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Économie Publié le mercredi 12 octobre 2011 | Nord-Sud

Création d’emplois PME : un réservoir mal exploité !

Les petites et moyennes entreprises ivoiriennes contribuent à 18% de la valeur ajoutée et ne représentent que 23% des travailleurs du secteur privé formel. Le secteur a besoin de plus d’attention.



Sur la question, c’est presque l’unanimité : les petites et moyennes entreprises (Pme) constituent le moteur de la croissance et de l’emploi. Malheureusement, les opérateurs de ce secteur peinent à faire émerger des entreprises compétitives. Faute de capital et surtout à cause de l’environnement économique plutôt défavorable, les petits entrepreneurs sont souvent mal armés pour créer des unités viables. «Près de 73 % de nos entreprises sont aujourd’hui sinistrées», explique la présidente de la Fédération des petites et moyennes entreprises (Fipme), Marthe Ehui. Mais selon le ministre de l’Artisanat et des Pme, Sidiki Konaté, des mécanismes financiers existent pour les artisans et pour les Pme. Une profession de foi qui bute sur la réalité du terrain. Difficile aujourd’hui en effet d’éluder les problèmes qui se dressent devant les acteurs au moment de la création ou même du fonctionnement des entreprises : rareté des financements, contraignantes conditions d’obtention des crédits, obstacles liés à l’accès aux marchés publics.

Que de problèmes

Des dysfonctionnements qui concourent à ralentir la multiplication d’un tissu de petites entreprises fortes et denses et surtout à réduire les initiatives des jeunes en proie à un chômage inquiétant. En effet, les projets des jeunes en particulier ne sont le plus souvent pas pris en compte. Car en raison des doutes pesant sur leur crédibilité, rien n’est fait pour canaliser, encourager ces projets de ces jeunes diplômés qui veulent s’essayer à la création d’entreprises. Quand bien même une poignée reçoit des financements pour le démarrage de leurs activités, le fonctionnement n’est pas des plus aisés. «Ils rencontrent des problèmes de tous ordres qui relèvent plus souvent du harcèlement fiscal, du problème de gouvernance relatif à la corruption et l’épineux problème de manque de financement », fustige Lambert Iridjé, spécialiste en montage de projets. Malheureusement, de ce fait, le taux des entreprises ivoiriennes qui se livrent à des arrangements avec les services administratifs est croissant. Déplorable. « Il faut que les pouvoirs publics œuvrent pour la valorisation des projets des jeunes de manière à résorber le problème de chômage chez eux», ajoute M. Iridjé, exigeant que l’Etat facilite les initiatives des jeunes et octroie plus de financements aux projets de création d’entreprises. On observe certes quelques actions des pouvoirs publics en l’occurrence celle du ministre des PME qui a annoncé l’indemnisation afin de booster les secteurs en proie à des difficultés. Le gouvernement travaillerait au renforcement du cordon bancaire en faveur des entreprises et à la création d’un guichet qui permettrait de mieux réaliser les projets. «2012 s’annonce comme une année où tout sera fait pour que ce problème ne se pose plus. Le président Alassane Ouattara y tient », jubile le ministre Sidiki Konaté. Ces actions du gouvernement sont louables et encourageantes. Si les mesures en perspective vont dans le bon sens, beaucoup reste néanmoins à faire. Car, il en va totalement au bénéfice de l’économie qui à titre de rappel a perdu 6 points sur le « Doing Business». Autant exiger des pouvoirs publics qu’ils s’y mettent activement afin de concrétiser toutes leurs actions, d’autant que le potentiel ivoirien est des plus grands. «Il faut juste l’exploiter et croire en ses forces », fait remarquer Marthe Ehui. Beaucoup de secteurs porteurs existent selon les opérateurs économiques mais il faut juste bien mener les projets. Toutefois, il faut relever la part de responsabilité des porteurs de projets. Car ils doivent cultiver l’esprit de bonne moralité, apprendre à rembourser les crédits afin d’assainir le secteur qui constitue un moteur de la croissance économique assez important. En effet, malgré les injections de liquidités et les plans de relance, le marché des prêts res­te grippé. Les détaillants, en particulier les petits magasins de vêtements et les sociétés de transport, sont parmi les plus durement touchés. «Les banques affirment recevoir moins de demandes des entreprises, mais quand on regarde les chiffres, on se rend compte que quelque chose ne fonctionne pas», note un économiste. «L’Etat doit prendre des risques », s’engage M. Konaté.

Payez nos 6 milliards

Mais selon les analystes, l’intervention de l’Etat ne résoudra pas les problèmes sous-jacents des banques en matière de prêts. Celles-ci redoutent d’une part la présence d’actifs toxi­ques dans leurs livres de compte et d’autre part, doivent s’atteler à la reconstitution de leur capital entamé par la crise post-électorale. Les ban­ques affirment aussi qu’on ne peut s’attendre à une réduction des risques et en même temps à un allongement des prêts pendant cette période. Par ailleurs, des banquiers s’inquiètent du fait que les fonds de relance ne participent pas effectivement à l’équilibre des comptes des sociétés.  En attendant, la présidente de la Fédération des petites et moyennes entreprises (Fipme), Marthe Fatoumata Ehui, exige que le gouvernement rende effective sa promesse de dédommagement à travers le déblocage des 6 milliards Fcfa annoncés.

Lanciné Bakayoko
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