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Politique Publié le jeudi 6 octobre 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Législatives 2011 / Depuis son exil - Charles Blé Goudé exige un report

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
Politique nationale - Charles Blé Goudé, président du Congrès panafricain des jeunes patriotes (Cojep) et leader de la galaxie patriotique
Sur proposition de la CEI, le gouvernement a fixé la date des élections législatives au 11 décembre 2011 et le collège électoral a été convoqué à cette même date, de 7 heures à 17 heures. Charles Blé Goudé, leader des jeunes patriotes, a réagi à cette annonce et demande le report de ces élections.

La commission électorale indépendante a proposé que les élections législatives se tiennent en Côte d’Ivoire le 11 décembre 2011 sur toute l’étendue du territoire national. Et le Chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, a confirmé cette même date par la signature d’un décret dès son arrivée des Etats-Unis. L’organisation de ces élections législatives nous emmène à faire quelques réflexions et observations. Toute élection dans une démocratie se doit d’être transparente, afin que les résultats qui en sortent reflètent le choix du peuple, le vrai censeur. Pour ce faire, il a été institué une commission électorale indépendante chargée d’organiser les élections et d’en garantir la transparence et la crédibilité. Autorité administrative indépendante, la CEI se doit de rester à équidistance de toutes les chapelles politiques et d’observer une neutralité. Cette commission dont la neutralité et l’honorabilité ont été fortement entachées lors des élections présidentielles d’octobre 2010 peut-elle encore bénéficier de la confiance des Ivoiriens au point de lui confier l’organisation des élections législatives ? En d’autres termes, la commission électorale sous sa forme actuelle est-elle encore crédible ?

De la crédibilité et de l’indépendance de la commission électorale
Dans son organisation, la commission électorale s’articule autour de membres permanents et de membres non permanents. Elle intègre non seulement une commission centrale mais également des commissions locales situées au niveau régional, départemental, sous-préfectoral et communal. Lors des élections présidentielles d’octobre 2010, la composition des instances de la commission électorale était à forte coloration et domination du RHDP qui constituait à l’époque la principale coalition de l’opposition au régime de Laurent Gbagbo. Ainsi, la commission électorale, censée être indépendante était majoritairement contrôlée par l’opposition. Au lieu de faire le travail à eux confié par l’Etat de Côte d’Ivoire, chaque camp s’est employé à faire gagner son candidat. Les membres de la CEI étaient donc à couteaux tirés. C’est dans ce climat de suspicion que la présidentielle de 2010 a eu lieu. La commission électorale, grippée par ses rivalités et ses antagonismes internes, n’a pu se mettre au-dessus des clivages politiques pour être à la hauteur de l’espoir que les Ivoiriens ont placé en elle. Appliquant à la lettre les instructions de leurs différents candidats, les membres de la CEI ont servi aux Ivoiriens la guerre là où ils attendaient la paix. Sortie défigurée, divisée et humiliée de la présidentielle de 2010, la Côte d’Ivoire continue de chercher ses marques. Le RHDP est désormais au pouvoir et contrôle la commission électorale qui vient d’enregistrer 14 nouveaux membres en son sein, portant ainsi à 31 le nombre des responsables de la CEI. Les membres de la CEI sous sa forme actuelle ont pour particularité d’appartenir tous au RHDP, coalition au pouvoir. Comme cela peut nous paraître évident, c’est désormais le pouvoir qui organise les élections dans notre pays. La commission électorale dite indépendante ne l’est plus en réalité. Sous l’ère Ouattara, l’organe indépendant mis en place par Gbagbo Laurent est désormais sous contrôle total du pouvoir et devient un «ministère de l’Intérieur» qui ne dit pas son nom. C’est avec une telle commission électorale aux ordres que le pouvoir Ouattara compte organiser des élections législatives truquées d’avance dans un pays où les kalachnikovs font désormais la loi, posant ainsi la problématique de la sécurisation et de la liberté du scrutin.

De la sécurité et la liberté des législatives
L’accord politique de Ouagadougou avait fini par rassurer les plus ceptiques des Ivoiriens qui voyaient le danger poindre à l’horizon quand la date de la présidentielle approchait alors que les forces armées des forces nouvelles n’avaient toujours pas désarmé conformément au dit accord. La suite est connue de tous. Dans la zone sous contrôle des forces nouvelles, les élections présidentielles ont été un véritable cauchemar pour les différents directeurs de campagne du candidat Gbagbo et pour tous ses partisans. Ils ont été victimes d’une extrême violence et n’ont par conséquent pu avoir la liberté de gérer les intérêts de leur candidat et d’exprimer leur droit de vote. Les hommes en armes chargés de la sécurisation du scrutin et des électeurs ont plutôt pris la place des représentants des candidats, bourrant ainsi les urnes et terrorisant les pro-Gbagbo. Après la capture du Président Gbagbo, plus de 200 000 Ivoiriens fuyant les exactions des hommes de Ouattara, ont trouvé refuge dans plusieurs pays limitrophes pour avoir la vie sauve. Basés à l’époque dans les zones centre-nord-ouest, ses hommes pro-Ouattara sont aujourd’hui sur toute l’étendue du territoire et les exactions et violences n’ont pas cessé. La question est de savoir si l’organisation d’élections législatives libres, justes et transparentes est possible dans le contexte que nous venons de décrire?

Notre position
•Considérant que la commission électorale sous sa forme actuelle est sous contrôle total du pouvoir et ne saurait garantir un scrutin juste, libre et transparent
•Considérant que les hommes pro Ouattara en armes continuent toujours les exactions par des expéditions punitives contre certains ivoiriens considérés comme des pros Gbagbo


Nous exigeons,
• Une nouvelle composition de la commission électorale afin de la rendre véritablement indépendante
• La dépolitisation de la commission électorale, afin que celle-ci n’abandonne pas sur le quai sa véritable mission
• Le retour dans les commissariats et brigades des policiers et gendarmes sur toute l’étendue du territoire national
• Le désarmement effectif des FRCI, afin de restaurer l’autorité de l’Etat et enrayer la loi du plus fort
• La restitution des domiciles des cadres pro Gbagbo illégalement occupés par des hommes en armes
• Le report des élections législatives afin de créer les conditions qui les rendent justes, libres, transparentes et ouvertes à tous
Demandons par la présente déclaration :
• A la communauté nationale et internationale d’interpeller le pouvoir Ouattara aux fins de créer un climat démocratique qui puisse garantir la tenue d’élections législatives libres, justes, transparentes et ouvertes à tous.
• A l’opposition de tirer les leçons de la présidentielle d’octobre 2010 qui s’est soldée par la séquestration et la mort de beaucoup d’Ivoiriens. Plus de 200 000 réfugiés vivent aujourd’hui dans des conditions de précarité indescriptible dans différents pays. C’est pourquoi nous devons nous garder d’accompagner le pouvoir Ouattara à des élections législatives truquées et gagnées d’avance. Le faisant, nous éviterons aux Ivoiriens restés au pays dont certains vivent encore cachés de venir grossir le nombre déjà considérable et inquiétant de réfugiés. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire
Charles Blé Goudé
Exilé politique
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