Récemment, le FPI et ses dirigeants intérimaires avec leurs alliés de l’ancienne majorité présidentielle, ont été reçus en audience par le Président de la République. Ils ont déposé sur son bureau, un document que leur presse a qualifié d’explosif. Nous en parlons après lecture.
Par cet article, nous ne répondons pas aux responsables du FPI. Parce que cela n’est pas de notre ressort. Parce que le dossier ne nous est pas destiné. Nous l’analysons parce qu’il a été versé dans le domaine public par un confrère qui en a voulu faire un scoop, certainement avec la complicité d’un responsable de ce parti qui pense ainsi alerter l’opinion nationale ou internationale. Le dossier nous a donc interpellé en tant que simple citoyen et journaliste, historien de temps présent. La longueur de l’écrit nous aurait rebuté si nous n’avions pas cédé devant notre curiosité de savoir ce que les responsables intérimaires du FPI ont bien pu dire au président de la République. Surtout que le confrère qui a publié le document l’a traité « d’explosif ». Dire que le pays est en quête de paix ! Nous avons donc lu le document « explosif » jusqu’à la dernière ligne. Nous en avons tiré un certain nombre d’enseignements. Les rédacteurs du document manquent d’esprit de concision. Les responsables du FPI qui sont allés rencontrer le président de la République n’étaient pas animés d’esprit de réconciliation. Ils se sont présentés comme des victimes parties réclamer réparation à leur bourreau. Des innocents qui sont brimés et qui souffrent des injustices d’un pouvoir usurpé. Une démarche qui manque de sagesse et qui n’a que faire du sens des responsabilités.
Arrogance
Le document est inutilement long. Dans la profession, nous disons que le lecteur est paresseux de nature. Il ne faut donc pas l’assommer avec des textes qui traînent en longueur. Il faut toujours aller à l’essentiel. C’est vrai, les rédacteurs du document ne sont pas des journalistes. En plus, ce n’est pas un article de journal qu’ils ont remis au chef de l’Etat, comme ils l’appellent. Un lecteur étant un lecteur, nous nous sommes demandé si un chef d’Etat a le temps de lire un document d’une épaisseur comme celle qui a été soumis au président Alassane Ouattara. Avec des références qui remontent jusqu’en 1938 ! Les historiens du groupe ont dû se satisfaire de ces clins d’œil au lointain passé de la future Côte d’Ivoire (indépendance en 1960), mais nous doutons fort bien que le destinataire du document ait pu se soumettre à la très longue lecture sans préjudice pour l’intérêt du document. Evidemment, avec de telles longueurs, les lacunes et faiblesses du discours des responsables du FPI se sont accentuées. Quatre pages d’un journal format tabloïd, c’est beaucoup.
Le document est trop accusateur. Dans un texte aussi long, nulle part, l’on ne rencontre un seul mot, une seule phrase, la moindre allusion qui pourrait faire croire que les visiteurs du président de la République, reconnaissent leur part de responsabilité dans tout ce qui est arrivé à la Côte d’Ivoire. Ils sont plus blancs que neige. Aucun remords. Aucun regret. Rien que des rancœurs. Selon eux, Laurent Gbagbo, l’ange, le visionnaire était en train de faire de grandes choses pour le pays qu’il aime plus que tout, quand de vilains petits hommes sont arrivés de nulle part, pour l’arrêter net. Pour détruire son œuvre. S’il n’y avait pas eu la nuit du 18 au 19 septembre 2002, nous allions voir ce que « ce cerveau politique » allait faire de la Côte d’Ivoire. Ils nous apprennent, ces rédacteurs, que le président Gbagbo appliquait les résolutions du Forum national de réconciliation quand la rébellion a éclaté (…). C’est bien la magistrate Mato Cissé qui va être contente en lisant cela. Elle qui a subi les foudres de la refondation pour avoir signé le certificat de