. Les dirigeants ne peuvent invoquer cette excuse aujourd’hui. Lorsque l’on est confronté à un danger, il faut savoir faire preuve de courage.
À entendre certains responsables d’économies développées, les problèmes de ces pays ne concernent qu’eux. Tel n’est pas le cas.
Je persiste à penser qu’une récession à double creux des grandes économies mondiales est peu probable. Toutefois ma confiance en ce domaine est un peu plus ébranlée chaque jour par la litanie incessante des mauvaises nouvelles économiques.
Une crise causée par le monde développé pourrait se propager et engendrer une crise dans les pays en développement. L’Europe, le Japon et les États-Unis doivent prendre des mesures pour s’attaquer à leurs graves problèmes économiques avant qu’ils ne deviennent des problèmes encore plus graves pour le reste du monde. Ne pas agir serait irresponsable.
Mais je sais bien que les dirigeants seront obligés d’avoir des conversations honnêtes et difficiles avec leurs parlementaires et leurs citoyens pour expliquer leurs actions. Plus ils attendront et plus leurs options seront limitées, plus elles seront difficiles à appliquer et plus elles seront onéreuses. Que nous venions d’un pays en développement ou d’un pays développé, nous sommes tous concernés par la manière dont ils feront face à la situation.
Pour finir, je tiens également à noter que la Banque tiendra ces assemblées dans le prolongement de la réunion des Nations Unies à New York – pour aider les pays déchirés par un conflit – par exemple en portant l’attention sur les pays situés dans la Corne de l’Afrique, le Soudan du Sud, la Côte d’Ivoire, l’Afghanistan et la Libye.
En dehors du cadre des réunions organisées avec les Gouverneurs arabes et les représentants des Fonds arabes, que j’ai rencontrés hier soir, et avec les Ministres de la Tunisie et de l’Égypte, j’aurai l’occasion de m’entretenir avec M. Ahmed Jehani, qui est le nouveau Ministre libyen de la Stabilisation et de la Reconstruction.
Je suis prêt maintenant à répondre à vos questions.
Bonjour. Je vous remercie tous d’être venus assister à la conférence de presse marquant l’ouverture des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI.
Je voudrais tout d’abord saisir cette opportunité pour dire à quel point je me réjouis de pouvoir travailler avec Christine Lagarde dans ses nouvelles fonctions à la tête du FMI. Nous avons naturellement déjà eu l’occasion de collaborer depuis sa première nomination au poste de ministre du commerce extérieur de la France. J’ai vu son habileté, sa perspicacité – et son leadership – à l’œuvre, et je sais que ces qualités feront d’elle un précieux partenaire en ce moment critique pour l’économie mondiale.
Avant de tenter de répondre à vos questions, je voudrais vous donner une idée des thèmes qui devraient selon moi être débattus durant ces réunions.
Ces assemblées sont, pour l’équipe dirigeante et pour moi-même, l’occasion de prendre le pouls des pays clients, d’écouter leurs préoccupations et d’ajuster notre stratégie afin de leur apporter un soutien aussi efficace que possible.
L’action menée par la Banque mondiale pour répondre aux besoins des clients a gagné en rapidité et en précision. Mais nous pouvons assurément faire mieux.
Les deux principaux thèmes de ces réunions sont l’égalité des genres et l’emploi. Tandis que les turbulences des marchés financiers font les manchettes des journaux, ce sont les réponses à ces questions structurelles qui peuvent constituer le fondement d’une croissance durable.
L’édition du Rapport sur le développement dans le monde que nous venons de publier est consacrée à l’égalité des genres. Elle révèle que l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas seulement un objectif fondamental. C’est aussi un atout économique.
Les femmes, comme me l’a fait remarquer l’un de vos collègues, sont le prochain grand marché émergent. Comment le monde pourrait-il réaliser pleinement son potentiel de croissance s’il ne parvient pas à offrir de meilleures perspectives à la moitié de la population du globe – la gent féminine – et à mobiliser les énergies et les contributions des femmes et des filles ?
Près de quatre millions de filles et de femmes « manquent à l’appel » chaque année dans les pays en développement comparé aux chiffres de population féminine dans les pays développés.
C’est comme si Los Angeles, ou Johannesburg, ou Yokohama étaient rayées de la carte.
Faciliter l’accès au crédit et aux droits fonciers. Supprimer les barrières au travail et à l’emploi. Investir dans la santé, l’eau, l’éducation. Donner davantage voix au chapitre aux femmes. Voilà ce dont il s’agit. Prêter davantage attention à ces objectifs– voire éliminer simplement les obstacles qui s’opposent à leur réalisation– peut faire une grande différence.
