L`anecdote mérite d`être rapportée. Le président Alassane Ouattara a révélé hier, dans ses premiers propos lors de la cérémonie d`ouverture du séminaire sur la diplomatie à Grand-Bassam, comment il a dû user de tact et de pression amicale pour convaincre le ministre Daniel Kablan Duncan d`entrer au gouvernement. « Avant toute chose, je voudrais rendre hommage à un homme de devoir. Parce que Daniel (Kablan Duncan) et moi nous sommes des collègues de plus de 35 ans. Nous sommes entrés à la Banque centrale (BCEAO) la même année... Mon cher frère et collègue, je vais trahir ici des secrets qui nous lient depuis tant d`années et qui ne vont sûrement pas te faire plaisir », a d`emblée avancé le chef de l’État pour planter le décor. Alassane Ouattara a fait quelques confidences sur la nomination du ministre des Affaires Étrangères dans le gouvernement. « J`échangeais avec le Premier ministre (Soro Guillaume) sur la formation du gouvernement, et j`ai demandé à Daniel de venir me voir. Quand je lui ait annoncé que je veux qu`il occupe le portefeuille de ministre d’État, ministre des Affaires Étrangères, il m`a répondu : Monsieur le président, je ne souhaite plus être ministre, je suis bien là où je suis. Actuellement j`ai trop d`engagements au niveau international, et je dois effectuer un voyage à New York et à Genève dans les 48 heures. Donc je ne peux pas entrer dans un gouvernement. Monsieur le président, je vous demande pardon de bien vouloir me comprendre... Le Premier ministre s`est étonné de voir qu`il y a quelqu`un dans ce pays qui refuse d`être ministre. Alors j`ai dit à Daniel : Bon ! Le Premier ministre et moi, nous allons inscrire ton nom parmi les membres du gouvernement, et puis toi-même tu vas venir annoncer aux Ivoiriens que je t`ai nommé mais tu as refusé... C`est comme cela que je l`ai eu à mes côtés », a témoigné le chef de l’État. Et ce n`est pas tout. Alassane Ouattara a rappelé qu`à l`époque où il avait été appelé par le président Houphouët-Boigny, il avait eu beaucoup de mal à se faire accompagner dans cette délicate mission par l`actuel chef de la diplomatie ivoirienne. « En 1989, le président Houphouët m`a fait appel pour venir diriger le comité interministériel. J`ai rencontré Daniel à Niamey, à la résidence du gouverneur (de la BCEAO), je ne sais pas si tu t`en souviens, et je lui ai demandé de venir occuper le portefeuille de l’Économie et des Finances. Il m`a dit ceci : Monsieur le Gouverneur, je me sens très bien ici à la Banque centrale, donc allez-y sans moi. Alors je lui ai répondu : Je suis venu te chercher parce que j`en ai parlé déjà avec le président Houphouët. Donc si tu refuses, j`irai lui dire que tu dis que tu ne viens pas, donc moi aussi je ne peux pas assurer la mission. C`est comme ça que je l`ai convaincu », s`est épanché le président de la République.
Anassé Anassé
Anassé Anassé