nationalité d’Alassane Ouattara comme le recommandait la résolution n°4 de ce Forum. En plus, partis pour présenter des doléances, ils traitent le destinataire de leur document, de violeur incontinent de la Constitution. Il est celui qui, en violation du texte fondamental, selon eux, reste toujours « président du RDR », celui qui n’aurait pas déclaré ses biens, celui qui « nomme à la présidence du conseil économique et social, une personnalité qui n’en est pas membre », celui qui a procédé « au remplacement du président et des membres du Conseil constitutionnel dont le mandat était en cours » et a entériné « la dissolution de fait de l’Assemblée nationale ». Et même qu’il pratiquerait le « clanisme » dans la nomination aux postes de responsabilité dans l’Administration nationale ». Cet homme, vous l’avez reconnu, est celui qui a vaincu militairement Laurent Gbagbo en se faisant aider par « des forces coalisées France-ONUCI-FRCI ». Que comptent-ils obtenir en chargeant leur interlocuteur de tous les péchés d’Israël ? Le problème est qu’ils ne craignent pas de faire preuve d’incohérence en demandant au « violeur » de la Constitution – ce qui les réprouve – d’interférer dans les affaires judiciaires en prenant une décision politique qui se traduirait par « une loi d’amnistie générale » pour libérer tous ceux qui sont arrêtés, pas encore jugés et faciliterait le retour des exilés. A ce niveau, ils ont une inspiration des grands jours : « Objectivement, que peut-on faire d’un parti politique dont les référents moraux, les inspirateurs, les principaux cadres dirigeants sont emprisonnés ou exilés ? ». C’est seulement pour cela qu’ils accepteraient que le Président de la République « viole » les lois fondamentales de la séparation des pouvoirs. Pour eux, il n’y a que ce qui les arrange qui compte. Une façon de voir les choses qui, pourtant, ont conduit le pays dans le chaos. Ils ne changeront donc jamais.
Trop de demi-vérités. Nous utilisons cette formule pour rester poli. Sinon, nous aurions pu dire que le document remis au président de la République est truffé de contre-vérités. Quand on a fini de parcourir le long texte, une impression se dégage. Laurent Gbagbo est un bienfaiteur pour qui l’ingrat d’ADO n’a pas de reconnaissance. Les rédacteurs affirment, avec un brin de fierté que c’est Laurent Gbagbo qui a initié le Forum national de réconciliation, dans le dernier trimestre de l’année 2001.
Sans remords
C’est vrai. Mais ils tentent de faire croire que c’est lui qui a fait venir d’exil, Alassane Ouattara, et sorti le Général Guéi de sa région. Ce n’est pas exact. Ces différentes personnalités dont le président Henri Konan Bédié, ont participé au Forum grâce à l’intelligence et à la persévérance du président du Forum national, le Premier ministre Seydou Diarra, quelqu’un que vous connaissez de très longue date. C’est lui qui a su présenter son dossier à Laurent Gbagbo qui d’ailleurs disait de ce Forum qu’il n’était pas un « gouvernement bis ». Question de dire que les propositions sorties de ce Forum ne s’imposaient pas à lui. Pour que le président Alassane Ouattara et le général Guéi viennent, le président du Forum a dû dépêcher auprès d’eux, respectivement Mmes Colette Pellaud et Alexise Gogoua. Notre épouse et notre sœur aînée. C’est dire combien nous avons suivi ce dossier. Quelque part, ils écrivent qu’Alassane Ouattara a vaincu Laurent Gbagbo grâce à une coalition de forces. Ils oublient de faire noter que Laurent Gbagbo était défendu lui, par une armée composée de militaires dits loyaux, des mercenaires recrutés à grand frais et des miliciens constitués des jeunes venus des quartiers d’Abidjan, des autres villes de l’intérieur et des villages. D’un côté, on avait donc des forces légales, officielles et de l’autre, des supplétifs hors-la-loi.
