L’épais nuage de doute qui planait sur l’organisation des élections législatives, il y a quelques temps encore est en train de se dissiper. Et la tenue de ces élections s’annonce inéluctables. C’est le président de la CEI lui-même qui en donne l’assurance. Le jeudi 22 Septembre dernier, a eu lieu une réunion de la Commission Centrale. En marge à cette rencontre, Youssouf Bakayoko a indiqué que «le présent processus électoral est irréversible. Notre mission actuelle est de donner un Parlement au pays. Nous exécuterons cette mission avec professionnalisme et indépendance dans l’intérêt des Ivoiriens. Les Ivoiriens se sont assez investis financièrement, physiquement et moralement pour que le pays sorte de la crise. La communauté internationale ne cesse de nous appuyer. Nous sortirons de cette crise et la CEI jouera pleinement et entièrement sa partition. Cette élection législative aura bel et bien lieu.» Déterminée. La CEI l’est donc. A la grande satisfaction des Ivoiriens, des bailleurs de fonds et de la communauté internationale. C’est dans ce concert d’optimisme que l’ancien parti politique au pouvoir joue les trouble-fêtes. On ne sait trop pour quelles raisons, le FPI crie sur tous les toits qu’il ne veut pas aller aux législatives, sous prétexte qu’il serait sous-représenté à la CEI: « (…) Il se trouve que lorsque vous prenez tout le processus, le FPI est sous représenté dans cette Commission. Prenez précisément la Commission centrale. Sur trente et un membres, nous ne sommes représentés que par deux personnes. En collaboration avec certains partis politiques amis, on atteint à peine quatre personnes,» ne cesse de se plaindre le président intérimaire de cette formation politique, Sylvain Miaka Oureto. Il est bon de lui rappeler que, sur les 31 membres que compte la commission centrale de la CEI, tous sont nommés par leurs mandants que sont les 10 signataires de l’accord de Linas-Marcoussis qui ont deux représentants chacun. A sa voir le FPI lui-même, le RDR, le PDCI, le MFA, le PIT, l’UDPCI et l’UDCY ainsi que les trois ex-mouvements rebelles que sont le MPCI, le MPIGO et le MJP. A ces dix entités signataires, s’ajoutent les représentants des ministères techniques et des institutions de la Républiques. Il y a donc les représentants du Président de la République, du président de l'Assemblée Nationale, du ministère de la Défense, de l’Administration du territoire, du ministère de la Sécurité, du ministère de l'Economie et des Finances, du Conseil Superieur de la Magistrature (2 membres) , de l’Ordre des Avocats (2 membres), et du Conseil Economique et Social. Telle a toujours été la configuration de la CEI depuis sa création. Et c’est ce bureau qui a organisé les deux tours de la présidentielle le 31 octobre et le 28 novembre 2010. Election au cours de laquelle Laurent Gbagbo est arrivé en tête lors du 1er tour. Selon un officiel de la CEI, il n’y a donc eu aucune manipulation pour réduire le poste de qui que ce soit. D’ailleurs cela est impossible. Personne fut-il le président de la CEI n’a les moyens ni le pouvoir de manipuler et de changer les membres désignées par les parties, sauf les mandataires eux-mêmes. En outre, poursuit notre interlocuteur, lorsqu’ils prêtent serment devant la CEI, les 31 commissaires deviennent Indépendants, ils n'ont plus de compte à rendre à leurs mandants. Ils n’ont donc plus de couleur politique. Alors les lamentations de Miaka sont l’expression d’une mauvaise foi manifeste dans la mesure où sa formation politique dispose toujours de ses deux postes à la CEI. «Le FPI a certes suspendu sa participation à la CEI, mais son poste l’attend, jusqu’au jour où il se résout à y revenir.» En réalité, le FPI est plus que jamais convaincu que la crise post-électorale l’a fortement fragilisé. A tous les niveaux. Ses dirigeants se sont imposés un exil volontaire. Mais aussi et surtout ce parti politique qui avait fait de l’argent public, son bien privé, n’a plus rien pour faire campagne et acheter les voix des Ivoiriens. Pour dire quoi d’ailleurs après une décennie de gestion calamiteuse. Il faut donc trouver un subterfuge pour se donner bonne conscience. Et le prétexte tout trouvé, c’est de boycotter les législatives: «Comme ça, l’opinion dira que l’Assemblée nationale fonctionne sans l’opposition ou plus précisément sans nous, parti d’opposition» comme l’a signifié, sous le couvert de l’anonymat, un cadre du FPI. Voici donc ce à quoi obéit tout le vacarme de l’ancien parti au pouvoir. Mais l’opinion nationale n’est pas dupe. Elle sait que la CEI fonctionne et fonctionnera avec ou sans le FPI tant que le quorum sera atteint lors de la prise des décisions. En conséquence, le chantage du FPI ne marchera pas.
Yves-M. ABIET
Yves-M. ABIET