On sait que Maurice Bandama n’est pas Kandia Camara à qui Ouattara finira par demander de retourner à l’école, pour compléter son niveau de langue. Car les élèves de Côte d’Ivoire commencent par être saoulés par ses incroyables perles servies à chacune de ses sorties. Il est donc clair que Maurice Bandama, Grand prix littéraire d’Afrique noire ne sera jamais Kandia Camara. Tout compte fait, ces deux membres du gouvernement ont en commun le fait de trainer des costumes trop grands pour eux. L’écrivain connu pour ses coups de gueule envers les régimes passés découvre finalement que l’exercice du pouvoir est une autre réalité qu’il est bien loin de maîtriser. Au point de ne faire que du bricolage dans son bureau du 22e étage de la tour E. On l’a vu faire une rentée culturelle qui a couté à son département, la bagatelle de 30 millions de nos francs en une seule journée. Il est d’ailleurs l’un des rares ministres de ce gouvernement à avoir fait une rentrée qui visiblement, n’était pas indispensable. Malgré tout, il y a ténu. Et l’a fait. Mais sa plus grande priorité, c’était le Burida, la maison des artistes. Une véritable vache à lait qu’il doit absolument contrôler. C’est pourquoi après avoir tenté d’amadouer Gadji Celi le Pca, et Baroan le directeur général, légalement installés par les artistes à l’issue d’une séries de procédures que s’est offertes le Burida, il tombe dans le jeu politique très à la mode pour les démettre. Pour le régime Ouattara, le pouvoir Gbagbo était illégal, donc tous les actes qu’il a posés sont jugés illégaux selon que ça ne les arrange pas. Au Burida, après avoir longtemps hésité puisqu’il s’agit d’une maison des artistes, le ministre a fini par entonner le morceau très à la mode en trouvant Gadji et Baroan comme deux dirigeants illégalement installés. Pourtant, leurs décrets de nomination existent dans les archives de l’Etat de Côte d’Ivoire. Mais il ne va pas s’arrêter là, la machine étant lancée. Il met alors en place un nouveau conseil d’administration dont la présidence est confiée au magistrat écrivain Fodjo Kadjo Abo en remplacement de Gadji Celi. Il nomme ensuite un directeur général intérimaire en la personne d’Assélou Florent. Un appel à candidature piloté par le cabinet Global Search est en plus lancé pour choisir un nouveau directeur comme le prévoient les textes du Burida. Mais contre toute attente, les résultats du travail de Global Search se retrouvent dans la presse avant même que le Conseil d’administration, le commanditaire ne soit informé. Il y a donc là, vice de procédure. A qui s’en prendre en ce moment ? Le ministre qui attendait sûrement le Conseil d’administration au carrefour, saute sur l’occasion en évoquant un disfonctionnement des organes, comme si ce cabinet était un organe du Burida. Il accuse alors ouvertement le Ca d’avoir été incapable de désigner un nouveau directeur général. Voici de ce fait, les mesures qu’il prend dans un communiqué daté du lundi 12 septembre.«A quelques heures de l’expiration du mandat du Directeur général intérimaire devant intervenir le jeudi 15 septembre 2011, le conseil d’administration n’a pas encore pu procéder à la désignation du nouveau Directeur général en raison d’un disfonctionnement opérationnel entre le Burida et le cabinet chargé de l’appel ,à candidature. Contre toute attente, le conseil d’administration informe le ministre par courrier en date du 09 septembre 2011, de sa volonté de maintenir le Directeur général intérimaire pour une durée d’un an. En raison du caractère illégal de cette décision et des risques qui pèsent sur le Burida, le ministre de la Culture et de la Francophonie, sur la base de l’article 67 du décret susmentionné, prend les mesures conservatoires suivantes : Il est mis fin aux fonctions de monsieur Messou Assièlou Florent en qualité de Directeur général intérimaire. Le conseil, d’administration est mis en congé. » Ecrit le ministre Bandama. Alors que le Conseil qu’il accuse, a bien justifié sa décision dans le courrier qui lui a été adressé le vendredi 09 septembre. « …le conseil d’administration s’est réuni le jeudi 08 septembre 2011 pour procéder à la désignation du directeur général du Burida. Les résultats de l’appel à candidature devaient me parvenir avant cette date. Il se trouve que jusqu’à l’ouverture de la séance, je ne les avais pas encore reçus. Le conseil aurait pu reporter sa séance d’une semaine pour permettre au cabinet en charge du recrutement de lui envoyer un rapport. Mais il ne l’a pas fait parce que le contenu dudit rapport, bien qu’étant confidentiel, était déjà divulgué depuis plusieurs jours. Cette divulgation, relayée par la presse et internet, montre que le cabinet Global Search, qui a fait l’appel à candidature, n’est pas une entreprise crédible et que son rapport qui était attendu par le conseil ne pouvait pas être pris en compte s’il tient à faire un recrutement de qualité. L’intérim assuré par Assièlou Florent, qui ne doit pas excéder 90 jours, prend fin le 15 septembre 2011 alors qu’il est matériellement impossible de faire un nouvel appel à candidature. (…) Après analyse de la situation (…) le conseil a opté pour la dernière solution, qui consiste à maintenir le directeur général pour le reste de son mandat, soit pour un an environ » Ecrit le Pca du Burida. Voici la vérité que Maurice Bandama tente d’occulter. Et comme il voulait absolument à la tête de cette société un homme de main, il nomme Mme Viérra qui n’est pas une inconnue dans le milieu des artistes. Il est su de tout le monde qu’elle a déjà dirigé le Burida, et sa gestion ne peut être enseignée en exemple dans une école de management. Elle est même partie par la petite porte. Autre fait, le ministre propose un audit très couteux du Burida avec un autre cabinet appelé Conseils et stratégies. Et il n’auditera que la gestion de Gadji et Baroan. « C’est un audit qui va couter très cher au Burida, il est même plus cher que l’audit de la Pétro ci. Nous n’avons rien à cacher. Mais nous voulons que l’audit prenne en compte la gestion du Burida depuis 2000, y compris celle de Mme Viérra qu’on veut faire revenir. » Explique de ce fait, le comédien Ahmed Souané membre du Conseil d’administration. Le jeudi dernier, lors d’une rencontre avec un groupe d’artistes, Bandama a levé la mesure de suspension qui frappait le Conseil d’administration, sans même prendre le soin d’informer les concernés. « Il nous dit qu’il a la pression de Ahmed Bakayoko et le Président Alassane qui lui demandent de prendre des décisions contre les artistes au Burida. » Confie encore des artistes. Souané dénonce en plus des mouvements suspects sur les comptes de l’entreprise, sans oublier des bouleversements douloureux que la maison pourrait connaître. « On veut tout changer au Burida si on laisse faire. Il y aura un appel à candidature piloté par le cabinet du Premier ministre. Un conseil d’administration sera imposé avec la nomination d’un Dg plein. Il s’agit de mesures abusives. Mme Viérra qu’on veut nous imposer n’a même pas été retenue par le cabinet Global Search » En clair, Bandama ramène le Burida loin en arrière, aux mains de l’Etat qui n’est pourtant pas actionnaire. Drôle de bonne gouvernance.
Guehi Brence
Guehi Brence