Quelques questions. Pour ne pas faire long comme eux, posons-leur les questions que nous a inspirées leur document! Pourquoi en avez-vous que pour vous ? Pourquoi vous croyez-vous les plus beaux, les plus importants au monde ? Pourquoi, dans un si long document, vu les pertes en vies humaines, les destructions des biens des populations, n’avez-vous pas éprouvé le besoin de présenter vos compassions aux familles des victimes des différentes crises que vous avez évoquées ? Pensez-vous œuvrer pour la vérité et pour la paix en niant toute responsabilité dans tout ce qui est arrivé au pays ? Que promettez-vous au Président de la République en échange de ce que vous lui demandez ? Pourquoi votre parti qui se dit père de la démocratie en Côte d’Ivoire a-t-il distribué des fusils dans les villages, à la veille de l’élection présidentielle et surtout pendant la crise post-électorale ? Pourquoi évoquez-vous l’affaire Kragbé Gnangbé maintenant que vous n’êtes plus au pouvoir ? Pendant que vous étiez aux affaires, pourquoi n’avez vous pas permis d’enquêter sur cette affaire ? Qu’attendez-vous des parents d’Opadjélé et de ses frères de la région bété ? Qu’avez-vous fait pour eux quand vous teniez la bourse publique ? Qui a lancé des chars contre de pauvres femmes manifestant à Abobo et lancé des obus sur les marchés ? Qui sont les auteurs de « l’article 125 » ? Si nous remontons dans le temps, pourriez-vous nous dire qui a tué le docteur Dacoury-Tabley Benoît, ce médecin qui soignait vos blessures après les marches ? Qui a tué Téhé Emile, un de vos anciens compagnons des marches ? Qui a tué Robert Guéi et massacré sa famille ? Un général avec qui vous avez géré la transition militaire. Qui a privé le ministre Boga Doudou de sa garde en pleine attaque rebelle pour qu’il soit tué ? Qui a enlevé le journaliste Guy-André Kieffer ? Qu’est-ce que l’assassinat du colonel Adama Dosso vous-a-t-il apporté, ainsi que celui des Français du Novotel dont le très connu Lambelin, presqu’un fils du pays ? Et là, nous ne parlons pas des Imams passés de vie à trépas. Pensez-vous que les parents, amis et connaissances de toutes ces victimes accepteront que l’on ne sache pas ce qui s’est passé ? En Afrique du sud, type de réconciliation que vous dites souhaiter pour la Côte d’Ivoire, en faisant preuve de mauvaise foi, il y avait bien d’un côté, les victimes, les noirs, vainqueurs de l’élection présidentielle avec Mandela et de l’autre, des bourreaux, les blancs, partisans de l’apartheid, perdants de la même élection. Les bourreaux ont reconnu leurs erreurs, leurs fautes, les victimes ont pardonné. Ici, pour vous, il y a des victimes et pas de bourreaux. Que voulez-vous qu’il se passe dans un pays où le premier responsable, celui qui devait protéger les uns et les autres, affirme, au lendemain de son arrivée au pouvoir dans des conditions qu’il a qualifiées de calamiteuses : « Mille morts à gauche, mille morts à droite, moi j’avance » ? Après cela, vous nous direz que l’inspirateur de votre combat politique est blanc comme manioc ? Pour un référent moral, pas fameux.
Raphaël Lakpé
Journaliste-Sociologue, Consultant
raphlakpe@yahoo.fr
Par cet article, nous ne répondons pas aux responsables du FPI. Parce que cela n’est pas de notre ressort. Parce que le dossier ne nous est pas destiné. Nous l’analysons parce qu’il a été versé dans le domaine public par un confrère qui en a voulu faire un scoop, certainement avec la complicité d’un responsable de ce parti qui pense ainsi alerter l’opinion nationale ou internationale. Le dossier nous a donc interpellé en tant que simple citoyen et journaliste, historien de temps présent. La longueur de l’écrit nous aurait rebuté si nous n’avions pas cédé devant notre curiosité de savoir ce que les responsables intérimaires du FPI ont bien pu dire au président de la République. Surtout que le confrère qui a publié le document l’a traité « d’explosif ». Dire que le pays est en quête de paix ! Nous avons donc lu le document « explosif » jusqu’à la dernière ligne. Nous en avons tiré un certain nombre d’enseignements. Les rédacteurs du document manquent d’esprit de concision. Les responsables du FPI qui sont allés rencontrer le président de la République n’étaient pas animés d’esprit de réconciliation. Ils se sont présentés comme des victimes parties réclamer réparation à leur bourreau. Des innocents qui sont brimés et qui souffrent des injustices d’un pouvoir usurpé. Une démarche qui manque de sagesse et qui n’a que faire du sens des responsabilités.
Arrogance
Le document est inutilement long. Dans la profession, nous disons que le lecteur est paresseux de nature. Il ne faut donc pas l’assommer avec des textes qui traînent en longueur. Il faut toujours aller à l’essentiel. C’est vrai, les rédacteurs du document ne sont pas des journalistes. En plus, ce n’est pas un article de journal qu’ils ont remis au chef de l’Etat, comme ils l’appellent. Un lecteur étant un lecteur, nous nous sommes demandé si un chef d’Etat a le temps de lire un document d’une épaisseur comme celle qui a été soumis au président Alassane Ouattara. Avec des références qui remontent jusqu’en 1938 ! Les historiens du groupe ont dû se satisfaire de ces clins d’œil au lointain passé de la future Côte d’Ivoire (indépendance en 1960), mais nous doutons fort bien que le destinataire du document ait pu se soumettre à la très longue lecture sans préjudice pour l’intérêt du document. Evidemment, avec de telles longueurs, les lacunes et faiblesses du discours des responsables du FPI se sont accentuées. Quatre pages d’un journal format tabloïd, c’est beaucoup.
