Abobo souffre depuis une décennie. Réputée être favorable à l’actuel chef de l’Etat, la commune a subi la furia des régimes qui se sont succédé depuis 2000. Toutes les répressions commençaient là. Avec la crise post-électorale, les excès ont atteint leur paroxysme. Couvre-feux intempestifs dans cette seule partie de la capitale économique, coupures d’électricité et d’eau, descentes musclées fréquentes de soldats aux ordres…, « Abobo, la guerre » en a vu des vertes et des pas mûrs. Lasse d’être martyrisée, elle prend son destin en main. L’auto-défense s’organise. Le pouvoir de Laurent Gbagbo prend l’initiative d’écraser ‘’cette rébellion’’ dans son précarré. La frappe est féroce, impitoyable ! Il utilise les grands moyens. Les assassinats se multiplient. Dans les medias qui lui sont proches, le régime prévient qu’une offensive aura lieu. Et, que tous ceux qui resteront à Abobo sont des ‘’rebelles’. La parole est suivie d’effet immédiat et lourd. Jeudi 3 mars. Des femmes du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) marchent pour demander à Laurent Gbagbo de quitter le pourvoir. Alors qu’elles manifestent pacifiquement, un char de la Bae passe à proximité et lance une rafale. Sept femmes et un adolescent de 15 ans sont tués sur-le-champ. La détermination d’Abobo ne fléchit pas pour autant. Le régime Gbagbo, lui, n’a pas fini de l’endeuiller. Rebelote le 17 mars. Des obus sont largués sur un marché non loin du rond-point de la mairie de la commune. Le bilan est encore lourd : 25 à 30 morts, selon l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Le porte-parole de l’organisation, Hamadoun Touré, confie le 18 mars qu’elle « a pu observer que les forces armées du camp du président Laurent Gbagbo ont tiré au moins six projectiles sur le marché et ses environs ». Causant « la mort de 25 à 30 personnes » et faisant « entre 40 et 60 blessés ». Au total, la crise post-électorale aura fait 700 morts à Abobo. Des victimes, pour la plupart, des jeunes, fauchées dans la fleur de l’âge. Certains, pour avoir juste chanté « Ado solutions » !
B.K.I.
B.K.I.