Durant ces réunions, nous mettrons en chantier la prochaine édition du Rapport sur le développement dans le monde, qui portera sur un autre ressort fondamental de la croissance économique : l’emploi.
La dernière édition du Rapport publiée par la Banque sur ce thème remonte à 16 ans, et bien des choses ont assurément changé depuis lors.
À cette époque, la question qui se posait était celle de l’effet de la mondialisation sur l’emploi. Aujourd’hui, nous vivons dans une économie multipolaire très différente.
Le thème qui occupera selon moi une place prépondérante dans les discussions avec nos actionnaires cette semaine est le fait que les perspectives s’assombrissent pour les clients de la Banque mondiale, à savoir les pays en développement.
Jusqu’à une date récente, les pays en développement faisaient figure d’exception dans l’économie mondiale. Ils représentaient la moitié environ de la croissance mondiale, tandis que l’Europe, le Japon et les États-Unis étaient aux prises avec des niveaux d’endettement et de chômage élevés.
Les économies développées vacillent, mais la situation des marchés émergents risque de se dégrader. Depuis le mois d’août, nous constatons que les spreads sur les obligations de ces pays augmentent, que leurs marchés boursiers sont en baisse, comme dans les pays développés, et que les flux de capitaux vers les marchés émergents ont nettement diminué.
Le recul des exportations était déjà préoccupant. En l’état actuel des choses, l’effondrement des marchés et l’érosion de la confiance pourraient précipiter la chute des investissements dans les économies en développement et provoquer éventuellement une contraction de la consommation. Si la demande intérieure des pays en développement diminuait, leur croissance économique ne pourrait plus être le moteur de la reprise mondiale.
Or, les pays en développement ne disposent plus comme en 2007 -2008 des moyens de résister à un nouveau choc. Leurs ressources budgétaires ne leur permettent plus de sortir de la récession en augmentant simplement les dépenses ; et plusieurs mènent une politique monétaire de la corde raide, en s’efforçant de maintenir un équilibre entre les pressions sur les prix et ces nouveaux dangers.
Si l’on ajoute à cela l’instabilité et le niveau élevé des prix alimentaires – qui pénalisent plus particulièrement les pauvres des pays en développement – et le risque de montée du protectionnisme, on voit que les pays en développement font face à des vents contraires de plus en plus forts.
Si la situation se détériorait davantage, les pays en développement pourraient voir leur activité décroître, les prix de leurs actifs diminuer, et leurs prêts improductifs augmenter. Compte tenu de ces pressions et de ces perspectives, nous devons anticiper la montée éventuelle des protectionnismes, les politiques du « chacun pour soi » et le risque de repli populiste.
Le monde est dans une situation dangereuse. En 2008, beaucoup ont dit qu’ils n’avaient pas vu venir la tourmente. Les dirigeants ne peuvent invoquer cette excuse aujourd’hui. Lorsque l’on est confronté à un danger, il faut savoir faire preuve de courage.
À entendre certains responsables d’économies développées, les problèmes de ces pays ne concernent qu’eux. Tel n’est pas le cas.
Je persiste à penser qu’une récession à double creux des grandes économies mondiales est peu probable. Toutefois ma confiance en ce domaine est un peu plus ébranlée chaque jour par la litanie incessante des mauvaises nouvelles économiques.
Une crise causée par le monde développé pourrait se propager et engendrer une crise dans les pays en développement. L’Europe, le Japon et les États-Unis doivent prendre des mesures pour s’attaquer à leurs graves problèmes économiques avant qu’ils ne deviennent des problèmes encore plus graves pour le reste du monde. Ne pas agir serait irresponsable.
Mais je sais bien que les dirigeants seront obligés d’avoir des conversations honnêtes et difficiles avec leurs parlementaires et leurs citoyens pour expliquer leurs actions. Plus ils attendront et plus leurs options seront limitées, plus elles seront difficiles à appliquer et plus elles seront onéreuses. Que nous venions d’un pays en développement ou d’un pays développé, nous sommes tous concernés par la manière dont ils feront face à la situation.
Pour finir, je tiens également à noter que la Banque tiendra ces assemblées dans le prolongement de la réunion des Nations Unies à New York – pour aider les pays déchirés par un conflit – par exemple en portant l’attention sur les pays situés dans la Corne de l’Afrique, le Soudan du Sud, la Côte d’Ivoire, l’Afghanistan et la Libye.
En dehors du cadre des réunions organisées avec les Gouverneurs arabes et les représentants des Fonds arabes, que j’ai rencontrés hier soir, et avec les Ministres de la Tunisie et de l’Égypte, j’aurai l’occasion de m’entretenir avec M. Ahmed Jehani, qui est le nouveau Ministre libyen de la Stabilisation et de la Reconstruction.
Je suis prêt maintenant à répondre à vos questions.