Le document est trop accusateur. Dans un texte aussi long, nulle part, l’on ne rencontre un seul mot, une seule phrase, la moindre allusion qui pourrait faire croire que les visiteurs du président de la République, reconnaissent leur part de responsabilité dans tout ce qui est arrivé à la Côte d’Ivoire. Ils sont plus blancs que neige. Aucun remords. Aucun regret. Rien que des rancœurs. Selon eux, Laurent Gbagbo, l’ange, le visionnaire était en train de faire de grandes choses pour le pays qu’il aime plus que tout, quand de vilains petits hommes sont arrivés de nulle part, pour l’arrêter net. Pour détruire son œuvre. S’il n’y avait pas eu la nuit du 18 au 19 septembre 2002, nous allions voir ce que « ce cerveau politique » allait faire de la Côte d’Ivoire. Ils nous apprennent, ces rédacteurs, que le président Gbagbo appliquait les résolutions du Forum national de réconciliation quand la rébellion a éclaté (…). C’est bien la magistrate Mato Cissé qui va être contente en lisant cela. Elle qui a subi les foudres de la refondation pour avoir signé le certificat de nationalité d’Alassane Ouattara comme le recommandait la résolution n°4 de ce Forum. En plus, partis pour présenter des doléances, ils traitent le destinataire de leur document, de violeur incontinent de la Constitution. Il est celui qui, en violation du texte fondamental, selon eux, reste toujours « président du RDR », celui qui n’aurait pas déclaré ses biens, celui qui « nomme à la présidence du conseil économique et social, une personnalité qui n’en est pas membre », celui qui a procédé « au remplacement du président et des membres du Conseil constitutionnel dont le mandat était en cours » et a entériné « la dissolution de fait de l’Assemblée nationale ». Et même qu’il pratiquerait le « clanisme » dans la nomination aux postes de responsabilité dans l’Administration nationale ». Cet homme, vous l’avez reconnu, est celui qui a vaincu militairement Laurent Gbagbo en se faisant aider par « des forces coalisées France-ONUCI-FRCI ». Que comptent-ils obtenir en chargeant leur interlocuteur de tous les péchés d’Israël ? Le problème est qu’ils ne craignent pas de faire preuve d’incohérence en demandant au « violeur » de la Constitution – ce qui les réprouve – d’interférer dans les affaires judiciaires en prenant une décision politique qui se traduirait par « une loi d’amnistie générale » pour libérer tous ceux qui sont arrêtés, pas encore jugés et faciliterait le retour des exilés. A ce niveau, ils ont une inspiration des grands jours : « Objectivement, que peut-on faire d’un parti politique dont les référents moraux, les inspirateurs, les principaux cadres dirigeants sont emprisonnés ou exilés ? ». C’est seulement pour cela qu’ils accepteraient que le Président de la République « viole » les lois fondamentales de la séparation des pouvoirs. Pour eux, il n’y a que ce qui les arrange qui compte. Une façon de voir les choses qui, pourtant, ont conduit le pays dans le chaos. Ils ne changeront donc jamais.
Trop de demi-vérités. Nous utilisons cette formule pour rester poli. Sinon, nous aurions pu dire que le document remis au président de la République est truffé de contre-vérités. Quand on a fini de parcourir le long texte, une impression se dégage. Laurent Gbagbo est un bienfaiteur pour qui l’ingrat d’ADO n’a pas de reconnaissance. Les rédacteurs affirment, avec un brin de fierté que c’est Laurent Gbagbo qui a initié le Forum national de réconciliation, dans le dernier trimestre de l’année 2001.
Sans remords
C’est vrai. Mais ils tentent de faire croire que c’est lui qui a fait venir d’exil, Alassane Ouattara, et sorti le Général Guéi de sa région. Ce n’est pas exact. Ces différentes personnalités dont le président Henri Konan Bédié, ont participé au Forum grâce à l’intelligence et à la persévérance du président du Forum national, le Premier ministre Seydou Diarra, quelqu’un que vous connaissez de très longue date. C’est lui qui a su présenter son dossier à Laurent Gbagbo qui d’ailleurs disait de ce Forum qu’il n’était pas un « gouvernement bis ». Question de dire que les propositions sorties de ce Forum ne s’imposaient pas à lui. Pour que le président Alassane Ouattara et le général Guéi viennent, le président du Forum a dû dépêcher auprès d’eux, respectivement Mmes Colette Pellaud et Alexise Gogoua. Notre épouse et notre sœur aînée. C’est dire combien nous avons suivi ce dossier. Quelque part, ils écrivent qu’Alassane Ouattara a vaincu Laurent Gbagbo grâce à une coalition de forces. Ils oublient de faire noter que Laurent Gbagbo était défendu lui, par une armée composée de militaires dits loyaux, des mercenaires recrutés à grand frais et des miliciens constitués des jeunes venus des quartiers d’Abidjan, des autres villes de l’intérieur et des villages. D’un côté, on avait donc des forces légales, officielles et de l’autre, des supplétifs hors-la-loi.
Quelques questions. Pour ne pas faire long comme eux, posons-leur les questions que nous a inspirées leur document! Pourquoi en avez-vous que pour vous ? Pourquoi vous croyez-vous les plus beaux, les plus importants au monde ? Pourquoi, dans un si long document, vu les pertes en vies humaines, les destructions des biens des populations, n’avez-vous pas éprouvé le besoin de présenter vos compassions aux familles des victimes des différentes crises que vous avez évoquées ? Pensez-vous œuvrer pour la vérité et pour la paix en niant toute responsabilité dans tout ce qui est arrivé au pays ? Que promettez-vous au Président de la République en échange de ce que vous lui demandez ? Pourquoi votre parti qui se dit père de la démocratie en Côte d’Ivoire a-t-il distribué des fusils dans les villages, à la veille de l’élection présidentielle et surtout pendant la crise post-électorale ? Pourquoi évoquez-vous l’affaire Kragbé Gnangbé maintenant que vous n’êtes plus au pouvoir ? Pendant que vous étiez aux affaires, pourquoi n’avez vous pas permis d’enquêter sur cette affaire ? Qu’attendez-vous des parents d’Opadjélé et de ses frères de la région bété ? Qu’avez-vous fait pour eux quand vous teniez la bourse publique ? Qui a lancé des chars contre de pauvres femmes manifestant à Abobo et lancé des obus sur les marchés ? Qui sont les auteurs de « l’article 125 » ? Si nous remontons dans le temps, pourriez-vous nous dire qui a tué le docteur Dacoury-Tabley Benoît, ce médecin qui soignait vos blessures après les marches ? Qui a tué Téhé Emile, un de vos anciens compagnons des marches ? Qui a tué Robert Guéi et massacré sa famille ? Un général avec qui vous avez géré la transition militaire. Qui a privé le ministre Boga Doudou de sa garde en pleine attaque rebelle pour qu’il soit tué ? Qui a enlevé le journaliste Guy-André Kieffer ? Qu’est-ce que l’assassinat du colonel Adama Dosso vous-a-t-il apporté, ainsi que celui des Français du Novotel dont le très connu Lambelin, presqu’un fils du pays ? Et là, nous ne parlons pas des Imams passés de vie à trépas. Pensez-vous que les parents, amis et connaissances de toutes ces victimes accepteront que l’on ne sache pas ce qui s’est passé ? En Afrique du sud, type de réconciliation que vous dites souhaiter pour la Côte d’Ivoire, en faisant preuve de mauvaise foi, il y avait bien d’un côté, les victimes, les noirs, vainqueurs de l’élection présidentielle avec Mandela et de l’autre, des bourreaux, les blancs, partisans de l’apartheid, perdants de la même élection. Les bourreaux ont reconnu leurs erreurs, leurs fautes, les victimes ont pardonné. Ici, pour vous, il y a des victimes et pas de bourreaux. Que voulez-vous qu’il se passe dans un pays où le premier responsable, celui qui devait protéger les uns et les autres, affirme, au lendemain de son arrivée au pouvoir dans des conditions qu’il a qualifiées de calamiteuses : « Mille morts à gauche, mille morts à droite, moi j’avance » ? Après cela, vous nous direz que l’inspirateur de votre combat politique est blanc comme manioc ? Pour un référent moral, pas fameux.
Raphaël Lakpé
Journaliste-Sociologue, Consultant
raphlakpe@yahoo.fr